- C'est la messe dans votre bureau M'sieur Claude ???
-
NON ! NON !!! Et NON !!!!! SONIA !
C'est de la musique pour orgue mais pas pour les offices…
-
Désolée M'sieur Claude, je pensais que l'orgue, on n'en jouait que
pendant les offices, snifff, je gonnais bas dout fous zavez….
snifff
- Prenez un mouchoir mon petit… Non, mais vous imaginez installer un
orgue de 20 mètres de haut et autant de large dans un appart' ? Donc
cathédrales obligatoires ou salles de concert parfois !
- Très juste… Une fois je suis entrée dans une cathédrale où l'organiste
répétait, j'avoue que la puissance sonore prend aux tripes, on se sent
toute petite…
- C'est vrai et c'est ce qui rend difficile la reproduction au disque.
Avec cet enregsitrement, on a la beauté et la puissance, heuuuu… avec un
casque ou une chaîne audiophile…
Chroniqueur depuis plus de trois ans, je m'aperçois que je n'ai jamais
écrit une ligne à propos de l'instrument roi, celui de
Bach, de
Messiaen
et de…
Widor. Trop souvent, l'orgue est associé aux messes et autres offices religieux
(Sonia n'est pas seule à le croire). Bien entendu, l'instrument,
historiquement installé dans les églises, est destiné à agrémenter les
offices et à accompagner le chant des fidèles pendant les cérémonies. A
contrario, on trouve un répertoire très large de
pièces profanes destinées au divertissement au même titre que
la musique jouée sur un piano, par un orchestre ou des ensembles de musique
de chambre. Citons en vrac : les
toccatas, fugues, chorals,
fantaisies
et la plupart des
150 œuvres
pour orgue de
Bach
; les
préludes
et
chorals
de
César Franck… et les symphonies de
Charles-Marie Widor
ou encore de
Louis Vierne ! À l'opposé toute l'œuvre pour orgue
d'Olivier Messiaen
est d'inspiration mystique et des petites pièces peuvent être jouées lors
des liturgies.
Depuis la nuit des temps sont donnés dans les cathédrales des concerts
d'orgue alternant ces ouvrages de musique pure avec des pièces plus
spirituelles. Si je puis me permettre le mot,
l'orgue est un instrument multifonctions !
- M'sieur Claude, désolée pour toute à l'heure, mais n'existe-t-il pas
des concertos pour orgue ?
- Mais si ! De Bach d'après Vivaldi, Haendel ou Thomas Arne, orgue
baroque et orchestre à cordes, bien sûr…
J'ai choisi ce disque car il y a un lien étroit entre l'orgue Saint-Ouen de
Rouen,
Widor et cette symphonie qui porte le nom de "Gothique".
Charles-Marie Widor a suivi de près dans l'Abbaye de Rouen le travail d'Aristide Cavaillé-Coll (1811-1899), le célèbre facteur d'orgue du XIXème siècle. Aristide Cavaillé-Coll a construit ou restauré une quarantaine d'orgues français (500 en Europe) qui, par leur richesse en termes de jeux, restent des références pour l'orgue romantique. L'orgue de l'Abbaye de Saint-Ouen de Rouen (et non pas à côté du marché aux puces à Paris) est l'un de ses chefs-d'œuvre. Les travaux ont eu lieu vers la fin de la vie de Cavaillé-Coll en 1890. L'instrument est logé dans un buffet de 1630, délicieusement baroque, avec ses anges trompettistes. Il comporte 4 claviers et un pédalier, associés à 64 jeux. Les noms des jeux m'amusent toujours : Bourdon, Violonbasse, Bombarde, Tuba magna, ou encore Salicional !? Comme l'on dit, il faut être du métier ! Le buffet et l'orgue sont inscrits aux monuments historiques depuis les années 70. Les organistes les plus réputés se bousculent pour jouer sur le "monstre" qui bénéficie d'une belle acoustique dans la longue nef.
Charles-Marie Widor a suivi de près dans l'Abbaye de Rouen le travail d'Aristide Cavaillé-Coll (1811-1899), le célèbre facteur d'orgue du XIXème siècle. Aristide Cavaillé-Coll a construit ou restauré une quarantaine d'orgues français (500 en Europe) qui, par leur richesse en termes de jeux, restent des références pour l'orgue romantique. L'orgue de l'Abbaye de Saint-Ouen de Rouen (et non pas à côté du marché aux puces à Paris) est l'un de ses chefs-d'œuvre. Les travaux ont eu lieu vers la fin de la vie de Cavaillé-Coll en 1890. L'instrument est logé dans un buffet de 1630, délicieusement baroque, avec ses anges trompettistes. Il comporte 4 claviers et un pédalier, associés à 64 jeux. Les noms des jeux m'amusent toujours : Bourdon, Violonbasse, Bombarde, Tuba magna, ou encore Salicional !? Comme l'on dit, il faut être du métier ! Le buffet et l'orgue sont inscrits aux monuments historiques depuis les années 70. Les organistes les plus réputés se bousculent pour jouer sur le "monstre" qui bénéficie d'une belle acoustique dans la longue nef.
Et c'est ainsi que
Charles-Marie Widor
inaugura l'instrument techniquement révolutionnaire en
1890. Enthousiaste, il parla à
propos du travail de
Cavaillé-Coll de "alla
Michel-Ange". Et c'est à cette époque que le compositeur décida de
s'inspirer de la majesté architecturale de l'abbatiale et de son orgue tout
neuf pour écrire sa
9ème symphonie, une œuvre assez courte qui se veut une évocation des impressions
ressenties par le musicien face à ses quatre claviers…
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Charles-Marie Widor
est surtout connu des amateurs d'orgue, c'est assez logique, mais demeure
cependant une personnalité importante de la vie musicale française. Il naît
à Lyon en 1844, étudie en Belgique et à Paris, puis rapidement
devient l'assistant de
Camille Saint-Saëns au pupitre le l'orgue de La Madeleine vers 1868. Il va
occuper un poste similaire à Saint Sulpice pendant 63 ans !! De
1870 à 1933 ; le musicien cédera la place à
Marcel Dupré à l'âge canonique de 90 ans ! Il disparaît en 1937 à Paris
Parallèlement à ce travail d'organiste,
Widor a composé pour son instrument un cycle de
10 symphonies pour orgue, mais également de la musique de chambre dont un
quintette avec piano, des pièces pour piano, pour
l'orchestre,
et même un
opéra… Pédagogue, responsable des classes de composition et d'orgue au
conservatoire de Paris, il formera des grands talents comme les organistes :
Louis Vierne,
Albert Schweitzer,
Charles Tournemire
et
Marcel Dupré, mais aussi des compositeurs avant-gardistes tels
qu'Arthur Honegger,
Edgar Varèse
et
Darius Milhaud. Malgré cet emploi du temps chargé, il trouvera le temps de parcourir le
monde pour donner des concerts d'orgue…
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La discographie consacrée à
Widor
est assez abondante tant pour le répertoire d'orgue que pour diverses
musiques comme le
trio
et le
quintette
enregistrés chez Naxos.
Dans les années 90 l'organiste
Ben van Oosten
a gravé une intégrale en 7 volumes de l'œuvre pour orgue de
Widor. Il a réalisé ces disques en jouant sur divers orgues
Cavaillé-Coll en Europe. À
Rouen bien entendu, mais à Lyon et même en Espagne...
Ces disques n'ont jamais quitté le catalogue du label MD+G.
Ben van Oosten
est né en 1955 à
La Haye. C'est un enfant
surdoué qui a commencé sa carrière à l'âge de 15 ans. Il a confié au disque
les intégrales des œuvres d'Orgue de
Louis Vierne,
Charles-Marie
Widor,
Camille Saint-Saëns
et
Marcel Dupré… Toutes récompensées par la presse spécialisée.
Pour cette
9ème symphonie,
Widor
a composé quatre mouvements correspondant à quatre regards différents portés
sur l'Abbaye Saint-Ouen de Rouen. Une visite guidée
architecturale, musicale et spirituelle puisque le thème conducteur est
extrait de l'hymne de Noël "Puer Natus".
1 – L'Abbaye
: Moderato : Il s'agit bien
d'une marche contemplative autour de l'édifice.
Widor confronte une mélodie martiale et puissante à une seconde idée qui suggère
une promenade dans les allées qui entourent l'église.
Ben van Oosten
ne fait pas mugir l'instrument. La musique fait écho à la grandeur de
l'abbatiale, ses ouvertures très hautes, quasiment du ras du sol à la voute,
la robuste tour carrée.
Widor
utilise dans le développement des arpèges illustrant l'élan de cette
merveille gothique de Normandie. La musique nous enveloppe par sa puissance.
La prise de son n'écrase pas les notes. On bénéficie à la fois d'une belle
répartition des jeux ; on semble entendre l'orgue dans sa globalité depuis
le chœur, donc avec un bel espace sonore. Les extrêmes graves ne sont pas
lourds et plutôt crédibles. Une exception dans ce style
d'enregistrement.
2 – Dans la nef et les déambulatoires
(image très personnelle) : il s'agit d'un
andante, l'une des pièces les
plus jouées du compositeur, d'une grande tendresse et d'une légèreté
paradisiaque. On retrouve encore un accompagnement martial mais aérien et
éthéré dans le grave que souligne une mélodie radieuse jouée sur les
registres plus aigus. Il faut se laisser flotter par une cette ligne
mélodique qui suggère la sérénité ressentie par un promeneur dans le lieu de
prière, le regard porté vers les couleurs cristallines des vitraux, vers les
petites lumières frémissantes des cierges, un sentiment de paix, d'isolement
du monde extérieur.
3 – Allegro
: Dans une église, on s'attend évidement à partager une ambiance spirituelle
assurée par l'orgue des lieux...
Widor
choisit de paraphraser un motif joyeux et allègre évoquant la nativité.
Ben van Oosten
délie parfaitement le dialogue entre les registres associés aux deux mains
et l'écrin plus grave, mais aucunement grandiloquent, de l'accompagnement au
pédalier. La courte pièce ne fait que s'élancer vers une heureuse coda qui
donne la mesure de la puissance et de l'équilibre du magnifique
instrument…
4 – Moderato – Allegro – Moderato – Andante – Allegro
: Le final est dédié à l'orgue en tant qu'instrument aux mille sonorités. On peut considérer que
Widor écrit une suite hyper inventive de plusieurs pièces reliées permettant de
mettre en valeur toutes les couleurs de cet orgue exceptionnel par sa clarté
et la chaleur de ses timbres. Il n'y a aucun déchaînement destiné à faire
trembler l'abbatiale sur ses bases ou lézarder la nef. Les motifs
s'enchaînent avec grâce.
Ben van Oosten
met bien en valeur le foisonnement de trilles et des phrases mélodiques.
L'allegro final se veut (ah bah oui quand même) un peu plus expansif mais, curieusement,
progresse vers une conclusion méditative et non pas un accord titanesque.
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La
9ème symphonie
de
Charles-Marie Widor
par
Ben van Oosten sur l'orgue Cavaillé-Coll de l'Abbaye de Saint-Ouen, Rouen.
[0'] Moderato ; [8'06"] Andante ; [13'50"] Allegro ; [18'06"] Final :
Moderato – Allegro – Moderato – Andante – Allegro.
La vidéo de par Ben van Oosten n'étant hélas plus disponible, voici une gravure plus ancienne par
Pierre Cochereau à
N.D. de Paris.
xx
Eh oui ! Les grandes Orgues ne servent pas uniquement pour la messe ou autre Requiem et Te Deum, pour preuve, la Symphonie n°3 pour Orgue de Camille Saint-Saëns. Charles-Marie Widor est resté connus pour le cinquième mouvement de la non moins célèbre 5 éme symphonie et surtout pour son Toccata.
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