Ces 3 bluesmen des berges de la Tamise sont Ian Burns à la batterie, Michael J Sheehy à la guitare et chant et Patrick McCarthy à la basse; ils sont épaulés par Alex Louis Perry aux percussions, et, sur deux morceaux d'un organiste.
L'Angleterre et le blues c'est une longue histoire qui prends sa source après guerre et va culminer avec l'explosion du British Blues Boom et ses fers de lance que furent Alexis Korner, Chicken Shack, Fleetwood Mac, les Bluesbreakers de John Mayall, les Stones, Savoy Brown, The Animals, sans oublier la branche heavy blues (Free, Led Zep, Bad Company,...).
Un demi siècle plus tard (houla, ça ne nous rajeunit pas!) la nouvelle génération est bien là, avec un blues qui se nourrit aussi bien du pur blues du Delta originel (du Mississippi), que de son rejeton né dans le Swinging London des sixties, mais aussi de sonorités plus modernes, garage rock, voire hip hop (pas trop heureusement).
"Blues Uzi" nous met dans le bain de ce blues primitif à la R.L. Burnside, mais haché menu et reconstruit, un peu à la manière des furieux suisses de Hell's Kitchen, pas loin non plus du Jon Spencer Blues Explosion.
"Highway sound" est plus ballade atmosphérique qui ferait penser à Free, ou au Rainbow de Blackmore et Dio, appuyé par une guitare distordue.
"I don't do nobody nothing" a aussi des sonorités seventies sur un gros Mississippi blues moderne à la Boo Boo Davis
Les deux titres suivants, "City of refuge" basé sur un morceau de Blind Willie Johnson, et "Judgement" qui emprunte à Reverend Sister Mary Nelson, sont excellents et montrent tout le talent d'arrangeur du trio british. Beat tribal , chant gospel, pointe country sur "Judgement"; ça sent le souffre à plein nez. "Motherless child" est basé sur un mid tempo garage rock alors que
"Wayfairing stranger" sonne comme un psyché blues américain des 70's ; beau titre.
On termine avec "I know I've been changed" et son beau chant blues traditionnel.
Un groupe vraiment intéressant par son traitement original de ce bon vieux blues, refusant le copier coller et le mettant à leur sauce, les sauces anglaises faut s'en méfier habituellement mais celle ci est plutôt savoureuse..
Rockin-JL
Il se trouve que Bruno écrivait aussi de son coté pour le mag BCR à paraître incessamment une chronique sur ce disque, voici donc son avis:
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Comme
quoi, la première impression n'est pas forcément la bonne. L'écoute
de la première pièce, le titre d'ouverture baptisant ce copieux Ep
de trente minutes, "Blues Uzi", peut déstabiliser,
voire repousser définitivement avec son psychédélisme bastringue
foutraque, sa guitare désaccordée, un chant Rap et un son évoquant
l'enregistrement dans une caverne. Ce qui serait une malheureuse
gageure car dès la piste suivante, soit avec " Highway Sound" ,
cet étonnant Miraculous Mule affiche une autre facette qui séduit
immédiatement. Une wah-wah lointaine égrenant un arpège
mélancolique, une basse ronde et vibrante, et une voix qui n'est pas
loin de celle d'un prêcheur habité par sa foi. Désormais, cela ne
débande plus.
" I don't do nobody nothin'" retentit comme une illumination, toujours avec cette wah-wah en fond dont le spectre semble rebondir sur les parois d'une pièce vide, et cette basse grave et puissante qui résonne à en faire péter les membranes des baffles. Il y a là un fort parfum de British-blues 70 mais sans les débordements d'égo. Si la gratte est alors nettement plus Rock, des chœurs féminins tempèrent en ajoutant une touche Soul.
"City
of Refuge" , à l'origine de Blind Willie Johnson, est mué
ici en fuite effrénée ( "you better run!" clame Sheely sur un ton mi-arrogant mi-compatissant) ; une
course épuisante, sans fin, contre l'indicible.
"Judgement" (inspiré d'un Blues de Reverend Sister Mary Nelson) sort le banjo
pour se baquer dans un Country-blues sulfureux, une bacchanale vaudou
de pleine lune qui incite la transe et la communion avec les esprits.
"Motherless
Child" est un Gospel-garage chanté dans une église
abandonnée, dépravée, où seuls les rites oubliées sont
pratiqués.
Tandis
qu'avec le magnifique "Wayfaring Stranger" , le trio
londonien saisit l'auditeur par une voix forte, profonde et
maîtrisée, propre à un crooner éduqué par la Soul et le Blues pré-80's . L'instrumentation est d'ailleurs alors un
peu en retrait , se fait plus feutrée (avec une batterie jouée
aux balais) pour laisser cette voix envoûtante saisir l'espace et se
l'accaparer.
Final
presque rustique, à l'orchestration simpliste, conventionnelle, qui
nous téléporte dans le Deep-South, le bayou, toujours porté par la
voix habitée de Michael J. Sheely qui déclame un Blues comme s'il
officiait à une cérémonie religieuse où l'on doit convertir et
exalter son auditoire.
Miraculous
Mule, sous un abord faussement rustique, un tantinet garage avec sa
guitare qui s'épanouit avec des effets typiquement 60's-70's tels
que la wah-wah, le tremolo, le phasing et une réverbe de cathédrale,
ainsi que sa basse boueuse et vrombissante, tient les promesses de leur
premier disque ("Deep Fried" ) ; mieux, il a peaufiné et
mûri son art, il progresse. On en redemande.
Entre
Bo Weavil, Mojo Makers, North Mississippi All Stars, Virgil & The Accelerator, Legendary Tigerman, G.Love
Special Sauce, Black Keys et Delta Saints.
Ce
trio londonien a de la matière, du caractère, et les aptitudes pour
aller loin.
Bruno
Album dispo en Janvier chez Caroline/ Universal
le site de la Mule: miraculousmule.com
on écoute un extrait non pas de cet album mais du premier, le bien nommé "Dangerous blues": Bruno
Album dispo en Janvier chez Caroline/ Universal
le site de la Mule: miraculousmule.com
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