dimanche 9 juin 2013

DEPECHE MODE – par Vincent le Chaméléon


Coup de projecteur sur...

yyyyy


 Rira bien qui rira le dernier




- Tiens Bruno tu tombes bien ! Voici justement la crème préventive contre l'urticaire que tu m'avais demandée l'autre jour.
-  (d'un ton quelque peu ombrageux) C'est combien ?
- Non laisse, t'es gentil, c'est pour moi…  Rockin est là ?
- Naaan ! (déjà parti).
- Luc alors ?
- Une urgence lui aussi.
- (Mmm ! Z'ont surement dû avoir vent de ce que ...)
- Tiens Claude, tu tombes bien ! Tu connais Depeche Mode ?
- Dépêche qui ?!!
- Chuuuuuuuut !!! Tu veux nous faire virer ou quoi ?
- Non désolé Vince, connais pas.
- ('...tain me sauves encore la vie le Toon)… Heu ! Tu pourrais m'aider à la mise en page de cet article ?
- Pas de Problème Vince, de toute façon avec ce temps, j'ai tout mon temps. Mais je m' dépêche...
- Chuuuuuuuuuut !!! Euh merci Claude, c'est vraiment cool de ta part.
- A plus !



Poil à gratter


- Ah ! Ah ! Ah ! Oh ! Oh ! Oh ! Hi ! Hi ! Hi !

Pardon ! Non mais là je ris parce que rien que d'imaginer la tête de certains en apercevant subitement le nom de DEPECHE MODE s'afficher pour la première fois ici sous leurs yeux... Oui là ! Au sein d'un blog aussi sérieux que celui là. Rien que d'y penser, je l'avoue, je me marre. Qui plus est, quand on connaît d'ordinaire mon penchant pour les musiques velues. Entendez par là, celles avec des guitares, des guitares, et encore des guitaaares !!!
Tenez ! Je n' me suis pas trompé, j'en vois déjà là-bas qui s'agitent nerveusement. D'autres encore, comme pris de convulsions (oui, non mais là, c'est quand même dégeu les gars ! Une moquette toute neuve en plus !). Ou encore celui là, sujet à de soudaines démangeaisons.
Alors je sais, et j'entends même d'ici bruisser quelques uns d'entre vous sur le fait que j'aurais délibérément cherché à vouloir faire mon malin, ou à faire mon intéressant au sein de cette rédaction. D'autant que vous avez raison ! Comme la plus part de ceux qui travaillent ici, au Déblocnot', DEPECHE MODE est l'archétype même du groupe que je me serais fait un malin plaisir de démolir il n'y a encore pas si longtemps. En définitif, cela n'aurait servi à rien et je n'aurais finalement fait qu'ouvrir une porte déjà ouverte depuis longtemps. Car de ce côté là, on peut dire que dès le début, les Modes en auront pris plein les dents et comme personne. Relisez donc la presse Rock de l'époque et vous vous apercevrez vite que les journalistes n'y allaient pas avec le dos de la cuillère pour étouffer dans l'œuf ces musiciens en herbes adeptes de musiques synthétiques. Et pour avoir relu tout récemment certains de ces papiers... Croyez-moi, pour dézinguer, ça dézinguait sévèrement. Quant à nous autres, nous les non-fans, nous ne donnions bien sûr jamais notre part au chat pour y allez de tous les quolibets à l'encontre de ces quatre gamins originaire de Basildon. Dépêche Moche ou Des Pèdes Moches étant les thermes les plus outrageusement répétés aussitôt que nous en avions l'occasion. Il faut dire que rien que du côté de leur dégaine pour le moins ambigu (look Sado Maso tendance homo), les anglais étaient quand même assez haut en couleur. N'est ce pas Monsieur Gore ? Quoique dans ma chapelle (celle du Hard), mes héros de l'époque n'étaient pas mal non plus. Ah les p'tites Tafiolles ! Bandes de Tarlouzes va !!! (Ta gueule Frigide !)
Il aura ainsi fallut que s'écoule plus d'une vingtaine d'années, pour que, au hasard de quelques circonstances, la passion qui me lie désormais à ce groupe se fasse (du moins à partir de l'album Music for the Masses (1987)). Lentement mais sûrement, comme dirait l'autre.
Entendons nous bien, la musique de leurs débuts continuera de m'insupporter jusqu'au bout. Je reste d'ailleurs absolument convaincu que si les Modes en étaient restés à produire ce genre de ritournelles sautillantes, aux arrangements minimalistes issues de leurs 5 premiers albums (en gros jusqu'à la parution de Black Celebration - 1986), DM n'aurait assurément pas survécu à la décennie suivante. En cela, Music for the Masses et plus encore l'indéboulonnable Violator (1990)  montraient déjà les contours distincts d'une formation enfin tournée vers l'âge adulte. Dès l'ores, en s'éloignant progressivement de cette musique robotiquement rythmée, autant que mécanique et froide, la formation, sous la plume de Martin Gore, la voix de Dave Gahan et les savants travaux de musicien arrangeur qu'était Alan Wilder, DEPECHE MODE installerait pour les années a venir son nom au rang des formations parmi les plus influentes de la musique contemporaine. Demandez donc à des artistes aussi variés que Moby, Trent Reznor, ou notre frenchy Mylène Farmer ce qu'ils en pensent. Même Johnny Cash aura repris, sur l'un de ses derniers albums, le fameux "Personnal Jesus". L'un des titres les plus emblématiques du groupe, et que Martin Gore avait initialement écrit en pensant au surnom qu'avait attribué à Elvis Presley la petite amie de ce dernier. 


D'une ère synthétique... À une sainte éthique


A l'aube des années 90, et suite au retentissant succès de Violator, les membres de DEPECHE MODE vont pourtant avoir bien du mal à gérer ce colossal succès. C'est en effet vers cette période que les premières difficultés vont commencés à apparaître.
Alors qu'Alan Wilder commence à s'acharner sur le bien fondé du rôle que tiendrait Andy Fletcher au sein du groupe (même s'il est vrai qu'il est un piètre musicien, son rôle au sein du groupe étant ailleurs), Martin, de son côté, picole toujours beaucoup, tout en ne manquant pas la moindre occasion pour aller faire "la bringue" dans les Clubs des alentours. Des heures à rester enfermé dans un studio ? Martin Gore n'est pas fait pour ça, et il n'y a bien qu'Alan Wilder qui s'attèle à cette tâche, non sans passion…
Dave Gahan quant à lui n'est certainement pas en reste. Car depuis quelques temps, l'homme commence à plonger doucement mais sûrement dans la drogue.
Aux côtés de ses nouveaux amis, dont certains membres des Red Hot and Chili Peppers (Anthony Kiedis en tête), ou ceux du groupe Jane's Addiction, Gahan "le beau gosse" est sans conteste celui qui, par ses actes d'autodestruction, va changer à jamais l'image, l'histoire et la musique du groupe.
Au moment de mettre en route l'élaboration du successeur de Violator, Gahan, le visage et le corps déjà très aminci (recouvert de tatouages), les cheveux longs augmentés d'un bouc, impose très vite la direction qu'il souhaiterait faire prendre au groupe. Celui qui allait voir à 14 ans les Clash en concert, celui qui au même âge fréquentait déjà le commissariat de police pour des délits divers, celui-là donc veut aspirer désormais à être considéré comme le chanteur d'un groupe de Rock à part entière.


Déconstruction



Sacré Put*** d' Bord*l de Mer** ! C'est la tête de ceux qui se trémoussaient sur les compos dansantes du groupe de Basildon 10 ans auparavant que j'aurais voulu voir au moment de la découverte de Songs of Faith and Devotion. Un disque qui tranche avec le reste de la discographie du groupe. Car même si les claviers restent forcément très présents, ils sont utilisés à des fins beaucoup plus subtiles. Les rythmiques mécaniques des débuts ont définitivement laissé leurs places à des tempos plus ambiancés. Pour la première fois dans l'univers de DM, la Soul Music et le Blues s'invitent copieusement sur un album du groupe.
Tiens ! Mais qu'est ce que j'entends là ? Le son d'une authentique batterie ?  Bah oui ! Car DEPECHE MODE, en plus d'avancer ses pions, ne se refuse rien. Une vraie batterie est jouée part endroits par Alan Wilder en personne. S'ajoutent à ces nouvelles combinaisons de très beaux chœurs gospel (écoutez donc "Comdemnation" ou mieux encore "Get Right with Me"). Plus tard, ce sont même une quarantaine de cordes (violons et contrebasses) qui viendront soutenir le chant de Martin Gore sur l'épuré et torturé "One Caress". J'en passe et j'en oublie. Ce disque est en tout cas celui qui aurait pu mettre le groupe en danger auprès de ces fans purs et durs. Au contraire, c'est tout l'inverse qui va se produire. L'album est salué de toute part, même et surtout par ceux qui avaient naguère tant vilipendé et conspué le groupe. Et si danger il y a, il est bel et bien à chercher ailleurs.

A ce stade là en effet, tout pouvait porter à croire que tout allait pour le mieux dans le meilleur des Modes. L'extraordinaire tournée marathon du Devotionnal Tour de 1993, immortalisé sur le non moins superbe DVD Devotionnal, en témoigne aujourd'hui encore.
Mais ce serait oublier que tout succès, aussi massif soit-il, à aussi souvent son revers. Parlez-en aux membres de Metallica.
Tandis que Andrew Fletcher est lui déjà passé par la case hôpital pour cause de dépression, Gahan accélère sa descente aux enfers en passant cette fois ci à l'héroïne. Sa traversé en direction d'une mort certaine, et à laquelle il échappera miraculeusement par 2 fois, n'empêcheront pas Alan Wilder d'annoncer son départ du groupe dès la fin de cette dernière tournée pourtant couronnée de succès. Justement, Wilder, a ce moment précis de sa carrière, à l'intime conviction de ne pas avoir été reconnu à la hauteur de son implication au sein du groupe. Et ce depuis son intégration en 1982 en remplacement du premier leader des DM, Vince Clarke, parti juste après leur premier album. Il est vrai qu'entre les claviers joués en grande partie par lui, les chœurs, la batterie jouée sur l'album comme sur la dernière tournée, sans compter sur ses heures passées en studio jusqu'au bout de la nuit, tandis que Martin Gore allait faire la fiesta et Dave se défoncer, et l'on comprend alors bien mieux les raisons de son départ.


Les Modes ?! Quel Modes ?


A ce stade de sa carrière, le groupe n'a pas d'autre choix que de se ressaisir très vite s'il veut pouvoir espérer continuer à intéresser les foules. Mais en ces périodes de troubles et de vraies dissensions, était-ce bien là la préoccupation première du désormais trio DEPECHE MODE ?
C'est ainsi que, sans annoncer la moindre dissolution du groupe, Dave, Andy et Martin vont chacun poursuivre leur chemin (artistique ou non) dans leur coin pendant un très long laps de temps. 4 années séparent en effet Songs of Faith and Devotion de son successeur. Quant à la prochaine, et hypothétique tournée du groupe, les fans devront même patienter 4 ans de plus. Autant dire une éternité.
DEPECHE MODE en veille, cela ne signifiait nullement que le groupe soit à conjuguer au passé. Le Capitaine Gore trouvera d'ailleurs le temps d'élaborer durant ce temps ce qui l'on considérera alors comme l'album le plus sombre des DM.
Fortement encouragé et poussé par son management qui somme les 3 hommes d'essayer de voir si la magie opère encore entre eux, il faut aussi savoir que durant l'enregistrement d'Ultra, Dave Gahan n'était toujours pas pleinement sortie de ses histoires d'addiction. L'album qui finalement verra le jour dans le courant de l'année 1997, s'avèrera donc assez éprouvant à réaliser, surtout pour son chanteur.

Sur fond de colère, de tristesse et de désappointement, les qualités d'Ultra n'en demeurent pas moins très présentes. Quel put*** de son en plus !!! Après plusieurs écoutes attentives, une évidence s'impose à moi : Jamais le nom de DEPECHE MODE ne m'était apparu aussi inapproprié pour qualifié aujourd'hui la musique de ce groupe. Retour à un son Electro Rock pour le groupe d'accord, mais un Electro Rock ô combien sourd, lourd et ambiant. S'il me faut le définir succinctement, je vous dirai qu'Ultra est un album en forme d'état des lieux, de bilan, en même temps que celui du pardon.
"Pardon les amis ! C'est vrai que sur le plan strictement personnel, on a salement merdé" semble nous dire à chaque phrase un Dave Gahan souvent touchant, ironique sur lui même, et presque méconnaissable vocalement sur ce disque. Avec la violence d'un titre comme "Barrel of Gun", son chant possédé et sa guitare saturée, Dave Gahan en aura une nouvelle fois surpris plus d'un. Même si Dave Gahan chante que "le feu brule encore" sur le dernier titre de l'album, le très joli "Insight", Ultra montre malgré tout à quel point la formation reste fragile, et son avenir toujours assez incertain. 


Construction Time Again


Depuis le départ d'Alan Wilder, les DEPECHE MODE ont aussi fait le choix d'aller là ou l'inspiration et leurs aspirations les conduisaient, sans se soucier du degré de succès qui pourrait découler d'une telle démarche. Ainsi le groupe ne se prive plus d'impliquer et d'intégrer à ses compositions des éléments extérieurs au groupe tels que des producteurs, des arrangeurs, des musiciens tous disposés à apporter leurs contributions savantes à l'univers complexe d'un groupe qui, malgré une direction musicale totalement opposée à celle de ses débuts, continue de créer l'enthousiasme au quatre coin du monde. La preuve, tandis que la plus part des formations issues des années 80' sont pour beaucoup disparues depuis des lustres, DM investira le Stade de France très prochainement (ce 15 Juin 2013 pour être exact) alors qu'un Simple Minds par exemple (que j'aime tout autant) se produira lui dans un bien plus modeste Zénith à Paris. Allez comprendre... La dévotion à ce stade là, ça ne s'explique même pas.

Une chose est sûre en revanche. DEPECHE MODE dans le déblocnot'... Il est absolument certain que je vous en reparlerai un de ces jours. Excitante perspective, si elle en est.
Clip 1: "Enjoy the Silence" extrait de Violator
Clip 2: "In your Room" extrait de Songs of Faith and Devotion
Clip 3: "Useless" extrait de Ultra




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