Les (nouveaux) contes d'Hoffmann
L'ayant largement développée dans ma
chronique de l'album Blood of the Nations, premier album de l'ère "Mark Tornillo",
je ne vous referai pas une seconde fois la "story" des Germains
d'ACCEPT. En revanche, je peux tout à fait vous dire que Blind Rage est (déjà
!) le troisième album que publie le groupe depuis sa réactivation en
2010. La vache (oui il fallait bien que je la fasse) ! On peut dire
que le groupe ne chôme pas. 3 Albums en 4 ans... Qui dit mieux ?
Si l'immense fan que je suis (depuis bien
longtemps maintenant) aurait tout lieu de se réjouir de cette nouvelle
offrande, je me dois de vous le dire sans détour, Blind Rage m'aura plutôt laissé de
glace dans son ensemble. Et ce malgré plusieurs écoutes attentives.
Oh bien sûr ! Si vous n'attendez rien de plus de
ce groupe que ce qu'il a toujours su faire mieux que quiconque, à
savoir du ACCEPT "pur jus", il y a fort a parier que
vous y trouverez de quoi étancher votre soif de Metal à la sauce Hoffmann.
Sauf que voilà... Si effectivement tous les ingrédients sont bel et bien
là, il manque selon moi le liant principal pour que la fameuse sauce prenne : à
savoir de vraies belles mélodies. Vous savez ! De celles qui vous
martèlent si bien le crâne que vous savez d'avance qu'elles ne vous
quitteront jamais plus. Alors oui quand même ! Bien sûr qu'il y en a
! Mais trop peu à mon goût.
De la même manière, quand un riff efficace
parvient à tirer son épingle du jeu au milieu de ce "trop
plein" de lieux communs, on remarque instantanément qu'il n'est
autre qu'une réplique ou un clin d'œil au passif du groupe. Si l'intro d'un
titre tel que "Dark Side of my
Heart" (bon titre au demeurant) ne vous fait pas penser au "Up to the Limit" du cultissime Metal Heart, je veux bien m'en cou... Non pas
cette fois ci ! Ca va finir par devenir une habitude chez moi
ce truc idiot !
Plus loin, sur les derniers accords de "Final Journey" Wolf
Hoffmann "le magnifique" nous refera aussi le coup
du thème de la musique classique à la sauce Metal. Ce qui, je le concède, ne me
dérange absolument pas. "Le Matin"
de Peer Gynt (merci Claude !) nous marquera-t-il autant que les
quelques notes égrainées de la "Lettre à
Elise" jouées sur le titre de l'album éponyme Metal Heart en 1985 ? C'est une autre
histoire.
Au registre de points positifs, notons une production
comme toujours parfaite, des chœurs franchement réussis m'évoquant souvent ceux
de l'album Russian Roulette (1986),
et une recherche vers des titres un peu moins typiquement "Heavy
Metal" permettant ainsi à Mark Tornillo de moduler
d'avantage sa voix d'un titre à l'autre. ACCEPT n'étant en plus
jamais aussi bon que dans le registre des tempos médium.
Mais je le répète, ce qu'il manque cruellement à Blind Rage pour en faire un album de qualité
(vraiment) supérieure, ce sont des riffs autrement plus marquants
qu'ici, et des mélodies chants bien plus fédératrices qu'elles ne le sont
également là. Même les solos (une marque de fabrique en soit) du guitariste à
la boule à zéro, pourtant ciselés avec maestria comme ils le sont
toujours, ne soutiennent jamais la comparaison, même face à certaines de plus
récentes réalisations.
Je ne m'étendrais pas d'avantage sur le contenu de
l'album. Toutefois, il me paraît utile de dire que tout ce
que constitue Blind Rage ne
mérite pas que l'on s'en détourne, et ce, malgré tout ce que je viens d'en
dire et qui pourrait laisser supposer le contraire. Car il faut bien
admettre qu'il n'y a absolument rien de mauvais et encore moins de catastrophique
sur cet album. Absolument rien je vous assure ! D'ailleurs, je dois bien actuellement
être l'une des rares personnes à me montrer aussi critique envers ce
disque. Voyez et lisez tout ce qui en a déjà été dit, en
allant voir sur d'autres sites tout le bien que l'on pense de ce
disque en règle générale. Que voulez-vous, ACCEPT est un groupe si
singulier et important à mes yeux, que je me montre sans doute
beaucoup plus exigeant et pointilleux avec lui qu'avec n'importe quel
autre groupe du même genre.
Tenez ! Lisez plutôt ce qui va suivre. Car Blind Rage est aussi augmenté d'un
concert filmé dans son intégralité. Du moins pour l'édition que
je possède.
Cadeau Bonus
Le voilà donc enfin le sésame que les fans
du groupe Allemand attendaient depuis des années sans plus y
croire (du tout).
Alors certes, on continuera de déplorer (ou de
pleurer) qu'aucun témoignage Live de cette légende vivante du Metal Germanique
n'ait été réalisé du temps de sa splendeur (c'est à dire avec Udo
Dirckschneider au chant et Stefan Kauffman à la batterie),
mais quand même… D'ailleurs, petite rectification.
Il existe en effet bel et bien un témoignage
de la tournée Metal Heart. Il est
toujours disponible sur le seul et assez pitoyable DVD officiel du groupe, Blast from the Past :
1/ Les images du concert sont franchement bas
de gamme.
2/ Le concert n'est même pas filmé dans son
intégralité.
Pour l'heure, réjouissons-nous, on le tient
enfin ce satané concert de nos héros de ACCEPT (arrivé
curieusement en guise de bonus de cette édition limitée, on ne sait plus
trop par quel miracle finalement).
Oui, un concert complet, constitué de 23 morceaux (23
!!!!!!), pour une durée d'environ de 2 heures pleines, c'est plus qu'il ne
m'en fallait pour que j'introduise expressément la rondelle dans mon lecteur
DVD dès réception du produit. Hiiiiii !!! Haaah !!! (Me dis-je alors en
mon for intérieur).
Aux détails près
- Du côté de la qualité des
images, j'ai connu mieux c'est vrai. Mais ce serait être franchement tatillon
que de s'en plaindre. En revanche, si elle est effectivement de qualité, la
post-synchronisation laisse par endroits carrément à désirer. C'est
particulièrement flagrant (et donc franchement agaçant) sur quelques plans
sur le batteur.
- Interview, Back-Stages, vidéos promo, etc. : Désolé
! Fait rare sur un tel support ! Il n'y en a pas. Du Live et
rien que du Live.
D'emblée, l'une des réjouissances de cette
captation d'un soir, c'est évidemment la grande diversité de sa Set list.
Là clairement, on n'est pas chez AC/DC, Iron Maiden ou Motörhead
(qui tous nous pondent la même set list
depuis au moins 20 ans).
Non content de nous offrir une beau tour d'horizon de
ses deux dernières réalisations (soit un total de 8 morceaux), ACCEPT
pioche également dans quelques raretés, quand ce ne sont pas carrément des
inédits. A commencer par "Losers and
Winners" de l'album Balls
to the Wall. Plus qu'inattendu, pour ne pas dire
inespéré, ce ne sont rien de moins que 2 extraits de Russian Roulette (1986) et 2 extraits de Objection Overruled (1993) qui viennent
également se mêler aux nombreux Classics du groupe. Voilà pour les
réjouissances. A ce stade ci, je me dis que je vais assurément prendre un
plaisir intégral durant ces 2 heures de messe métallique teutonne.
Glups...
2 heures plus tard...
Du début à la fin du show, il semble qu'il n'y en
a que pour un homme : Wolf Hoffmann. Normal me direz-vous,
ce groupe est devenu plus que jamais SON groupe. En plus de ce jeu
flamboyant et sans failles qui aura grandement construit la
légende, le fin guitariste possède, en plus d'une vraie présence sur
scène, un magnétisme peu commun : Grand, mince, plutôt viril, l'œil vif et le
sourire toute à la fois charmeur et carnassier, Wolf Hoffmann est
un type qui sait, mieux que personne, prendre la (les) pose(s) et la
lumière avec classe. Pas trop du genre à partager l'affiche
finalement. Sauf bien sûr avec son vieux complice frisé, l'excellent Peter
Baltes.
En définitif, se sont eux ici qui feront le spectacle
tout du long. Et pour le coup, sans artifices ou décors d'aucune sorte (juste
un back drop aux couleurs du dernier album en date), les deux heures de spectacle
en deviendraient presque longues. Fort heureusement il y a tous ces
merveilleux et fantastiques morceaux auxquels nul ne peut résister. A
commencer par "Princess of the Dawn"
PAN ! "Up to the Limit" re-
PAN !, "Balls to the Wall"
PAN !, "Fast as the Shark", "Restless and
Wild" PAN ! PAN !, "Metal
Heart" et encore PAN ! Assurément avec un barillet
garni de telles cartouches (et se sont loin d'être les seules), ACCEPT
reste et demeure, à sa façon, une machine de guerre ultra solide, pour ne pas
dire quasi indestructible. Seulement voilà, il y a aujourd'hui une faille
de taille, même dans un tel dispositif guerrier. 5 soldats pour seulement deux
combattants ! Dans de pareilles conditions, comment espérer gagner
sur tous les fronts ?
- Stefan Schwarzmann tape,
il est vrai, à chaque fois magnifiquement. S'en est a un point que son jeu
si précis confine plus à la chirurgie plutôt qu'à la sidérurgie. En
d'autres termes : Ça ne vit pas des masses derrière le kit.
- Herman Frank, casquette vissée sur
la tête (même quand il dort ?) s'acquitte lui aussi parfaitement de sa tâche, à
savoir gratter solidement en rythmique et rester dans l'ombre de Wolf
Hoffmann. Ou du moins en retrait. On ne le voit d'ailleurs que très
épisodiquement sur les images, et, Wolf, Peter,
tout comme Mark Tornillo, ne semble guère lui accorder plus
d'attention que ça.
Je ne sais pas chez ce groupe, mais chez moi, la
complicité entre les musiciens sur scène, ça compte, sinon autant que la
musique jouée.
- Mark Tornillo (puisque j'en finirai par
lui) est incontestablement la meilleure recrue (vocale) sur laquelle Wolf
et Peter pouvaient tomber afin de réactiver la
machine ACCEPT sans risquer de s'en reprendre plein la tronche une nouvelle
fois. Et si vocalement il n'y a (là encore) rien à redire sur sa
prestation, le chanteur m'a fortement donné le sentiment de n'être qu'un
"faire-valoir" plutôt que celui d'un véritable Frontman. D'autre
part, cette constante posture du buste tiré en arrière, aussitôt qu'il
vient chercher les notes les plus hautes, la tête regardant vers le
plafond, pardonnez-moi, mais pour ce qui est de la présence scénique
et du charisme, Tornillo a encore du boulot. Je
suis un peu dur, j'en conviens. Car il est vrai que l'on voit aussi
parfois le chanteur venir s'aventurer dans le périmètre à Wolf
Hoffmann, afin de venir le soutenir dans ses exploits. A moins qu'il
ne choisisse finalement d'aller se retirer du côté de l'estrade
batterie (le temps d'un gargarisme ou d'un solo de ce dernier).
Côté communication ici, vous l'aurez compris, on
est tout simplement proche du zéro. Un peu comme si on avait assisté
à une balance de 2 heures finalement. Sympa non !? Tant certains
seraient près à tuer pour assister à un tel moment.
Le public chilien, si lui se manifeste avec
ferveur, ne recevra que bien peu d'attentions (amicales) de la part du groupe.
Un clin d'œil, un sourire (non téléphoné SVP), quelques poignées de mains,
un ou deux médiators balancés dans les premiers rangs, etc. Non décidement
non, il n'y aura rien eu de tout ça ce soir là.
Ah si quand même... Peter Baltes
demandera à l'assistance (comblée), le temps d'un aller/retour de part et
d'autre de la scène, de lui faire entendre "leurs cœurs de Metal".
Bien peu de choses en vérité. Plus tard, quand retentiront les derniers accords
du dernier morceau, les sympathiques chiliens recevront les "merci et
bonsoir" de circonstance, avant que le groupe ne quitte définitivement la
scène... Assez rapidement.
Vous l'aurez compris, après visionnage de cette
captation Live que j'attendais depuis une éternité... Là tout de
suite, j'ai quand même un p'tit peu les Balls. Car ce soir là en tout
cas, le groupe avait comme enclenché le "pilote automatique".
C'est d'autant plus rageant quand on sait à quel
point ACCEPT excelle en Live. D'autres nombreuses dates filmées et
disponible sur "Youtube" peuvent encore et toujours en
témoigner. Mais ce soir là....
Clips : en premier
: "Stampede". Si le titre
n'est déjà pas transcendant, pour ce qui est de l'originalité du clip, avec le
groupe jouant dans un désert... On ne peut pas faire plus vieux cliché Metal que ça. Voyez plutôt… En second : "The
Curse". Un des très bons titres de
l'album. Même s'y il continu de m'évoquer très fortement "Holy Diver"
de Ronnie James Dio)
:
album CD
DVD
Effectivement, plus cliché que ça, tu meurs... Et en plus, le titre choisi n'est pas terrible. La sélection de chansons pour les clips (et les singles, les 45 tours auparavant) est parfois un mystère bien épais.
RépondreSupprimerIl y a d'ailleurs eut tant de titres de "face B" qui ont connu un beau succès (non prémédité, ni soupçonné par le label et le management).
Au moins sur ce point là, tous les fans du groupe s'accordent a dire que, ouvrir l'album avec ce titre (assez moyen) et le choisir en + comme premier single de l'album est une franche bizarrerie.
RépondreSupprimerBon, en relisant mon com a l'instant, je me trouve quand même un peu dur avec le Wolf. Ce mec a quand même une sacré classe et un jeu toujours aussi étincelant.
Et puis peu de groupes de cette génération peuvent aujourd'hui se targuer d'avoir encore l'énergie et la puissance (sur disque comme sur scène) et que Accept possède encore lui.
"The Fire Still Burn". Voilà un bon titre pour un prochain album... Dans 1 an !?