vendredi 30 mai 2014

EARTH, WIND & FIRE "That's the way of the world - Alive '75" (1975 -2002) par Luc Boogie Wonderland B.


EARTH, WIND & FIRE tourne autour d’un seul homme ou presque, son fondateur et grand manitou Maurice White. Un cas, ce gars-là. Etudes de conservatoire, puis batteur de session studio chez CHESS RECORD dans les années 60, où il accompagne Howlin’ Wolf, Willie Dixon, Chuck Berry ou Etta James. Ensuite il tourne en trio de jazz, et au cours de ses voyages, il commence à se passionner pour la culture égyptienne, la cosmologie, se forgeant avec le temps une spiritualité que l’on pourrait qualifiée de bazar, si je ne devais le plus profond respect pour les us et coutumes de mes semblables. [Peut-on alors parler de White spirit ? Ok, je sors...]. Il est aussi très impressionné par le parcours (musical et spirituel) de John Coltrane.

Dans son thème astral, en VEST (Version-Egyptienne-Sous-Titrée) Maurice White subit la triple influence de la Terre, du Vent, et du Feu. Tiens, pas de l’Eau ?  Quand il monte son groupe, en 1970 à Los Angeles, le nom est tout trouvé : EARTH, WIND & FIRE. Le décorum et les thèmes des chansons aussi. Influence qu’on retrouve d’ailleurs aussi dans certaines musiques dites Progressive, que ce soit les délires sous LSD de groupes de la West Coast, qui pouvaient servir de BO aux films de Kenneth Anger, au Hard de Blue Oyster Cult.

Maurice embauche son frère Verdine White à la basse, Philip Bailey comme second chanteur, des percus, des cuivres, et enregistre deux albums qui reçoivent un succès d’estime. C’est avec le quatrième album, HEAD TO THE SKY (1973) que le succès arrive. La réputation du groupe se fait essentiellement par ses prestations scéniques, grande foire aux lasers et fumigènes, décors antiques (et en toc), les musiciens habillés en prêtres égyptiens, avec attractions, genre la batterie qui effectue des rotations 360°. Les Dix Commandements croisés avec Star Trek, Ramsès et Monsieur Spock  qui se mettent en ménage. Le titre « Shinning Star » devient n°1 des charts. Faut dire que c’est efficace, une intro (étrangement) country à la JJ Cale, puis le beat Funk qui déboule, les cocottes de guitare, riffs de cuivres. Le Funk de EARTH, WIND & FIRE est moins radical que celui de James Brown, on y retrouve souvent des refrains pop. Ils reprennent d’ailleurs joliment le « Got to get you in my life » des Beatles. On est tout simplement en train d’assister à la naissance du disco…

En 1976, record de vente pour le double album live GRATITUDE. Les succès vont s’enchainer ensuite, à la fin des années 70, des titres comme «  September », « Boogie Wonderland », « Let’s groove », « In the Stone » et sa monumentale et célébrissime intro, cartonnent à la radio. Au milieu des années 80 la fièvre retombe, Maurice White essaie de tourner en solo, en vain, le groupe se reforme, continue de sortir des albums et de faire des concerts, mais loin de l’engouement de ses premières années.

Le disque ALIVE’75 est enregistré sur la tournée qui avait déjà donné les titres du double album GRATITUDE, 3 titres sont en commun ; des versions différentes. Les titres sont principalement issus de l’album THATS THE WAY OF THE WORLD sorti la même année. ALIVE’75 n’est ni resucée du double album, ni un repêchage de prises moyennes, c' est un complément. Et très intéressant, parce le format de chansons y est plus long, les plages instrumentales nombreuses. 

Non, ce n'est pas la Compagnie Créole...
Et ce sont des cocottes funky qui ouvrent le bal, « Shinning Star » a perdu son intro country en route. On sent les influences musicales du groupe, qui sur une base Disco, Funk, incorpore des trucs de Rock ou jazzy, lisibles dans certaines mises en place de la section de cuivres. Longue et belle intro sur « Happy Feelin’ » un morceau dominé par les interventions de guitares (Al McKay et Johnny Graham), puis « Yearnin' learnin' » trois titres dansants, sacrément charpentés. Changement de genre avec le très bel instrumental « Sun Goddes » paru sur un album du pianiste Ramsey Lewis, mais écrit par Maurice White. Très belle intro, avec harmonie de chœurs, et un chorus de sax qui s’envole (Andrew Woolfolk) sur la rythmique carrée, impeccable, solide, tout le monde en place, ça groove sec. Lewis enchaine longuement ensuite au Rhodes. On est vraiment dans la veine jazzy d’EARTH, WIND & FIRE. J’avoue que dans ce registre, ils se défendent bien. 

« Evil » part sur un riff des caraïbes de claviers Rhodes, mais il s’agit bien d’une sucrerie pop, alors que « Kalimba Story » est une tournerie funky lardée de percussions, et de Do you feel it ? et de Clap your hands enthousiastes. Arrive ensuite « Reasons », la plus longue plage, presque 10 minutes. Une ballade Soul, qui par moment évoque hélas les futurs jérémiades R’n’B des années 90, mais les choses s’arrangent quand les sax entrent en jeu, un long développement instrumental, suivi d’un prêche du Grand prêtre White sur la façon de montrer son amour… C’est pas seulement physique, y paraît. Can you feel my spirit, Sonia ? Suit « Mighty mighty » tiré de l’album OPEN YOUR EYES (1974), du pur Funk brownien, du très bon, avec acrobaties vocales.  Et on termine par le succès « That’s the way to the world », un tempo médium, plus cool, et encore une fois, on prend son temps, on installe  le groove, la guitare prend des tours. Que tout ceci est agréable et bien fait.

Avec EARTH, WIND & FIRE, on a affaire à de la Funk musique moins séminale, viscérale, que celle d’un James Brown, période 1967 et suivantes. Là où le géorgien et ses JB’s accéder à des transes, la bande de Maurice White donne plutôt dans le planant. On ne fait pas parler la poudre, on cultive la plante verte... Mais c’est remarquablement exécuté, avec une ferveur communicative (les concerts faisaient office de grandes communions spirituelles) et la place laissée aux instrumentistes permettent de beaux moments de groove. Idéal pour découvrir la facette live de ces précurseurs du Disco.

Une vidéo de 1975, le titre "Mighty mighty", ça tombe bien, un des meilleurs moments du disque.

1 commentaire:

  1. Pas la Compagnie Creole du funk?
    Si, quand même un peu, surtout la fin (c'est à dire depuis quarante ans ...)
    Au début, très marqués aussi par le jazz (That's the way of the world, c'est la BO très jazzy d'un film que personne a vu mais qui les a vraiment lancés) inspirés aussi je crois par Sun Ra (et IAM, mais là je suis moins sûr ...)

    Pff, .... j'ai vu que tu avais écrit une saga épique sur les films et le rock ... je viendrai voir ça de plus près un de ces jours ...

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