On prend les mêmes et on… continue ! Cédric Klapisch poursuit son portrait de génération avec ce troisième volet des aventures de Xavier Rousseau, son Antoine Doinel à lui (référence à la série de François Truffaut). Il serait un peu long de vous résumer les épisodes précédents, LES POUPEES RUSSES en 2005, L’AUBERGE ESPAGNOLE en 2001, voire LE PERIL JEUNE en 1994 (mais si le film était mené par le comédien Romain Duris, il n’y campait pas le même personnage).
Dans L’AUBERGE, nous faisions la connaissance de Xavier et sa petite amie Martine, voyage d’étude Erasmus à Barcelone, rencontre avec l’anglaise Wendy, la belge Isabelle, et tous les autres, chassés croisés amoureux à gogo, questions existentielles, que vais-je faire de ma vie, ma vie si compliquée… On retrouvait ce petit monde trentenaire dans les POUPEES, Xavier maqué avec Wendy, désillusions professionnelles, engagements amoureux, que vais-je faire de ma vie, ma vie si compliquée. Les héros ont aujourd’hui 40 ans, que vont-ils faire de leurs vies, leurs vies si compliquées…
Xavier
est mariée avec Wendy, deux enfants, mais l’anglaise demande le divorce et se
tire à New York avec la marmaille. Xavier, qui poursuit l’écriture de ses romans autobiographiques,
gagne à son tour les Etats Unis, hébergé
chez Isabelle, qui vit avec Ju. Xavier accepte de donner son sperme pour qu’Isabelle
et Ju puissent avoir un enfant. Martine débarque à NY et recouche avec son ex, qui pour gagner de l’argent et couvrir les frais
d’avocat nécessaires à sa séparation doit se trouver une femme américaine. Ce sera
une jeune chinoise, nièce d’un chauffeur de taxi rencontrée la veille…
Le
style Klapisch fait mouche, dès le générique, multi-écrans, musique soul,
narrateur en voix off, rapidité de la narration, et comme à chaque épisode,
apparition hitchcockienne du réalisateur. Klapisch s’amuse toujours autant avec
sa caméra, mise en scène ludique, à effets, pour illustrer de façon légère les milles soucis de ses personnages. Le drame peut-il se traiter avec légèreté ? Lubitsch a répondu depuis longtemps : oui !. L’éditeur de Xavier lui demande du drame, parce que le bonheur ne fait pas
vendre. A la fin du film, Xavier rétorque : à ce jour ma
vie est enfin heureuse, je n’ai donc plus rien à raconter.
L'aspect très ludique se voit dans deux scènes. Isabelle, lesbienne, demande à Xavier un don de sperme pour l’aider à
être enceinte. Ce qui nous vaut une scène masturbatoire assez délirante, dans
un labo de prélèvement, où les playmate des magazines s’incarnent réellement
dans la pièce ! Ou quand Xavier se replonge dans les philosophes allemands
pour comprendre le sens de sa vie, qui frappe à la porte et entre discuter le
bout de gras ? Hegel lui-même !
Les
aventures de Xavier et son avocat, l’accident en taxi, le mariage blanc
hautement scruté par l’immigration américaine, donnent des scènes de
comédies franchement réussies. Comme le retour de Martine, mettant à sa botte une
assemblée de chinois dans des tractations commerciales, qui semble vouloir
reprendre sa vie avec Xavier. La scène au pieu est irrésistible. On dort dans
le même lit, mais c’est tout. Oui oui. Euh, Martine, là, c’est ma bite… C’est
pas une bonne idée… Oui oui... Mais Martine, zut, elle a 40 balais, et a envie
de se faire sauter ! Où est le problème ? Et Xavier encore ébahi,
amusé, d’avoir surpris son ex, si douce et pudique s’exclamer : oh oui vas-y,
mets-la moi bien profond !! Ca rappelle le rôle de Judith Godrèche dans L’AUBERGE
ESPAGNOLE, d’une pudeur maladive, flanquée d’un con de mari, qui finissait par
se lâcher totalement au pieu avec Xavier !
Cédric
Klapicsh multiplie les allusions aux précédents films (Monsieur Boubaker joué
par Zinedine Soualem, la mère de Xavier et ses steak de 3 kg, dommage qu'on ne la voit pas plus) et parvient à orchestrer une scène
vaudevillesque comme à Barcelone, où tous les protagonistes évitaient à Wendy d’être surprise au lit avec un autre,
alors que son fiancée débarquait à l’improviste. Il nous propose une variante,
où tout le monde va se retrouver dans l’appart de
Xavier, parce qu’Isabelle y trompe Ju, que Ju y débarque justement avec les
services de l’immigration, plus tous les gamins et Martine en nurse
portoricaine !... Un final feu d’artifice, qui clôt (à ce jour) la
trilogie, sur l’épisode à mon sens le plus maitrisé.
Il
y a un vrai plaisir à retrouver cette bande de gens, comme cette scène dans le
métro, Xavier avec Wendy, Isabelle et Martine. Où il se dit que finalement, la
femme idéale pour lui, serait un mélange de ces trois-là. On prend plaisir à
les voir grandir, évoluer, se planter, réussir. Comme à contempler un film vraiment contemporain, qui illustre avec légèreté les changements sociologiques, un film peuplé de milles nationalités, ethnies, langages, cultures. Et sans jugement moral du réalisateur sur les comportements des uns et des autres. Chacun mène sa vie à sa guise. Pour paraphraser un titre ancien de Klapisch, chacun cherche son chat. Ici son bonheur, son équilibre, et le trouve. La vie est compliquée, se lamente Xavier. Avec un peu d'effort, elle peut être très agréable semble répondre Klapisch.
Si CASSE-TETE CHINOIS peut se voir indépendamment des deux autres, on ne saurait que recommander de voir les trois films, et dans l’ordre. Ce n’est pas un filon exploité jusqu’à la moelle, même si les deux dernières réalisations de Klapisch PARIS (2008) et MA PART DU GATEAU (2011) peu convaincantes, ont pu lui donner envie de revenir à son style de prédilection. On retrouve intacte la verve du réalisateur, le bon rythme, et surtout une bande de comédiens vraiment épatants, Romain Duris en tête (qu’est ce qu’il est doué ce type !), l’anglaise Kelly Reilly, Audrey Tautou, Cécile De France, distribution complétée par Dominique Besnehard, et la très belle Sandrine Holt (vue dans HOUSE OF CARDS). On notera la participation du réalisateur Benoit Jacquot dans le rôle du père de Xavier (jolie scène). Un film bourré de personnages, de vie, et de gamins ni caricaturaux ni énervants, ce qui est une denrée rare au cinéma !
Vous n'avez rien de prévu mardi prochain, au soir ? Les réveillons turlulu chapeau pointu vous gavent (comme disait l'oie avant de passer à table...) ? Allez voir CASSE-TETE CHINOIS, vous passerez une excellente fin d'année !
Que je vous souhaite bonne à mon tour !
CASSE-TETE CHINOIS écrit, produit et réalisé par Cédric Klapisch
Couleurs - 1h55 - scope 2:35
BELLE ET SEBASTIEN - Nicolas Vanier .
Adaptation
cinéma de la célèbre série de Cécile Aubry (1965) par Nicolas Vanier,
aventurier, écrivain, spécialiste des docus montagnards enneigés. Vous vous souvenez de la pub pour
Knacki Herta, avec le gamin qui fait cuire une saucisse en plastique piquée sur
un bâton, au-dessus d'un feu, sous l'oeil ému du grand père, parce que rien ne
vaut l'authenticité et la vraie charcuterie ? Et ben BELLE ET SEBASTIEN c'est 1h40 de Knacki Herta,
avec Tchéky Karyo dans le rôle du grand père (Jean Reno n'était pas libre ?). Scénario cousu de fil blanc (qui
c'est qui bouffe les brebis du papé, le gentil chien tout blanc ou les méchants
loups gris ?) sur fond de passage de clandestins en Suisse, via les Alpes. L’action
se passe en 1943. Vision édulcorée de la guerre, sans aucun repère pour les
gamins, épilogue surnaturelle où le lieutenant SS s’avère être le contact de la
Résistance, et ce, visiblement pour les belles miches de la boulangère. Visiblement
parce qu’on en saura pas plus, Le comment, le pourquoi, Vanier s’en fout. Autre exemple, dès le début : pour sauver une biquette orpheline (snif) le grand père fait descendre son petit fils de 7 ans, suspendu à une corde. Filmé d'hélicoptère, on s'aperçoit donc que le gamin a 600 mètres de vide sous lui !! Mais quel cinglé enverrait un gamin en mission commando, hop hop, j'te donne du mou, et tu ramènes la bestiole dans ton sac à dos ??!! Au secours...
Les
deux tiers des comédiens jouent comme des pieds, les personnages sont
transparents, il n’y a aucun suspens. Je cherche un truc à sauver du film, je
ne trouve rien. Pas même les images, encore moins la musique pénible, et quand
je vous aurai dit que les chansons sont interprétées par ZAZ, vous aurez pigé à
qui s’adresse le film : à personne ! Monsieur Vanier, vous êtes
certainement un grand connaisseur des bouquetins et des glaciers, mais par
pitié, laissez le cinéma aux cinéastes. Il n’y a pas le départ d’une seule idée
de cinéma dans ce métrage-là. Tout sonne faux. Ce n’est pas parce qu’un film s’adresse aux
enfants qu’il faut leur servir une soupe sans saveur, sans légume ni bouillon. A
noter la participation du comédien qui jouait Sébastien il y a 40 ans :
Medhi. Medhi El Glaoui. Ben y’a des coups de pieds aux glaouis qui s’perdent,
croyez-moi…
Je précise une chose. J'accompagnais trois enfants. Résultat, un "ouais pas mal", un "bof", et un "pffffffffffff...". Ils n'ont absolument pas pigé ce que venaient faire les soldats allemands dans cette histoire...
Je précise une chose. J'accompagnais trois enfants. Résultat, un "ouais pas mal", un "bof", et un "pffffffffffff...". Ils n'ont absolument pas pigé ce que venaient faire les soldats allemands dans cette histoire...
Belle et Sébastien :
RépondreSupprimerBin moi j'ai bien aimé le jeu du chien !
Et encore... pas très expressif le Berger, les waouf waouf manquent de nuances...
RépondreSupprimerLuc ! tu es du coté obscure du film, oui du coté obscure.
RépondreSupprimerHeu... sans les oeufs !
RépondreSupprimerJe voulais y emmener mon filleul et bien je crois que je l'orienter sur un autre film : je tiens à mes glaouis!! Merci du conseil
RépondreSupprimerEt Klapish, il apparaît où, dans celui-là?
RépondreSupprimerIl joue le photographe qui prend la p'tite famille en photo. On le voit trois secondes...
RépondreSupprimerMême si on vous servait un pur chef d'oeuvre sur un plateau vous trouveriez à redire! Un peu de simplicité et de douceur ne fait pas de mal dans ce cinéma toujours plus superficiel et plus sophistiqué. Je reconnais que la présence de la guerre n'avait surement pas sa place dans le scénario, mais bon... je trouves que vous avez la "critique" facile.
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