mercredi 6 août 2014

Terry QUIETT « Taking Sides » (25 mars 2014), by Bruno




     Il aura fallu attendre trois ans pour que ce brave Terry Quiett puisse sortir son dixième opus.
     Cette fois-ci, point de Jim Gaines à la production ; c'est auto-produit et la qualité d'écoute ne s'en ressent pas, si ce n'est que c'est légèrement plus cru.
Terry Quiett et son groupe (avec un petit nouveau à la basse) poursuit son petit bonhomme de chemin en se calant sur un Blues-rock qui tente de proposer quelque chose d'un peu différent des recettes standards des nombreux trios du genre. Beaucoup de guitare évidemment, mais sans se perdre dans de longs soli en roue libre. Et plutôt que de rabâcher une recette (le trio commence à avoir une bonne réputation sur la côte est), le TQB travaille dur pour évoluer, et proposer quelque chose de différent.


     Pour se faire, « Taking Sides » se présente à l'ancienne : soit avec deux faces distinctes ; une « A » et une « B ». Une première peut-être pour s'assurer une clientèle, et une seconde plus aventureuse.
La première est réservée donc à un Blues-rock relativement conventionnel, voire traditionnel. Shuffle, Blues-rock Texan, Swamp-rock, Boogie-rock, Blues se côtoient. C'est du bon, avec quelques enrichissements d'harmonica et de piano fort bienvenus, où l'on retiendra surtout un « Come in the Morning » Heavy-rural-électrifié (le single) porté sur les épaules par le ruine-babines de « Mississippi » Heal Reed, le mid-slow-blues appuyé « Wheelhouse Blues » (que l'on pourrait croire issu du répertoire du père John Mayall) et « Weak-Minded Man » où l'acoustique côtoie l'électricité. 
Dans l'ensemble, c'est du Terry Quiett Band assez classique, avec en sus l'apport d'un harmonica volontaire et d'un piano discret ou de quelques nappes d'orgue Hammond. Même si quelques soli erratiques ternissent la bonne tenue de l'ensemble.
On zappe le lourdaud "Voodoo Queen" qui semble s’emmêler les pinceaux et patauger dans la mélasse ; presque une caricature (à oublier).


     La face « B », à mon sens la plus intéressante, a ouvert grandes ses portes à la Soul, à différents degrés. Notamment celle issue des studios Stax, voire de la Tamla Motown. Pour ce faire, le TQB a convié une petite section de cuivres (trompette, trombone et saxo ténor).
D'entrée, « A Fool Should Know » surprend par un chant totalement Souful. Terry se met à nu, s'implique, se montre sous un aspect meurtri, porté par la contrebasse électrique de Nathan Johnson qu'il emploie alors comme un violoncelle. Et son solo s'en ressent, arrachant des bends chargés d'émotions. C'est irréfutable, Quiett a beaucoup progressé au niveau du chant. Il n'a plus cette faiblesse lorsqu'il force sa voix – ou du moins il l'a contournée – et a beaucoup atténué l'effet nasillard (même s'il ressort de temps à autres) qui apparaissait dans les notes hautes. Ce qui lui permet d'aborder la tête haute ses Blues fortement teintés de Soul.
« Two Heart » trouve le bon équilibre entre Blues mineur, Soul et Southern-Rock (exercice sur lequel de nombreux combos de confédérés se cassèrent les dents). « Gimme Some », riff en picking hybride, ponctuation de cuivres cossus, chant entraînant entre Soul et Pop. « I Come Running » suit le chemin tracé précédemment avec des intonations plus bluesy.


pas exactement l'allure pour faire dans le "boys band"

Sur cette face, la guitare est plus discrète, bien qu'omniprésente, la musique étant alors plus riche, plus subtile, ouvrant ainsi d'autres horizons pour le chant.
On tape même dans le Funk lourdaud avec « Get Back On », déchiré par des attaques de wah-wah fuzzy.
Par contre, La dernière pièce (si l'on ne tient pas compte du bonus), déjà banale à la base, pèche par un solo quelconque, un tantinet trop long, devenant fatiguant sur la fin.

Plus surprenant encore, avec un titre présenté en bonus : Terry reprend, à sa manière, le célèbre « Let's Get it On » de Marvin Gaye. Exercice périlleux mais réussi.

Une seconde face décidément bien généreuse qui s'inscrit comme le véritable attrait de ce « Taking Sides », en dépit de trois morceaux de très bonne facture sur la première. Quiett a mûri son projet, ce qui lui a permis d'effectuer un bond en avant.
Mine de rien, doucement mais sûrement, ce forçat du Blues-rock, commence à jouir d'une bonne petite réputation auprès des médias nord-américains.

Face « A » : 13/20 ; Face « B » : 17/20.

  1. Come the Morning (feat. Miss'ippi Hal) - 3:29
  2. Nothing at All - 4:46
  3. Cut the Rope - 5:17
  4. Wheelhouse Blues - 5:18
  5. Voodoo Queen - 4:41
  6. Weak-Minded Man" - 5:30
  7. A Fool Should Know - 5:51
  8. Two Hearts - 5:32
  9. Gimme Some - 5:58
  10. I Come Running - 4:04
  11. Get Back On - 3:25
  12. You Can't Back Home - 8:05
  13. Let's Get it On (bonus)

Article paru initialement dans la revue BCR n° 36

Un clip


En live (prise amateur)

Autre article / Terry Quiett : "Just my Luck" (2011) (clic)

1 commentaire:

  1. J'ai pas traîné pour revenir. Et pas seulement catégorie blues rock.

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