mardi 11 février 2014

BANDIDOS (1967) western de Massimo DALLAMANO

Ah quel plaisir, voila un moment que je ne m'étais livré à mon exercice favori, vous parler de western européen, je n'ai pas dit "spaghetti", car d'une part les capitaux étaient Italiens, mais aussi espagnols, français, allemands etc, et la plupart des tournages eurent lieu en Espagne, à Alméria. D'autre part le terme est à l'origine péjoratif, pour moquer le genre : c'est vrai quoi, parle t-on de cinéma McDo à propos des infâmes (en majorité) blockbusters ricains, on pourrait pourtant...

Mais venons s'en à ce "Bandidos" tourné en 1967 aux studios De Laurentis et sorti aussi sous les titres originaux explicites "Les colts de la vengeance" , "Crève que je vive", "You die... I live".
Derrière la caméra on trouve Massimo Dallamano (1917-1976) qui signait là son premier film (sous le pseudo américanisé de Max Dillman), pourtant c'était loin d'être un novice puisqu'il avait derrière lui une solide expérience de directeur de la photo sur une quarantaine de films, péplums, aventures, comédies (de Dino Risi), polars, westerns, dont les 2 premiers volets de la trilogie des dollars de Sergio Léone, "Pour une poignée de dollars" et "Pour quelques dollars de plus". 1967 qui verra la sortie de 65 westerns dont 2 chefs d'oeuvre du genre, signés Sergio Sollima  "Le dernier face à face" et "Colorado" ; mais aussi "Dieu pardonne moi pas", "Le dernier jour de la colère" "La mort était au rendez vous", "Wanted", "Je vais je tire et je reviens", "7 winchesters pour un massacre", "Poker d'as pour Django" entre autres. Dallamano s'illustra ensuite principalement dans le polar musclé ("section de choc", "La lame infernale", "Piège pour un tueur"), le sulfureux  "Vénus en fourrure" ou le giallo ("Mais qu'avez vous fait à Solange?").
Enrico Maria Salerno
Dans le role principal du pistolero déchu on trouve Enrico Maria Salerno (1926-1994), grand acteur italien peu connu par chez nous, qui a tourné dans une grosse centaine de films pour  les plus grands réalisateurs italiens, joué tous les classiques au théâtre, et obtenu moult récompenses. Sa carrière dans le western sera assez brève, outre "Bandidos", on le trouvera au générique de "Sentence de mort" et "Un train pour Durango". A noter qu'il se fera conseiller pour ce western par l’emblématique Giuilianno Gemma pour perfectionner son jeu de pistolero, Gemma qui nous a quitté d'ailleurs il y a peu, je lui rendrai hommage dans ces colonnes.
Venantini dans"les tontons"
Autre figure elle  bien connue du public français, dans le rôle du méchant bandit Billy Kane, celle de l'italien Venatino Venantini, un des portes flingues dans les "Tontons flingeurs" et un des acteurs fétiches de Lautner pour lequel il a aussi tourné "La grande sauterelle", "Laisse aller c'est une valse", "Flic ou voyou", "Des pissenlits par la racine", "Il était une fois un flic", vu aussi chez  Gérard Oury ("Le corniaud" , "La folie des grandeurs") ou dans "La cage aux folles" (Molinaro), plus de 150 films à son actif !
Notons aussi dans la distribution l'acteur portugais Chris Huerta qui joue Vigonza, le chef de la bande de pillards mexicains (rôle dévolu habituellement à Fernando Sancho dans d'innombrables westerns...), gros, barbu, sale, malpoli, paillard, il apparaitra dans ce registre dans bon nombre de productions.
Terry Jenkins

Quant à Terry Jenkins qui incarne Ricky Shot, le jeune apprenti pistolero, c'est un acteur américain qui était également top modèle, qui aurait atterri sur le tournage par erreur et aurait fait l'affaire du fait de sa belle gueule. Il ne se tire pas mal du rôle. Sinon, il  a peu de tournages à son actif.

Le  scénario est basé sur une histoire de vengeance assez classique au genre. Richard Martin, un as du pistolet qui gagne sa vie en faisant des numéros à la Lucky Luke est le témoin d'une attaque de train  par son ancien élève et ami devenu hors la loi, le fameux Billy Kane. Celui-ci le laisse estropié, les mains brisées (tiens, ça ne vous rappelle par Django?) afin qu'il ne puisse plus se servir d'une arme. Tombé dans la déchéance, celui va alors former un jeune pistolero capable d'affronter Kane, une relation maitre/élève qui n'est pas sans évoquer celle de Van Cleef et Gemma dans "Le dernier jour de la colère". On découvrira également que Ricky Shot a également ses raisons de se venger de Kane, mais je ne vais pas vous raconter le film.

Ce western, sans rivaliser avec ceux de Léone, Sollima ou Corbucci, est toutefois une réussite, une histoire solide, bien filmée, des plans de camera intéressants, une belle photo (signée Dallamano qui vira le chargé de la photo pour s'en occuper lui même) et des scènes qui marquent comme le duel final ou celle du bandit mourant devant le tableau de "la mort de Sardanapale" et qui veut faire de même en emmenant dans la mort avec lui les danseuses du saloon (parmi lesquelles on remarquera Liza Blackwell qui, on le sait, a tâté de quelques westerns transalpins (Blindman, le justicier aveugle par exemple, on lui prêta même une liaison avec Giulianno Gemma) ou le plan du massacre des passagers du train accompagnée d'une superbe musique chantée par Nico Fidenco.

Un merci à l'éditeur, Artus films (artusfilms.com) qui se spécialise dans les rééditions de films de genre, westerns, cinéma bis, nanars et qui offre des éditions soignées, de bonnes copies et des bonus passionnants : ici un entretien avec un spécialiste western, Curt Ridel, à l'érudition impressionnante.
Artus qui vient de sortir plusieurs autres westerns très attendus en DVD:
-Le temps des vautours
-Le jour de la haine
-Quand les colts fument, on l'appelle cimetiere
-Bonnes funérailles ami, Sartana paiera 

Nous aurons l'occasion d'en reparler...Vamos Muchachos!

ROCKIN "Django" -JL

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