Suite à maints déboires et expériences difficiles, Hadden Sayers a vraiment connu le Blues (dont l'expérience traumatisante du décès de son batteur, l'oncle de son épouse, sur scène lors d'un concert), quittant même le monde de la musique pour
s'isoler dans un coin perdu, coupé du monde, jusqu'à ce qu'une rencontre
inattendue lui redonne goût à la vie et l'incite à reprendre sa guitare et à
fouler à nouveau les planches. L'homme qui avait, au début du siècle, réussi à
gagner une certaine reconnaissance lui permettant d'avoir annuellement deux
cent dates de concert, dut repartir à zéro. Et c'est grâce à sa persévérance
qu'il parvient à reconquérir quelques fidèles.
Ce que confirme le précédent opus, « Hard
Dollar », salué par la critique, recueillant enfin un certain succès dans
son pays (avec en prime la reconnaissance du révérend Billy Gibbons) et une
chanson (« Back to the Blues » en duo avec Ruthie Foster) nominée au
33ème « Annual Blues Music Awards ».
Ainsi, c'est en toute sérénité que Hadden Sayers a pu réaliser ce « Rolling Soul » qui semble plus en phase avec lui-même, avec un son plus établi.
Ainsi, c'est en toute sérénité que Hadden Sayers a pu réaliser ce « Rolling Soul » qui semble plus en phase avec lui-même, avec un son plus établi.
On retrouve cette voix chaleureuse, taillée pour
les douze-mesures évoquant bien souvent celle de Popa Chubby (un tantinet moins graveleux) avec quelques
inflexions à la Bill Perry, ou Malford Milligan ( de Storyville) en plus rugueux,
voire Bob Seger. Une voix qui se pare de temps à autre de tonalités Soul. La
guitare, elle, est plus mordante, plus en accord avec ses expériences passées
(« 12 bars and the naked truth »), tout en prenant soin de n'être jamais verbeuse ou hors-sujet.
Si dans l'ensemble « Rolling Soul » est
plus ouvertement Blues, plus Rock également, Hadden ne peut résister à prendre
des chemins de traverse. Toujours avec réussite, à un point où il semblerait
qu'il maîtriserait l'ensemble des musiques « roots » américaines.
Celles qui ont gardé un lien, aussi infime soit-il, avec le Blues. Comme souvent dans ces cas là, c'est ce qui fait la richesse d'un disque, mais également qui peut être sa faiblesse par manque d'une identité vraiment forte, d'un caractère particulier et marquant.
Ainsi, on découvre un surprenant « Tippin'
In » qui flirte avec le Jump-blues, le Jive, où Brian Setzer jammerait
avec un David Lee Roth goguenard.
La Soul notamment avec un « Something wrong in
the World » qui n'est pas sans évoquer celle d'Al Green. Et « The Man
I'm supposed to be », folk-rock intimiste écrit comme une lettre ouverte à
son épouse ("A love letter to my one and only").
Dans l'ensemble, s'il n'y a rien de transcendant,
bien que toutes les pièces sans exception soient bonnes, la musique de Sayers
n'apporte rien de vraiment original. Toutefois, cela n'enlève rien au plaisir d'écoute, notamment grâce à une interprétation sans faille et une voix chaude et concernée.
Des moments forts avec ce blues crépusculaire, à ras-de-terre, irradiant d'une force canalisée, « Alone in the Blues », écrit (après un set dit "particulièrement inspiré" avec le Ruthie Foster Family Band) en pensant à Johnny Winter ; avec un le Blues-rock laid-back légèrement funky, « Lay
Down Your Worries », porté avec enthousiasme, encore une fois par Ruthie
Foster, pour qui Hadden avait un temps tenu la guitare.
Et « Insomnniac Blues » Slow-blues entre
Memphis slim, le « Man & the Blues » de Buddy Guy et le B.B. King
des 60's.
Notons la participation d'un clavinet mutin qui
apporte accessoirement une petite touche funk sous-jacente.
De ce nouvel album, Hadden Sayers dit qu'il a écrit sur
toutes les formes de transports
Article paru initialement dans le n° 35 de la revue BCR
Hadden avec en mains une Stratocaster qui a subit quelques modifications notables |
- Don't take your love (out on me) (3:04)
- Something wrong in the world (3:23)
- Want what you have (3:23)
- Alone in the Blues (6:01)
- That's what you do (3:36)
- Lay down your worries (3:16)
- he man I'm supposed to be (3:58)
- Crazy enough (2:35)
- Unlucky (2:46)
- Tippin' in (2:13)
- Insomniac Blues (5:58)
- Can't get you off my mind (4:19)
Article paru initialement dans le n° 35 de la revue BCR
,50
Autre article / Hadden Sayers : "Hard Dollar" (2011) (clic)
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