lundi 19 janvier 2015

GENESIS - "De Charterhouse à Los Angeles " (1967/1973) - 1ère Partie par Philou




Originaire du sud de l’Angleterre, le futur GENESIS se forme en 1967 sous l'impulsion de 5 lycéens qui fréquentent la prestigieuse école de Charterhouse dans le comté du Surrey, près de Londres. Après la fusion de 2 groupes, THE GARDEN WALL (avec Peter Gabriel & Antony Banks) et THE ANON (avec Anthony Philips & Michael Rutheford), le groupe se baptise GENESIS et publie son premier 45 tours, "The Silent Sun", en février 1968.

Genesis 1968,  de G à D : A.Phillips, M.Rutheford, T.Banks, P.Gabriel & Chris Stewart.

Avec Peter Gabriel (chant, flute), Anthony Phillips (guitares), Mike Rutherford (basse & guitares), Tony Banks (claviers) et un certain Chris Stewart (batterie), les 5 jeunes musiciens sortent un 2ème 45 tours "A Winter's Tale", qui ne reçoit guère plus de succès que le premier.

"From Genesis To Revelation" (1969)
Poussés par leur producteur et imprésario du moment Jonathan King, les 5 lycéens ne se découragent pas et réalise en seulement 3 jours, un concept-album "From Genesis To Revelation", qui sort en mars 1969. Le disque enregistré en une seule journée avec un nouveau batteur, John Silver, ne présente qu'un intérêt très mineur. Les jeunes musiciens sonnent comme des BEE GEES qui voudraient imiter les MOODY BLUES. Pour couronner le tout, Jonathan King a rajouté des cordes au mixage final et la musique du groupe se retrouve noyée sous une couche de violons sirupeux.
Seule la voix de Peter Gabriel illumine par moment cette curiosité, à des années lumières des futures œuvres du groupe.


Bien conscients du ratage total de leur 1er album, les cinq jeunes anglais abandonnent leurs études pour se consacrer totalement à la musique. Johnathan King les laisse tomber car il trouve que la musique de ses protégés devient de plus en plus compliquée. Pour un type qui voulait se faire un maximum d'argent avec un hit éphémère, c'est carrément loupé !
En novembre 1969, ils partent vivre à la campagne, dans un cottage perdu au milieu des bois et commencent à écrire des nouvelles chansons. Jour après jour, ils répètent avec un nouveau batteur, John Mayhew. Ils affinent leurs spectacles en donnant des petits concerts dans les clubs et les universités de la région. 
En février 1970, ils passent en 1ère partie de RARE BIRD au Marquee Club de Londres et sont repérés par Tony Stratton Smith, le boss du label Charisma. Ce dernier les fait signer un contrat en avril 1970.
Le fruit de leurs longues séances d'enregistrement sort en octobre 1970. C'est "Trespass", le 2ème album de GENESIS certes, mais qui est souvent considéré comme le 1er véritable album du groupe.

"Trespass" (1970)
Ambiance médiévale et bucolique, avec guitares acoustiques (12 cordes), flute traversière, orgue Hammond et mellotron, au menu des 6 chansons que propose ce disque feutré où la mélancolie est très présente. Le batteur semble un peu limité et la production de John Anthony (VAN DER GRAFF GENERATOR, RARE BIRD) ne met pas pas vraiment en valeur le talent des autres musiciens. Des jeunes virtuoses qui mettent en place, petit à petit, les futurs éléments qui feront le succès de GENESIS par la suite.
Pour un groupe qui n'a pas encore trouvé son identité musicale complète (l'influence de King Crimson est encore très présente), "Trespass" est une étape importante dans la carrière de GENESIS
Il offre aux fans un 1er classique, "The Knife", qui déchire la douceur des autres chansons  ("White Mountain", Visions Of Angels", "Dusk" et même la pochette de l'album.
Même si le succès de l'album sera quasi nul, il reste très attachant, rempli de charme, de spontanéité et d'authenticité.

De G à D : S.Hackett, P.Gabriel, T.Banks, P. Collins & M.Rutherford.
John Mayhew (trop juste) et Anthony Philipps (trop timide) ne font plus partie du groupe à la fin de l'été 70. Peter Gabriel, Mike Rutheford et Tony Banks décident de chercher un nouveau batteur et un nouveau guitariste. En aout 70, grâce à une annonce parue dans Melody Maker, ils recrutent un certain Philipp Collins,le batteur de FLAMING YOUTH. Pendant son audition, le reste du groupe est impressionné par le talent du lutin barbu. Il joue de la batterie depuis l’âge de 5 ans et vient d'une école d'art dramatique. Il a joué dans la comédie musicale "Oliver!" et a déjà tourné pour le cinéma et la TV ... un sacré client et en plus, il sait chanter !
En janvier 1971, suite à une petite annonce lue par Peter Gabriel dans Melody Maker ("Cherche groupe décidé à dépasser les formes de la musique existante"), Stephen Hackett devient le nouveau guitariste de GENESIS.
GENESIS décide de roder sa nouvelle formation sur scène et démarre "The Six Bob Tour" en compagnie de LINDISFARNE et VAN DER GRAFF GENERATOR.


Ajoutant une forte dose de théâtralité dans la musique du groupe, Peter Gabriel planque sa timidité sous des masques et des déguisements hallucinants. Par la suite, il apparaitra sur scène masqué d'une tête de renard, avec des ailes de chauve-souris, avec une cagoule en forme de pétales de fleur, avec un masque de vieillard ... Il module les registres de ses cordes vocales afin de changer sa voix, pour jouer les multiples personnages qui gravitent dans ses chansons.

En juin 71, il se brise la cheville pendant un spectacle et le groupe met à profit le repos forcé de son chanteur en élaborant un disque conçu comme un véritable  spectacle.
"Nursery Rhymes" ou les comptines perverses de Peter Gabriel, est enregistré en aout 71 aux studios Trident à Londres.
"Nursey Cryme" (1971)
Steve Hackett, même si sa participation est encore limitée sur cet album, apporte une richesse discrète à la musique de GENESIS, mais il n'est pas encore le musicien subtil qu'il deviendra par la suite. Avec l'arrivée de la batterie pour gaucher de Phil Collins, qui alterne roulements rapides et breaks dévastateurs, on voit enfin apparaitre l'énergie et la puissance qui faisaient défaut au groupe jusque là.
"Nursery Rhymes", 1er volume de la trilogie mythique, avec "Foxtrot" et "Selling England By The Pound", va rencontrer un succès plus important en Europe (notamment en Italie) qu'en Grande Bretagne. Le groupe développe lentement mais surement son univers musical et marque une nette évolution par rapport à l'album précèdent. Le morceau d'ouverture "The Musical Box", longue pièce de plus de 10 minutes et futur cheval de bataille en concert, est un véritable chef d’œuvre avec son final éblouissant. 
L'autre pièce de choix, c'est incontestablement "The Foutain Of Salamcis", un titre sombre et envoutant, un de mes préférés.
Phil Collins assure brillamment le chant sur la balade acoustique "For Absent Friend" et  également sur "Harlequin" avec Peter Gabriel, un titre délicieux écrit sous influence Crosby, Stills & Nash. "Seven Stones" est également très réussi avec son inspiration très KING CRIMSON. Le défaut le l'album, c'est qu'il reste très ancré dans une époque et avec la production caverneuse de John Anthony, je doute fort qu'il puisse captiver réellement l'auditeur du 21ème siècle. Toutefois, le remaster de 2007 est excellent et donne plus de dynamisme et de chaleur aux chansons.

Avec l'arrivée de Phil Collins et de Steve Hackett, GENESIS a enfin son line-up mythique qui restera inchangé pendant 5 ans. Les cinq musiciens quittent pour la 1ère fois l'Angleterre pour un concert à Bruxelles en janvier 1972. Pendant l'été, ils prennent la direction du studio Island à Londres pour enregistrer leur nouvel album et le résultat va être exceptionnel.

"Foxtrot" (1972)

Si on pouvait trouver "Nursery Cryme" inégal par moment, ce n'est absolument pas le cas avec "Foxtrot" qui est passionnant de la première à la dernière note. Même les titres moins connus comme "Time Table", "Can-Utility And The Castines" et "Horizons" sont de véritables perles. Et que dire de "Watcher Of The Skies" et ses grandes nappes de mellotron inoubliables, si ce n'est qu'il deviendra l'un des incontournables classiques du groupe. Je garde le meilleur pour la fin, à savoir "Supper's Ready", une longue suite luxueuse de 23 minutes composée comme un petit spectacle avec ses 7 parties toutes différentes les unes des autres. Peter Gabriel & sa troupe en feront l'un de leurs plus grands moments sur scène !


"A Flower ?"
"Foxtrot" est l'album qui va confirmer le talent énorme des 5 jeunes musiciens en pleine possession des leurs moyens et en plus la production est enfin digne de ce nom. L'habile producteur David Hitchcock (CARAVAN), spécialiste du progressif, a réussi à donner plus de profondeur au son du groupe et plus de cohésion aux chansons... que demander de plus ? (pour le moment).

En février 1973, GENESIS passe en tête d'affiche au Rainbow Theatre. Le groupe enchaine ensuite une série de concerts en Angleterre avant de traverser l'Atlantique pour sa 1ère tournée américaine.
Les bandes enregistrées au Montfort Hall de Leicester et au Free Trade Hall de Manchester, pour l'émission de radio "The King Biscuit Flower Hour", sortiront quelques mois plus tard sous le titre "Genesis Live", le 1er album live du quintet. Malheureusement pas de trace de "Supper's Ready" sur cet enregistrement. Vous pouvez néanmoins trouver ce titre sur un autre concert ("Live at the Rainbow Theatre in London") datant cette époque, dans le coffret "Archives 1967-75"
Quoi qu'il en soit, "Genesis Live" reste légendaire en tant que premier enregistrement officiel en public de l'ère Peter Gabriel. 

Genesis Live 1973.
Après les concerts aux States, le groupe enregistre son nouvel album "Selling England By The Pound" au studio Island à Londres, en aout 1973. Le disque sort en octobre et va propulser GENESIS en 1ère division.
Encore plus sophistiqué que les albums précédents, "Selling England By The Pound" est (presque) un chef d’œuvre sur lequel la musique de GENESIS va atteindre des sommets de délicatesse et de subtilité. Cette musique est caractérisée par des thèmes empruntés au folk, des influences de musique symphonique, des ambiances planantes, des rythmes jazz/rock complexes, le tout mis en relief grâce à une interprétation grandiose propre au prog-rock de cette époque. 

"Selling England By The Pound" (1973)


Je dis presque un chef d’œuvre, car si l'on retire le 2ème essai vocal de Mr Phil Collins à savoir "More Fool Me" et le (trop) long "Battle Of Epping Forest", le reste reste certainement le summum de ce que GENESIS nous a offert jusque là. Avec des monuments comme "Dancing With the Moonlit Knight", "Cinema Show" et évidemment "Firth of Fifth", le groupe atteint pleinement sa maturité musicale en maitrisant merveilleusement bien composition et production.
De plus, le génial guitariste Steve Hackett se lâche enfin et s'accorde un long instrumental sur "After The Ordeal", une chanson qui ne fera pas vraiment l'unanimité auprès des autres membres du groupe. 

"I Know What I Like", va faire une première entrée dans les les charts britanniques (n°21) et permettre au groupe de rencontrer un succès considérable lors de la tournée qui suivra.

"Selling England" marque cependant la fin d'une évolution qui avait commencé avec "Nursery Crime" et "Foxtrot".

En ce début d'année 1974, GENESIS est considéré comme le groupe de Peter Gabriel et des tensions vont commencer à détériorer la bonne ambiance des débuts. Phil Collins (et les autres) ont de plus en plus de mal à supporter ses excentricités sur scène et pour couronner le tout, les finances sont au plus bas à cause de l'incompétence de leur manager. Ce dernier est remplacé par Tony Smith, un type qui s'est déjà occupé des affaires des WHO. Véritable homme providentiel, il va reprendre en main les affaires du groupe qui doit à ce moment là, la bagatelle de 200 000 livres !!!

Une tournée américaine est prévue en fin d'année et le nouveau manager découvre avec stupeur qu'aucune date n'est prévue sur la côte Ouest. Tony Smith décroche finalement 3 dates au Roxy Club de Los Angeles en décembre 73.
Le groupe joue 2 concerts par jour et reçoit un accueil chaleureux. GENESIS a enfin réussi à conquérir le public américain. 

A lire également :
 2ème Partie De Broadway à Hilvarenbeek
3ème Partie La fin d'une époque 
 

********** FIN DE LA PREMIÈRE PARTIE **********

 "Supper's Ready" (part I,II, III)

2 commentaires:

  1. Anthony Phillips quittera le groupe à cause du trac qui le paralysait sur scènes. Le "Genesis live" de 1973 est quand même sortie contre l'avis du groupe (selon les dires de Phil Collins). Oui, dommage que "Supper's Ready" n'apparaissent pas sur l'album alors que la photo de la pochette de l'album représente une parties de ce titres de plus de 20 minutes : "Apocalypse in 9/8". Mais une version de"The musical box" enchainé par "The knife" qui laissera une trace de Gabriel au sein de la génèse de Génésis.
    La photo de Peter Gabriel en fleur a été ( et est toujours !) la couverture d'un livre de 1979 par Hervé Picart (Que l'on ne présente plus) et Jean-Yves Legras "Genesis" collection Best (Evidement ! Ca ne pouvais pas être "Rock & Folk" !). Excellent livre que je conseille (Mais encore faut-il le trouver) . Sinon vivement la suite, même si certain comme moi connaissions la vie de Génésis, c'est un plaisir de lire ta chronique !!!

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    1. Thanks, mon Poto...la suite dans 2 semaines

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