mercredi 12 février 2014

The TEMPERANCE MOVEMENT (16 sept. 2013) by Bruno





     Bon évidemment, ce ne sont pas nos médias qui vont parler de ce jeune collectif anglais. Alors qu'au Royaume-Uni, il a déjà eu droit à son petit succès avec son récent premier disque qui s'est placé crânement à la douzième place des charts, et à la troisième dans la catégorie "Rock". Pas mal pour un groupe qui n'a été fondé qu'en 2011.
Le magazine Classic Rock lui décerne le titre de "Meilleur Nouveau Groupe", et les lecteurs de la revue placent un de ses titres, "Only Friend", à la cinquième place des meilleurs chansons 2013. Ainsi, le 14 novembre 2013, pour clôturer la remise des prix, The Temperance Mouvement offre un concert devant un public rassemblant autant de musiciens que de professionnels du monde de la musique et de mélomanes férus de... Classic Rocks.
Et chez nous ? Et bien, comme d'hab, peau d'balle ! Heureusement, nous sommes là. Fervents défenseurs du bon goût et de la bonne parole, nous essayons, avec nos petits moyens, de vous tenir informés de ce qui mérite notre attention (on se fout donc ici complètement de la dernière cuite de Rihanna ou de la dernière coupe de cheveux de Beyoncé !)

     The Temperance Movement s'articule autour de Phil Campbell, chanteur (aucun rapport avec le gratteux de Motörhead), Luke Potashnick, guitariste (1), Paul Sayer guitariste, Nick Fyffe (2) à la basse, et Damon Wilson à la batterie.


     Cette musique sent la sincérité. En ce sens, il est évident que ce groupe ne cherche pas à coller à un genre quelconque, voire à essayer d'imiter des icônes. Et, bien sûr, dans ce contexte, il n'a apparemment cure des diktats de l'industrie musicale et du succès promis.

The Temperance Movement navigue sans aucun a priori dans différents genres issus d'un même tronc. Ainsi, on se retrouve plongé autant dans de l'excellent Classic-Rock aux parfums bluesy, que dans du country-rock, du Pub-rock, ou de la ballade country-folk-blues poignante. S'il fallait faire un rapprochement - exercice "casse-gueule" dans ce cas -, il faudrait citer pêle-mêle Juicy-Lucy, The Faces, Black Crowes, My Dynamite, Silvertide (en moins Punchy), voire les trois premiers Jimmy Barnes. (si patronyme en gras, alors lien - vouaille)

     Ce qui frappe d'entrée, c'est la voix de ce Phil Campbell (au physique proche d'un Robert Carlyle, avec un petit quelque chose de Gary Sinise), terrible, râpeuse à souhait, qui s'extirpe de poumons en feu en raclant consciencieusement et sans ménagement la gorge. Parfois, c'est comme si Campbell chantait comme si cela devait être la dernière fois, ou bien avec tout l'espérance du monde. Une voix issue de la famille des Paul Williams, J. Barnes, Rod Stewart, voire Dan McCafferty. La filiation est d'autant plus justifiée que Campbell est, tout comme les lascars mentionnés, également écossais.

(à se demander s'il n'y a pas une recette miracle au Royaume-Uni qui a formé ses loustics, Joe Cocker compris. Qui sait ? Le whiskey écossais ?). 
Un timbre qui a du caractère et de la gouaille. Un chanteur qui sait se faire autant rageur, postillonnant ses mots rougis par une verve "qui vient des tripes", que sensible, se livrant sans fard, avec juste ce qu'il faut de pudeur pour ne pas paraître déplacé ou vulgaire. Le genre de chanteur qui peut porter le groupe par sa présence et sa personnalité. 

     Ensuite, il y a cette paire de pelles au son cru, rugueux sans être rêche, "près-de-l'os", sans artifices, directement branchées dans l'ampli (possibilité d'un petit compresseur et/ou une overdrive de type Bluesy). On fait dans le classique 70's : ça sent la Gibson vintage parée de P-90 et la Fender Telecaster branchées dans le Fender ou le Vox. Les guitares à vibrato ne font apparemment pas partie de l'attirail. Des grattes qui travaillent en binôme, l'une complétant l'autre, alternant les "leads" et dont les soli se fondent dans l'orchestration.

Et la basse... Ha, comme j'aime ces bassistes qui savent procurer du groove même dans les titres les plus durs, avec des phrasés rebondis, faussement alambiqués, et qui, surtout, ne se contentent pas de suivre le riff de base ou de deux ou trois notes répétées à l'infini. 
On pourra par contre regretter que le mixage donne à la batterie un son quelque peu étouffé, alors que ce marteleur d'origine australienne a les qualités pour attirer l'attention en flattant l'esgourde.


   Si la galette démarre sur un heavy-rock concis, le fort bon et galvanisant "Only Friend", suivi d'un "Ain't No Telling" plus dispensable, The Temperance Movement prouve avec "Pride" qu'il est capable d'une grande sensibilité.

Campbell se fait alors plus nuancé, presque implorant, sans tomber dans la niaiserie et l'affecté. Issu de leur première expérience studio - qui aboutit à la réalisation d'un Ep, sorti en septembre 2005, comprenant cinq pièces toutes reprises pour ce premier opus - "Pride" nous invite dans un voyage intimiste, où le narrateur se dévoile fragilisé par l'absence d'un être aimé et des difficultés à s'ouvrir.
"Did you hear when I called you, small and trembling in my ruin or were you cold as I once told you could be... all my pride would never let me say... I was waiting on a higher call but the revelation never came, ooohh, what a shame. I hope that everything you ever wanted comes to you some day, but all my pride would never let me say". Le titre commence tel une ballade folk et s'orne progressivement, dès le premier refrain, de sensations plus rock, voire country-rock,  ; après un premier break instrumental, la batterie se fait plus pressante, et Campbell est à la limite de se laisser submergé, jusqu'à laisser libre cours à une fureur nourrie de son désespoir, ou de son incompréhension. Nous sommes ici dans ce que les Black Crowes ont fait de meilleur dans le genre.

   Retour à une structure typiquement Rock, à la manière des Faces, ou des Stones, avec "Be Lucky", tout comme "Midnight Black", bien que la section rythmique de ce dernier nous propulse dans un Pub-rock bourré d'énergie. Campbell pencherait presque vers un Lee Brilleau en forme olympique, suant dans son costume étriqué et passé.
On passera sur "Chinese Lanterns", avec ces patterns de batterie mal à l'aise dans cette ambiance country, et cette pedal-steel manquant de vocabulaire. Même si Campbell parvient tant bien que mal à sauver cette pièce, on reste dans un Juicy-Lucy au rabais. Par contre, avec "Know for Sure", ce serait plutôt du bon Juicy-Lucy, avec Joey Kramer à la batterie... euh ? Ben, non, pourtant, la section rythmique a vraiment quelque chose du gang de Boston. Et justement, si la production est loin d'être mauvaise, celle de Jack Douglas aurait peut-être mieux convenu ; notamment en étant capable de faire ressortir un peu plus la basse et la batterie.

   "Morning Riders". Retour à la case départ, celle qui offre un Heavy-rock franc, au riff imparable, au parfum de furtur classique.
Et de nouveau, retour au calme, avec le semi-acoustique, presque bucolique, "Neil Youngien", "Lovers & Fighters" - "I was in my castle, I was in my room, one more fortress of solitude of a song" -. 


   Telles les vagues ondulant sur la mer, ce disque évolue avec des hauts et des bas, alternant des moments calmes, intimes, avec d'autres plus bruyants et tapageurs. Ce que confirme "Take it Back", qui déverse un flot d'électricité, comme pour donner le change à l'instant précédent.

Et, de nouveau, instants boisés, légèrement éthérés, avec "Smouldering". 
Final avec "Serenity"... qui finit aussi bien l'album qu'il a commencé. "I heard that song and it set me free" chante Campbell, ce qui pourrait simplement, et vaguement, résumer cette chanson. "Lord... may all my hard times be healing times".
"Serenity" est parfait pour clôre un disque. On débute sur un tempo lent, propice au slow, avec quelques accords lointains nimbés de réverbération (Fenderienne ?) ; c'est comme un recueillement aux images délicieusement naïves, un brin post "summer of love" ("I heard that lonesome siren song drew into the harbour, and I found my home, and she called me Butterfly, 'cause she knew that I would not live too long"). Et puis, d'un coup, les guitares se font plus mordantes, comme une pluie d'été se déversant après une période de chaleur étouffante, et le chant se mue en défoulement de forcené, enfin libéré de ses liens. Instant trop court : une minute ou plus pour laisser pleinement libre cours à cette décharge libératrice n'aurait pas été de trop.

     Des qualités qui répugnent généralement aux gros labels et aux médias (mais les premiers ne contrôlent-ils pas, d'une certaine manière, les seconds ?) qui n'ont que faire de jeunes groupes inconnus et inclassables. Heureusement que tout n'est pas encore sous contrôle et qu'ils existent encore des labels "indépendants" gérés par des passionnés. Ainsi, le quintet se retrouve pris sous l'aile de Earache Records ; une maison dont la spécialité est plutôt les groupes de brutes velues assoiffées de décibels.

Même si quelques pinailleurs diront, à juste titre, que ce premier "long-player" présente quelques signes de faiblesses (qui sont très minoritaires), ils ne pourront nier l'évidence. The Temperance Movement a toutes les qualités requises pour devenir un groupe de première division. Un groupe racé, intelligent et ayant du caractère. 


P.S. : à l'origine, The Temperance Movement, est un mouvement créé au début du XIXème siècle pour tenter de tempérer, de modérer, la consommation d'alcool ; ce qui pouvait aller jusqu'à l'abstinence. 
Les premières organisations seraient américaines ; la première serait New-yorkaise, et le Maine fut le premier état américain a adopter une loi suivant ces préceptes (d'autres suivirent). On subodore que la prohibition en découlerait. En Europe, le mouvement prend naissance en Irlande, l'Ecosse (le grand-père de Phil Campbell en fit partie), l'Angleterre, puis la Norvège et la Suède. The Temperance Movement avançait qu'une bonne partie des maux de la civilisation moderne, était due à l'alcool (la maladie, la violence, l'absentéisme). 





(1) ancien membres de Ben's Brother, vous savez le groupe qui a composé "Find Me an Angel", non ? Mais si, c'est la chanson que Nolwen Leroy a reprise en le muant en "Mon Ange". C'est aussi ce groupe qui a composé "Slatemate"... ? Mais si, cette chanson enregistré par Joss Stone, qui a fait également fait l'objet d'un sympathique duo avec Anastasia. Et dont la mélodie a dû tomber dans une oreille de Stefani Joanne Angelina Germanotta.
(2) Ex-Jamiroquai, Nick a joué pour The Waterboys, Robert Plant, Feeders, Ray Davies et même, pendant un mois, en 2011, pour Deep-Purple

The clip


mais c'est aussi ça


10 commentaires:

  1. Y'a beaucoup de barbus dans ce groupe.

    C'est vrai que la voix de Phil Campbell est taillée pour ce registre. Du pain béni que d'avoir cet organe, quand on est chanteur de rock ! Il fait suite à une longue lignée de hurleur râpeux (je demande le grand père, Paul Rodgers, le cousin, Chris Robinson...) il en a tous les tics, les intonations (celles de Plant aussi, mais c'est un pléonasme...), jusque dans les mimiques de visage. ca pose aussi les limites du genre. Je ne dis pas que les uns veulent chanter comme les autres, ils ont cette voix, c'est ainsi, ils sont allés à bonne école, tant mieux, ils ont admiré et sans doute repris la génération d'avant, très bien. Mais le résultat, c'est que ce type de voix n'est plus une exception, n'a plus rien d'unique (comme Rod Stewart dans les 60's) c'est devenu un genre à par entière.

    Il est jeune, il a le temps d'évoluer, de trouver un truc qui le distingue.

    T'as raison Bruno, la coiffure de Beyoncé, on s'en fout. D'autant que je préférais nettement comme elle était coiffée avant, là, avec les bouclettes, le balayage trop marqué, je lui trouve des reflets trop appuyés dans son dégradé, pas assez nuancés sur le côté, un mouvement moins naturel de la mèche, mais ça change de la période 08 juillet- 12 juillet 2013, on revient plus dans la mouvance de septembre 2013 (ma préférée, avec la coupe du 17 au 22 mars 2011), avec cette légère coloration pincée. Je crois qu'elle n'hydrate pas assez, un rinçage avec une eau à 26.5°C serait recommandé, et un après-shampoing à base de racines d'orties du Nicaragua devrait aider à aplanir des pointes trop rêches.

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    1. C'est parce qu'elle n'est pas encore passé à l'eau réal.

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    2. C'est pas faux (dixit P.). Toutefois, perso, j'estime qu'il a toute de même sa personnalité, de petites nuances dans le timbre qui le différencie.
      Et puis j'aime bien les voix qui "raclent".

      (Marriott plutôt que Plant, non ?... heingue ?)

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    3. Plant, ce n'est pas pour la voix qui gratte. mais pour les intonations, cette manière de chanter "à côté" de la note, tordre la note, comme un bend à la guitare ! (dans quel chanteur digne de ce nom ne retrouve-t-on pas un peu de Robert Plant, hein ?!)

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    4. Oui, bien sûr, totalement d'accord.
      Toutefois, lorsque j'écoute Steve Marriott, je retrouve souvent des trucs de Robert.

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  2. C'est qui, Beyoncé? Pas mal pour des Anglais.

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    1. Ce serait la Valérie XXX américaine... info ou intox ?

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    2. Une blonde dont les clips se regardent avec le son coupé.

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  3. Dans la catégories des voix eraillées et écossaises j'ai un faible pour Dan McCafferty

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  4. Non. Info ou Botox?

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