Second essai transformé
Voilà
enfin le nouvel opus de P.Y.G. Sincèrement, je l'attendais
plus tôt, pensant qu'Yvan et sa troupe allaient battre le fer
tant qu'il était chaud, mais mieux vaut sortir tardivement un
produit fini que dans la précipitation un truc bâclé,
qui fera à jamais tache, et qui pourrait s'avérer
fatal.
Évidemment,
ce « We Live, We Die » fait partie du premier
lot. Toutefois, je craignais qu'il ne parvienne pas à faire
aussi bien que le premier et fort réussi « End of the World » (voir chro./lien).
En fait, il serait même possible qu'il
ait fait mieux. C'est en tout cas la première impression.
PYG au grand complet |
Dans
l'ensemble, « We Live, We Die », paraît
être dans la continuité de son prédécesseur.
On est plongé dans ce paysage de Heavy-Rock-progressif baigné
de couleurs Heavy-Metal plutôt millésimé 80's.
Une décennie que l'auteur du projet, Yvan Guillevic,
revendique et assume sans problème comme influence, et comme
son terreau. Pas d'hypocrisie chez Yvan.
Pour
son petit dernier, Yvan Guillevic (pour mémoire PYG signifie
Projet Yvan Guillevic) semble avoir privilégié une
facette plus franchement Hard-Rock ; celui des 80's, évidemment.
Non pas FM, ni AOR dans le genre grandiloquent et pompeux, encore
moins Thrash ou Speed. Rien de tout ça. C'est plutôt
dans le direct, à gros riffs cossus, d'obédience
mainstream, soit avec des réminiscences du Heavy US (mais pas
que...). Certains titres me paraissent plus faciles d'accès et
plus concis, avec parfois une relative simplicité dans les
riffs. Des riffs puissants qui s'appuient sur les power-chords et un
rythme plutôt martial. En quelque sorte, c'est un peu plus
radical.
Une
certaine recherche commerciale ? Non, je ne crois pas ; cela aurait
pu il y a vingt-cinq ans en arrière (alors que cette musique
était en vogue), mais de nos jours ce ne sont certainement pas
nos radios (libres
?? je pouffe)
qui risquent de diffuser ce style de musique. L'heure est à
l'uniformisation, et cela commence par les médias. C'est
plutôt et tout simplement un nouveau développement de la
personnalité de P.Y.G, qui, j'en suis sûr n'a pas fini
de nous surprendre. C'est également une façon de ne pas
se répéter, tout en gardant un fil (ou plutôt un
câble – gros diamètre-) conducteur. On peut aussi
subodorer le souhait d'avoir quelques titres plus percutants,
propices aux concerts, avec des rythmiques (voire des tonalités),
tant au niveau de la basse que des guitares, construites pour générer
une puissance de feu prête à décoiffer et à
ébranler les spectateurs.
La
guitare d'Yvan est un tantinet plus cossue, un degré de disto
en sus. Sur des photos récentes, il s'expose fièrement
avec une Charvel de forme stratoïde à double humburcker (une Pro-Mod - San Dimas ? - avec manche en érable, Floyd-Rose et micros Seymour Duncan "Distortion" - 1 SH-6N et un T6-6 -).
Rappelons que les Charvel furent longtemps considérées
dans les années 80 comme un des outils indispensables de
l'attirail du métalleux désirant faire parler la poudre
et rugir son ampli (des acrobates du manche tels que Eddie Van-Halen, Jake E Lee, George Lynch, Criss Oliva, DeMartini, avaient contribué au succès de la marque californienne). Elles sont conçues pour. (Depuis le rachat en 2002 par le géant Fender, Charvel aurait renoué avec la qualité). Alors ? Nouvelle arme pour explorer des contrées
plus brutales ?
Ce
que l'on remarque aussi, c'est que les chants des talentueux Nelly Le Quilliec et
Morgan Marlet apparaissent plus en osmose ; parfois ils se fondent même
entre eux, à tel point qu'ils s'avèrent désormais
inséparables. Nelly paraît plus présente, plus
confiante également, et Morgan y est tout simplement meilleur.
Le duo est également totalement intégré à
la musique d'Yvan ; tout au long de l'album il est indissociable.
Une
petite progression également dans la production avec un
développement de la dynamique. Un spectre sonore présentant un peu plus d'ampleur et un équilibre accru entre les différents
instruments.
Le
disque débute par la chanson-titre, une composition en deux
partie. La première est en fait une introduction sur une
ambiance onirique, brumeuse, avec de longues notes de guitare étirées
et baignées d'un delay long, entre le Floyd et le Rainbow des
deux instrumentaux de « Bent out of Shape ».
« We
Live, We die (part 2) » déboule tel un pur produit
de bon Hard FM US (assez dans le style de Balance, entre « In
for the Count » et « Equilibrium »),
avec son riff aux claviers, cette basse qui roucoule, cette guitare
qui dégouline de grosse disto, son refrain entêtant et
le travail des harmonies vocales.
« Ocean
Chaser » est un titre un peu lourd donnant l'impression
d'un gros bâtiment progressant péniblement, ayant du mal
à garder son cap sur une mer sombre et tumultueuse. Nelly se
taille la part du lion, elle s'approprie la chanson. Petit break
purement Heavy-Metal où Yvan transforme sa gratte en
sulfateuse.
« The
Dogs who wants to play » arrive tranquillement sur sa
basse trottinante. Un vague air du fameux « Portrait »
de Kansas. Toutefois, assez paradoxalement, c'est ici bien plus
progressif que le titre du sextet américain, notamment avec des
claviers planants qui génèrent une ambiance vaporeuse
(que l'on croirait presque échappée d' »Oxygène »
ou d' « Équinoxe » deJean-Michel Jarre),
et un chant bien plus éthéré qui évoque
davantage David Byron ou John Lawton que Steve Walsh. Le Rouennais
Pat O'May fait une apparition en offrant un superbe solo de guitare,
avec une approche mélo-dramatique totalement dans le ton du
titre (ce qui n'est pas toujours le cas des interventions d'invités).
On
vient juste de citer David Byron (et John Lawton)... Et bien
justement, voilà une bonne surprise avec cette excellente
reprise du « Easy Living » d' »Uriah
Heep » qui devrait combler d'admiration Ken Hensley et
Mick Box. Tout y est parfaitement en place, y compris le clavier
d'Hensley et, gros obstacle, le chant de Byron. En bonus, une
cavalcade, côte à côte de la guitare et de
l'orgue, dans la pure tradition de Deep-Purple et du Heep, avec un
son plus proche des réalisations récentes de ces deux
dinosaures. Un bel hommage, pour un groupe injustement oublié
(même s'il a toujours son noyau d'ardents défenseurs, y
compris chez les jeunes – non,
pas les minots
-), malgré l'influence qu'il eut sur des groupes majeurs de
Heavy et de Rock-progressif.
On
ne laisse pas retomber la pression avec « Tonight I'll
kill a king » qui fait une incursion dans
l'heroïc-fantasy. Cela débute par une intro très
calme, vaporeuse, jusqu'à ce qu'un gros riff estampillé
Tony Iommi vienne plomber le tout sans ménagement. D'ailleurs
ce titre aurait été à son aise sur le « Seventh
Star » du gaucher de Birmingham.
Yvan
ne fait pas de quartier lors de son solo : wah-wah colorée,
vibrato traité sans ménagement, exploration du manche
par (cinq ?) quatre doigts nerveux et tapping assassin en coda. Une
pièce épique dont la pesanteur de la rythmique est
atténuée par les claviers et le double chant. Un des
sommets de l'opus.
« Beyond
the last gate » est une superbe pièce instrumentale
où Yvan brode un chorus plaintif, construit sur une poignée
de notes. Une sélection travaillée au vibrato qui tend
et détend les cordes sans pitié. Des cordes torturées
par ce vibrato sadique qui les écartèle jusqu'à
ce qu'elles crient leur souffrance dans une mélopée
déchirante. Yvan extirpe quelques notes aigües qui
réveilleraient un mort. Les arpèges fluides de la harpe
celtique de Clothide Trouillaud tranchent sur cette complainte
électrique. La harpe a toujours ce don d'évoquer
l'harmonie d'une nature reposée, d'un printemps fleuri, d'une
forêt accueillante et tempérée, ou d'un ruisseau
bordé de mousse, d'un nemeton.
La
harpe et le discret fond sonore de Jean-Noël Rozé exacerbent le côté
mélancolique du morceau.
« I
won't let you go » ballade heavy-rock progressif un peu
dans le style d'Uriah-Heep des années 90 avec quelques légères
montées en puissance. Un moment de relative accalmie qui met
en valeur les performances de Nelly Le Quilliec.
« Hey
Woman » reprend les hostilités en envoyant un mixte
de Heavy-rock carré s'ébattant avec bonheur dans des
eaux fréquentées par le Scorpions de « Blackout »
et de « Love at first sting », voire de Warrant
et de Ratt (avec un riff carré coloré au Flanger). Quelques saveurs de Glam
californien et d'un Rock (héroïque ?) à la Simple
Minds (« Goods news from the next world »).
« On
the Wall » souffle le chaud et le froid en alternant entre
un mouvement calme et reposé, et un autre martial et offensif
(presque un riff à la Ramnstein). Yvan sort son attirail de
pyromane et fait un joyeux feu d'artifice sur sa six-cordes, qu'il
écourte... le manche commençait à fumer.
Parfois, ça sent le Queenrÿsche.
« Song
of the Werewolf » pourrait bien être l'Everest de
l'opus. Last but not least. Certainement mon préféré.
Une pièce de Heavy-Metal épique à la couleur
dramatique hollywoodienne. On y retrouve du Iron-Maiden, du
Uriah-Heep, du Warrior, du Dio, du Black-Sabbath, du Savatage. Une
composition évoluant par paliers. Un invité (Alain
Boccou) vient même pousser des borborygmes (du death growl) sur
un passage primaire purement Heavy-Metal (Metallica). Après un
solo de synthé de bataille spatiale, du genre Don Airey,
(signé Jorris Guilbaud de Shadyon), Yvan lâche un
superbe solo satrianien en diable annonçant le retour du côté
mélodique.
Un
autre sommet.
PYG
étoffe son répertoire en évitant la redite, le
plagiat cannibal, avec des compositions dans l'ensemble plus
directes. Ce qui augure de bons concerts en perspective.
Bien
que tous les titres soient de la plume de Guillevic (à
l'exception évidemment de la cover), à aucun moment il
n'en profite pour en faire des tonnes, rien qui s'apparente à
une digression. Même si, à deux ou trois reprises -au
maximum-, Yvan se lâche dans un débit de notes que l'on
pourrait considérer comme démonstratif (en étant
vraiment tatillon) ; jamais aucun solo ne s'impose au détriment
de la bonne tenue et de la cohésion de l'ensemble. D'ailleurs,
à cet effet, les solos sont assez courts, Yvan préférant,
sur des pièces plus longues, se fendre d'une seconde offensive
plutôt que de s'égarer en babillage inutile.
L'année
dernière, le magazine Hard Force avait élevé PYG
au rang du Top 4 des meilleurs concerts de l'année. Avec le
nouveau matériel en renfort, cela risque fort de chauffer.
Yvan souhaite s'attaquer à l'Europe ? Ça va chier. Certains groupes vont faire la gueule.
Yvan souhaite s'attaquer à l'Europe ? Ça va chier. Certains groupes vont faire la gueule.
Guitares, auteur, compositeur et producteur : Yvan Guillevic
Guitares additionnelles : John Chaussepied
Chants : Nelly Le Quilliec & Morgan Marlet
Claviers : Jean-Noël Rozé
Basse : Bernard Clémence
Batterie : Julien Oukidja
,50
Yvan nous parle lui-même de son nouvel opus
le "The Teaser"
... et la vidéo
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