Le grand Duduche a 75 ans
Incroyable
et pourtant malgré sa bouille d’adolescent, Jean Cabu
est septuagénaire. Celui qui commencera à dessiner dans Hara-Kiri et dans
l’excellent magasine Pilote dans les années 60 ne change pas physiquement. Les 27 mois passé
sous les drapeaux en Algérie on fait de lui un antimilitariste convaincu, ce
qui ce ressentira dans ses dessins avec des personnages récurant comme
l’adjudant Kronenbourg que l’on peut apercevoir dans l’album : «A bas toutes les armées » Pamphlet sur les
militaires et sur l’armée en général.
Mais le personnage qui collera au basket de Cabu restera le grand Duduche.
Un adolescent, blond, grand, maigre portant les mêmes lunettes que son
créateur, toujours habillé de la même manière, un jean, un pull jaune et une
paire de converse au pied. L’action des aventures du grand Duduche se déroule principalement dans un internat
pour garçon dans la France du général de Gaulle dans le milieu des années 60. Duduche c’est qui ? Wikipédia écrit : «Potache
paresseux et irrévérencieux… ». Potache d’accord, mais paresseux et
irrévérencieux, pas d’accord ! Le grand Duduche
est un poète, un genre de pierrot lunaire, un libre penseur qui ne supporte pas
l’autorité (Mais d’ailleurs qui la supporte ?) et qui n’aime pas les
mouvements de mode. On peut déjà percevoir l’image du futur écolo-pacifiste
qu’il deviendra dans les albums des années 80. Pour l’instant ce n’est qu’un
doux rêveur qui aime en secret la fille du proviseur de son bahut. La fille du
proviseur (Isabelle de son prénom), l’amour secret de ce garçon qui fera tous
pendant des années pour la séduire et malgré son obstination
et tous les râteaux qu’il ce prendra, il restera un éternel amoureux
transi. Il
y a aussi les autres personnages qui gravitent autours de lui, Momo son pote
aux cheveux frisés avec un peu d’embonpoint, le pion Belphégor qui rêve d’avoir
les palmes académiques et qui écrit des romans à compte d’auteur sous le pseudo
de Félix Potin (On y revient !), le proviseur
de l’internat, les différent profs comme monsieur Borgnolle le prof de latin ou
«Barbe rouge» le prof de gym. Collectionneur de dimanches de colle, le
grand Duduche trouve souvent refuge sous
l’escalier de l’école. Malheureusement pour les amoureux de cet adolescent
sympathique et quelques peu lymphatique, ses albums sont tous épuisé à ce
jours, mais un intégral est ressortie en 2008, un album de 640 pages.
Cabu, le monde des beaufs et de Catherine
Bien sur Cabu n’a pas fait que le grand Duduche, prenez le personnage de Catherine, jeune fille qui
comme Duduche est en internat au pensionnat des oiseaux dans l’album «Le journal de Catherine» et que l’on
retrouvera bien dévergondée quelques années plus tard dans «Catherine saute au paf» et
qui obtiendra le prix des phallocrates. Autre personnage qui apparait un peu
partout dans ses dessins et qu’il aime fustiger, c’est «Mon beauf». Le beauf de Cabu, il
est bedonnant, «… la quarantaine couperosé, moustache qui se veut gauloise et qui n’est
que flicarde, des valoches sous les yeux qui font de sa vie un perpétuel
lendemain de réveillon…, c’est l’authentique ordure, le roi des cons méchants, le
fléau universel, l’assassin du genre humain, le con chieur de planète
fleurie : Monsieur tous le monde. » CAVANNA.
Renaud dans la chanson du même titre reprendra les traits du personnage de la
bande dessiné pour le représenter. Le beauf a été de toutes les opinions
politique, gaulliste, chiraquien, mitterrandiste, sarkosiste, communiste et il
a même jeté un œil du coté de Arlette Laguiller (Sous sa jupe !) et tant
mieux pour le dessinateur qui
déclarait : «Plus les hommes politiques sont nuls
et plus j’ai du talent» et il ne se gêne pas pour leur en mettre plein la
tête quelques soient les partis. En 1972, il sort «Les
aventures de madame Pompidou» qui fera l’objet d’un procès en
1973. Et tout le monde a droit à son pamphlet que ce soit Mitterand avec «Adieu tonton », la gauche en général «A gauche toute»,
la droite «Les aventures épatantes de Jacques Chirac», «Sarko
circus», mais c’est surtout l’extrême droite qu’il fustigera «Le gros blond avec sa chemise noire».
Duduche n’est pas mort, il manifeste encore
Cabu continue son parcours en
dessin pour Charlie Hebdo depuis presque 40 années et dans le Canard enchaîné,
le seul faux pas qu’il ait pu faire c’est d’avoir participé à une émission
enfantine «Récré A2 » avec Dorothée. En plus de ses participations à de
nombreuses revues comme «Rock & Folk», «La gueule ouverte» et tous les
grands quotidiens et hebdos français, il fera des pochettes de disques comme
celle du troisième album de Maxime le Forestier «Caricature», mais sa passion,
c’est le jazz, il va illustrer une série de disques sur les grands jazzmen. Mais
son préféré reste Cab Calloway. Il fera une BD sur l’homme qui chanta «Minnie
the Moocher» , accompagnée de deux CD. Mais
tous n’a pas été rose dans sa vie. En 2010 il perd son fils le chanteur
Mano Solo.
Si Duduche existait physiquement, je trouve qu’il
ressemblerait au chanteur Hollandais Dick Annegarn. Jacques Martin dans les
années 70 avait surnommé La présentatrice Danièle Gilbert la grande Duduche (Nunuche ?),
allez savoir pourquoi !?
AJOUT DU 8 Janvier 2015: RIP CABU lâchement assassiné par des fous de dieux ou plutôt des fous tout court le 7 Janvier 2015 lors de l'attentat à Charlie Hebdo (lire notre réaction ici)
Une rencontre avec Cabu :
et un court métrage de 1986...
haaa... Cabu et le grand Duduche ; à l'époque cela paraissait nouveau tout en étant pertinent.
RépondreSupprimerCabu a le don de créer des personnages, des caricatures, qui sont devenus des archétypes : le Beauf, le Bidasse, le CRS, en autres. Une vision souvent au vitriol et pourtant si proche d'une réalité brute.