mercredi 8 avril 2015

Girls with Guitars (2015), by Bruno




     Second volume du « Girls with Guitars » de Thomas Ruf (sans compter les deux live et le "Time Bomb" de 2007 avec Sue Foley, Deborah Coleman et Roxanne Potvin). L'homme qui aura le plus œuvré pour l'épanouissement et la promotion de la femme dans le monde du Blues-Rock.
Après Samantha Fish, Cassie Taylor, Dani Wilde et Victoria Smith, Ruf repart avec de nouvelles recrues pour son projet à géométrie variable incorporant un trio de musiciennes arpentant le devant de la scène pour étaler leur savoir-faire en matière de Blues-rock. 
C'est bien évidemment aussi un tremplin pour essayer de lancer de nouvelles figures sur le sol européen. 
Eliana debout et Sadie à genoux

Les trois nouvelles recrues sont :
Eliana Cagnelutti, une italienne déjà reconnue dans son pays, auteur de deux disques (le dernier produit cette année), guitariste et chanteuse.
Sadie Johnson, une jeune américaine de 18 ans, auteur d'un Ep en 2013, avec le groupe The Sad Sam Blues Jam (où elle officie sa sœur), guitariste et chanteuse.
Et Heather Crosse, la cadette, bassiste et chanteuse, qui affiche, du haut de ses 40 ans (qu'elle ne paraît pas) un joli cursus, ayant parfois joué pour quelques pointures. Avec son groupe, Heavy Suga & the Sweet Tones, elle joue régulièrement au Ground Zero Blues Club de Clarksdale.

     Ce Girls with Guitars, cuvée 2015, est dans la continuité du précédent : du très bon Blues-rock tempéré, exsudant un charme féminin certain. Du Blues-rock frais, sachant disposer de ses attraits féminins, sans jamais user de vulgarité ou de facilité.
Une carte de visite pour de nouvelles prétendantes au titre d'artistes notables, qui ont quelque chose à exprimer. Un tremplin qui a la sagesse de ne pas être un banal exercice de style, mais bien un effort commun pour réaliser une œuvre musicale consistante et crédible, conçue pour ne pas subir les affres du temps. Bien plus crédible que tous les « tributes » qui pullulent avec une pléiade de musiciens de tous bords.

     Pour ce second volet, les consonances sont légèrement plus rugueuses, un tantinet plus Rock et nanties de quelques chorus plus héroïques ; une légère mutation probablement due à l'apport de Cargnelutti qui pratique déjà un Blues bien robuste, contrairement à ses deux collègues, et qui s'est forgée aux sons des disciples prônant les paroles de Vulcain et autres dieux forgerons. Ce que corrobore d'ailleurs le choix des reprises avec « I Hate Myself for Loving You » de Joan Jett et « Tush » des barbus Texans (même si cette dernière, forcément, est moins velue que l'originale). Et en parlant de covers, notons la bonne interprétation du célèbre « Feelin' Alright » de Dave Mason qui, en dépit de voix ne pouvant rivaliser avec celle de feu-Joe Cocker ou de Huey Lewis, n'a pas à rougir devant les nombreuses versions (y-compris les meilleures),  grâce à des guitares sans failles, à la fête, qui balancent, jouant avec engouement, justesse et pertinence (ainsi qu'au piano de Rick Steff).

de G à D : Sadie, Justin Holder, et Heather Crosse.


     Quant aux pièces originales, chacune a apporté sa pierre personnelle à l'édifice. Seul la dernière chanson a été composée à six mains. Certainement pas les meilleures cartouches des demoiselles, néanmoins de bien bonnes compositions, même si parfois on ne prend guère de risque en restant dans les clous, en étant un peu trop classique comme pour le Rock'n'Roll "Give a Kiss", le Rockin'-Blues "Life", ou encore le slow-blues "She May have You, but...".  C'est d'ailleurs ce qui pêche par rapport au précédent album : nombre de compositions semblent tourner en sous régime, comme si les filles en gardaient sous la pédale, s'économisant afin de garder des munitions pour leurs futures réalisations personnelles.
Toutefois, la qualité du chant et surtout les guitares des donzelles parviennent à compenser cette sensation de retenue. On subodore que la guitare d'Eliana Cargnelutti y est pour beaucoup.

     Les voix se marient bien, sont assez proches même, évitant ainsi toute cassure trop franche entre les différents titres, ce qui déséquilibrerait la bonne tenue de l'ensemble. 

Un disque sympathique et honnête, bien que moins fin et moins peaufiné que son prédécesseur. Quoi qu'il en soit, les concerts promettent de bons moments.

 1.  Girl Band  (3:32)
 2.  Tush  (2:44)
 3.  This House Just Ain't My Home  (2:47)
 4.  Feelin' Alright  (6:19)
 5.  She May Have You, But I Got Yo Heart  (4:50)
 6.  I Hate Myself For Loving You  (4:07)
 7.  Give Me A Kiss  (3:25)
 8.  Shades Of Love  (4:07)
 9. Life  (3:44)
10. Say Goodbye  (5:15)
11. Wish You Hadn't Gone  (4:13)


Personnel:

Eliana Cargnelutti :  Guitar, Lead & Backup Vocals
Sadie Johnson :  Guitar, Lead & Backup Vocals
Heather Crosse :  Guitar, Lead & Backup Vocals
Rick Steff :  Keyboards
Trey Hardin :  Bass
Justin Holder :  Drums, Congas, Tambourine





Article paru initialement dans la revue BCR

1 commentaire:

  1. Pas encore écouté ce nouveau "Girls with guitars", suis resté sur une superbe impression avec le précédent, la cover de "I put a spell on you" de Samantha Fish.........frissons garantis! Bon je sais certains affirment (enfin à ma connaissance y'en a qu'un,mais bon on l'aime bien!) que Ruf c'est la maison teutone des seconds couteaux , des seconds couteaux comme ca j'en reprend volontiers.

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