Titanic de James cameron (My heart will go on, etc.) |
James Horner
avait 61 ans et possédait un avion privé qu'il pilotait lui-même. Le 22
juin, jour funeste : le crash. Problème technique ? Faute de pilotage ? Peu
importe, le compositeur d'un grand nombre de B.O. que nous avons tous en
mémoire ne nous enchantera plus.
Compositeur de musique de films est un métier un peu étrange. Les
compositeurs classiques snobs considèrent leurs confrères
hollywoodiens, ou pas, comme des musiciens au rabais, et ils on ttort ! Aux
USA, souvent les deux activités vont de pair :
composition de musique savante et écriture de B.O. :
Philip Glass,
John Corigliano… ou encore le canadien
Howard Shore
(Le seigneur des anneaux et
tous les films de
Cronenberg).
Je voudrais ajouter une évidence : on a entendu des partitions magnifiques
pour des blockbusters boursouflés à l'intérêt cinématographique discutable,
et inversement des partitions entêtantes envahissant des chefs-d'œuvre…
Né en 1953 à Los Angeles, le
paradis du cinéma, le jeune
James
joue du piano dès cinq ans et va fréquenter les universités les plus en vue.
Pas de Juilliard school ou de Curtis Institute pour le jeune homme qui ne
suivra donc pas une voie classique pure et dure pour sa formation musicale…
L'univers du cinéma le fascine.
Légendes d'automne de Edward Zwick |
C'est dans les années 80, que l'apprenti compositeur va se faire connaître
avec des musiques écrites pour des films à gros budgets et à la distribution
planétaire : Aliens (celui de
James Cameron) ou encore le Nom de la Rose,
sans doute le meilleur film de
Jean-Jacques Annaud. Des amitiés vont se lier avec des deux réalisateurs et l'on retrouvera le
musicien aux manettes des bandes originales des films des deux hommes. Par
ailleurs, la liste de ses musiques écrites pour le cinéma est tellement
longue que je vous renvoie à un site encyclopédique bien connu…
En 2014,
James Horner
fait une escapade vers l'univers classique en écrivant un double concerto
pour violoncelle (formation peu classique) qui sera créé, excusez du peu,
par le duo (couple)
Mari et Hakon Samuelsen
accompagné par le
Philharmonique de Londres
dirigé par le jeune et brillant
Vassili Petrenko
(Clic).
En cherchant quelques dates dans "un site encyclopédique bien connu", j'ai lu des choses un peu étranges concernant des controverses à propos
de
James Horner
! Trois griefs sont retenus contre Horner
et m'ont donné à réfléchir quant à la place des compositeurs de films de
renom face à leurs confrères de divers genres.
1 – James Horner
s'est inspiré des musiques de musiciens classiques. Ben oui, et alors !!!
Cela s'appelle être sensible à des influences qui ont marqué l'éducation
musicale. Quand on fait écouter les
premières symphonies de
Schubert
à un apprenti mélomane, on entend à tous les coups comme réponse
Mozart
! Il faut bien débuter, ne pas se démarquer avec un style zarbi qui va
heurter le public… Schubert était ado !
Curieux, ce procès d'intention ! Et puis les producteurs imposent des
dogmes pour satisfaire le public… Citer
Prokofiev ou
Wagner
sur des portées est plus un hommage qu'un plagiat.
Wagner qui inventa et satura ses opéras du principe du leitmotiv et du chromatisme
a influencé la musique pour des décennies.
Horner
signait ses partitions d'un "Danger motif" de quatre notes (on l'entend aux
trompettes dans Wilow, Stalingrad). Jean-Sébastien, lui,
utilisait un motif composé des notes BACH (notation germanique)… On ne peut
produire des musiques construites et attachantes sans une connaissance
approfondie de l'héritage musicologique passé.
Horner
avait suivi cette formation et transcendé son écriture par ses innovations
sonores et le recours à l'électronique.
Avatar de James Cameron |
2 -
James Horner
se répète… Ah bah c'est certain, quand on compose des centaines de B.O., on
doit toujours faire preuve d'une inspiration toute neuve en permanence.
Certes,
Horner
avait ses dadas comme caser des cornemuses un peu partout, pas faux, ou
encore de longues phrases nostalgiques aux cordes et à la flûte. Et bien
cette technique s'appelle avoir son style.
Haydn
a écrit 104 symphonies soit 416
morceaux et 832 thèmes à la louche. Je peux en reconnaître sans erreur une
dizaine, pour le reste, oui a priori c'est du
Haydn, mais je regarde sur la pochette pour le N°. Même les plus grands se
répètent, en effet ! Et alors !
Bach, lui, réutilisait carrément des mélodies complètes, ça porte le nom de
parodie. J'aime bien le style élaboré de
Horner, ces longues thrènes nostalgiques, son orchestration rutilante.
3 – dans Willow, il
utiliserait in extenso le début de la
3ème symphonie de
Schumann. Ah bon ? J'ai ajouté en illustration des thèmes de cette B.O. et je
connais par cœur la
symphonie "Rhénane" mentionnée,
j'ai même écrit une chronique
(Clic)
! Quelqu'un peut me citer le passage car moi, je ne vois pas, mais alors pas
du tout… Pat, t'as une idée ?… Par contre, on entend ces chœurs d'éphèbes
dont raffolait le compositeur… Oui, un style qui signe ses compositions…
(Nota : j'ai le CD Willow parmi
mes 8 B.O. de
Horner
et je l'écoute en écrivant... non toujours pas de
Schumann). Je pense que ces cabales sont le fruit d'une évidente jalousie de
confrères moins chanceux dans leurs carrières.
Pas de conclusion bateau, genre : Hollywood et Cameron ont perdu… ou encore
Céline Dion verse sa larme… Par contre écoutons quelques grands moments de
musique.
The Missing de Ron Howard |
Pour la première vidéo, je n'ai pas choisi la B.O. officiel du Film
Titanic, mais un live donné à
Vienne en 2013 avec l'orchestre de la radio autrichienne dirigé par
David Newman. Ce n'est pas un hasard : tout d'abord, cela montre que l'on peut jouer
une musique de film en concert (et en plus je vous affranchis de
Céline Dion et de ses vocalises
qui ont fait le tour du monde. Déçus ? Tant pis). Ces concerts B.O. se
multiplient, avec par exemple les musiques de
John Williams
pour des programmes des bandes originales des
films de Spielberg, mais aussi
ceux constitués de suite d'extraits de la musique d'Howard
Shore
pour la saga du
Seigneur des anneaux. Des
concerts qui font entrer ces musiques dans la légende de l'histoire de la
musique "classique" comme les symphonies descriptives, épiques et
romanesques de
Sibelius,
Tchaïkovski
ou encore
Prokofiev
(Alexandre Nevski) et
Chostakovitch
le sont déjà…
Pour poursuivre sur ce thème, j'ai complété par une 2ème vidéo
du même concert reprenant des extraits d'Avatar. On y entend un
Horner
héritier du postromantique, pas complètement, surtout dans l'écriture des
développements, et pas du tout pour l'instrumentation très moderne avec des
instruments exotiques totalement étrangers à l'orchestre symphonique courant
: djembé, guitares électriques... Un orchestre gigantesque, saturé de cuivre
et de percussions qui me fait penser aux orchestrations extraverties d'un
Mahler
ou aux contrastes de sonorités diaphanes et de rugissements agrestes dans
les expériences du "progressif" de Steve Wilson...
Et puis pour insister sur la variété des styles abordés par
James Horner, quatre autres vidéos correspondant aux films cités dans ce billet ou ceux
dont quelques photos illustrent cette page.
James Horner a connu une fin cruelle comme celle du héros de Titanic...
J'avais découvert la musique de James Horner avec le film "Glory", l'histoire du premier régiment noir américain pendant la guerre de sécession avec Morgan Freeman et Denzel Washinton, mais je garderais aussi "Braveheart" ou "Apollo 13".
RépondreSupprimerBraveheart et Titanic présentent de nombreux points communs caractéristiques du style Horner : les longues phrases aux cordes, l'emploi quasi concertant de flûtes irlandaises (en bois) de toutes tailles, les complaintes écossaises et galloises…
RépondreSupprimerEffectivement, ce James Horner a écrit quelques belles B.O. (Braveheart, Avatar). Bien que certaines s'engluaient dans le sirupeux et le larmoyant (Titanic) - peut-être pas dans leur totalité ? -.
RépondreSupprimerOn oublie souvent l'importance de ces compositeurs qui sont parfois capables d'élever un film, de le rendre plus fort et vivant en exacerbant les sens. (Et parfois, c'est le contraire... ).
Belle chronique