LA SAINT VALENTIN AU DEBLOCNOT...

On n’aurait pas dû se trouver là, ce soir-là, mais en train de courir le fleuriste et rentrer chez soi bouqueté de fleurs pour notre bien aimé ou aimée… Et puis, la boulette. Une histoire de compteur électrique, de serveur informatique, le frigo de Philou qui nous pompe une énergie folle, bref, ça disjoncte de partout, et on se retrouve tous bloqués dans les locaux de Déblocnot. Impossible de déverrouiller la porte, et inutile espérer passer par la fenêtre, située au quatorzième étage. Pour le soir de la St Valentin, nous allions tous crécher ici, au bureau. Sympa l’ambiance. Comme il nous restait quelques bonnes bouteilles (on en planque, rapport à notre collègue qui… enfin… vous voyez quoi…) l’idée a germé de faire une petite fiesta sur place, certains se frottant déjà les mains à l’idée d’inviter une des filles à danser.  Avec toutes les ballades folkeuses qui sentent bon le soleil de la Californie, c’est Philou qui a été désigné pour faire les premières démarches. 

- Euh, Sonia, ça te dirait de… enfin de… avec moi ?

Évidemment cette cruche s’est mise à hurler, ce qui a alerté Elodie et Foxy, qui ont déboulé l’œil noir. 

- Ce n’est pas du tout ce que vous croyez, je voulais inviter Sonia à danser, puisque ce soir on est coincé ici, autant en profiter… C’est une soirée spéciale, on pourrait se mettre de la musique douce…

Elodie, elle explose :

- De la musique douce ?!!! Parce que vous savez ce que c’est, vous, la musique douce ?! Où que c’est que tu as vu dans les libellés du blog « musique douce » ? Y’en a que pour vos chevelus !! Je dis pas qu’il faut une rubrique Julio Iglésias, mais tout de même, c’est du genre burné votre sélection !!

C’était injuste. Philou est reparti la mine piteuse… Il nous a raconté ça, et là, le sang de Rockin’, de Bruno, de Vincent n’ont fait qu’un tour ! Quoi ? On n’aurait rien en stock pour adoucir les mœurs et faire fondre le cœur des filles ??? Ni une ni deux, le Vincent a foncé, le poing levé en scandant « Nothing else matters ».

- Et c’est de qui ?

- Ben euh… Metallica…

Oui, bon, comme ça, sur le papier, ce n’était pas gagné, et pourtant, des slows dans le Heavy Metal, y’en a quelques-uns, à commencer par le cultissime…

- Still loving you !!!

Il était content de sa trouvaille, Claude, qui déjà se remettait un coup de peigne pour inviter Foxy sur un joue contre joue de 6’30. Mais bon, les slows teutons, Foxy, c’est pas son genre, et elle est repartie avec sa photo de Rock Hudson serrée sur le cœur… Rockin’ nous a dit : faites place les gars, j’ai ce qu’il faut. « Still in love with you » de Thin Lizzy. Imparable. J’emballe, et je reviens. Effectivement, il est revenu, deux secondes plus tard… Pat nous regardait, l’air amusé… Vous n’y connaissez rien les mecs, il leur faut du classique, du français, pour murmurer les paroles… « Reality » de Richard Sanderson (pour le français, tu repasseras Pat !), la BO de La Boum, en plus ça va leur rappeler leurs années lycées… Et il y va le Pat, peur de rien le gus ! Dans sa manche, il avait prévu un « Eté indien » de Joe Dassin, et « Nous » de Hervé Villard, pour carrément les mettre à genoux les filles. Tu parles…  Capri, c’est bien fini, et Aline peut rentrer de la plage, rien à faire… Luc a sorti son artillerie. Ni dieu ni maître. Si, un Dieu : Eric Clapton. Allez, balancez-moi « Wonderful tonight » sur Slowhand, z’allez voir ça. On a vu. Ou plutôt, on a rien vu. Le Philou est reparti à la charge avec « Drive » des Cars, il enchaine avec « Angie » des Stones, et pensait les achever avec « I’m not in love » de 10 CC. I’m not d’accord, qu’elles ont répondu les filles… Luc retente sa chance avec « Honesty » de Billy Joel. Honnêtement… pas de résultat. Vincent a changé de braquet, okay, le Métal, ça ne passera pas, mais le rock FM calibré à toutes ses chances, faites pêter « I want to know what love is » de Foreigner. Tu veux vraiment savoir ? Rien non plus. De toute façon, la Sonia passait son temps à répondre :

- J’peux pô, j’garde le sac de ma copine… 

X X X

Ben voyons… Claude s’est souvenu de ses tendres années, rien de moins que The Platters avec « Only you ». Fallait le voir se dandiner jusqu’à la piste le Rudolph Valentino, les trémolos dans la voix et tout. Only lui, ouais. Le fiasco. Christian a plongé dans ses disques de prog, il a ressorti « Night in white satin «  des Moody Blues, qu’il avait prévu d’enchainer avec « Rain and tears » de Aphrodite’s Child. Prévu seulement… Pat n’en démord pas, faut du français, tiens Cloclo et son « Le téléphone pleur »… Il tend le combiné à Sonia, qu’elle fasse la gamine, il avait même prévu la chorégraphie… Il n’avait pas prévu le coup de bigot sur la gueule !!! 

Bruno nous pousse du coude, attendez, j’ai la perle rare « If you leave me now » de Chicago. Rien. Elodie propose aux filles de s’installer dans la salle de projection, et de se repasser « Quand Harry rencontre Sally », qui est moins long que « Titanic ». Luc tente un « Perfect day » de Lou Reed, tente seulement, et Claude revient à la charge avec « Love me tender » d’Elvis. Merde ! « Love me tender » ce n’est pas rien !! Rockin nous sort un « I’d rather go blind » de Etta James, comme ça, à l’aveuglette, mais les filles sont restées sourdes… Il reste dans la soul, et programme « When a man loves a woman » de Percy Sledge. Ça se bouscule à la platine, Vincent se précipite avec son « Eternal flame » des Bangles, Philou attaque avec « Every hurts » de REM, alors que Bruno brandit « A whiter shade of pale » de Procol Harum, et Claude qui revient à la charge avec « Say you, say me » de Lionel Ritchie… On a même osé « I do it for you » de Bryan Adams, c’est dire si on était désespéré… Luc acourt à bout de souffle avec sa collec de Deep Purple, si si , vous verrez, « When a blind man cries » personne ne résiste à ça… Et ben si, la preuve…

X X X

De toute façon, les filles sont déjà barrées, elles se matent pour la 43^ème fois les affres de Billy Crystal et Meg Ryan. L’heure tourne. Elles ressortent de leur projection, l’œil encore humide. Et là, elles n’en reviennent pas. La lumière tamisée, les bureaux déplacés pour former une sorte de piste, trois couples s’enlacent tendrement. Philou et Bruno, en train de pleurer sur le solo final de « Hotel California » des Eagles, et ses 6’30 de vas-y comme j’te plotte, un trio romantique avec Claude, Pat et Vincent, sur « Holidays » de Scorpions, et là-bas, dans un coin sombre, Rockin’ et Luc qui s’écrasent les arpions sur le « Unchained melody » des Righteous Brothers. 

- Oh, trop cool, la chanson de « Ghost », qu’elle s’exclame Elodie. 

Alors là, on se dit qu’on a enfin touché le gros lot. Non parce que, franchement, les paluches de Rockin’ au cul, ça va deux secondes !

- V’nez les filles, on va se mater GHOST, Patrick Swayzes il est trop craquant…  

Arrffff… Vincent il nous dit : laissez tomber les mecs, j’ai encore « Don’t cry » des Guns’n’Roses, « Wind of change » de Scorpions, « Winter dream » de Accept, et « Empty Room » de Gary Moore…

- J’adore Gary Moore !! qu’il s’exclame Rockin, les yeux rivés sur son partenaire...
 

Luc tire une de ces tronches, et s'adresse aux filles...

- Euh, dans GHOST, y'a pas que Swayzes, y'a Demi Moore aussi, hein ? J'peux v'nir avec vous ?!!

Maintenant, c'est Rockin' qui fait la tronche, seul sur la piste...