Pour ce 29ème album studio notre praticien favori, le
Dr John, 73 ans, a choisi de rendre hommage à une autre figure de la Nouvelle
Orléans, un géant de la musique populaire du 20ème siècle, Louis
Armstrong, l'un de ses modèles. Le pianiste Voodoo et le légendaire
trompettiste/chanteur sont d'ailleurs nés à quelques pâtés de maison près. Pour
rester fidèle à sa légende, ce bon vieux Mac Renneback aurait selon lui été
visité en rêve par l'esprit de Satchmo qui lui aurait donné l'idée de cet
album, Malcolm tu devrais peut-être arrêter les herbes séchées du bayou... Quoiqu'il
en soit, voila une bonne idée que de revisiter le répertoire de Louis, en
quelque sorte de le dépoussiérer, ou plutôt le moderniser car il n'est en rien
poussiéreux. Pour cela, il s'est entouré d'une pléiade d'invités : en plus d'un
band pléthorique ou l'on remarque une section de cuivres riche de 3 sax, 2
trompettes et 1 trombone. On l'aura compris ça va swinguer dans les chaumières !
On commence avec le classique des classiques d'Armstrong "What a wonderful word" (single sorti en 1967), dans un version très rythmée, avec les chants des Blind
Boys of Alabama et de superbes solos de trompettes de Nicholas Payton, un autre
grand nom de Big easy (surnom de NO). On retrouvera d'ailleurs les Blind Boys
plus loin, sur "Wrap your troubles in dreams". Second standard du jazz "Mack the
Knife" au début assez classique, bien funky, puis arrive un passage en rap par
le rappeur Mike Ladd, autre invité ici le trompettiste Terence Blanchard (Oui,
celui des Jazz Messengers d'Art Blakey, une pointure !) qui nous gratifie lui
aussi de magnifiques solos. Ce mélange rap/jazz est un peu hétérogène mais, passé l'effet
de surprise, il passe plutôt bien. Évidement quand on a dans la tête la sublime
interprétation d'Ella Fitzgerald ça fait bizarre et les gardiens du temple vont
sans doute hurler. Perso je trouve qu'au contraire c'est intéressant de
s'aventurer ainsi sur de nouveaux terrains et de ne pas offrir une nième copie
conforme, et nous ne sommes pas au bout de nos surprises…
source: nitetripper.com |
Ainsi "Tight like this" va prendre une coloration latino, chanté par
la rappeuse Telmary, soutenu par la trompette d'encore une légende, le cubain
Arturo Sandoval, par passage ça sonne presque comme du Manu Chao... Des invité(e)s il y en aura d'autres comme les chanteuses
Ledisi, Bonnie Raitt et Shemekia Copeland, les trompettistes James Andrews,
Anthony Hamilton ou Wendell Brunious, les McCrary Sisters dont les chœurs
amènent une coloration gospel à 2 titres, et le Dirty Dozen Brass Band, la
fanfare de New Orléans sur le dernier morceau.Selon la personnalité des invités on va naviguer entre funky,
soul, blues, gospel, swing ou dixie; ajoutez des cuivres à gogo et des solistes
monstrueux, le piano de ce bon Doctor, la guitare de Derwin Perkins, et tout ce
mélange donne une ordonnance, pardon un disque plein de surprises et souvent
jubilatoire, même si quelques plages sont un peu inférieures.
Chaudement recommandé pour bien passer l'hiver!
ROCKIN-JL
chronique parue dans BCR N°39
ROCKIN-JL
chronique parue dans BCR N°39
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