Hector Berlioz : La Damnation de Faust - par Pat Slade
L’opéra du diable
Les opéras français ne semblent pas toujours atteindre la même renommée
de qualité que ceux produits en Italie avec
Verdi
ou
Puccini
ou en Autriche et en Allemagne avec
Mozart
ou
Wagner.
Pourtant l’opéra le plus joué dans le monde est
Carmende
Georges bizet
déjà commenté dan ces pages du blog (clic). Alors je vais essayer de
parler d’un opéra français connu des aficionados de la musique
classique.
L’histoire de Faust écrite
en 1808 par
Goethe, reste une œuvre archi
connue de la littérature. Mais elle demeure austère à lire. Heureusement
que musiciens et cinéastes reprirent l’histoire, en la simplifiant, c'est
le cas des opéras de
Berlioz
et
Gounod
(Ahhh je riiiiis…).
Un romantique endiablé
Goethe
La
Damnation de Faust
de
Louis Hector Berlioz
(clic) reste le premier opéra qui retentira dans mes oreilles
d’adolescent boutonneux (Merci Clearasil !). Un opéra où il n’y a pas de
débauche excessive de cantatrices et de ténors. En tout et pour tout 4
artistes se disputent la scène pendantdeux heures. Une mezzo-soprano :
Marguerite, un ténor :
Faust, une basse ou un baryton :
Méphistophélès
et une autre basse :
Brander. Encore un opéra maudit pour son auteur, rappelez vousdu
Carmen
de
Bizet
et son problème de numérologie avec le chiffre 3.
Après avoir lu la traduction de
Gérard de Nerval, Berlioz
est fasciné et ne peut se débarrasser l’esprit de se drame romantique et
diabolique. Sa réaction immédiate est de composer en
1828 un «best-of» de ce qui
deviendra plus tard la
Damnation de Faust, les «Huit scènes de Faust». Il en envoya une copie àGoethe avec une lettre des
plus flatteuses. La curiosité de
Goethe fut piquée au vif
par cette musique, mais, avant de lui répondre, il soumit la partition à
Friedrich Zelter
qui avait été le maître de
Mendelssohn. L'esprit conservateur de
Zelter
fut offusqué par ce qu’il lut sur les portées, par ce modernisme, cette
liberté de ton au début du XIXème siècle, par l'étrangeté de
cette musique. Ainsi la réponse de
Goethe, si attendue, ne
vint jamais.
Berlioz
retira la partition peu de temps après publication, prétextant que le
travail en était bâclé.
Vers le milieu des années
1840, après avoir passé
cinq mois en Allemagne, il est probable que ses visites à Leipzig,
Weimar et dans la vallée de l’Elbe, furent un stimulant supplémentaire
dans la création définitive de l’œuvre.
Tous les extraits que vous entendrez sont issus de l'enregistrement
de l’orchestre de l’opéra de Lyon sous la baguette de Kent Nagano
avec Susan Graham, Thomas Moser et José Van Dam, une version récente
de 1995 qui ne souffre pas de l’accent des chanteurs.
Quand le diable s’en mêle !
Petit rappel sur la légende de Faust : un vieux docteur signe avec son
sang un pacte avec le diable pour retrouver sa jeunesse perdue, acte
terrible qui clôt surtout son destin funeste. Il va tomber amoureux
d’une image, celle de la jeunesse.
1 - Nous sommes dans les
plaines de Hongrie et
Faust
chante la beauté du paysage. Une foule de paysans danse en l’honneur du
printemps. Faust s’écarte et rencontre des soldats allant au combat. Il
admire leur courage mais jalouse leur jeunesse. Il reste insensible à
leur soif de gloire, et se retire à nouveau tandis que l’armée
défile.
2 - Nous le retrouvons en
pleine
nuit, dans son cabinet de travail quelque part en Allemagne (Hé
oui !
Faust
ce déplaçait très vite !). Il décide d’en finir avec la vie et tente de
s’empoisonner alors qu’une volée de cloches de l’église l’interpelle,
une procession chante la joie de pâque.
Jetant la coupe fatale, il évoque son enfance.
Méphistophélès
surgit alors. Il offre à
Faust
de réaliser ses rêves et de l’emmener voir le vaste monde et de révéler
les merveilles qu’il n’avait pu imaginer à ce jour (Faust était très
casanier enfin de compte !).
3 - Les voici dans les
tavernes d’Auerbach à Leipzig avec une bruyante assemblée d'étudiants
dont
Brander, le meneur de la bande, qui entonne une ballade assez grasse à propos
d’un rat.
Ce chef-d'œuvre lyrique se termine par un «Amen» assez blasphématoire.
L’apparition de
Méphisto
va dégriser les convives, ce dernier relève le défi de Brander en
chantant la chanson de la puce.
4 - Faust manifeste son
dégoût face à ces frasques, Méphisto l’entraine sur les rives de l’Elbe.
Faust
s'endort, des sylphes l’éventent. Il voit
Marguerite
en rêve. Il se réveille et demande à son diabolique compagnon de le
conduire vers elle. En chemin, ils croisent des soldats et des étudiants
qui se pressent vers la ville où vit
Marguerite.
5 - Le soir seul dans la
chambre de
Marguerite,
Faust
goûte à l’atmosphère tranquille, mais à la demande de
Méphisto, il doit se cacher. La belle entre dans la pièce bouleversée par un
rêve au cours duquel elle a vu son futur amant. Tandis qu’elle peigne
ses cheveux, elle chante une vieille ballade mélancolique "un roi de Thulé".
Quand le diable met son souk
6 - Nous nous retrouvons
dans les jardins de la maison ou
Méphisto demande aux esprits
du feu d’ensorceler
Marguerite endormie.
7 - une diabolique sérénade
incite
Marguerite
à se précipiter dans les bras de
Faust. Les amants se reconnaissent, s’abandonnent à leur passion, mais
Méphisto
les interrompt pour les avertir que la mère de
Marguerite
à été réveillée. Les voisins arrivent, les amants échangent un adieu
précipité.
8 - Nous arrivons à l’acte
final, là où tout va se jouer, où le duel entre le mal et le bien
choisira sa victime. Seule, Marguerite attend le retour de Faust. Dans
le lointain, les tambours et les trompettes qui résonnent la sortent de
sa rêverie,
Faust
ne revient pas. Dans une forêt, il invoque la nature.
Méphisto
apparait et annonce que
Marguerite
à été condamnée au gibet pour avoir causé la mort de sa mère avec les
somnifères qu’elle lui administrait chaque fois que
Faust
lui rendait visite.
Désespéré,
Faust
signe un papier, un nouveau pacte démonique, et accepte ainsi de servir
Méphisto
si ce dernier sauve la vie de sa belle.
Enfourchant des chevaux noirs, les voici tous deux galopant à bride
abattue. Ils croisent en chemin des paysans qui prient, des spectres
pourchassent
Faust. De grands oiseaux les effleurent de leurs ailes. Un orage éclate et
d’une voix grondante,
Méphisto
ordonne aux légions de l’enfer de commencer leur orgie.
Faust
est précipité aux abysses, les démons portent
Méphisto
en triomphe tandis que l’âme de
Marguerite
rachetée est reçue au paradis. On retrouve dans ce passage la force
satanique, le rythme de folie démoniaque qui avait tant surpris dans la
nuit de sabbat concluant la symphonie fantastique (clic).
En gros, voici un résumé de cet opéra qui a bercé mon adolescence. Dire
que
Berlioz
est l'un de mes compositeurs de prédilection serait superflu.
Mais en parlant de la
Damnation de Faust, rappelez vous de
Stanislas Lefort, le chef
d’orchestre de l’opéra de Paris qui essaye par tous moyen d'assurer les
répétitions de la Damnation dans le film «la grande vadrouille».
Nous retrouverons aussi des extraits de cet opéra dans le film «La
symphonie fantastique» de
Christian-Jacques en
1942 avec
Jean-Louis Barrault dans le
rôle de Berlioz.
Discographie: La version de
Colin Davis, incluse dans le cycle Berlioz en 1971, reste une référence.
Dans les plus anciennes, j’ai un faible pour celle de
Igor Markevitch
en 1958, malgré une Marguerite (Consuelo Rubio) qui est assez… disons effacé ! Je ne conseille pas la version de
Georges Prêtre
malgré la qualité des chanteurs.
Et pour finir... La marche hongroise dirigée par Pierre Monteux en 1951
avec l'orchestre de Sans Francisco... Ça dépote !!!! Vous ne l'entendrez
plus jamais comme ça...
Partie 1
Le vieil hiver (00:00)
Les bergers quittent leurs troupeaux (06:23)
Mais d’un éclat guerrier (09:44)
Marche hongroise (10:44)
Partie 2
Sans regrets j’ai quitté les riantes campagnes (15:41)
Christ vient de ressusciter ! (21:18)
Hélas ! doux chant du ciel (27:16)
Ô pure émotion ! (28:23)
A boire encor ! (30:37)
Certain rat, dans une cuisine / Amen (33:11)
Vrai Dieu, messieurs (36:54)
Une puce gentille (38:04)
Assez ! fuyons ces lieux (39:30)
Voici des roses (41:52)
Dors ! heureux Faust (44:31)
Ballet des Sylphes (51:21)
Margarita ! (53:51)
Villes entourées (55:04)
Partie 3
Prélude : La retraite (1:00:13)
Merci, doux crépuscule (1:01:20)
Je l’entends ! (1:06:10)
Que l’air est étouffant (1:07:12)
Autrefois un roi de Thulé (1:10:23)
Esprits des flammes inconstantes (1:16:02)
Menuet des Follets / Maintenant chantons à cette belle
(1:17:58)
Devant la maison (1:24:05)
Grands dieux ! .. Ange adoré (1:26:11)
Allons, il est trop tard ! / Je connais donc enfin (1:31:56)
Partie
4
D’amour l’ardente flamme (1:36:35)
Au son des trompettes (1:45:12)
Nature immense (1:47:32)
A la voûte azurée (1:53:10)
Dans mon choeur retentit sa voix (1:56:21)
Has ! Irimiru Karabrao (1:59:53)
Tradioum marexil (2:04:17)
Alors, l’Enfer se tut (2:05:38)
Laus! Laus! .. Remonte au ciel, âme naïve (2:05:38)
Distribution
Faust : Nicolai Gedda
Méphistophélès : Jules Bastin
Marguerite : Josephine Veasey
Brander : Richard Van Allan
Voix Céleste : Gillian Knight
Orchestre Symphonique de Londres & Chœur
Chef de Chœur : Arthur Oldham
Ambrosian Singers / Master : John McCarthy
Wandsworth School Boy’s Choir / Master : Russell Burgess
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