5eme album pour le troubadour de Bar le Duc Eric Frasiak,
sauf si vous êtes de la région ou avez eu la chance de le croiser au détour
d'une scène il y a peu de chances que vous le connaissiez. Et c'est bien
dommage; moi-même je l'ai "rencontré" par hasard au hasard d'une page
Facebook –comme quoi les réseaux sociaux ça a parfois du bon, si on n'en abuse pas-
et aussi d'une chronique signée de notre ami Sam Pierre, chronique que je vous
invite à lire (cliquer ici). Quoique si vous allez la lire vous ne lirez pas la
suite de la mienne, et puis je m'en fiche je ne vous en voudrais pas,
l'objectif c'est de faire découvrir à quelques un(e)s l'homme dont il est
question. En effet c'est à nous passionnés et fans de faire partager nos coups
de cœur et de parler des "vrais" artistes, ceux pétris de talent qui
traînent leur blues hors du système et ne
passeront jamais sur les grandes ondes et encore moins sur les télés
propagatrices de daubes et fausses valeurs.
Mais je m'égare, de quoi parlions nous déjà? Ah oui, Eric Frasiak qui signe donc ce
"Chroniques", ce ne sont pas les chroniques martiennes de Ray
Bradbury mais des chroniques bien terriennes, celles d'un monde en mutation,
aux prises avec la mondialisation et le libéralisme sauvage et destructeur.
Mais gardons le moral, car comme chez François Béranger,-un de ses modèles-
derrière la colère et l'engagement transparaît la tendresse, l'espoir, l'amour
des choses et des gens simples .
Natif des Ardennes, établi depuis un bail dans la Meuse à
Bar le Duc, pour laquelle il signe l'emblématique "Bar le Duc City
Blues", Frasiak a pas mal roulé sa bosse, pratiqué pas mal de métiers mais
sa passion pour la chanson ne date pas d'hier, il faut se rappeler qu'il avait
rencontré le succès au Printemps de Bourges 1983.
15 titres donc pour ce dernier opus, dont 3 reprises, du
maître Béranger "Tous ces mots
terribles", chanté avec 20 voix différentes d'ami(e)s de passage ;
"Graine d'ananar" d'un
autre modèle, Léo Ferré (rien de surprenant à ça); et "Ivrogne et pourquoi pas?" de
Bernard Dimey (1931-1981, poète et auteur notamment du "Syracuse" de
Salvador).
Mais Frasiak c'est avant tout un "artisan de
chanson"- je pique cette belle expression à Ken Meyers, un autre artiste
attachant, du Nord lui – qui nous gratifie ici de quelques perles comme ce
"Mr Boulot" qui ouvre
l'album. Un titre superbe, texte plein de mordant et d'humour qui doit faire
frémir de plaisir Béranger là haut, sur un air porté par l'accordéon, celui des
fêtes passées, celles d'avant la mondialisation
qui a touché de plein fouet la région. Sur la pochette Eric pose d'ailleurs
devant les hauts fourneaux d'Uckange (57), -où a aussi été tourné le clip (là,juste sous ces lignes!)- fermés depuis belle lurette, symboles
d'un passé disparu, de son enfance aussi (son père était chauffeur de poids
lourds dans les Ardennes).
Autres titres que j'ai bien aimé (en fait j'ai tout bien
aimé, disons que ce sont mes préférés) , "J'traine" profession de foi du trouvère ananar "j'traine
mon folk au fond des bars, j'traine ma guitare là où ça joue, j'traine là où la
vie m'emmène, j'traine mes mélodies mes accords pour dire aux cons que j'suis
pas d'accord"; "Bebop on
est où là" son sax jazzy et
son regard ironique sur les entraves aux plaisirs de la vie posées soit-disant pour notre
bien (?); "Ciudad Juarez",
chanson forte sur les crimes perpétrés envers des centaines de femmes dans
cette cité du Mexique dans
l'indifférence générale, une trompette mariachi renforce la mélancolie; tiens
ça a un petit coté Lavilliers cette chanson; le nostalgique "50/50", ballade sur le temps qui
passe et son harmonica
"dylanien" ; l'irrésistible "Un Z à mon nom" -ne l'appelez jamais Fraziak ou gare!- et là
c'est Brassens qui n'est pas loin; et "La poésie", un monument de 8 minutes qui va crescendo, d'une
chanson "classique" (m'a fait penser à du Sheller- Lavilliers,
Brassens, Béranger, Sheller, on peut pas dire qu'il m'évoque des tocards le gazier!!)
puis à mi parcours évolue vers un rock "spatial" à la Pink Floyd, ou Ange pour rester en France,
avec de belles guitares.
Vraiment un bel album, et un artiste à découvrir qui
perpétue la tradition des chansonniers, c'est-à-dire des gens qui ont des
choses à dire et une plume pour le faire, une espèce menacée par les temps qui courent.
A signaler aussi la richesse et la variété des instruments
présents, banjo, ukulélé, harmonica, orgue, guitare 12 cordes pour Eric, et
parmi ses invités citons Steve Normandin (accordéon), Didier Bégon (mandoline,
lapsteel), Nicolas Bruche (trompette-bugle), Marie Anne Bruccheri (violon),
Jean Pierre Fara (slide), Patrick Leroux (violoncelle), Nicolas Pourkat
(flûte), Renato Falaschi (claviers) sans oublier le socle rythmique Olivier
Baldissera (drums) et Philippe Gonnand (basse).
Enfin avant de nous quitter, un mot sur mon voisin, Olivier Trevidy, dont je vous ai déjà
parlé (clic ici mon ami), le "frère"
breton d'Eric Frasiak, tant ces deux là partagent les mêmes combats et aussi
l'amour pour François Béranger, Trévidy lui ayant même consacré un disque de reprises, et Frasiak une chanson hommage sur son album "Parlons nous" (2009).
le site de Eric Frasiak pour commander le CD, un beau digipack avec les paroles et tout + les dates de concert: Frasiak.com
on se quitte avec une belle chanson extraite de l'album "Parlons nous", hautement recommandé aussi:
le site de Eric Frasiak pour commander le CD, un beau digipack avec les paroles et tout + les dates de concert: Frasiak.com
on se quitte avec une belle chanson extraite de l'album "Parlons nous", hautement recommandé aussi:
Une bonne tête ce Frasiak.
RépondreSupprimerVoilà - d'après les deux chansons présentées - de la vraie et bonne chanson française, comme on en fait plus. Ou du moins du genre qui ne risque pas d'être diffusé avant des lustres.