La mode est au dépoussiérage, au renouvellement, à la re-visitation (néologisme tellement lourd de sens qu’il en dispense une explication longue et laborieuse, encore plus que cette parenthèse énervante qui n’en finit pas).
Top Chef revisite des recettes à tours de spatule, que ce soit l’œuf mimosa
ou le bœuf mironton, et rond et rond, petits patapons.
Le cinéma, c’est pareil. M’sieur
Nolan
nous a donné une version sombre et nihiliste de l’Homme Chauve-Souris à
rendre Michael Keaton souriant,
Jack Nicholson
sain d’esprit, et
Tim Burton
rasé au carré et coiffé de près (à moins que ce ne soit l’inverse).
Il est vrai que les films de super-héros de ce 21ème
siècle ont dégraissé la nunucherie qui fait tant horreur aux réfractaires de
la Chose Masquée et Costumée dont votre serviteur a en grippe. Et de quelle
nunucherie s’agit-il, mes chéris ?
Les costumes ridicules, par exemple.
Wolverine
est bien d’accord avec moi. Vous voyez ? Je ne suis pas seul. Et là,
maintenant, Zack « the city
destroyer » Snider et
Christopher
« Depressive Dark »
Nolan ont viré
ce fichu slip rouge !!! Du coup, sans ce moule-burne prétentieux, Clark
Kent est limite swag… peut-être un peu exagéré, certes, mais très stylé. Et
je ne moque pas absolument pas du gentil Christopher Reeves, regardez à
l’occasion
"Somewhere in time"
.
Y a aussi un truc qui m’a toujours férocement gonflé avec Superman, c’est
le déguisement incroyab’ de
Clark
Kent : ses lunettes. Il remet ses lunettes, et paf, on ne reconnait plus
Superman ! Avec lunettes, c’est Clark. Sans lunettes, c’est Superman.
Avec : Clark. Sans : Superman ! Avec : Clark.
Sans :…
Et enfin, Superman est trop bon, trop gentil, trop propre sur lui. La
reprise des hostilités avec « Superman returns » ne changeait pas grand-chose à la donne.
Voilà, maintenant que j’ai réglé mes comptes avec le plus nickel des
super-héros, on peut vraiment causer du flim. Autant vous dire de suite que
je ne suis pas d’accord avec certaines critiques qui ont descendu ce flim
pour cause d’ennui décrocheur de mâchoires. Derrière la démolition
méticuleuse de Metropolis, allégorie de New York, on arrive à trouver de
vrais bons moments de cinoche.
Ca commence par une vision impressionnante de Krypton. Visuellement, ça
décoiffe. La planète et sa civilisation agonisante nous scotchent au
fauteuil dès le début. Loin des interprétations manichéennes des poncifs de
civilisations alien cruelles, E.T. gentilles ou encore extra-terrestrement
avancées. Les kryptoniens sont écologiquement aussi cons que nous,
militairement bornés ou gandhiment idéalistes. D’habitude, on n’a aucune
nuance, c’est blanc, c’est noir, jamais de gris ! Ouf, on se sent moins
cons face à eux, juste un peu attardés, passque question technos, c’est pas
des blaireaux, c’est pas faux ! Mais les kryptoniens sont étonnamment
humains.
La première moitié du film est bien montée (et je ne parle pas du slip
rouge, hein, bande de salopards !), les passages intimistes entre
Kal-El et ses parents terriens alternent avec les premiers exploits du futur
super-héros. Donc, on ne s’ennuie pas et on n’est pas abruti par les effets
spéciaux.
On découvre un jeune Clark solitaire, limite asocial, écrasé par le poids
de responsabilités qu’il ne veut pas prendre. On suit le parcours du tout
jeune Clark de son enfance à son adolescence, et il est bien plus complexe
que le traditionnel ectoplasme de perfection absolue. A part ses pouvoirs
naissants ahurissants, c’est un môme paumé comme on peut tous l’être quand
on a un QI qui dépasse celui du bulot en comas profond. Seules les moules
trop cuites et les huitres avariées ne se posent pas de questions à cet âge
et argumentent leur discours de « Tu veux t’battre ? Allez, viens
t’battre ! » face à leur congénères préférant l’astronomie au
football. Clark voudrait bien en coller deux à ces fier-à-bras boutonneux, mais il sait bien qu’il leur démonterait définitivement la
tronche. Alors, il ne fait rien et supporte les moqueries des méduses
primaires.
Arrive ensuite, en guise d’entracte, la révélation de Kal-El à la portion
décidément prépondérante de la 3ème planète de ce système solaire quelconque paumé en banlieue
de cette galaxie banale qu’est la Voie Lactée, à savoir les Etats-Unis
d’Amérique, à la fois le Gendarme du Monde et le Souffre-Douleur
Galactique de tous les cataclysmes inter-sidéraux. C’est pas
Gréoux-les-Bains que les aliens choisissent d’envahir ou de détruire, mais
New York. Donc Kal-El est américain. Pourtant, avec un nom pareil, qui
fait penser à "Khaled", je m’étonne que les Qataris n’aient pas encore
racheté la licence DC Comics pour adapter le concept à leur
sauce ! J
La sortie officielle du costaud en justaucorps flanque une super trouille
aux militaires et autres officiels. Là, encore, on élimine la niaiserie
vintage qui faisait de Superman un messie immédiatement reconnu. Sans
blague ! Un type aussi balèze débarque et les trouffions multi-gradés,
comprenez les généraux, vont faire leur plus beau sourire Colgate ?
Non, ils vont le coller au trou. Mais les militaires paranos
(pléonasme ?) n’ont pas le temps de disséquer le spécimen que débarque
la Menace qui va bousculer un brin leurs priorités.
C’est la 2ème partie
avec l’entrée en scène du psychopathe de service, le général Zod à la petite
barbiche qui évoque Zorglub pour les petits belges et français fans de
Spirou.
Mais, là où Zorglub (Eviv Bulgroz !!!) se vautrait lamentablement, Zod
et son armée déchaine l’Apocalypse Weta-digitale que Jeannot de Patmos avait
entre-aperçu un soir de Révélation cuitesque y a pas loin de 2000 ans. En
effet, les scènes de destruction monstrueusement spectaculaires finissent
par donner trop le tournis. Le mieux est l’ennemi du bien et gnagnagna et
gnagnagna. Toutefois, soyons cohérent, c’est un film de Zack Snyder,
on n’est pas chez Woody Allen ou Jim Jarmusch. Alors quand je
vois sur le Ouaibe des rapprochements faits avec
« 300 », c’est un raccourci d’une mauvaise foi d’intello corruptible de
l’intelligentsia onaniste intoxiquée au mauvais champagne éventé de fin de
soirée de troisième zone au festival de Cannes. Dans certains cas, le
Champomy, c’est pas si mal, faut accorder ses neurones avec ses ambitions
culturelles, si on est aussi enfantin à descendre ce film avec des arguments
de cour d’école primaire, sous prétexte de prétentions critiques, la
baudruche croyant exploser et fait juste un
« pschiiiiiiiiiiitttt » piteusement flatuleux… Là où
« 300 »
n’était qu’une citerne de testostérone, ce
« Man of
steel »
apporte bien plus de nuances.
Après avoir esssssplosé avec les plumitifs défenseurs des belles images,
j’avoue nez en moins avoir trouvé cette accumulation de destruction
exagérée. Il semble qu’Hollywood ait retrouvé ses instincts
maso-destructeurs à vouloir dézinguer à tout prix de la métropole ricaine.
Et, à part Conan, Diablo ou Gozer le Gozérien, quel meilleur metteur en
massacre que Zack Snyder avec Christopher Nolan en
production ? Ca donne un tiers de C4, un tiers de TNT, un tiers
d’uranium enrichi, et enfin un bon tiers de plutonium. Ca fait quatre
tiers ? Et alors ? De toute façon, ils vont te péter à la gueule
en moins de temps que ton pentium poussif aura eu le temps de faire une
division par zéro pour se mettre en écran bleu, mon p’tit chat !
Dans ce festival de tirs aux pigeons cosmiques, il est étonnant de voir
autant de plans en caméra à l’épaule. Pour donner une ambiance reporter de
guerre ? Ou pour tenter d’effacer la somme de technologie numérique qui
doit valoir le P.I.B. du Venezuela ? Je ne suis pas très fan de ces
artifices, et c’est surtout désagréable pour le spectateur. Mais enfin, il
n’y en a pas tellement que ça. Pas de quoi vomir ses popcorns.
La distribution est bien choisie et bien dirigée, là, on voit bien que
Snyder assure à la réalisation. Là se trouvent les nuances qui manquaient à
« 300 ».
Russel Crowe a bien plus d’épaisseur en Jor-El que
Marlon Brando dans les 70’s qui se contentait d’encaisser le chèque
record de l’époque et faisait juste acte de présence devant la caméra. On
perçoit la peine, le désespoir, la colère, l’amour. Bien plus qu’avec la
figure blanche perruquée du Grand Marlon, qui à cette époque, ne fut plus
que l’hologramme de sa splendeur…
Kevin Coster, l’homme qui est à l’origine d’une foule de Kevin
Dupont, Kevin Martin ou Kevin Petibidon, revient avec quelques années au
compteur… comme moi, tiens, mais il a bien plus d’allure et le poids énorme
sur les épaules d’avoir adopté un môme hors norme. Il fait de son mieux, il
est dépassé, mais il y met tout son amour. Et on y croit, on compatit. Le
pauvre, pourquoi n’a-t-il pas eu un fils en survêtement ?
Diane Lane, toujours belle, même avec quelques rides, complète avec
tendresse et courage ce couple de parents adoptifs. Je ne l’ai jamais vue
dans un aussi beau rôle.
Amy Adams, toujours rousse et charmante, prend le relais des Lois
Lane avec panache puisqu’elle est au cœur de l’action et qu’elle ose
embrasser le héros invincible à la fin. Yeaaaaaaah, baby !!!
Enfin, Henry Cavill, excellent en héros à la limite de péter un
câble, avec quelques petits clins d’œil en prime. Enfin un peu d’humanité
sous cette carapace de perfection ! Un effet de la
kryptonite ?
Lawrence Fishburn, 13 ans après Matrix, a rangé ses lorgnons fumés,
a pris 25 kg, comme moi, mais il joue un Perry White bien moins crisant que
le Perry habituelle tête à claques.
Bref, ce
« Man of steel »
est un Superman plus adulte. Et c’est pas plus mal.
Et vous avez le droit de déchainer la boite à baffes si vous n’êtes pas
d’accord !
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