Oïnk ! Oïnk !
Bon, cela fait un bail que le chapitre réservé aux pépites
« oubliés » (en particulier ceux des années 70) n'a pas été ré-ouvert.
Or, il est si bon de parler, d'écrire une bafouille, sur ces
groupes qui ont disparu après avoir réussi à enregistrer et à sortir le fameux
premier disque. Le but ultime, l'Eldorado, la Terre Promise, hélas atteint au
prix de pénibles et douloureux efforts qui souvent a servi à donner le coup de
grâce à des jeunes la tête pleine de rêves et d'espoir, éreintés par des années
de galères, de mauvaise nutrition et de nuits écourtées.
Dans la famille des loosers magnifiques donc, voici Incredible Hog :
Un power-trio délivrant un Heavy-blues-rock assez proche de l'excellent
premier opus de Stray Dog (lien).
o
Cet unique opus d'Incredible Hog n'aurait jamais vu le jour sans la pugnacité de Kenney Gordon (auteur, compositeur, guitariste et chanteur). Il avait foi en ses compositions et fit tout ce qui était en son pouvoir pour permettre à sa création de vivre et de s'épanouir.
Ken est le fils d'un premier violon de l'orchestre de
Leeds, également chanteur ténor d'opéra (son oncle était pianiste et violoniste pour le Palm Court Orchestra). Madame étant infirmière, monsieur doit arrêter sa carrière musicale pour s'occuper de sa famille, être présent, prenant
alors un poste de professeur de musique à temps-partiel. C'est ainsi, que l'éducation
musicale du petit Kenney débute avec Chopin, Puccini, Verdi, Sibelius et tous les grands
compositeurs romantiques classiques. Une éducation riche, que l'on imagine pointue même, mais qui n'empêchera pas le jeune garçon de mal tourner. Bien que ses parents avaient interdit tout ce qui a trait avec la musique
populaire.
Mais parfois, à trouver trop vouloir interdire, proscrire, sans jamais lâcher de leste... les enfants, cherchant à s'émanciper de l'autorité parentale, prennent le contre-pied. Ainsi donc, à l'insu du veto parental, il découvre Elvis Presley, Buddy Holy et les Everly Brothers. Suivront rapidement les Shadows, puis les Beatles. Et quand arrive l'avènement du British-blues, la passion pour la musique électrique s'amplifie. Fleetwood Mac, Cream, les Yardbirds et Hendrix le marquent au fer rouge. Comme tous les jeunes blanc-becs de l'époque, Ken remonte à la source et découvre les icônes du Chicago Blues tels que Muddy Waters et Sonny Boy Williamson.
Mais parfois, à trouver trop vouloir interdire, proscrire, sans jamais lâcher de leste... les enfants, cherchant à s'émanciper de l'autorité parentale, prennent le contre-pied. Ainsi donc, à l'insu du veto parental, il découvre Elvis Presley, Buddy Holy et les Everly Brothers. Suivront rapidement les Shadows, puis les Beatles. Et quand arrive l'avènement du British-blues, la passion pour la musique électrique s'amplifie. Fleetwood Mac, Cream, les Yardbirds et Hendrix le marquent au fer rouge. Comme tous les jeunes blanc-becs de l'époque, Ken remonte à la source et découvre les icônes du Chicago Blues tels que Muddy Waters et Sonny Boy Williamson.
En 1968, il s'offre sa première guitare électrique, et forme avec
un copain de classe, Jim Holmes, un premier groupe, The Speed Auction, auquel
se joignent Alen Drew (batterie) et Barry McGee (guitare). Ce groupe
autodidacte fait sa formation en bossant sur des reprises de Blues et de
British-blues qui alimente leur répertoire (« Catfish Blues », « Got my Mojo Working »,
« Johnny Be Good », « Help Me », « Black Magic
Woman », "Louisiana Blues" de Savoy Brown).
C'est grâce à la tolérance d'un docteur (employeur de Misses Gordon) qui, en dépit de ses a priori envers ces "hippies", qu'ils peuvent installer leur Q.G. dans une cave (sombre et humide, où trônerait un cadavre non identifié : un squelette qu'ils surnomment "Fred Furnerckerpan"), où ils peuvent affûter leurs compositions et s'aguerrir avec des reprises.
Lorsqu'ils assistent à un des premiers concerts des New-Yardbirds, en passe de devenir Led Zeppelin, c'est le coup de massue décisif ; celui qui amènera la prochaine mouture du groupe de Gordon et Holmes vers des sonorités plus lourdes. De l'aveu même de Gordon, le quatuor emblématique a une part considérable dans la constitution du son et de la structure de la musique de son groupe.
Les études terminées, le groupe éclate, sans laisser derrière lui le moindre témoignage gravé dans la cire. McGee part faire une carrière bancaire et Holmes incorpore un autre groupe.
C'est grâce à la tolérance d'un docteur (employeur de Misses Gordon) qui, en dépit de ses a priori envers ces "hippies", qu'ils peuvent installer leur Q.G. dans une cave (sombre et humide, où trônerait un cadavre non identifié : un squelette qu'ils surnomment "Fred Furnerckerpan"), où ils peuvent affûter leurs compositions et s'aguerrir avec des reprises.
Lorsqu'ils assistent à un des premiers concerts des New-Yardbirds, en passe de devenir Led Zeppelin, c'est le coup de massue décisif ; celui qui amènera la prochaine mouture du groupe de Gordon et Holmes vers des sonorités plus lourdes. De l'aveu même de Gordon, le quatuor emblématique a une part considérable dans la constitution du son et de la structure de la musique de son groupe.
Les études terminées, le groupe éclate, sans laisser derrière lui le moindre témoignage gravé dans la cire. McGee part faire une carrière bancaire et Holmes incorpore un autre groupe.
de G à D : Gordon avec Cat Sparky, Holmes, (et Drew ?) |
Ken s'enferme dans sa chambre pour composer d'arrache pied, jusqu'à ce qu'il ait assez de matériel pour contacter ses anciens partenaires, Holmes et Drew, pour reformer un groupe prêt à partir à l'assaut des clubs, prêt à conquérir un public ; et qui sait, devenir célèbre ?.
D'abord baptisé « Monolith », pensant que c'était un
rien prétentieux le trio change rapidement pour « Hog ».
Alen Drew décède dans un tragique accident de moto. Il est remplacé par Andy
Awin qui avait déjà joué auparavant avec Holmes.
Le trio joue intensément et parvient, pendant des mois (71-72), à faire partie des meubles d'un petit club nommé (coïncidence amusante ?) The Pig Sty, au point de faire parfois de 4 à 5 prestations par semaines. En fait, à la base, ce serait le trio qui aurait récupéré ce club de petite capacité (un peu plus de 200 personnes), pratiquement laissé à l'abandon, dans un état déplorable, pour s'y produire et créer le buzz.
Le trio ouvre pour Thin Lizzy (1), Status Quo, Sam Apple Pie, Skid Row (avec Gary Moore dont le jeu les impressionna), Clear Blue Sky, Judas Priest (avant qu'ils n'aient enregistré leur premier opus), et même Taste (forcément donc avant 1971 pour ce dernier) dont Rory Gallagher demeurera, pour Gordon, un éternel héro. Le bouche à oreilles fait que bientôt Hog obtient un noyau de fans fidèles, et la presse énumère positivement leurs prestations. Entre-temps, jugeant "Hog" pas assez percutant, ils rajoutent à leur patronyme de ralliement un "Incredible" qui le mue alors en un nom ronflant et cocasse : Incredible Hog. Clin d’œil à l'univers des comics de la firme New-Yorkaise Marvel, et plus précisément de Incredible Hulk, mais qui est aussi plus en phase avec tous ces groupes du Royaume-Uni portant un nom composé. (Mais rien à voir avec la nouvelle parodique de l'univers des comics de Marvel : Incredible Hog (earth 7840))
Néanmoins, aucune proposition de contrat d'enregistrement ne vient poindre le bout de son nez.
Gordon ne souhaite pas attendre plus longtemps, il a foi dans son groupe, et décide de prendre le taureau par les cornes. Ainsi, la légende raconte qu'il aurait squatté l'entrée de la maison de disques Dart Records, ignorant les menaces d'expulsion, jusqu'à ce que, à la fin de la journée, le personnel exaspéré veuille bien le recevoir et écouter sa cassette de démo. On l'aurait rappelé dans les deux semaines pour lui proposer un contrat avec enregistrement immédiat à la clef. Dart Records fait appel à Roger Watson, un producteur alors plutôt connu pour avoir travaillé pour The Scaffold, un groupe de Pop / Comedy Rock (sic !) et Zakarrias (un groupe de Folk-rock psychédélique) (3). Choix quelque peu étrange qui engendre quelques prises de becs entre le groupe et Watson. Ce dernier voulait prendre quelques chemins de traverses pour s'orienter vers une direction musicale que l'on imagine plus commerciale. Mais le trio tint bon.
Le résultat est ce disque, sobrement baptisé dans un élan plein d'optimisme naïf : « Volume 1 ». Un pur album de Hard-blues millésimé et sans concession, au son assez lourd (pour l'époque).
S'il est indéniable que le groupe ait pioché un peu partout son inspiration, sa musique n'en demeure pas moins plaisante et attrayante. Enfin plaisante, façon de parler, car généralement l'agression sonore est de mise. Non pas dans le genre Stooges, cela se situerait plutôt entre un Blue-Cheer modéré, un Stray Dog et un Cactus, voire même, par moment, un Pink Fairies. En bref, c'est du power-trio qui ne fait pas dans la dentelle. Faut que ça envoie le bois. Néanmoins, et fort heureusement, l'aspect mélodique n'est pas occulté et les jeunes chevelus s'octroient même quelques plages boisées, à l'atmosphère éthérée.
L'enregistrement est live, avec peu d'overdubs, pratiquement sans doublage de guitares, sans aucune ornementation (à l'exception de "Tadpole"). D'ailleurs, bien souvent, lorsque Gordon part en solo, la guitare rythmique s'arrête ; tout comme pour son unique intervention à l'harmonica. Les instruments ne s'embarrassent pas d'effets. Les seules colorations que l'on peut occasionnellement trouver sont le fait de la production (contre l'avis de Gordon qui souhaite garder un son cru et franc, aussi proche que possible de leurs prestations live).
Encore une fois, comme
pour une grande majorité de ces disques perdus dans l'histoire de la musique
populaire, la production fait défaut (même si la réédition de 2011 a réussit à apporter un peu plus de relief). C'est loin d'être catastrophique, il
manque juste un peu de clarté et de définition. Cela sonne vraiment comme du bon live, mais d'un live capté dans un club au plafond bas ; le son est un peu écrasé. Ce que confirme Gordon qui avance que Watson n'a pas réussi à capter leur puissance live. De plus, son unique ampli était un peu fatigué et devait être ménagé. Cependant il est évident qu'avec
un vrai producteur, du moins avec un plus habitué aux sonorité franches et rugueuses, ce disque n'aurait été que meilleur. On n'ose imaginer le
résultat qu'aurait donné une production signée Eddie Kramer ou Jack Douglas.
D'après des commentaires ultérieurs des musiciens, il y avait assez de matériel pour réaliser deux disques (il y aurait eu quelques sessions complémentaires d'enregistrements en vue d'une suite). Pour étayer ces dires, la belle réédition de Rise Above Relics (avec un livret copieux) propose quatre bonus de qualité (une fois n'est pas coutume). Deux titres originaux (dont un excellent "Finger Fish" qui sonnerait comme un classique proto-Hard des Small Faces) et deux reprises, "Goin' Down" (de Don Nix pour Freddy King) et "The Stumble" de... Freddy King. Deux pièces attestant de la maîtrise de Gordon qui ne s'en laisse pas conter. Toutefois, ces quatre morceaux auraient été enregistré à la va-vite, Incredible Hog n'ayant que quatre heures de studio disponibles. Gordon considère ses deux originaux comme inachevés. Ce qui démontre que le trio était en pleine évolution.
Après cette forte déception, Ken Gordon ne lâche pas la musique. Il se tourne vers le travail de session (emploi plus ingrat mais assurant un revenu minimum - il a deux enfants, et un troisième aux débuts des années 80 -, avec bien moins d'investissement personnel, de prise de risque). Il a, entre autres, travaillé pour les Rubettes, Heavy Metal Kids et The Tremoloes. Son manager lui refusera (ou lui déconseillera) une audition en 1976 auprès de Thin Lizzy (probablement pour remplacer un Brian Robertson instable), croyant le groupe finit (! bien joué !).
Tout en gardant son rôle de compositeur, il embrasse une carrière d'acteur pour la télévision (sous le nom de Gordon Kenney).
Jim Holmes s'essaye à la production, puis s'investit dans une compagnie de théâtre.
Tony Awin, après le Split, rejoint le Crazy World d'Arthur Brown.
Plus de quarante ans plus tard (en 2011 ?), le groupe se reforme (sans Awin, indisponible) pour quelques concerts, et sera même convié au Roadburn Festival.
Pour beaucoup d'amateurs de Heavy-rock millésimé 70's, ce "Volume 1" est un "must-have". La bible de Denis Protat le considère aussi comme un classique incontournable.
Ce n'est d'ailleurs pas sans raison qu'il a fait l'objet de plusieurs rééditions (dont certaines sans le consentement des intéressés et d'une qualité laissant à désirer).
(1) Phil Lynott fit une forte impression sur Ken Gordon.
(2) il produira plus tard "Intoxication" de Rory Block,
(3) Une chanson incomprise qui fut interdite.
(4) Initialement, Dart Records ne voulait pas de chansons acoustiques. Gordon dut insister et rester sur ses positions.
Le trio joue intensément et parvient, pendant des mois (71-72), à faire partie des meubles d'un petit club nommé (coïncidence amusante ?) The Pig Sty, au point de faire parfois de 4 à 5 prestations par semaines. En fait, à la base, ce serait le trio qui aurait récupéré ce club de petite capacité (un peu plus de 200 personnes), pratiquement laissé à l'abandon, dans un état déplorable, pour s'y produire et créer le buzz.
Le trio ouvre pour Thin Lizzy (1), Status Quo, Sam Apple Pie, Skid Row (avec Gary Moore dont le jeu les impressionna), Clear Blue Sky, Judas Priest (avant qu'ils n'aient enregistré leur premier opus), et même Taste (forcément donc avant 1971 pour ce dernier) dont Rory Gallagher demeurera, pour Gordon, un éternel héro. Le bouche à oreilles fait que bientôt Hog obtient un noyau de fans fidèles, et la presse énumère positivement leurs prestations. Entre-temps, jugeant "Hog" pas assez percutant, ils rajoutent à leur patronyme de ralliement un "Incredible" qui le mue alors en un nom ronflant et cocasse : Incredible Hog. Clin d’œil à l'univers des comics de la firme New-Yorkaise Marvel, et plus précisément de Incredible Hulk, mais qui est aussi plus en phase avec tous ces groupes du Royaume-Uni portant un nom composé. (Mais rien à voir avec la nouvelle parodique de l'univers des comics de Marvel : Incredible Hog (earth 7840))
Néanmoins, aucune proposition de contrat d'enregistrement ne vient poindre le bout de son nez.
Gordon ne souhaite pas attendre plus longtemps, il a foi dans son groupe, et décide de prendre le taureau par les cornes. Ainsi, la légende raconte qu'il aurait squatté l'entrée de la maison de disques Dart Records, ignorant les menaces d'expulsion, jusqu'à ce que, à la fin de la journée, le personnel exaspéré veuille bien le recevoir et écouter sa cassette de démo. On l'aurait rappelé dans les deux semaines pour lui proposer un contrat avec enregistrement immédiat à la clef. Dart Records fait appel à Roger Watson, un producteur alors plutôt connu pour avoir travaillé pour The Scaffold, un groupe de Pop / Comedy Rock (sic !) et Zakarrias (un groupe de Folk-rock psychédélique) (3). Choix quelque peu étrange qui engendre quelques prises de becs entre le groupe et Watson. Ce dernier voulait prendre quelques chemins de traverses pour s'orienter vers une direction musicale que l'on imagine plus commerciale. Mais le trio tint bon.
Le résultat est ce disque, sobrement baptisé dans un élan plein d'optimisme naïf : « Volume 1 ». Un pur album de Hard-blues millésimé et sans concession, au son assez lourd (pour l'époque).
S'il est indéniable que le groupe ait pioché un peu partout son inspiration, sa musique n'en demeure pas moins plaisante et attrayante. Enfin plaisante, façon de parler, car généralement l'agression sonore est de mise. Non pas dans le genre Stooges, cela se situerait plutôt entre un Blue-Cheer modéré, un Stray Dog et un Cactus, voire même, par moment, un Pink Fairies. En bref, c'est du power-trio qui ne fait pas dans la dentelle. Faut que ça envoie le bois. Néanmoins, et fort heureusement, l'aspect mélodique n'est pas occulté et les jeunes chevelus s'octroient même quelques plages boisées, à l'atmosphère éthérée.
L'enregistrement est live, avec peu d'overdubs, pratiquement sans doublage de guitares, sans aucune ornementation (à l'exception de "Tadpole"). D'ailleurs, bien souvent, lorsque Gordon part en solo, la guitare rythmique s'arrête ; tout comme pour son unique intervention à l'harmonica. Les instruments ne s'embarrassent pas d'effets. Les seules colorations que l'on peut occasionnellement trouver sont le fait de la production (contre l'avis de Gordon qui souhaite garder un son cru et franc, aussi proche que possible de leurs prestations live).
Dix pièces de choix, avec tout de même un bémol pour "Tadpole" dont la voix transformée, comme travaillée par un effet d'Univibe aigre, fatigue les tympans. Effets psychédéliques recherchés pour cette chanson qui incorpore des pleures de nourrisson, des rires d'hystériques et une sorte de vent synthétique en final. (Ce qui n'était pas du goût de Gordon qui déserta le studio en signe de protestation).
Du Hard-blues avec "Lame" et son riff très inspiré de « Real Turned On » d'Uriah-Heep, et ses passages "clins d’œil" au petit monde du Glam-rock, et plus précisément celui de Gary Glitter et de Slade, mâtinés d'une lointaine sensation Ten Years After ("Hear me Calling").
Du Hard-blues avec "Lame" et son riff très inspiré de « Real Turned On » d'Uriah-Heep, et ses passages "clins d’œil" au petit monde du Glam-rock, et plus précisément celui de Gary Glitter et de Slade, mâtinés d'une lointaine sensation Ten Years After ("Hear me Calling").
Du Boogie-Heavy-blues avec "Wreck my Soul" qui démarre tel un Blues lent et pesant avant de s'envoler pour se frotter comme un animal en chaleur au Boogie des T.Y.A. et autres Savoy Brown, et son solo d'harmonica fiévreux et pertinent (on croirait presque que John Mayall est venu prêter main forte) ; ou avec "Warning" dont la lourdeur flirte parfois avec les Aztecs de Billy Thorpe (chanson portant un regard désabusé sur un monde apocalyptique, et faisant le parallèle avec la fin d'une relation amoureuse).
De la ballade avec "Execution" aux réminiscences flower-power ("Let the rains come pouring down. Post-war tears of a tortured clown") (4) et son bon solo travaillé de notes larmoyantes, avec "Walk the Road" (2) et son ambiance folk (exprimant le fardeau du remord, de la culpabilité), et enfin "Losing Myself" (en clôture). Des ballades aux paroles assez naïves, certainement dues à l'âge de Gordon, mais qui reflètent aussi ses cicatrices psychologiques acquises lors de ses jeunes années soumises à la violence traumatisante de l'East-End. Par ailleurs, Ken avouera plus tard être à ce moment-là, un sérieux fumeur qui ne se contentait pas du tabac. Ce qui a eu pour conséquence quelques phrases aussi ambiguës qu'incompréhensibles (psychédéliques ?). Il confessera que certaines périodes, étalées 1969 à 1973, lui restent floues.
Du Glam-Heavy-Metal avec "To the Sea", maelström sonique où des esprits du vent et de la foudre naissent à travers le flux électrique de la basse et de la guitare, et entament une bacchanale pour entretenir une tempête où tournoient des sorcières en transe.
Et enfin du Hard-rock pur et simple, avec "Another Time" et son riff tranchant; et "There's a Man" et son rythme primaire appuyé par une basse lourde et piétinante, survolé par un chant implorant. La colère côtoie le désespoir. Et pour cause, la chanson parle à mots couverts d'être la victime d'abus sexuels, d'un violeur psychopathe (expérience maudite et abjecte).
Enregistrements effectués avec du matos adéquate et éprouvés : Gibson Cherry SG Special (60's), Marshall 100 watts sur stack 4x12, Fender Precision bass sur ampli Simms-watts, Ludwig Champagne Glitter (avec pédale Speed King).
Malgré quelques bonnes critiques de la presse (insuffisamment ?), le succès ne décolle pas. Principalement par faute du label, Dart Records qui, pas manque de moyen ou de volonté, n'assure pas la promotion. Le trio souffre également d'un manque de passages radios. C'était le règne du Glam-rock, le Progressif explosait avec Yes et Genesis, tandis Deep-Purple, Led Zeppelin et Black Sabbath parfaisaient les dernières lignes des canons du Hard-rock, et nombre de journalistes et d'employés de radios ne savaient pas où placer ce trio (et bien d'autres), perdu au milieu de ces monstres sacrés.
Ken Gordon usé, épuisé, tant par ces années où il s'est dépensé sans compter pour son projet, que par l’absorption de divers produits pas vraiment recommandés, déguerpi, lâche le groupe à la fin de l'année 73.
De la ballade avec "Execution" aux réminiscences flower-power ("Let the rains come pouring down. Post-war tears of a tortured clown") (4) et son bon solo travaillé de notes larmoyantes, avec "Walk the Road" (2) et son ambiance folk (exprimant le fardeau du remord, de la culpabilité), et enfin "Losing Myself" (en clôture). Des ballades aux paroles assez naïves, certainement dues à l'âge de Gordon, mais qui reflètent aussi ses cicatrices psychologiques acquises lors de ses jeunes années soumises à la violence traumatisante de l'East-End. Par ailleurs, Ken avouera plus tard être à ce moment-là, un sérieux fumeur qui ne se contentait pas du tabac. Ce qui a eu pour conséquence quelques phrases aussi ambiguës qu'incompréhensibles (psychédéliques ?). Il confessera que certaines périodes, étalées 1969 à 1973, lui restent floues.
Du Glam-Heavy-Metal avec "To the Sea", maelström sonique où des esprits du vent et de la foudre naissent à travers le flux électrique de la basse et de la guitare, et entament une bacchanale pour entretenir une tempête où tournoient des sorcières en transe.
Et enfin du Hard-rock pur et simple, avec "Another Time" et son riff tranchant; et "There's a Man" et son rythme primaire appuyé par une basse lourde et piétinante, survolé par un chant implorant. La colère côtoie le désespoir. Et pour cause, la chanson parle à mots couverts d'être la victime d'abus sexuels, d'un violeur psychopathe (expérience maudite et abjecte).
Enregistrements effectués avec du matos adéquate et éprouvés : Gibson Cherry SG Special (60's), Marshall 100 watts sur stack 4x12, Fender Precision bass sur ampli Simms-watts, Ludwig Champagne Glitter (avec pédale Speed King).
Malgré quelques bonnes critiques de la presse (insuffisamment ?), le succès ne décolle pas. Principalement par faute du label, Dart Records qui, pas manque de moyen ou de volonté, n'assure pas la promotion. Le trio souffre également d'un manque de passages radios. C'était le règne du Glam-rock, le Progressif explosait avec Yes et Genesis, tandis Deep-Purple, Led Zeppelin et Black Sabbath parfaisaient les dernières lignes des canons du Hard-rock, et nombre de journalistes et d'employés de radios ne savaient pas où placer ce trio (et bien d'autres), perdu au milieu de ces monstres sacrés.
Ken Gordon usé, épuisé, tant par ces années où il s'est dépensé sans compter pour son projet, que par l’absorption de divers produits pas vraiment recommandés, déguerpi, lâche le groupe à la fin de l'année 73.
Artwork du livret de réédition de Rise Above Relics |
D'après des commentaires ultérieurs des musiciens, il y avait assez de matériel pour réaliser deux disques (il y aurait eu quelques sessions complémentaires d'enregistrements en vue d'une suite). Pour étayer ces dires, la belle réédition de Rise Above Relics (avec un livret copieux) propose quatre bonus de qualité (une fois n'est pas coutume). Deux titres originaux (dont un excellent "Finger Fish" qui sonnerait comme un classique proto-Hard des Small Faces) et deux reprises, "Goin' Down" (de Don Nix pour Freddy King) et "The Stumble" de... Freddy King. Deux pièces attestant de la maîtrise de Gordon qui ne s'en laisse pas conter. Toutefois, ces quatre morceaux auraient été enregistré à la va-vite, Incredible Hog n'ayant que quatre heures de studio disponibles. Gordon considère ses deux originaux comme inachevés. Ce qui démontre que le trio était en pleine évolution.
Après cette forte déception, Ken Gordon ne lâche pas la musique. Il se tourne vers le travail de session (emploi plus ingrat mais assurant un revenu minimum - il a deux enfants, et un troisième aux débuts des années 80 -, avec bien moins d'investissement personnel, de prise de risque). Il a, entre autres, travaillé pour les Rubettes, Heavy Metal Kids et The Tremoloes. Son manager lui refusera (ou lui déconseillera) une audition en 1976 auprès de Thin Lizzy (probablement pour remplacer un Brian Robertson instable), croyant le groupe finit (! bien joué !).
Tout en gardant son rôle de compositeur, il embrasse une carrière d'acteur pour la télévision (sous le nom de Gordon Kenney).
Jim Holmes s'essaye à la production, puis s'investit dans une compagnie de théâtre.
Tony Awin, après le Split, rejoint le Crazy World d'Arthur Brown.
Plus de quarante ans plus tard (en 2011 ?), le groupe se reforme (sans Awin, indisponible) pour quelques concerts, et sera même convié au Roadburn Festival.
Pour beaucoup d'amateurs de Heavy-rock millésimé 70's, ce "Volume 1" est un "must-have". La bible de Denis Protat le considère aussi comme un classique incontournable.
Ce n'est d'ailleurs pas sans raison qu'il a fait l'objet de plusieurs rééditions (dont certaines sans le consentement des intéressés et d'une qualité laissant à désirer).
(1) Phil Lynott fit une forte impression sur Ken Gordon.
(2) il produira plus tard "Intoxication" de Rory Block,
(3) Une chanson incomprise qui fut interdite.
(4) Initialement, Dart Records ne voulait pas de chansons acoustiques. Gordon dut insister et rester sur ses positions.
Grouïnnk ??
et l'instant "p'tit côté bucolique"
Comme déjà dit sur mon humble blog, un underrated band à avoir dans sa collection.
RépondreSupprimerUn très bon disque. Curieusement, j'ai eu du mal à adhérer d'entrée, même dans ma période d'archéologie hard-rock aigue. J'ai préféré Sir Lord Baltimore et Pink Fairies, plus thrash quelque part. La violence de ce disque est plus insidieuse. Mais c'est un très bon disque. Très bel historique aussi, qui montre combien ces musiciens en voulaient.
RépondreSupprimerPink Fairies, voilà un groupe singulier. Un groupe maudit devenu culte.
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