samedi 27 juin 2015

R.I.P. - James HORNER nous a quitté tragiquement




Titanic de James cameron  (My heart will go on, etc.)
James Horner avait 61 ans et possédait un avion privé qu'il pilotait lui-même. Le 22 juin, jour funeste : le crash. Problème technique ? Faute de pilotage ? Peu importe, le compositeur d'un grand nombre de B.O. que nous avons tous en mémoire ne nous enchantera plus.
Compositeur de musique de films est un métier un peu étrange. Les compositeurs classiques snobs considèrent leurs confrères  hollywoodiens, ou pas, comme des musiciens au rabais, et ils on ttort ! Aux USA, souvent les deux activités vont de pair : composition de musique savante et écriture de B.O. : Philip Glass, John Corigliano… ou encore le canadien Howard Shore (Le seigneur des anneaux et tous les films de Cronenberg).
Je voudrais ajouter une évidence : on a entendu des partitions magnifiques pour des blockbusters boursouflés à l'intérêt cinématographique discutable, et inversement des partitions entêtantes envahissant des chefs-d'œuvre…
Né en 1953 à Los Angeles, le paradis du cinéma, le jeune James joue du piano dès cinq ans et va fréquenter les universités les plus en vue. Pas de Juilliard school ou de Curtis Institute pour le jeune homme qui ne suivra donc pas une voie classique pure et dure pour sa formation musicale… L'univers du cinéma le fascine.

Légendes d'automne de Edward Zwick
C'est dans les années 80, que l'apprenti compositeur va se faire connaître avec des musiques écrites pour des films à gros budgets et à la distribution planétaire : Aliens (celui de James Cameron) ou encore le Nom de la Rose, sans doute le meilleur film de Jean-Jacques Annaud. Des amitiés vont se lier avec des deux réalisateurs et l'on retrouvera le musicien aux manettes des bandes originales des films des deux hommes. Par ailleurs, la liste de ses musiques écrites pour le cinéma est tellement longue que je vous renvoie à un site encyclopédique bien connu…
En 2014, James Horner fait une escapade vers l'univers classique en écrivant un double concerto pour violoncelle (formation peu classique) qui sera créé, excusez du peu, par le duo (couple) Mari et Hakon Samuelsen  accompagné par le Philharmonique de Londres dirigé par le jeune et brillant Vassili Petrenko (Clic).

En cherchant quelques dates dans "un site encyclopédique bien connu", j'ai lu des choses un peu étranges concernant des controverses à propos de James Horner ! Trois griefs sont retenus contre Horner et m'ont donné à réfléchir quant à la place des compositeurs de films de renom face à leurs confrères de divers genres.
1 – James Horner s'est inspiré des musiques de musiciens classiques. Ben oui, et alors !!! Cela s'appelle être sensible à des influences qui ont marqué l'éducation musicale. Quand on fait écouter les premières symphonies de Schubert à un apprenti mélomane, on entend à tous les coups comme réponse Mozart ! Il faut bien débuter, ne pas se démarquer avec un style zarbi qui va heurter le public… Schubert était ado !
Curieux, ce procès d'intention ! Et puis les producteurs imposent des dogmes pour satisfaire le public… Citer Prokofiev ou Wagner sur des portées est plus un hommage qu'un plagiat. Wagner qui inventa et satura ses opéras du principe du leitmotiv et du chromatisme a influencé la musique pour des décennies. Horner signait ses partitions d'un "Danger motif" de quatre notes (on l'entend aux trompettes dans Wilow, Stalingrad). Jean-Sébastien, lui, utilisait un motif composé des notes BACH (notation germanique)… On ne peut produire des musiques construites et attachantes sans une connaissance approfondie de l'héritage musicologique passé. Horner avait suivi cette formation et transcendé son écriture par ses innovations sonores et le recours à l'électronique.

Avatar de James Cameron
2 - James Horner se répète… Ah bah c'est certain, quand on compose des centaines de B.O., on doit toujours faire preuve d'une inspiration toute neuve en permanence. Certes, Horner avait ses dadas comme caser des cornemuses un peu partout, pas faux, ou encore de longues phrases nostalgiques aux cordes et à la flûte. Et bien cette technique s'appelle avoir son style. Haydn a écrit 104 symphonies soit 416 morceaux et 832 thèmes à la louche. Je peux en reconnaître sans erreur une dizaine, pour le reste, oui a priori c'est du Haydn, mais je regarde sur la pochette pour le N°. Même les plus grands se répètent, en effet ! Et alors ! Bach, lui, réutilisait carrément des mélodies complètes, ça porte le nom de parodie. J'aime bien le style élaboré de Horner, ces longues thrènes nostalgiques, son orchestration rutilante.

3 – dans Willow, il utiliserait in extenso le début de la 3ème symphonie de Schumann. Ah bon ? J'ai ajouté en illustration des thèmes de cette B.O. et je connais par cœur la symphonie "Rhénane" mentionnée, j'ai même écrit une chronique (Clic) ! Quelqu'un peut me citer le passage car moi, je ne vois pas, mais alors pas du tout… Pat, t'as une idée ?… Par contre, on entend ces chœurs d'éphèbes dont raffolait le compositeur… Oui, un style qui signe ses compositions… (Nota : j'ai le CD Willow parmi mes 8 B.O. de Horner et je l'écoute en écrivant... non toujours pas de Schumann). Je pense que ces cabales sont le fruit d'une évidente jalousie de confrères moins chanceux dans leurs carrières.

Pas de conclusion bateau, genre : Hollywood et Cameron ont perdu… ou encore Céline Dion verse sa larme… Par contre écoutons quelques grands moments de musique.

The Missing de Ron Howard
Pour la première vidéo, je n'ai pas choisi la B.O. officiel du Film Titanic, mais un live donné à Vienne en 2013 avec l'orchestre de la radio autrichienne dirigé par David Newman. Ce n'est pas un hasard : tout d'abord, cela montre que l'on peut jouer une musique de film en concert (et en plus je vous affranchis de Céline Dion et de ses vocalises qui ont fait le tour du monde. Déçus ? Tant pis). Ces concerts B.O. se multiplient, avec par exemple les musiques de John Williams pour des programmes des bandes originales des films de Spielberg, mais aussi ceux constitués de suite d'extraits de la musique d'Howard Shore pour la saga du Seigneur des anneaux. Des concerts qui font entrer ces musiques dans la légende de l'histoire de la musique "classique" comme les symphonies descriptives, épiques et romanesques de Sibelius, Tchaïkovski ou encore Prokofiev (Alexandre Nevski) et Chostakovitch le sont déjà…
Pour poursuivre sur ce thème, j'ai complété par une 2ème vidéo du même concert reprenant des extraits d'Avatar. On y entend un Horner héritier du postromantique, pas complètement, surtout dans l'écriture des développements, et pas du tout pour l'instrumentation très moderne avec des instruments exotiques totalement étrangers à l'orchestre symphonique courant : djembé, guitares électriques... Un orchestre gigantesque, saturé de cuivre et de percussions qui me fait penser aux orchestrations extraverties d'un Mahler ou aux contrastes de sonorités diaphanes et de rugissements agrestes dans les expériences du "progressif" de Steve Wilson...
Et puis pour insister sur la variété des styles abordés par James Horner, quatre autres vidéos correspondant aux films cités dans ce billet ou ceux dont quelques photos illustrent cette page. James Horner a connu une fin cruelle comme celle du héros de Titanic...






3 commentaires:

  1. J'avais découvert la musique de James Horner avec le film "Glory", l'histoire du premier régiment noir américain pendant la guerre de sécession avec Morgan Freeman et Denzel Washinton, mais je garderais aussi "Braveheart" ou "Apollo 13".

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  2. Braveheart et Titanic présentent de nombreux points communs caractéristiques du style Horner : les longues phrases aux cordes, l'emploi quasi concertant de flûtes irlandaises (en bois) de toutes tailles, les complaintes écossaises et galloises…

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  3. Effectivement, ce James Horner a écrit quelques belles B.O. (Braveheart, Avatar). Bien que certaines s'engluaient dans le sirupeux et le larmoyant (Titanic) - peut-être pas dans leur totalité ? -.

    On oublie souvent l'importance de ces compositeurs qui sont parfois capables d'élever un film, de le rendre plus fort et vivant en exacerbant les sens. (Et parfois, c'est le contraire... ).

    Belle chronique


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