mardi 21 janvier 2014

MORIARTY "Fugitives" (2013)

 Tiens, cet album, d'une beauté sublime n'est pas nominé dans les victoires de la musique, ce doit être une erreur. Après verif, non ce n'est pas un oubli, c'est vrai que Christophe Maé et Stromaé, c'est vachement mieux...et plus bankable surtout...
Pourtant cet album est une petite pépite rare et précieuse, un petit bonheur à savourer , comme une parenthèse hors du temps et des modes, un îlot dans la déferlante de la médiocrité de la musique electro pop, varietoche ou ereneubique qu'on nous bassine.

(photo PR)
Moriarty est un groupe formé en 1995 en France par des musiciens de diverses origines (française mais aussi américaine, suisse, vietnamienne) , et tire son nom du héros du roman culte de la beat génération "Sur la route de Kérouac" (chroniqué par Luc clic ! ).
Comme lui il nous emmène voyager, aux sources de la musique, on chevauche parmi les bisons dans les grandes plaines et on se retrouve le soir au coin d'un feu, bercé par le hurlement des coyotes et l'harmonica d'un vieux rancher noir, entouré des fantômes des pionniers venus d'Irlande et des hobos jetés sur la route en 29.
Moriarty brasse des influences country, blues, folk, rock, citant pêle-mêle Lewis Caroll, Johnny Cash, Sonny Terrry & Brownie Mcghee, Dylan, Joan Baez, Janis, les Who, Hendrix, Steinbeck..

A l'instar des premiers Jug band, ils jouent d'instruments loufoques, planche à laver, jews harp (guimbarde) machine à écrire, une valise comme grosse caisse etc; plus bien sur des plus classiques comme un harmonica omniprésent,  kazoo, contrebasse, guitare,dobro, piano ..et la voix de la chanteuse franco-américaine RoseMary Standley, d'une beauté parfois à pleurer.
(extrait du superbe livret)

"Fugitives" est leur 5eme album dont un premier autoproduit et un en collaboration avec le groupe suisse Mama Rosin, sans oublier quelques musiques de film ("la veritable histoire du chat botté") (Je conseille particulièrement à ceux qui voudront découvrir ce groupe l'excellent "Gee whiz but this is a lonesome town " (2007)). A noter qu'ils ont fondé en 2010 leur propre label "Air rythmo" (anagramme de Moriarty), sans doute la solution pour faire de la musique de qualité et le secret aussi d'ailleurs pour ne pas être nominé aux victoires de la musique dont je parlais plus haut ni passer en radio... Hélas, c'est comme ça que ça marche.

Ce projet est né dans le cadre d'un hommage à Dylan à la Cité de la musique et se focalise sur les influences de Dylan, soit une plongée aux sources de la musique américaine, dans le répertoire des pionniers du folk et du blues, avec des chansons sur le thème de la fuite, et certaines plutôt engagées. C'est ainsi qu'on va retrouver des titres de Woody Guthrie ("Buffalo skinners","Pretty Boy Floyd") Mississippi John  Hurt ("Candyman"), Hank Williams ("Rambin'man"), Didier Hebert (un guitariste aveugle de Louisiane qui l'enregistra ce "Matin pas en Mai" 1929), Blind Willie McTell (" The dying crapshooter blues")et MR Bornu ("Belle" , un enregistrement d'Alan Lomax  en Louisiane en 1934) plus 5 traditionnels, dont "Matty groves" ( popularisé par Doc Watson) et un sublime "Saint James infirmary".
On notera la présence de quelques invités: le groupe suisse cajun (!) Mama Rosin sur la complainte "Matin pas en Mai", le joueur de ngoni (sorte de luth africain) Moriba Koïta sur 2 titres, Don Cavalli , guitare, chant sur " et Wayne Stanley, le pere de Rosemary, chant et guitare sur "Pretty boy floyd".
Vous l'aurez compris, gros coup de coeur !

 (le site de Moriarty: moriartyland.net )

(NDLR : à lire aussi un compte rendu de concert de Moriarty par Philou et Rockin, qui leur a valu le prix Pulitzer ...ainsi qu'une mise à pied :Moriarty en concert )

Rockin-JL
 




3 commentaires:

  1. Cat Foirien22/1/14 00:15

    Mais non Rockin, t'es pas tout seul!
    "un îlot dans la déferlante de la médiocrité de la musique electro pop, varietoche ou ereneubique qu'on nous bassine." comme c'est bien dit! c'est beau comme du Moriarty...

    RépondreSupprimer
  2. Mon commentaire est un peut tardif à ta chronique, mais comme j'ai toujours un train de retard, je viens juste de découvrir Moriarty (Qui pour moi était toujours l'ennemi mortel de Sherlock Holmes) avec un titre "Za Milena J". J'ai pensé (oui ça m'arrive !) : "Il y a matière à écrire dessus !", mais vu que tu avais déjà fait quelque chose sur eux de la meilleur manière qui soit, je m'abstiendrais dans remettre une couche qui ne pourrait faire que doublon.

    RépondreSupprimer