jeudi 21 mai 2015

DEPECHE MODE - 2001-2013 (part II) – par Vincent le Chaméléon



Coming Out
Certains se souviendront peut être de l'article que j'avais fait paraître, il y a un bon moment déjà, à propos de ma découverte à retardement de DEPECHE MODE. C'était en 2013 (Clic). Cet article était en quelque sorte une forme de plaidoyer à l'égard des 4 Anglais. En plus de cette reconsidération, j'y retraçais également quelques moments clés de leur ascension, ainsi que les tensions ou travers qui en découlèrent, tout en remettant chronologiquement en perspective 3 de leurs albums. L'article se terminait sur une note laissant planer quelques incertitudes quant a l'avenir du désormais trio.
A l'époque, la question récurrente concernant DEPECHE MODE restait la suivante : Dave Gahan en avait-il définitivement fini avec la drogue ? Cette saloperie qui avait bien failli lui coûter la vie au milieu des années 90.

À nouvelle ère, nouvel air
Si Ultra, premier album sans Alan Wilder, avait prouvé l'incroyable capacité du groupe à se réinventer avec brio, l'état de santé encore très fragile de Dave Gahan obligea l'entourage de DM à ne pas engager de tournée promotionnelle cette fois ci pour promouvoir l'album. Les tentations de tous ordres étant particulièrement fréquentes en tournée.
Voilà qui permit à certains de recharger leur batterie, tandis que d'autres vaqueraient à d'autres occupations. Artistiques ou non.

C'est finalement en 2001 que DEPECHE MODE sortira de son silence en publiant son 10ème album studio, Exciter.

Une fleur du mal qui fait souvent du bien
Exciter est apparemment l'album le moins apprécié des fans "hardcore" de DEPECHE MODE. Et à son écoute, j'ai encore du mal à comprendre un tel rejet. Est-ce juste à mettre sur le compte d'un album plus posé qu'à l'accoutumée ? Possible.

L'idée de base du groupe, au moment d'écrire ce nouvel album, était d'exprimer un maximum d'émotions et de sentiments, sans avoir recours à trop d'orchestration, ni trop d'arrangements. Voilà qui aura sans doute donné l'impression a certains auditeurs d'avoir le sentiment d'écouter un album au rabais. Hors, avant toute considération de ce genre, Exciter est d'abord l'album d'une certaine sérénité retrouvée. L'album de l'apaisement en quelque sorte.
Finies donc les grosses machines rythmiques ! Place aux caresses, à la douceur et à la volupté. Les gros nuages noirs des années précédentes sont estompés, et Dave, Martin et Andy semblent ici n'aspirer qu'à une chose : la plénitude.

L'homme du disque est d'abord Dave Gahan. Le chanteur y chante avec une densité et une justesse de propos absolument éblouissante. "Dream On" ouvre superbement l'album avec comme presque seul support du chant de Dave Gahan la mélodie jouée à la guitare acoustique par Martin Gore, elle même supportée par quelques bruitages rythmiques du meilleur effet. "Shine" renoue vite avec l'électro dans un tourbillon de nappes de claviers et de programmations qui nous plongent rapidement dans une sorte de rêve nébuleux, hypnotique et vénéneux. "The Sweetest Condition" est certes un peu plus tendu dans le verbe, mais sa pulsation presque Blues garde également ce côté hypnotique tout du long. "When the Body Speaks" est d'un tel minimalisme, et la voix de Dave si douce que cette quasi berceuse invite instantanément à l'abandon de soi.
Changement de décors brutal ensuite, puisque le bien nommé "Dead of Night" nous sort de notre torpeur afin de nous plonger dans une sorte de cauchemar poisseux à la manière du "Night Crawler" de Iggy Pop"FreeLove" renoue avec la sensation moelleuse de bien-être qui émanait des premiers titres. Sans doute l'un de mes titres préférés du disque et de DM en général. "Comatose", chanté par Gore, est le morceau bancal du disque, tandis que le très Blues "Breathe", également chanté par Martin Gore (au timbre étonnamment proche de celui d'un Brian Ferry), s'avérera lui beaucoup plus probant en version Live. "I Feel Loved" est l'unique morceau taillé pour le DanceFloor. Rythmé et érotique à souhait, c'est aussi l'une des réussites de Exciter. "I Am You" complète le tableau de façon tout aussi réussie, tandis que DEPECHE MODE clôt ce disque par une extraordinaire berceuse Gospel. Le groupe ayant eut recours à d'authentiques chœurs Black pour l'occasion.

A ce jour, Exciter n'a, selon moi, toujours pas pris la moindre ridule. Il est à mon sens l'un des albums du groupe qui continue de vieillir avec le plus de panache. Il sortirait aujourd'hui, qu'il ferait même illusion au milieu des dernières nouveautés du genre. Mais y en a-t-il d'ailleurs, des nouveautés de ce genre là ?


"Pain and Suffering in Various tempos" est-il écrit au dos de la pochette ?
DEPECHE MODE espace de plus en plus ses publications, et, allez savoir pourquoi, alors que ces dernières années les courants musicaux changent a la vitesse grand V, les fans du groupe semblent, eux, de plus en plus nombreux. En atteste la tournée triomphale accompagnant la sortie de Playing the Angel.
Le succès mitigé de son prédécesseur aurait-il motivé Martin Gore à revenir à des sonorités et à des rythmes plus proches des aspirations du public de DM ? Entendez par là, le plus ancien. Allez savoir !
Oubliées les sonorités Rock des albums Songs of Faith and Devotion, ou celles plus modernes de Ultra. Martin Gore, en compagnie du producteur arrangeur Ben Hillier, vont, pour leur première collaboration, ressortir quelques vieilles machines et quelques vieux appareils aux noms savants. Il en résulte (volontairement) une sonorité d'ensemble à la croisée de ce que DEPECHE MODE proposait à ses débuts, tout en préservant le côté ambiant et introspectif des derniers albums du groupe. Autres nouveauté, Dave Gahan signe pour la première fois au sein de DM, 3 titres de son cru : Le très personnel et très réussi "Suffer Well" qui nous conte ses années d'errances (voir le clip), puis le suffoquant "I want it All" et le sombre "Nothing's Impossible". En vérité, 3 vraies réussites de Playing the Angel.

Bien que paru en 2005, de part ses ambiances assez sombres, mélancoliques, voir menaçantes, Playing the Angel ressemble presque plus à un album qui aurait pu et dû paraître en lieu et place d'Ultra paru 8 ans plus tôt. 
L'album est dans l'ensemble de bonne tenue. Pourtant, des titres tels que "Macro" et "Damage People" (tous les deux chantés par Martin Gore), ou "John the Revelator" ne me semblent pas totalement aboutis ou ne fonctionnent que partiellement. Le désabusé "The Darkest Star" clôt ce nouveau chapitre d'un voile noir intense absolument sublime, laissant une nouvelle fois planer le doute quant à savoir si DEPECHE MODE nous reviendra un jour.

Pif paf bof...
Ne tergiversons pas, Sounds of the Universe est tout simplement l'album raté de DEPECHE MODE.
Allez ! Ne soyons pas trop dur, le Single "Wrong" se tient et s'illustre d'un clip particulièrement flippant. "Perfect" est également un chouette morceau, sinon le meilleur de l'album. Le reste s'écoute, dans le meilleur des cas, distraitement, et dans le pire, avec l'envie de zapper constamment pour voir si il y a mieux l'instant d'après. La pochette, sans grande recherche esthétique là non plus (une première !), traduit finalement assez bien le contenu de cette œuvre sans éclat.

Un album de commande ? En tout cas la côte de popularité du groupe demeure intacte. Comme en attestera la tournée triomphale qui s'en suivra.

La suite...


13 en 2013
D'abord, pourquoi Delta ? Parce que le Blues a toujours été l'une des composantes importantes dans l'œuvre de Depeche Mode. Sur cet album, peut être plus encore que sur n'importe quel autre, le Blues se fraie ainsi son propre chemin au milieu des sons issus des claviers et des machines analogiques. Pour s'en convaincre, il n'y a qu'à écouter le premier Single extrait du disque: "Heaven". Ou encore "Goodbye" qui referme le disque.

Avec ce nouvel album paru en 2013, Martin Gore, le grand ordonnateur de DEPECHE MODE, a pour la troisième fois fait confiance à Ben Hillier pour l'aider dans sa tache. Delta Machine est donc un album très axé sur les machines. Normal avec un titre pareil ! Les mêmes qui avaient en plus servi à la réalisation de leur deux derniers disques. Inutile de dire que se fut avec une certaine fébrilité que j'entamais les premières écoutes de ce 13ème album des DEPECHE MODE.
Sauf que cette fois, la mayonnaise prend quand même suffisamment souvent. Seul "Soft Touch/Raw Nerve" est une ineptie au milieu d'un disque sans ratés. Comparativement, DM réussit en effet là où il avait en grande partie échoué sur Sounds of the Univers. L'écriture est ici bien plus compacte ou tout simplement plus accrocheuse. Pourtant, n'allez pas croire que la musique que propose le trio depuis plusieurs années maintenant s'incruste immédiatement dans nos oreilles et dans notre cerveau à la première ou deuxième écoute. 
 
Gore et Gahan n'écrivent décidemment plus depuis longtemps des morceaux "faciles" dont le seul et unique but seraient de séduire les ondes radiophoniques. La musique de DM est plus clairement à classer dans l'Ambiant/Electro que dans le registre tel que celui de la Pop Dance si en vogue désormais.

Si Delta Machine nécessite qu'on s'y investisse un temps soit peu afin d'y déceler toutes les richesses qu'il détient, il est tout aussi certain que tous ceux qui seront restés allergique (par réaction) aux sons et aux bidouillages des samples, programmations et autres machines du genre, choisiront une nouvelle fois de passer leur chemin. A coup sûr, ils passeront a côté de l'un de ces groupes des années 80 qui aura pourtant traversé 3 décennies avec panache, alors que l'on prédisait la fin de ces jeunes "blancs-becs" dès la première année de leur activité.
Tout l'monde peut se tromper !  


Exciter : "Dream On" et "Good night Lovers" : 

 

Playing the Angel : "Suffer Well" et "A Pain that I'm Used to



Delta Machine: "Heaven" et "Secret to the End


Sounds of the Univers

Playing the Angel & Delta Machine

Exciter

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