mardi 20 août 2013

ERIC FRASIAK "Chroniques" (2012) par ROCKIN-JL



5eme album pour le troubadour de Bar le Duc Eric Frasiak, sauf si vous êtes de la région ou avez eu la chance de le croiser au détour d'une scène il y a peu de chances que vous le connaissiez. Et c'est bien dommage; moi-même je l'ai "rencontré" par hasard au hasard d'une page Facebook –comme quoi les réseaux sociaux ça a parfois du bon, si on n'en abuse pas- et aussi d'une chronique signée de notre ami Sam Pierre, chronique que je vous invite à lire (cliquer ici). Quoique si vous allez la lire vous ne lirez pas la suite de la mienne, et puis je m'en fiche je ne vous en voudrais pas, l'objectif c'est de faire découvrir à quelques un(e)s l'homme dont il est question. En effet c'est à nous passionnés et fans de faire partager nos coups de cœur et de parler des "vrais" artistes, ceux pétris de talent qui traînent leur blues  hors du système et ne passeront jamais sur les grandes ondes et encore moins sur les télés propagatrices de daubes et fausses valeurs.
Mais je m'égare, de quoi parlions nous déjà?  Ah oui, Eric Frasiak qui signe donc ce "Chroniques", ce ne sont pas les chroniques martiennes de Ray Bradbury mais des chroniques bien terriennes, celles d'un monde en mutation, aux prises avec la mondialisation et le libéralisme sauvage et destructeur. Mais gardons le moral, car comme chez François Béranger,-un de ses modèles- derrière la colère et l'engagement transparaît la tendresse, l'espoir, l'amour des choses et des gens simples .
Natif des Ardennes, établi depuis un bail dans la Meuse à Bar le Duc, pour laquelle il signe l'emblématique "Bar le Duc City Blues", Frasiak a pas mal roulé sa bosse, pratiqué pas mal de métiers mais sa passion pour la chanson ne date pas d'hier, il faut se rappeler qu'il avait rencontré le succès au Printemps de Bourges 1983.

15 titres donc pour ce dernier opus, dont 3 reprises, du maître Béranger "Tous ces mots terribles", chanté avec 20 voix différentes d'ami(e)s de passage ; "Graine d'ananar" d'un autre modèle, Léo Ferré (rien de surprenant à ça); et "Ivrogne et pourquoi pas?" de Bernard Dimey (1931-1981, poète et auteur notamment du "Syracuse" de Salvador).
Mais Frasiak c'est avant tout un "artisan de chanson"- je pique cette belle expression à Ken Meyers, un autre artiste attachant, du Nord lui – qui nous gratifie ici de quelques perles comme ce "Mr Boulot" qui ouvre l'album. Un titre superbe, texte plein de mordant et d'humour qui doit faire frémir de plaisir Béranger là haut, sur un air porté par l'accordéon, celui des fêtes passées, celles d'avant la mondialisation  qui a touché de plein fouet la région. Sur la pochette Eric pose d'ailleurs devant les hauts fourneaux d'Uckange (57), -où a aussi été tourné le clip (là,juste sous ces lignes!)-  fermés depuis belle lurette, symboles d'un passé disparu, de son enfance aussi (son père était chauffeur de poids lourds dans les Ardennes).
Autres titres que j'ai bien aimé (en fait j'ai tout bien aimé, disons que ce sont mes préférés) , "J'traine" profession de foi du trouvère ananar  "j'traine mon folk au fond des bars, j'traine ma guitare là où ça joue, j'traine là où la vie m'emmène, j'traine mes mélodies mes accords pour dire aux cons que j'suis pas d'accord"; "Bebop on est où là" son sax jazzy et son regard ironique sur les  entraves aux plaisirs de la vie posées soit-disant pour notre bien (?); "Ciudad Juarez", chanson forte sur les crimes perpétrés envers des centaines de femmes dans cette cité du  Mexique dans l'indifférence générale, une trompette mariachi renforce la mélancolie; tiens ça a un petit coté Lavilliers cette chanson; le nostalgique "50/50", ballade sur le temps qui passe  et son harmonica "dylanien" ; l'irrésistible "Un Z à mon nom" -ne l'appelez jamais Fraziak ou gare!- et là c'est Brassens qui n'est pas loin; et "La poésie", un monument de 8 minutes qui va crescendo, d'une chanson "classique" (m'a fait penser à du Sheller- Lavilliers, Brassens, Béranger, Sheller, on peut pas dire qu'il m'évoque des tocards le gazier!!) puis à mi parcours évolue vers un rock "spatial" à la  Pink Floyd, ou Ange pour rester en France, avec de belles guitares.

Vraiment un bel album, et un artiste à découvrir qui perpétue la tradition des chansonniers, c'est-à-dire des gens qui ont des choses à dire et une plume pour le faire, une espèce menacée par les temps qui courent.

A signaler aussi la richesse et la variété des instruments présents, banjo, ukulélé, harmonica, orgue, guitare 12 cordes pour Eric, et parmi ses invités citons Steve Normandin (accordéon), Didier Bégon (mandoline, lapsteel), Nicolas Bruche (trompette-bugle), Marie Anne Bruccheri (violon), Jean Pierre Fara (slide), Patrick Leroux (violoncelle), Nicolas Pourkat (flûte), Renato Falaschi (claviers) sans oublier le socle rythmique Olivier Baldissera (drums) et Philippe Gonnand (basse).

Enfin avant de nous quitter, un mot sur mon voisin, Olivier Trevidy, dont je vous ai déjà parlé (clic ici mon ami),  le "frère" breton d'Eric Frasiak, tant ces deux là partagent les mêmes combats et aussi l'amour pour François Béranger, Trévidy lui ayant même consacré un disque de reprises, et Frasiak une chanson hommage sur son album "Parlons nous" (2009).

le site de Eric Frasiak  pour commander le CD, un beau digipack avec les  paroles et tout + les dates de concert: Frasiak.com






on se quitte avec une belle chanson extraite de l'album "Parlons nous", hautement recommandé aussi:

1 commentaire:

  1. Une bonne tête ce Frasiak.
    Voilà - d'après les deux chansons présentées - de la vraie et bonne chanson française, comme on en fait plus. Ou du moins du genre qui ne risque pas d'être diffusé avant des lustres.

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