jeudi 21 août 2014

NINA HAGEN : UNBEHAGEN (1979) par Pat Slade


Dans le série «Les Bonnes Galettes de Tonton Pat»







No Futur




Alors que John Travolta finissait de se trémousser sur «Staying Alive», le disco s’essoufflait au profit d’un mouvement musical d’un autre genre. Le mouvement Punk prenait racine dans la culture musicale de la fin des années 70. Bien  qu’il ait vu le jour aux U.S.A, il prendra de l’ampleur en Angleterre. Les cheveux longs du début des années 70 allaient se retrouver tels des stalagmites sur le haut des crânes et les épingles à nourrice allaient devenir l’ornement décoratif et le premier piercing à la mode. Les Damned et les Sex Pistols deviennent les portes paroles et les pionniers  d’une révolte de la jeunesse envers une société qu’ils refusent avec deux mots «No Futur» La monarchie de la perfide Albion en prend un coup sur la couronne. 

La musique punk touchera aussi le vieux continent, La France aura Oberkampf, Starshooter et les Bérurier noir pour ne citer que ceux là, mais le mouvement, même s'il aura son importance dans l’hexagone, fera moins de vagues qu’outre manche. Plus à l’est, dans un pays où à une époque les nageuses ressemblaient plutôt à des haltérophiles qu'à des naïades, à Berlin-Est en 1955, Catharina Hagen poussait les premières notes de sa voix si particulière qui plus tard lui apportera le succès. Fille d’un scénariste et d’une actrice qui divorcent quand l’enfant avait deux ans, elle aura comme beau père le chanteur dissident Wolf Bierman (un look à la Brassens avec des titres très engagés). 
Catharina, sera très tôt baignée dans la musique et la culture en général. A 17 ans, sa demande d’admission à l’école gouvernementale d’acteur lui est refusée. Elle part pour la Pologne ou elle chante au sein d’un groupe des reprises de Tina Turner et de Janis Joplin. En 1976 son beau père est déchu de sa nationalité est-allemande, tout le monde se réfugie à l’ouest. En 1977, elle part pour Londres ou elle fréquente la scène punk et côtoie les Sex Pistols et les Slits. De retour à Berlin, elle monte le Nina Hagen Band et en 1978 sort un premier 30cm «Nina Hagen Band». Et déjà les textes et les délires verbaux prennent le dessus tel un électron libre de toute tension. Des paroles outrancières dans le style punk comme dans «Auf’m Bahnhof Zoo» qui raconte l’histoire d’une rencontre lesbienne dans des toilettes pour dame (La Bahnhof Zoo est une gare à Berlin connu pour être le rendez vous de la prostitution masculine et des junkys et pour y avoir traîné mes guêtres, je peux vous assurer que c’est vrai, pour plus de référence lisez le livre »Moi Christiane F… »). Un album ou tout est résumé, on y trouve même un reggae. La voix de Nina, très lyrique - des cris aigus jusqu'à la voix la plus rauque et basse - couvre et dénature le travail du band.

Même si le premier album marche bien et lui ouvre les portes de la scène d’avant-garde punk, ce sera avec «Unbehagen» et le hit «African Reggae» que le succès international viendra. Pourtant, tous n’est pas rose au sein du Nina Hagen Band, les relations entre les musiciens et la chanteuse se sont détériorées, chacun enregistrera l’album dans son coin.
L’album sortira sous deux pochettes différentes, une grise et une autre avec le portrait de Nina. Des titres plus souples : tout commence par le hit «African Reggae», un genre de hard-reggae, le mariage vocal entre La Callas, la clodo Berlinoise et la Gretchen du Tyrol, un mélange de genre qui en feront le succès qu’il sera.  «Wenn Ich Ein Junge Wär» sonne comme un vieux rock des années 60, «Auf’m Rummel» aurait pu sortir des cartons de Franck Zappa. «Wau Wau» un rock hyper speed qui parle de chien, de pisse… histoire animalière ou relation sadomasochiste ? (Qu’un traducteur me laisse un message), «Wir Leben Immer…Noch» une reprise du hit d’une autre grande allumée Lene Lovith, «Lucky Number». «Fall in Love Mit Mir» un petit twist complètement délirant, l’album se conclut par « No Way » un instrumental punk rapide.

De la punkette, Nina deviendra l’égérie de la new wave et commencera une carrière solo. Ses apparitions en public seront un tremplin pour exposer ses idées personnelles, son mysticisme pour Dieu, les extra terrestres, le droit des animaux et la politique. tout y passe ! Après avoir flirté avec la religion hindouiste, elle se convertit au christianisme. Tout en continuant à enregistrer et à tourner, Nina Hagen a réussi à imposer son style et une voix unique.

Nina Hagen est elle folle... vous allez me demander ? Et je répondrais que…. oui ! Mais des folles avec un tel charisme, il en faudrait plus.

Décidément, le rock Allemand est plein de surprise, entre Scorpion, Amon Düül, Tangerine Dream, Klaus Nomi et Kraftwerk, il y a qu’à piocher pour avoir l’embarras du choix !

-Quoi ? Je n’ai pas cité Tokio Hotel ? Ha bon ? Ce ne sont pas des Japonais ?

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