Classique
1.
00:00 L'heure exquise
2.
02:32 Le plus beau présent
3.
04:31 Clair de lune
4.
05:55 Si vous n'avez rien à me dire
5.
09:15 Vogue, vogue la galère
6.
11:06 Quand je fus pris au pavillon
7.
12:12 Puisque j'ai mis ma lèvre
8.
16:01 Cimetière
9.
18:25 3 songs Op. 23: Le secret
10.
21:00 Deux épigrammes de Clément Marot : D'Anne jouant de
l'espinette
11.
22:41 Ballade de la reine morte d'aimer
12.
26:48 Trois chansons de Bilitis: La flûte de Pan
13.
29:33 Trois chansons de Bilitis: La chevelure
14.
32:59 Trois chansons de Bilitis: Le tombeau des Naïades
15.
35:57 Four Poems for Voice, Viola and Piano, Op. 5: La cloche
fêlée
16.
44:19 Four Poems for Voice, Viola and Piano, Op. 5: Serenade
17.
48:46 Danse Macabre Op. 40
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Chansons françaises
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samedi 7 juin 2014
Anne Sofie VON OTTER : "Douce France" - de la mélodie française à Barbara, Ferré, Trenet… – par Claude Toon
- Mais vous empiétez sur le domaine de M'sieur Pat Slade, M'sieur Claude…
J'entends des grands classiques de la chanson française depuis la
photocopieuse !!!
- Classiques ? Et oui, quand une grande dame de l'art Lyrique inscrit
dans le présent des chansons immortelles, on obtient ce disque…
- Le nom Anne Sofie von Otter suggère l'Allemagne, pourtant son français
est incroyablement compréhensible !!!
- Anne Sofie est suédoise, mais totalement francophone, c'est une grande
interprète d'opéras ou de lieder, de Debussy à Mahler et j'en passe…
- Heuuu, ça ne fait pas trop compassé son interprétation par rapport aux
albums originaux.
- Et bien nous allons découvrir cela ensemble ma belle Sonia……..
On pourra s'étonner que cet album contienne deux disques a priori très
différents. Le premier est consacré à des mélodies françaises de la fin du
XIXème et du tout début du XXème siècle :
Debussy,
Fauré
Saint-Saëns,
Hahn… Et le second propose des reprises de chansons célèbres de la fin du
XXème siècle immortalisées par des auteurs-compositeurs et/ou
interprètes :
Barbara,
Charles Trenet,
Léo
Ferré,
Edith Piaf,
Yves Montand…
Anne Sophie von Otter
explique elle-même cette cohabitation surprenante dans la vidéo: "C'est le même univers". Et elle a raison !
Qu'est-ce qu'un morceau de musique classique et notamment une chanson, si
ce n'est une partition qui a résisté au temps et est devenue "classique" ?
Le temps qui passe peut être cruel pour diverses musiques, qu'elles soient
mauvaises (nombre de compositeurs académiques ou chansons de "l'été" tombés
à juste titre dans l'oubli), ou parfois excellentes mais oubliées pour des
causes inconnues (symphonies de
Kurt Atterberg
il y a deux semaines). Et oui, toutes les chansons françaises de cet album
sont dues à des artistes français qui ont disparu, mais dont les textes et
les mélodies sont restées dans la culture comme de grands moments. Et c'est
ainsi que
À Paris
de
Francis Lemarque
et
Göttingen
de
Barbara
voisinent avec les
3 chansons de Bilitis
sur des textes de
Pierre Louÿs mis en musique par
Debussy…
Attention de ne pas se méprendre. Nous n'entendons pas ici une cantatrice
au fort accent serbo-croate, une main posée sur le piano d'un accompagnateur
dépressif, gazouiller les textes de notre jeunesse d'une voix ampoulée… Non
! D'une part les accompagnements originaux ont été repris, juste un peu
adaptés et modernisés avec des accents Jazzy si nécessaire. D'autre part,
Anne Sofie
maîtrise avec un français parfaitement pur et beaucoup d'émotion le défi
qu'elle s'est fixée en tant qu'amoureuse de la chanson française… de qualité
(feu
Mike Brant et
Christophe
Maé
n'ont pas été retenus).
Pour beaucoup de mélomanes et particulièrement les amateurs d'opéras,
Anne Sofie von Otter
est l'une des très grandes voix de notre temps. Née en
1955 à
Stockholm, elle a poursuivi une
double carrière originale. Son registre est celui d'une
Mezzo soprano étendu avec des aigus cristallins. Sur scène et au
disque, elle a brillé dans le répertoire baroque et classique :
Haendel,
Mozart, sans oublier le romantique
Richard Strauss
pour lequel sa voix souple se prête à merveille (le rôle d'Octavian
du
Chevalier à la Rose
dans plusieurs production dont celle de
Carlos Kleiber). Octavian, un des rôles de
travesti que sa voix androgyne sert à merveille.
La seconde carrière l'a conduit a à chanter et enregistrer des répertoires
non classique. En 2001, elle
participe avec
Elvis Costello
à l'album
For the Stars. En 2006, l'album
I let the Music Speak, reprend des compositions de
Benny Andersson
du groupe suédois
Abba
(entre compatriotes…). Et En
2013 place à la chanson
française de
Debussy
à
Trenet
en passant par
Ferré
et
Moustaki.
Anne Sofie von Otter, qui vit souvent en France, bénéficie de l'absence totale d'accent
suédois. C'est souvent gênant ces chanteurs ou chanteuses avec lesquels, on
ne comprend pas un mot de notre langue.
Anne Sofie a ainsi chanté une
Mélisande de
Debussy
où chaque réplique de
Maeterlinck est parfaitement
prononcée, un régal.
Donc une technique de chant sans faille, et une personnalité soucieuse de
la psychologie et de l'émotion de ce qu'elle chante. Est-ce suffisant pour
rendre hommage à 17 titres historiques du répertoire français ? Et bien
écoutons…
~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~
La première chanson est Göttingen
de
Barbara. Elle n'a peur de rien
Anne Sofie. Peut-on succéder facilement à l'articulation mélancolique et vibrante de
la chanteuse ? C'est un texte de 1964 où
Barbara, d'origine juive, confie sa crainte de voir de nouveau les haines nazies
ressurgir : "Mais les enfants ce sont les mêmes. A Paris ou à Göttingen." Il est bien difficile de retrouver le phrasé écorché et quasi essoufflé
de
Barbara
qui nous bouleversait tant.
Anne Sofie
choisit un ton nostalgique, l'élocution est parfaite. L'accordéon accentue
la mélancolie et l'espoir. "O faites que jamais ne revienne / Le temps du sang et de la haine". Ce n'est pas lyrique au sens opératique du mot, donc très touchant.
Je suis plus réservé sur Padam padam
qui suit. La force ardente de
Piaf
est absente. Oh, c'est parfaitement chanté, évidement, mais côté tripes…
ben… Par contre, la chanteuse s'efface par rapport au texte de
Glanzberg. Et c'est peut-être
là, où, prise de son aidant, la chanson gagne en modernité. Ce qui m'amène à
me poser la question s'il est légitime d'établir une espèce de classement
mieux/moins bien entre les originaux du passé et cette nouvelle vie pour ces
belles chansons.
Autre difficulté dans cette entreprise, les chansons "masculines". À Saint germain des près
de
Léo Ferré
a été chanté par l'auteur mais aussi par
Henri Salvador
en 1949. La poésie est là.
L'évocation des poètes, des rues du quartier Saint-Germain, du temps de
Bechet
et
Gréco
convient à toutes les voix,
c'est la force des paroles révélée.
Anne Sofie retrouve la gouaille de titi parisien dans À Paris
de
Francis Lemarque. Le choix, de nouveau, de l'accordéon comme accompagnement principal
accentue le climat guinguette. Quelle verve ! On a vraiment envie de faire
virevolter sa cavalière.
Deux chansons de
Moustaki
sont au programme : Le facteur
et La carte du Tendre. À la voix rugueuse et chaude de
Moustaki, succède la sensualité émouvante de la diva qui transcende la nostalgie
des deux textes. Je passe sur les chansons tirées des
demoiselles de Rochefort. Luc
sait que je suis allergique à la mièvrerie des textes des films de
Demy. C'est perso comme avis.
Je ne vais pas investir dans l'hypocrisie, je n'aime pas, point… Sautons à
Vladimir Kosma
et aux feuilles mortes. Un des must du répertoire
d'Yves Montand. Un trombone solo et funeste. Le texte s'écoule avec tendresse.
Anne Sofie évite, et c'est en cela que son projet est une réussite, toute coquetterie
de cantatrice. Elle chante ce beau texte dans son registre Mezzo ; un choix
de douce gravité qui souligne la tristesse automnale du sujet.
Changement d'éclairage avec la chanson Douce France
de
Charles
Trenet
qui donne son titre à l'album. L'accompagnement se fait ludique et jazzy, la
voix retrouve la simplicité et la joie du fou chantant.
Les disques d'époque nous permettent de conserver les témoignages des
créateurs, mais ce beau disque
d'Anne Sofie von Otter, qui assure la filiation de la chanson française depuis le siècle
précédent offre un éclairage différent. C'est complémentaire et absolument
pas concurrentielle. Musique vivante avez-vous dit ????
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Sur Deezer, l'intégrale des deux CD de l'album. Les chansons "modernes"
commencent par
Göttingen
à la plage 18 :
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Chanson Française,
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Claude Toon
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Magnifique version de Göttingen
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