C’est
pénible de toujours commencer une chronique sur Clapton par : il est mal
en point, Eric, en ce moment… A croire que ce type a été poursuivi par la
poisse toute sa vie ! Donc, vers 1994, Eric Clapton ne va pas très bien. Il se remet du décès de son fils, Connor, arrête de fumer, est en pleine séparation avec sa fiancée, et avec son manager Roger Forrester. C’est l’après UNPLUGGED (1992) qui fut à l’origine du
clash. L’album tiré de l’émission de télé Unplugged, où Clapton jouait un blues
acoustique, fut son plus grand succès discographique, le moins cher et le plus
facile à produire ! Roger Forrester les voyait bien profiter de la vague.
Mais Clapton, heureux d’avoir replongé dans le Blues des origines, se pique
d’enregistrer un disque de reprises.
On pourrait croire que Clapton a fait cela toute sa vie, des reprises, mais non, contrairement aux apparences. Il y en a toujours une ou deux qui trainent dans ses albums, mais ce n'est qu'après celui-ci que sortiront les disques hommage à Robert Johnson, ou ses duos avec BB King. C'est dans le Blues que l'English souhaitait se ressourcer, après des années 80 assez calamiteuses (dues à sa consommation d'alcool, il le reconnait volontiers). Mais sa maison de disques lui refusait ce plaisir, tout God qu'il soit. Du moins, avant de voir les chiffres de vente du UNPLUGGED... Clapton se donne quelques contraintes, histoire de corser les choses, mais surtout s’amuser. Les titres seront joués « live » en studio, les versions et les tonalités d’origine seront si possible respectées. On imagine la réaction de Forrester : mais alors c’est quoi l’intérêt ? Pourquoi ne pas écouter les originaux ?
On pourrait croire que Clapton a fait cela toute sa vie, des reprises, mais non, contrairement aux apparences. Il y en a toujours une ou deux qui trainent dans ses albums, mais ce n'est qu'après celui-ci que sortiront les disques hommage à Robert Johnson, ou ses duos avec BB King. C'est dans le Blues que l'English souhaitait se ressourcer, après des années 80 assez calamiteuses (dues à sa consommation d'alcool, il le reconnait volontiers). Mais sa maison de disques lui refusait ce plaisir, tout God qu'il soit. Du moins, avant de voir les chiffres de vente du UNPLUGGED... Clapton se donne quelques contraintes, histoire de corser les choses, mais surtout s’amuser. Les titres seront joués « live » en studio, les versions et les tonalités d’origine seront si possible respectées. On imagine la réaction de Forrester : mais alors c’est quoi l’intérêt ? Pourquoi ne pas écouter les originaux ?
Sans
doute parce que dans le Blues, l’intérêt, ce sont justement les interprétations. Sur une reprise, on écoute la chanson, oui, mais surtout ce que
l’interprète en fait. Le fameux « Stormy Monday Blues » n’a pas la
même gueule joué par son créateur T Bone Walker, par Albert Collins, les
Allman’s Brothers, Gallagher ou Colloseum… Et même si, ici, on colle le plus possible à
l’esprit.
Eric
Clapton réunit autour de lui un groupe restreint : Andy Fairweather-Low à
la seconde guitare et déjà présent sur le UNPLUGGED (qui joua avec Dave
Edmunds, Linda Ronstadt, The Who, Roger Waters…), l’indéboulonnable Chris Stainton
aux claviers, Dave Bronze à la basse et Jim Keltner à la batterie (un CV long
comme le bras, de Lennon à JJ Cale, Dylan, Traveling Wiburys, Pink Flyod,
Stones…). Jerry Portnoy passe avec son harmonica, et trois cuivres
interviennent à l’occasion.
Voilà,
maintenant y’a plus qu’à. Écouter et se faire plaisir.
Parce qu’on pourra toujours ressortir le vieux débat fallait-il ou ne fallait-il pas, l’important c’est le résultat. FROM THE CRADLE est un sacré morceau. Aussi parce qu’Eric Clapton, on l’attend à chaque fois au tournant, qu’il est parfois sorti du droit chemin (sa énième grande période picole, soutenue par Phil Collins qui faisait ce qu’il pouvait, le pauvre, avec une épave en studio…) et qu’on l’a plus d’une fois voué aux gémonies. Alors quand il nous sort un truc comme ça, gorgé de bonne musique, bien brute, sans fioriture ni remplissage, on s'incline, et on dit monsieur. Brut, mais pas cradingue pour autant, histoire de sonner comme y’a 40 ans. Les studios ont évolué depuis les années 60, heureusement, et pas un seul musicien ayant connu cette époque ne souhaiterait revivre ça ! Vous imaginez aujourd’hui un Clapton qui sonnerait comme BLUES BREAKERS WITH EC de John Mayall, on attaquerait le label en justice… sauf les maniaques compulsifs comme Jack White !
Parce qu’on pourra toujours ressortir le vieux débat fallait-il ou ne fallait-il pas, l’important c’est le résultat. FROM THE CRADLE est un sacré morceau. Aussi parce qu’Eric Clapton, on l’attend à chaque fois au tournant, qu’il est parfois sorti du droit chemin (sa énième grande période picole, soutenue par Phil Collins qui faisait ce qu’il pouvait, le pauvre, avec une épave en studio…) et qu’on l’a plus d’une fois voué aux gémonies. Alors quand il nous sort un truc comme ça, gorgé de bonne musique, bien brute, sans fioriture ni remplissage, on s'incline, et on dit monsieur. Brut, mais pas cradingue pour autant, histoire de sonner comme y’a 40 ans. Les studios ont évolué depuis les années 60, heureusement, et pas un seul musicien ayant connu cette époque ne souhaiterait revivre ça ! Vous imaginez aujourd’hui un Clapton qui sonnerait comme BLUES BREAKERS WITH EC de John Mayall, on attaquerait le label en justice… sauf les maniaques compulsifs comme Jack White !
Le programme de FROM THE CRADLE, c’est un passage en revue des grands créateurs de Blues. Le « Blues before sunrise » de Leroy Carr ouvre puissamment les hostilités, d’un puissant riff d’intro qui met tout le monde d’accord. Plus loin, une version cool de « Reconsider baby » de Lowel Fulson, dont j’aime à répéter partout dans les médias ou dès que je suis l’invité d’un plateau télé, que la version d’Elvis Presley en 1960 est la plus belle chose de l’Humanité, sauf que je n'suis invité nulle part... Évidemment, on a le « Hoochie Coochie Man » de Muddy Waters que Clapton a intégré depuis belle lurette à sa set-list. Et c’est vrai qu’avant que le chant ne rentre, on a l’impression d’entendre le Muddy Waters band ! La voix de l’anglais est bien rocailleuse. On le dit, on le répète, mais Clapton a mis 20 ans à apprendre à chanter. Ça valait le coup d’attendre (c'est encore plus vrai aujourd'hui). Non pas qu'il ne savait pas, mais il n'osait pas.
Après
« Five long years » puis le shuffle impeccable « I’m tore
down » soutenu par les cuivres, le tube de Leroy Carr « How long
blues » tout en piano bastringue, harmonica et dobro. Et encore cette
belle voix, très années 30, pincée et nasillarde à la Léon Redbone. Il y a « Motherless
Child » très différent de la version de 461 OCEAN BOULEVARD, et passage
obligé, Elmore James et son « It’s hurts me too », bien rugueux. Et
tous ces titres sont balancés en 3’30 généralement. On donne dans le concis,
mais les chorus pétaradent, un feu d’artifice ! Un autre Muddy Waters
« Standin’ Round Crying » avec un son de guitare très McKinley, le
classique « Driftin’ » à la guitare acoustique, dépouillé, on entend
la grole qui frappe les temps. On s’autorise un morceau plus long pour la fin,
« Groaning the blues » de Willie Dixon. Un blues lent, très lent, du
bien plombé, cuivré aussi.
Le
seul reproche à faire au disque, c’est que Chris Stainton soit un peu discret
question chorus. Mais présent et virevoltant à l’accompagnement. Cette heure
passée avec ces quelques classiques du genre (ou pourrait ergoter et dire qu'il n'a pas choisi des titres rares ou obscures, mais pourquoi se priver du plaisir d'enregistrer ces chansons-là, lui qui en rêvait) est un vrai bonheur. Faut en profiter, parce qu’avec le disque
suivant PILGRIM, Clapton retombera dans les travers d’une musique plus pop et formaté, un registre où, ironie du sort, il ne brille pas le mieux ! La parenthèse fut courte, mais bonne.
Des vidéos sans images... mais avec le bon son ! "How Long Blues" et "Reconsider Baby".
Des vidéos sans images... mais avec le bon son ! "How Long Blues" et "Reconsider Baby".
Ben voilà... Comme d'hab... tout est dit. Et là, on dit "monsieur Luc".
RépondreSupprimerCe disque est monstrueux et démontre que s'il le désire, Clapton peut être un vrai Bluesman.
Ha oui, "Pilgrim"... mauvaise réputation. Et pourtant, bien qu'inégal il possède quelques pièces de toute beauté. Si, si, réécoutez sans a priori, en prenant la musique telle quelle, pour ce qu'elle est, sans attendre quelque de particulier ; bref, sans penser qu'il s'agit d'un disque de Clapton.
RépondreSupprimerJe ne suis pas un Fan de Clapton,
RépondreSupprimerbin si !
Je suis frileux à l'écoute comme quand j'écoute les Flamands Roses, c'est comme ça, j'ai été peut être fini à la pisse lors de ma conception ? ?
Mais Pilgrim me désarçonne et j'ai même acheté le CD, le seul Cd que je possède, mais peut être, lorsque j'aurais 60 ans, je vais découvrir ce gaillard et l'apprécier, les gémeaux sont imprévisibles et retournent leur veste assez facilement quelques années après.
Un des meilleurs Clapton, en effet, ave EC was here. Tore down, à une époque, je le jouais: un shuffle aux petits oignons, j'aurais fait ça pendant deux heures.
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