La famille selon Jacques Brel
La famille ! Vaste sujet. Elle a souvent été source d'inspiration dans la littérature, que ce soit avec Émile Zola
et les Rougon-Macquarts
et plus près de nous «Des grives au loups» de Claude Michelet, sans parler des familles infâmes peintes au vitriol par la plume de Mauriac. Le cinéma n’est pas en reste, la famille se
taillera de beaux morceaux de toile dans les salles obscures, allant de la comédie
en passant par le drame le plus sombre, avec pour exemple de satires «La vie est un
long fleuve tranquille», «La famille Adams» et inversement, le mélodrame signé Marcel Pagnol comme «Le château de ma mère»,
pour finir par «La dynastie des Forsyte» (Avec Errol Flynn)
et «Ran» de
Kurosawa, inspiré du roi Lear de William Shakespeare.
Mais je m’éloigne de ce qui a fait
ma gloire (N’ayons pas peur des mots et passons nous un peu de pommade) au Déblocnot, c'est-à-dire la chanson
française. Le grand Jacques Brel
(Oui !! Il aura sa chronique !! C’est promis !!). Il a si bien
décrit "la famille" dans sa chanson «Ces gens la». Même si cette chanson parle d’un
amour impossible entre le narrateur et la fille de la maison, il dissèque
chaque membre de ladite famille sans ménagement.
Qui sont-ils ? Une famille de
paysans ? De petite gens sans le sou ? Des gens médiocres qui restent dans
leurs univers, en vase clos ? Peut être un mélange de tous. Chaque personnage a
une histoire propre. Entre le poivrot qui ne travaille apparemment pas, qui se
pinte la tronche au gros rouge qui tache, et que l’on retrouve «Raide comme une
saillie», autrement dit ivre mort dans l’église... Donc chez "ces gens" là conclut le
narrateur, on ne pense pas, on prie. Arrive un autre, avec des carottes dans les
cheveux, (un rouquin qui ne se peigne pas ??), "méchant comme une teigne", qui se
donne un air qu’il n’a pas, qui veut jouer les riches et qui n’a pas une tune,
donc qui flatule plus haut qu’il a l’anus pour ne pas être vulgaire. Chez ces
gens la, on ne vie pas, on triche.
La moustache du père... |
Ensuite, le reste de la fratrie : la mère qui
ne dit rien et qui ne sert qu’à faire la cuisine, le ménage et la lessive
(Encore une qui n’a pas connu le M.L.F), le père mort dans des circonstances bizarre.
Une glissade ? On se demande sur quoi il a bien pu glisser ? Une
bouse fraîche ? Une plaque de verglas ? Et sa photo qui trône au
milieu de la salle à manger dans son cadre
Et puis la fille de cette
étrange famille, Frida. Le narrateur la porte dans son cœur et cet amour est
réciproque. ils s’inventent une vie propre a eux, ils voudraient se marier, mais
«les autres veulent pas» le trouvant indigne pour leur fille. Ils inventent de
futiles prétextes, soit disant qu’il est juste bon à égorger des chats, lui s’en
défend, mais y a peut être du vrai puisque qu’il ne s’en rappelle pas. En fin de
compte, cette famille est une prison d'où l’on ne s’évade pas. Mais le
narrateur se rend compte que ce ne sont que des promesses en l’air avec Frida
et rentre chez lui résigné.
Cette chanson au
rythme lent et répétitif, sera enregistrée en 1965. Selon l’accordéoniste de Jacques Brel, le chanteur se serait inspiré d’une
famille réelle. Un des grands titres du grand Jacques qui sera repris par
beaucoup, et même de son vivant, comme le groupe Ange
dont j’avais parlé dans une chronique en août 2012 et qui le jouera sur son album
«Le
cimetière des arlequins». Ils ne joueront que trois couplets, le
quatrième sur Frida sera un solo de guitare de Jean
Michel Brezovar, avec une parenthèse écrite sur la pochette «A Jacques Brel, nous n’avons pas osé te prendre Frida».
Pour finir, le clip de «Ces gens la» en 1966. Quelqu’un
a dit : «Qui n’a pas vu Brel sur scène ne
sait pas ce qu’est la présence». A vous d’en juger..
Ce plat pays qui est le mien...
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