dimanche 17 février 2013

WITCHCRAFT "Legend" (CD 2012) par Vincent le Chaméléon




Un homme à l'amère


Il faut que je vous avoue quelque chose. Le moyen le plus plaisant qu'il m'est encore donné d'avoir, afin de continuer à m'informer de l'actualité musicale, c'est d'aller m'acheter presque chaque mois la presse spécialisée (Rock Hard, Rock First, ou jadis feu CrossRoads). C'est vrai ! J'adore encore ça. Mais pour combien de temps encore ? 
Pourquoi cette soudaine crainte de ma part allez-vous me demander ? Les faits sont pourtant bien là non ?

Des petites boutiques de disques sympas, il y en a combien dans votre région ?
Et des petits cafés-concerts... Vous en comptez combien désormais autour de chez vous ? Chaque jour il s'en ferme un de plus.
Au départ, victimes de nouvelles lois imposant aux propriétaires des lieux de mettre en conformité leurs établissements afin de réduire les nuisances sonores (les coûts s'élevant bien évidemment à plusieurs milliers d'euros..), s'est ajoutée celle (de loi) de ne plus fumer dans les lieux publics (je précise que je ne suis pas fumeur). Ajoutez à cela des sanctions de plus en plus sévère à l'encontre des consommateurs d'alcool (la tolérance 0 c'est à mon avis pour bientôt !), et nous y voilà les amis !!! Les Samedis soir chez Pierrot, ceux où l'on braillait et "boeufait" jusque tard dans la nuit, le haut de chemise trempé par la sueur, les neurones en vrac mais le cœur léger (plus léger encore que le cerveau d'une Rihanna), tout cela mes amis, c'est presque fini.


Combien ? Combien de temps encore ?


Puis, tandis que les ventes de disques continuent leur irrémédiable chute libre, de 10 à 15 % par an, j'apprends que le temple parisien du disque (le Virgin Mégastore des Champs Elysées) vient de fermer ses portes. On me souffle dans le même temps que l'emblématique Fnac serait, elle, sur le point de se séparer définitivement de son rayon disques (mes sources sont des plus sérieuses) dans un avenir s'annonçant lui aussi proche. Il m'arrive d'ailleurs de m'en étonner encore quand j'apprends ce que vient de toucher le trio vedette de l'année écoulée. Grosso merdo on prend les mêmes et on recommence : Jojo aura engrangé 7,6 millions d'euros en vendant 400 000 copies de son dernier album en 2012. De son côté, la "bouse Dance" que continue de mixer (elle est bien bonne celle-là !) David les ch'veux sales, lui aurait encore rapporté plus de 3 millions d'euros, tandis que la quinqua Farmer maintiendrait son cap en oscillant encore et toujours aux alentours des 3 millions de revenu par an. C'est à n'y rien comprendre parfois !
Une chose est en tout cas certaine, le disque (en tant qu'objet de culte et de collection) a définitivement perdu de l'attrait qui était jusque-là le sien. Putain de génération téléchargeable !  Alors quoi ? Moi aussi je suis à ranger dans la catégorie Has Been ? Déjà ?!
 Fuck you !

À ne plus vouloir payer... On le paye déjà



Comme l'expliquait Bruce Dickinson (chanteur chez IRON MAIDEN comme vous le savez) et Kirk Hammet de METALLICA, la seule alternative qu'il reste (même chez ces groupes-là !) pour maintenir leur bateau à flot, est celui de jouer intensivement aux quatre coins du monde, et sans trop de relâche durant l'année. La durée de vie (entendez par là rentabilité) d'un disque, juste après sa parution, se situant environ entre 3 et 4 mois, on comprend alors mieux le pourquoi de la hausse sensible du prix de places des concerts ces dernières années. Ben oui ! Pour pallier aux manques à gagner, il faut bien trouver une alternative. CQFD.
Le prix des places de concerts étant maintenant devenu ce qu'il est, je l'avoue, à quelques 45 euros la place (au minimum), ce plaisir d'hier est désormais devenu au-dessus de mes moyens. Wouah la crise ! Arrête tes conneries ! (dixit Coluche). 
Aujourd'hui donc, l'avènement du disque (en tant qu'objet de consommation courante en tout cas). Demain sans doute le livre (puisqu'on le lit désormais sur des tablettes aïe machin chose). Puis viendra la fermeture des petits cinémas de quartiers (multiplex, multiplex, multiplex), etc...

Tout ça pour en arriver là !



Ouaip ! Avec tout ça je m'aperçois que je ne vous ai pas encore dit un mot sur l'une de mes dernières découvertes et acquisitions : L'album Legend des obscures Suédois de WITCHCRAFT. À la vérité, je dois vous dire que, et malgré tout le bien que je pense de cette formation et de son dernier rejeton, le cœur n'y est vraiment pas. Après tout, quand je vois de quelles manières on traite aujourd'hui la musique, et plus particulièrement tous ces artistes musiciens ainsi que leurs œuvres (que l'on pille avant même leurs premiers succès), il y a vraiment de quoi perdre la foi. Non ?  
Ce qui est drôle (tiens pour le coup ça nous change un peu), c'est que ce groupe, au même titre que les Rival Sons, The Answer, The Sword, Wolfmother, Graveyard et bien d'autres, s'inscrivent ouvertement dans un esprit typé 70'. Un choix marketing de leur part affirment certains ? C'est oublier que, estampillée, labellisée 70', 80', 2000 ou je ne sais quoi, la musique se vend de moins en moins (il faut vous le dire comment ?)
Les faits sont néanmoins là : Le retour aux sons des années 70 est bel et bien de retour depuis 4 ou 5 ans. Au sein de la sphère Hard et Metal en tout cas. Qui plus est, la sincérité, l'inventivité avec laquelle la plupart de ces musiciens jouent, force mon admiration et m'invite par la même occasion à y croire encore. Avec un disque comme celui-là, WITCHCRAFT ne me fera nullement mentir.

Parce qu'ils le valent bien




Ok ! ok ! ok ! Je vais quand même vous en dire quelques mots de ces inconnus de WITCHCRAFT et de leur Legend. Parce qu'à bien y réfléchir, et quand bien même il ne vendra chez nous que quelques centaines d'albums (ce qui n'est même pas sûr), eux au moins le valent bien.

A la base, la formation fût créer au début des années 2000 dans le but de rendre hommage à l'obscure formation Pentagram, dont le chanteur et guitariste Magnus Palander reste à ce jour un fan absolu. Au même titre que le Black Sabbath de Ozzy Osbourne. Ce qui s'entend d'ailleurs sur le titre "Deconstruction" qui ouvre l'album. Depuis, et 4 albums plus tard, WITCHCRAFT est-il en passe de devenir un groupe à son tour influant ? Dieu seul le sait. Toujours est-il que la cohésion qui émane du groupe, pourtant remanié au 2/3 juste avant l'enregistrement de ce disque, est assez bluffante. 
Il faut dire qu'entre toutes ses éminentes influences savamment digérées et les multiples ambiances jouées avec soin et intelligence de la part des deux guitaristes, tout comme cette voix à la forte personnalité et qui n'a nul besoin d'éructer pour se faire entendre, les 5 suédois ont quasiment réussi l'album parfait.

Porté par un esprit assez psychédélique nous ramenant inévitablement à cette sacrée décennie que furent les 70', le Hard Rock grassouillet des scandinaves se distingue aussi, outre sa rythmique ultra Heavy, voir Doom (c'est à dire lourde, lente et écrasante), par cette capacité à souvent brouiller les pistes en changeant de direction au sein d'un même morceau. Voilà qui aura pour effet d'inciter l'auditeur à s'investir un peu plus que d'ordinaire afin d'y déceler tout le travail minutieux que le groupe aura apporté à chacune de ses compositions. La production exemplaire (d'un certain Jens Bogren), à la fois chaleureuse et organique, tout en étant très actuelle, apporte assurément une plus-value à ce Legend... Qui ne demande d'ailleurs qu'à le devenir.

Outre son énigmatique illustration (un aigle cybernétique - moderne pour le coup), ce qui me plait par-dessus tout dans cette œuvre des WITCHCRAFT, c'est qu'en ne jouant pas sur le registre de la facilité (le refrain immédiat, le solo placé bien au milieu, la durée réglementaire du morceau, etc...), le groupe offre toutes les possibilités d'interprétations possible à son auditoire. Cela dit, n'allez pas vous imaginer que le Hard Rock des suédois donne dans le compliqué, le complexe ou le cérébral. Non ! C'est juste que ce club de ces 5 là ne balise à aucun moment sa musique. De ce fait, voilà qui a pour effet de nous donner l'envie d'y revenir assez régulièrement.

Enfin, détail qui a pour moi son importance, la personnalité musicale des musiciens étant ce qu'elle est, n'importe lequel d'entre eux aurait pu être tenté de prendre parfois l'ascendant sur ses acolytes. Ne serait-ce que pour briller l'espace d'un instant. Que nenni ! On n'est pas chez Dream Theater ici. Tout le monde joue à armes égales sans jamais tirer la couverture à lui. Parce qu'en définitif et avant toute chose, chez WITCHCRAFT, c'est d'abord la musique que l'on cherche à servir. Et de ce côté-là, Legend est une franche réussite.

Vidéos



Witchcraft : Flag of Fate & By Your Definition  (titre bonus de l'édition limité)



5 commentaires:

  1. C'est pas les Famous Five de Enid Blyton mais cela tient la route...
    Il y a de bons groupes en ce moment. C'est encore underground mais je sais et j'en suis sur ( je suis moins à l'amère que toi ) que le hard Rock va revenir au devant de la scène Zikale ! Et des jeunes avec de l' acné vont se faire des petites soirées sur cette Zik. Moi je viens de découvrir récemment ZODIAC " a little Bit of Devil" et je me le passe en boucle.

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  2. Pas mal ce groupe.

    A propos de la chute de "l'objet disque", je l'ai déjà dit (mais j'aime bien me répéter) : je n'y aurais personnellement pas contribué, n'ayant jamais téléchargé de disques, ni de films d'ailleurs. Pas un seul. (Et encore moins un "livre numérique", quelle horreur !). J'ai gardé tous les 33 tours de mes groupes et compositeur classique préférés (mais ai viré les autres faute de place), et me suis toujours débrouillé pour avoir de quoi m'acheter mes CD, DVD et BLU-RAY. Et mes livres.

    Je suis attaché aux objets quand ils signifient quelque chose, et d'autant plus s'ils sont beaux et bien réalisés. Et il faut soutenir financièrement les artistes et créateurs.

    Je crois que je suis réfractaire à la dématérialisation aussi pour cette raison : une seconde de bug, et hop !, toute ta discothèque ou cinémathèque disparaît simultanément de ton disque dur. Certes on peut faire une copie externe, mais celle-ci aussi peut être perfectible.

    Bien d'autres choses disparaissent encore du monde que nous avons connu, je suis d'ailleurs en train de travailler sur un article-constat de cette société "mondialisée" qui se met en place malgré nous (à paraître bientôt sur mon blog, si tout va bien).

    Non, vraiment, je ne sais pas dans quel cauchemar de civilisation nous allons mais nous y allons ! Merci qui ?

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  3. Une précision au sujet du téléchargement :
    - un CD, ou DVD, enregistré à la maison aura toujours une durée de vie réduite (le mode d'enregistrement n'étant pas tout à fait le même). Les fabriquants de CD/DVD vierges prévoient d'ailleurs un nombre d'écoute bien moindre, par rapport à ceux pré-enregistrés.
    - ils sont nettement plus fragiles.
    - rares sont les téléchargements ne présentant pas de défauts. Les films ont souvent du grain, et la bande-son a perdu son relief. Quant à la musique, mieux vaut pas monter le son (à moins d'avoir du gros matos - il existe maintenant des sortes de convertisseurs pour rendre le Mp3 plus musicale (!?) - Ha ? Pourquoi ? Il ne l'était pas auparavant ? -), ou l'écouter au casque.

    Quel forme de cauchemar, Christian ? Peut-être ne forme d'uniformisation mondiale et de purs produits de consommation "kleenex".

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  4. Christian et Bruno: Pardon d'intervenir si tardivement.

    Merci d'avoir été sensible à l'amertume et au constat désolant qui est le mien.
    Si il apparaît que nous avons la même perception des choses, il semble que, et pour la masse grandissante de ceux qui n'écoute plus de la musique qu'en télé-chargement et/ou sur un IPod, leur perception quant à la qualité d'un "vrai bon son" soit désormais le dernier de leur soucis. Il faut voir comment, rien que dans mon entourage, la jeune génération écoute SA MUSIQUE: 2 pauvres enceintes 10 watts, parfois même avec une simple oreillette ou directement sur l'ordinateur...

    C'est à en pleurer.

    Tiens ! Je ne m'étonne même pas qu'il n'y ait pas eu plus de discutions (d'interventions) autour de ce ce triste constat des choses ici.

    Il me viens soudain une anecdote.

    Dans mon job, il arrive fréquemment que mon patron prenne de jeunes stagiaires de 16 ou 17 ans.
    Comme chacun sait, il arrive qu'encore de nos jours, le "jeune" aime a arborer fièrement le T-shirt de son groupe préféré. C'est bien légitime. Ben oui mais à condition que...

    A celui qui portait fièrement LE T-shirt "England" de Motorhead, j'avais posé les 3 questions suivantes: Sites moi 1 album du groupe, le nom de son emblématique chanteur, et le nom d'un des musiciens jouant (ou ayant joué) au sein du groupe.

    Une seule put*** de réponse est sortie de la bouche du boutonneux. "Ace of Spades".

    L'autre de ses pseudo metalleux portait lui aussi fièrement un autre de ces T-shirts. LE T-shirt d'Iron Maiden par excellence. Inutile de préciser lequel. Et bien il osera m'avouer qu'il ne portait l'emblématique figure d' Eddy et du diablotin, uniquement parce qu'il aimait bien le dessin.

    Bor**l !!! Ca se mérite de porter ça sur soit.
    (Et en plus ils sont complètement incultes).

    En un mot comme en 100: Misère.


    Merci de votre visite à tous les deux.

    Le Chaméléon.

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