lundi 13 juillet 2015

OMAR SHARIF (1932-2015) - RIP




Le sourire immaculé et le regard de braise… Omar Sharif, grand séducteur devant l’Eternel, est décédé à l’âge de 83 ans. Il aura eu trois carrières, cet homme-là. Né en Egypte, sous le nom de Michel Chalhoub, il poursuit des études poussées (les sciences, mais aussi les langues, ce qui lui permettra d’être à l’aise partout où il tourne), puis commence le théâtre, à Londres. Il débute au cinéma avec le grand réalisateur égyptien Yousseh Chahine, avec qui il tourne trois films. Accédant rapidement aux premiers rôles, dans LES EAUX NOIRES (1956) il devient la grande star du cinéma égyptien des années 50-60. Fin du premier acte. 

En 1962, le réalisateur anglais David Lean entreprend le tournage de LAWRENCE D’ARABIE. Omar Sharif y est engagé pour tenir un second rôle, celui d’Ali Ibn El Kharish. Il tourne avec Peter O’Toole. Rôle ambigu, les relations entre Kharish et Lawrence étant placées sous le double signe de l’admiration mutuelle (des conquérants, des aventuriers, des hommes d’honneur) et de l’attirance sexuelle. Le film remporte le succès que l’on sait, colossal. Omar Sharif rafle le golden globe et l’oscar du meilleur second rôle, pour sa prestation à dromadaire.    

C’est le départ de sa seconde carrière, à l’international (le fameux Omar à l'américaine...). On le croise en toge et jupette dans LA CHUTE DE L’EMPIRE ROMAIN (Anthony Mann, 1963), et il retrouve David Lean dans DOCTEUR JIVAGO, où il joue aux côtés de Julie Christie, Géraldine Chaplin et Alec Guiness. Re-énorme succès. En 1967 il tourne LA NUIT DES GÉNÉRAUX (Anatol Litvak), ce polar trouble, violent et pervers sur fond de nazisme, où il enquête sur un sérial killer qui pourrait être un général SS. Qui sera joué par… Peter O’Toole. Comme on s’retrouve… 

L’année suivante c’est MAYERLING, une bluette insupportable de Terence Young, avec Catherine Deneuve, mais gros succès auprès des ménagères. Il passe de la comédie musicale (FUNNY GIRL) au western (L’OR DE MCKENNA), tournera dans deux TOP SECRET, celui de Black Edwards (1974) et celui des frères Zucker (1984). Black Edwards qui le fait jouer 5 minutes dans QUAND LA PANTHERE ROSE S’EMMELE (1976, le meilleur !). Il travaillera pendant trois décennies pour Sidney Lumet, Richard Lester, Bob Rafelson, Andrzej Wajda, et même John Mc Tiernan ou Roland Emmerich.

Omar Sharif aura aussi une carrière en France. Il joue le flic pourri dans LE CASSE d’Henri Verneuil (1971), qu’il retrouve pour son dytique MAYRING et 588 RUE PARADIS (1992) qui racontait l’enfance du réalisateur. Son dernier grand rôle, pour lequel il reçut le César, c’est dans MONSIEUR IBRAHIM ET LES FLEURS DU CORAN de François Dupeyron. Je crois qu’il débute devant une caméra française dans TROIS HOMMES SUR UN CHEVAL (1969), ce qui nous amène à la troisième carrière d’Omar Sharif : le jeu.

Les grands rôles d’Omar Sharif, datent des années 60. Ses rôles de séducteur à moustache, à la Clark Gable passent mal le cap des années 70. Le jeune premier n’en est plus vraiment un, et la nouvelle génération de cinéastes lui préfère des idoles plus contemporaines. Et pourtant, Omar Sharif, on a l’impression qu’il a toujours était là. A cause, ou grâce, à une publicité pour le PMU ! "Le cheval, c’est mon dada", disait-il pour un journal de turfistes, Tiercé Magazine. Omar Sharif est associé au monde du jeu. Il a été un grand joueur de bridge, il participait aux championnats internationaux pour l'équipe d'Egypte. Il a aussi tenté de dévaliser tous les casinos de la planète. Tenté seulement. Car il y perdait tout son fric, l’obligeant à signer dans des productions parfois très moyennes, juste pour se refaire, et repartir jouer à la roulette. On l'a beaucoup vu à la télé française, c'était un bon client, comme on dit, pour parler de cinéma, du jeu, des femmes de sa vie. Il avait beaucoup voyagé, tout vu, tout connu, serré les plus belles actrices dans ses bras. Il avait milles anecdotes à raconter, toujours souriant, charmeur.

Ce grand séducteur aura eu, de son propre aveu, une vie de merde. Il avait pourtant les dents du bonheur... pour un joueur de bridge, normal ! Celui qui affichait sans cesse sa distinction, sa gaieté, était en réalité très seul. Ne sachant garder une femme auprès de lui. C’est pour combler ce vide affectif, sa solitude, qu’il s'entoure de fêtards, s'enferme dans les casinos, flambe aux quatre coins du monde.  

Omar Sharif était atteint de la maladie d’Alzheimer, il mort d’une crise cardiaque, au Caire, chez lui.

On se regarde une des dernières scènes de DOCTEUR JIVAGO, de David Lean, le cinéaste dont les mises en scène faisaient passer celles de Cécil B. de Mille pour d'aimables courts métrages de Jean Eustache ! So long, doc !



ooo

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