Été
1969, je passe le bac. Sur le
transistor, une chanson passe en boucle, "Avec ma gueule de métèque… de pâtre grec…".
Une voix chaude et virile, pleine de tendresse aussi, celle de Georges
Moustaki.
Mai 2013, ce matin. Les médias, qui
habituellement se vautrent avec délectation dans la sinistrose, font une
exception en annonçant dans la catégorie "infos importantes" la
disparition de ce chanteur. C'est une info triste certes, mais qui nous renvoie
à l'image d'un ménestrel amoureux de la vie qui survivra par son art et ses disques.
Avec ma gueule de
métèque, de juif errant… Un début d'autobiographie dans cette chanson
immortelle, "le métèque", pour ce fils de juifs grecs né en 1934 à Alexandrie. C'est dans les
années 50, après avoir commencé une carrière de journaliste, en rencontrant Brassens, que sa vocation d'auteur
compositeur interprète va naître. C'est aussi en 1958 sa courte liaison avec Edith Piaf
qui va le propulser au premier rang ; oh pas tellement par le côté people de
cette aventure, mais par le magnifique cadeau qu'il fera à la plus populaire
chanteuse du temps, la chanson "Milord", l'un des must de la Môme… Et oui populaire, car, et tant pis
si vous me trouvez passéiste, en ces temps là, les chansons populaires et au Top
associaient des textes et des mélodies magnifiques, simples, humaines mais non
simplistes. Il y avait bien entendu des daubes que l'histoire à euthanasié,
mais de nos jours… ben… les chansons de ce même niveau, dédiées à un large
public, ne saturent pas les ondes… heureusement qu'il y a le blog et les
articles de Pat… Non, maintenant, c'est la télé des illusions à perdre comme
dans The voice, etc…
Moustaki est une légende qui méritera des articles plus
étoffés que cet humble hommage. Dès les années 60, Il va chanter son propre
répertoire, mais aussi le partager et l'étendre avec les plus grands comme Yves Montand, Serge
Reggiani, Barbara,
avec laquelle il chantera en duo " La longue dame brune".
Son
premier grand succès en tant que chanteur vient de son premier album "Le métèque"
sorti en 1969. Suit un album live
d’une très bonne Qualité "Bobino 70" ; un premier concert en vedette
dans la mythique salle où son idole Georges Brassens
se produit. Il est accompagné par Joël Favreau
et Catherine le Forestier, le succès est au rendez-vous
et le disque du concert se vend bien.
Moustaki, un chanteur engagé ? Oui ! Un libertaire tendance
trotskiste soutenant des idéaux dits "de gauche" (au sens humaniste
plus que politique), une pensée illustrée par une chanson fétiche "Ma liberté".
On le verra chanter pour soutenir des combats dans des entreprises malmenées. Mais
avant tout Moustaki, était un poète
comme on n’en verra plus beaucoup. Moustaki
un chanteur ? Oui et plus, un conteur qui nous invite à partager son
intimité, sa pensée, sa complicité avec une simple guitare sèche. Une voix rugueuse,
soufflée, pas trop puissante, juste assez pour susurrer les mots comme on
confie un secret.
Moustaki ? Un touche-à-tout comme beaucoup d’artistes. Auteur,
compositeur, interprète bien sur, mais, il compose aussi pour le cinéma. Et
hormis la musique, il fera une très petite insertion par le cinéma et la
télévision comme acteur. Il faut le voir dans le rôle de l’abbé Faria dans "Le comte de Monte-Cristo"
de Josée Dayan avec Gérard
Depardieu dans le rôle titre. Comme auteur, il écrira neuf livres (Romans,
mémoires, recueils de chansons et entretiens). Encore un grand bonhomme qui
nous quitte et nous laisse un héritage musical que peu de chanteurs actuels peuvent concurrencer.
Moustaki ? Un homme discret qui n'est pas parti
avec tambours et trompettes, mais que l'on doit accompagner en musique pour le
grand et ultime voyage…
"Milord"
chanté par Edith Piaf, "Le métèque",
"Ma
solitude" par Georges Moustaki
puis par Serge Reggiani…
X X X
XXX
Triste nouvelle et grande perte en effet, des textes intelligents sensible et empreints de poésie REP Georges
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