mercredi 13 août 2014

Hadden SAYERS "Rolling Soul" (2013), by Bruno



     Suite à maints déboires et expériences difficiles, Hadden Sayers a vraiment connu le Blues (dont l'expérience traumatisante du décès de son batteur, l'oncle de son épouse, sur scène lors d'un concert), quittant même le monde de la musique pour s'isoler dans un coin perdu, coupé du monde, jusqu'à ce qu'une rencontre inattendue lui redonne goût à la vie et l'incite à reprendre sa guitare et à fouler à nouveau les planches. L'homme qui avait, au début du siècle, réussi à gagner une certaine reconnaissance lui permettant d'avoir annuellement deux cent dates de concert, dut repartir à zéro. Et c'est grâce à sa persévérance qu'il parvient à reconquérir quelques fidèles.

Manche de Telecaster, corps de Strato et micros de Teisco

     Ce que confirme le précédent opus, « Hard Dollar », salué par la critique, recueillant enfin un certain succès dans son pays (avec en prime la reconnaissance du révérend Billy Gibbons) et une chanson (« Back to the Blues » en duo avec Ruthie Foster) nominée au 33ème « Annual Blues Music Awards ». 

     Ainsi, c'est en toute sérénité que Hadden Sayers a pu réaliser ce « Rolling Soul » qui semble plus en phase avec lui-même, avec un son plus établi.

     On retrouve cette voix chaleureuse, taillée pour les douze-mesures évoquant bien souvent celle de Popa Chubby (un tantinet moins graveleux) avec quelques inflexions à la Bill Perry, ou Malford Milligan ( de Storyville) en plus rugueux, voire Bob Seger. Une voix qui se pare de temps à autre de tonalités Soul. La guitare, elle, est plus mordante, plus en accord avec ses expériences passées (« 12 bars and the naked truth »), tout en prenant soin de n'être jamais verbeuse ou hors-sujet.

     Si dans l'ensemble « Rolling Soul » est plus ouvertement Blues, plus Rock également, Hadden ne peut résister à prendre des chemins de traverse. Toujours avec réussite, à un point où il semblerait qu'il maîtriserait l'ensemble des musiques « roots » américaines. Celles qui ont gardé un lien, aussi infime soit-il, avec le Blues. Comme souvent dans ces cas là, c'est ce qui fait la richesse d'un disque, mais également qui peut être sa faiblesse par manque d'une identité vraiment forte, d'un caractère particulier et marquant. 
Ainsi, on découvre un surprenant « Tippin' In » qui flirte avec le Jump-blues, le Jive, où Brian Setzer jammerait avec un David Lee Roth goguenard.
La Soul notamment avec un « Something wrong in the World » qui n'est pas sans évoquer celle d'Al Green. Et « The Man I'm supposed to be », folk-rock intimiste écrit comme une lettre ouverte à son épouse ("A love letter to my one and only").


     Dans l'ensemble, s'il n'y a rien de transcendant, bien que toutes les pièces sans exception soient bonnes, la musique de Sayers n'apporte rien de vraiment original. Toutefois, cela n'enlève rien au plaisir d'écoute, notamment grâce à une interprétation sans faille et une voix chaude et concernée.
Des moments forts avec ce blues crépusculaire, à ras-de-terre, irradiant d'une force canalisée, « Alone in the Blues », écrit (après un set dit "particulièrement inspiré" avec le Ruthie Foster Family Band) en pensant à Johnny Winter ; avec un le Blues-rock laid-back légèrement funky, « Lay Down Your Worries », porté avec enthousiasme, encore une fois par Ruthie Foster, pour qui Hadden avait un temps tenu la guitare.
Et « Insomnniac Blues » Slow-blues entre Memphis slim, le « Man & the Blues » de Buddy Guy et le B.B. King des 60's.

     Notons la participation d'un clavinet mutin qui apporte accessoirement une petite touche funk sous-jacente.

De ce nouvel album, Hadden Sayers dit qu'il a écrit sur toutes les formes de transports


Hadden avec en mains une Stratocaster qui a subit quelques modifications notables


  1. Don't take your love (out on me) (3:04)
  2. Something wrong in the world (3:23)
  3. Want what you have (3:23)
  4. Alone in the Blues (6:01)
  5. That's what you do (3:36)
  6. Lay down your worries (3:16)
  7. he man I'm supposed to be (3:58)
  8. Crazy enough (2:35)
  9. Unlucky (2:46)
  10. Tippin' in (2:13)
  11. Insomniac Blues (5:58)
  12. Can't get you off my mind (4:19)

Article paru initialement dans le n° 35 de la revue BCR


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Autre article / Hadden Sayers : "Hard Dollar" (2011) (clic)

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