mardi 8 octobre 2013

CECILE McLORIN SALVANT "WOMANCHILD" (2013) par ROCKIN-JL

Nouvelle venue sur la scène jazz Cecile McLorin Salvant est une jeune chanteuse franco-américaine de 24 ans, née à Miami d'un père Haïtien et d'une mère française. Elle a eu la chance d'avoir des parents mélomanes et parallèlement à sa scolarité en Floride, sachant à peine encore marcher, elle suit des cours de piano puis à l'adolescence de chant lyrique. Venue étudier en France elle poursuit son apprentissage du jazz à Aix en Provence au conservatoire de musique sous la direction de Jean-François Bonnel à qui le disque est dédié et avec lequel elle enregistre un premier album  en 2009 (l'autoproduit "Cécile"). Elle participe ensuite au très relevé concours international de jazz Thelonious Monk en 2010, qu'elle remporte, à sa grande surprise. Une belle performance qui va lui ouvrir des portes et la revoilà avec ce "Womanchild". On notera aussi une apparition remarquée sur "Gouache" le CD du pianiste Jacky Terrasson  l'an passé. Elle s'est entourée d'une belle brochette de musiciens chevronnés qui ont accompagnés les meilleurs, Araon Diehl au piano (Wynton Marsalis), Rodney Whitaker (Roy Hargrove, Terence Blanchard, Wynton Marsalis) à la contrebasse et Herlin Riley (Georges Benson, Ahmad Jamal, Dr John, Marcus Roberts) à la batterie, la base de sa formation.
Plus le guitariste/ banjoïste James Chirillo, une pointure qui a joué avec Benny Carter ou Benny Goodman,  avec lequel elle joue en duo sur le premier titre, un standard parmi les standards, "Saint Louis Gal", immortalisé par Bessie Smith, un de ses références - perso ça me fait plaisir qu'une jeune fille se passionne pour les grandes dames, les Bessie, Ella, ou Billie au milieu de notre monde d'idoles de pacotille jetables et interchangeables - une belle interprétation trés "roots",  country blues si vous préférez. Suivi par "I didn't know what time it was", du compositeur Richard Rodgers, cette fois ci soutenue par le trio contrebasse/batterie/piano, une belle pièce cool sur laquelle se distinguent Whitaker et  Diehl.


Le titre suivant "Nobody" est un vieux classique (1905 quand même!) de Bert Williams qui a été chanté entre autres par Nina Simone ou Johnny Cash, ça swingue bien avec un petit coté New Orleans, "Womanchild" signée de la plume de Cécile est une belle composition un rien autobio ("femme/enfant"), sautillante et chaleureuse qui transpire la joie de jouer. "Le front caché sur tes genoux" est la curiosité de l'album, le seul titre dans la langue de Molière, c'est en fait un texte d'une poétesse haïtienne, Ida Faubert, c'est très beau et chanté par Cécile avec son petit accent délicieux cela devient une vraie sucrerie. Encore un classique avec "There's a lull in my life" (Nat King Cole, Ella, Chet Baker) , puis "You bring on the savage in me", un titre chanté par la trompettiste Valaida Snow dans les années 30, avec un bon groove impulsé par la batterie de Herlin Riley et propice à quelques fantaisies vocales, évoque un peu les revues légères de cette époque.
"Baby have a pitty on me", est un blues qui ramène encore à son interprète Bessie Smith, et avec "John Henry" nous touchons à la légende, l'histoire ce cet ouvrier noir  héros de la lutte des travailleurs a été chantée par  Leadbelly, Big Bill Broonzy, Odetta, Woody Guthrie, Pete Seeger, Bruce Springsteen et même Joe Bonamassa... Pas facile de donner  un nouveau souffle à ce type de standards, mais j'aime bien cette version qui swingue bien, avec un jeu de piano subtil et un gros groove de batterie. On termine avec le "Jittersburg Waltz" de Fats Waller, "What a little moonlight can do", ça c'est pour Billie Holiday, une autre de ses idoles, j'adore le chant de Cécile sur cette belle ballade romantique au clair de lune qui va crescendo et pour clore, "Deep dark blue", la seconde compo de Cécile, seule avec son piano.

Voila un album que j'ai dévoré, d'une maitrise étonnante pour cette jeune chanteuse, qui a su choisir des accompagnants de haut niveau, et un répertoire intéressant; un disque plein de fraicheur et de sincérité, on reparlera de Cecile McLorin Salvant , je n'en doute pas.



2 commentaires:

  1. Elle est bien cette petite... J'ai écouté d'autres titres disponibles (même soirée à RTL, j''savais pas qu'ils passaient du jazz, eux ?!!) y'a une sensibilité qui rappelle Billie Holiday, voire aussi la manière dont chantait Chet Baker. Et c'est drôle, parce que certaines mimiques rappellent Louis Armstrong !

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  2. Elle m'avait fortement impressioné lors d'un documentaire sur la musique de Billie Holiday ou elle interprétait un des standards de la Belle au Gardénia et elle m'avait carrément bluffé par son interprétation
    http://www.youtube.com/watch?v=qhW_cxqyBy8

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