Guillaume Petite commence à avoir un sacré carnet d’adresses. Après un apprentissage au piano classique, le déclic se fait avec Ray Charles, et le voilà parti en Normandie pour jouer avec des groupes locaux, puis retour à Paris, rencontre avec la scène blues, Verbeke, mais aussi Higelin, et même plus tard, départ pour les Etats Unis. Il y fraye avec du beau monde : Ruth Brown, Louisiana Red, Carey Bell, Otis Grand, A.C. Reed … Revenu en France, il monte le collectif Blues Connexion, un groupe à géométrie variable, selon les genres abordés. C’est avec cette troupe qu’il enregistre DES HAUTS ET DES BAS, onze titres réunis sous une pochette…
La pochette...
Excusez-moi de râler d’entrée de jeu, mais peut-on faire un effort du côté des petits
labels, en matière de graphisme ? Ce n’est pas un problème de moyen. Désolé,
mais cette typo fait un peu cheap, ça ne donne pas envie… S'il n'y avait pas écrit le mot "blues" sur cette pochette, en la voyant, vous vous entendriez à quoi ? Z’avez vu la
différence entre une bande annonce de Peter Jackson et d’Eric Rohmer ? Bon,
p’être pas le meilleur exemple… Mais vous voyez ce que je veux dire… Mais intéressons-nous
au contenu, c’est le principal !
Ooh
la belle intro funky, cocottes de guitare. C’est « Aimer comme ça »
qui ouvre l’album, mais je vous avouerai que ça tique dès que le chant
déboule. La musique est incontestablement américaine, interventions du guitariste Stan Noubard,
les réponses Albert Collins, mais sur un texte français si articulé, si mâché, droit dans ses bottes, loin des
standards blues à la Paul Personne (accent populo, trainant, poésie du désespoir) que ça fait bizarre. Mais on s’habitue, et après
plusieurs écoutes, cela donne un charme. Après tout, on retrouve ces tics chez Thiéfaine, ou Benoit Blue Boy, donc pourquoi pas ici.
Ca
passe presque mieux quand Guillaume Petite chante en anglais (parce qu'accent
garanti 100% frenchy, ne cherchant pas à s'américaniser) comme dans l’excellente reprise de Maymie Watts & Sid Wyche, dont on connait
la version de Count Basie : « Alright, ok, you win » un shuffle
bien classique, carré, avec chorus léger d’harmonica de Steve Verbeke. « Froid
dehors » est un blues, 12/8, très classique encore, ambiance Champion Jack
Dupree, back de sax veloutés, et le Guillaume qui chiale, la môme s’est tirée,
et on se les gèle dehors. Le phrasé chanté passe déjà mieux, quand on injecte
au texte la petite pointe de dérision, d’apitoiement, qui fait tout le charme
du genre. J’sais pas pourquoi elle est partie, mais le blues m’a pas lâché
depuis.
« Imitation
of love » renvoie direct chez Dr John, et son piano dansant, belle
descente et remontée d’accords. Un instrumental, plutôt jazzy ensuite « Sing
me softly of the blues », très beau, mise en avant du saxophone. Le titre
éponyme « Des hauts et des bas » est un blues mid-tempo, joué à deux,
piano/guitare. Un peu plus loin, on repart sur les terres vaudou, de John Mac
Rebennack, Profesor Longhair, Lady Chablis Deveau, Liza Blackwell et ses filtres d’amour, avec un « Mardi
gras à la NO », bien propre et un peu sage tout de même. Autre reprise de
classique « Nobody’s knows you when you’re down and out » un standard
quasi centenaire de Jimmy Cox, repris par… ouh la… tout le monde ! Eric Clapton
en grave une version mémorable avec Derek and the Dominoes, mais aussi bien
Sidney Bechet, les Allman’s, Sam Cooke, Rod Stewart, et… Carla Bruni. La
version de Guillaume Petite ? Bonne, mais sans doute, encore une fois, un peu
sage.
C’est
ce qui domine dans cet album, un travail bien fait, indéniablement, chacun à sa
place, on connait le boulot, mais comment insuffler un peu plus de vie, de
ténacité ? Disons que c'est très appliqué, académique. Ce qui ne retire pas du plaisir, tout le monde participe, y'a des chorus partout. Il faut dire un mot du dernier titre « Master’s stomp »
qui commence par... Bon sang, Claude, qu'ouï-ai-je ??? Du Beethoven dans un disque de blues ?! Et plus précisément le thème du Concerto n°5, dit l'Empereur, où les cuivres remplacent les violons !
Excellent. Enfin de la surprise. Et vlan, le piano s’envole vers un boogie que
n’aurait pas renié Pinetop Perkins. Ah là, merde, ça swingue pour de bon !
On fera même un détour chez Thelonious Monk, avec citations de « Straight
no chaser », thème amené par les sax, sur la mélodie de « Blue Monk ».
Parce que DES HAUTS ET DES BAS, c’est du blues, mais sous influence jazzy, la
section de cuivres nous fait basculer vers le mini big band.
Mais alors Guillaume, pourquoi ce bon dieu de fondu à la fin ?!!! Pourquoi couper à 5’30 ???!!! Merde ! Ça n’se fait pas !! **
Mais alors Guillaume, pourquoi ce bon dieu de fondu à la fin ?!!! Pourquoi couper à 5’30 ???!!! Merde ! Ça n’se fait pas !! **
** réponse espérée si l'auteur du disque lit l'auteur de ces lignes !
Blues
Connexion : Sulaiman Hakim (Sax), Pierre
Chabrèle (Trombone), Stan Noubard Pacha (Guitare), Hamed Barry (Basse), Chris
Henderson (Batterie) et Guillaume Petite (Chant, piano). Invités : Mar Todani
(Guitare), Henri Dorina (Basse), Chris Henry (Batterie) et Steve Verbeke (Harmonica).
Dommage aussi de ne pas trouver une ou deux vidéos de titres récents, illustrant le style de l'album. Ici une vidéo de 2011, pas franchement bluezy...
Voilà bien un pianiste trop méconnu je l'avais découvert ä l'Utopia dans les années 85-90 notamment avec Partick Verbek et j'avais adoré son style Louisianais à l'époque il y avait très peu de pianistes maitrisant ce style en France. Stan Noubard Pacha une sacré pointure habituelle gachette des Tortilleurs de Benoit Blue Boy et un type charmant
RépondreSupprimerBon sang, depuis le temps qu'il avait pas sorti de disques, il a pris un sacré coup de vieux Michel Berger ...
RépondreSupprimerSorry, je sors ...
Excellent !! C'est pourtant vrai !
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