Oui je sais, ce n’est pas très original. Mais bon sang que c’est bon !! D’autant
qu’une nouvelle édition de ce grand classique vient de sortir. A l’album d’origine s'ajoutent quatre bonus et un second CD live (concert du 27/04/77, intégral uniquement sur la super-hypra Deluxe version en 3 CD qui fait jacuzzi, grille-pain-bluetooth et GPS 3D intégré...).
Bon,
dans ces années-là, Monsieur Eric est au plus bas, mais sa discographie est au plus
haut. En
1977, il est sorti de sa dépendance à l’héro pour mieux replonger dans ses
bouteilles de vodka et ses plaquettes de médocs. Au point de s’écrouler sur scène, comme en avril 1977, à Londres, où
un Pete Townsend très en colère lui a remonté les bretelles fissa pour qu’il
finisse son boulot. L'année suivante, c'est carrément la tournée qui menace d'être annulée faute de combattant...
C’est
aussi une époque où Clapton aime à jouer entre potes, une musique plus cool aux accents
country. Juste histoire de passer du bon temps. Comme il s’était amusé à tenter les
tempos reggae trois ans plus tôt, au moment de l’album 461 OCEAN BOULEVARD (gros succès de 1974) où figurait la reprise « I
shot the sheriff ». C’est en 1974 que Clapton retrouve un semblant d’équilibre,
et forme autour de lui son premier vrai groupe, des amis, des fidèles, les mêmes en studio et en tournées. En 1976, il sort BACKLESS avec une pléiade
d’invités (Dylan, Ronnie Wood, The Band au complet), et pas mal de nouveaux
titres sont joués en concert, donc certains se retrouveront sur l’album suivant :
SLOWHAND.
C’est
donc un groupe rôdé, soudé, qui entre au Olympic Studios de Londres en mai 1977,
sous la houlette d’un nouveau producteur pour Clapton : Glyn Johns. Et c’est
« Cocaïne » qui ouvre les hostilités, une chanson écrite par JJ Cale,
que Clapton a fait sienne. Une chanson bâtie sur un riff dépouillé, une voix très
subtilement doublée, des cocotes de guitare rythmique discrètes, et un jeu de
batterie assez proche de la perfection, bref, la barre est placée très haute
dès l’entame. D’autant que ce qui suit est assez renversant, « Wonderful
tonight » une ballade lumineuse dont l’origine est pourtant très terre à
terre : Clapton, las d’attendre sa femme, pour partir dîner, lui lance un « viens
comme tu es, tu es très comme ça ce soir… ». Ecrite en 10 minutes,
enregistrée en deux heures le premier jour des sessions, c’est le sans faute absolu !
Bon, pour la rubrique people, sachez que la dame en question était l’ex-femme
de George Harrison, et qu’ils allaient
dîner chez McCartney. Ahhh, ces mondains anglais…
Autre
grand hit de Clapton, « Lay down Sally » est d’influence country,
moulin sur la caisse claire, guitares jouées en picking, tout y est juste, les chœurs
de Yvonne Elliman et Marcy Levy, cette dernière étant co-auteure du titre. J’adore
la suivante « Next time I see you » une compo de Clapton, jolie mélodie, une voix
douce et champêtre pour proférer quelques menaces, alternant les Next time
you see her, tell her that I love her et les And if you see her again, I will
surely kill you !
Yvonne Elliman et Marcy Levy |
Alors
le gros morceau de bravoure arrive sur la face 2, « The Core », co-écrite
et partagée au micro avec Marcy Levy. Un titre qui tranche d’abord par sa durée, 8’45,
et son style, plus rock 70’s. Avec « The Core » on replonge vers le
Clapton de DEREK AND THE DOMINOES, où le blues rock flirtait avec le jazzy et
les longs chorus improvisés. Clapton et le guitariste George Terry y croisent
copieusement le fer, sur une rythmique qui se fait plus funky, une basse qui
pourrait être celle d’un Jack Bruce, et après un chorus de claviers, c’est le
saxophone de Mel Collins qui débarque, avant que Clapton ne ré enquille. Un
titre qui me rappelle l’esprit de "Can't you hear me knocking" sur le STICKY
FINGERS des Stones.
Après
ce plat roboratif, on digère avec « May you never », plus légère dans
l’assaisonnement, avant la reprise inhérente aux albums de Clapton, et c’est
Arthur Crudup qui est à l’honneur (l’auteur de « That’s allright mama »),
avec le lancinant « Mean old Frisco », blues en binaire, où la slide
est de sortie, dommage que le morceau soit shunté sur la fin, on en aurait bien
repris quelques rasades. Guitare acoustique en fond pour le « Peaches and
diesel », composition typique claptonienne, en collaboration avec Albhy
Galuten, un touche à tout, qui oeuvra aussi bien pour les Bee Gees, Diana Ross,
ou Whisbone Ash, et c’est justement à eux que l’on pense pour ce titre instrumental,
qui a tendance à se barrer un peu vers la variétoche tout de même. On retrouve
aussi l’esprit de la seconde partie instrumentale de « Layla », c’est
joli, mais il ne s’y passe pas grand-chose. Réduit à deux minutes, en solo, cela aurait été plus sympas. Dommage de finir l’album sur ça, c’est sans
doute le seul bémol à porter au crédit de ce disque.
SLOWHAND sera la plus grosse vente des albums de Clapton dans les années 70, sans doute son album le plus célèbre, et franchement, ce n'est que justice. On peut réellement observer l'évolution d'un musicien d'exception, parti du blues pur et dur (BLUES BREAKERS), passant par la fusion proto-hard-blues psychédélique (CREAM), le blues-rock jazzy (DEREK), pour une décénie plus tard poser les bases d'un country blues à la fois populaire (oserai-je dire commercial vu le nombre de galettes écoulées ?) exigeant et référencé.
SLOWHAND sera la plus grosse vente des albums de Clapton dans les années 70, sans doute son album le plus célèbre, et franchement, ce n'est que justice. On peut réellement observer l'évolution d'un musicien d'exception, parti du blues pur et dur (BLUES BREAKERS), passant par la fusion proto-hard-blues psychédélique (CREAM), le blues-rock jazzy (DEREK), pour une décénie plus tard poser les bases d'un country blues à la fois populaire (oserai-je dire commercial vu le nombre de galettes écoulées ?) exigeant et référencé.
Parmi
les quatre inédits enregistrés au cours des sessions, le « Looking at the
rain » n’apporte pas grand-chose au tableau de chasse de Slowhand. Je préfère
nettement la reprise de « Alberta » que Clapton chantait sur son Unplugged,
version dépouillée, la voix usée. Superbe. Accordéon, harmonica et percus au
menu de « Greyhound bus » dans lequel j’y entends un peu le « Chimes
of freedom » de Dylan. Aurait mérité sa place sur le pressage de SLOWHAND.
Ballade bluesy sur tempo de valse pour finir avec « Stars, strays and
ashtrays », sur tapis d’orgue Hammond, qui met un peu de temps à prendre
de la consistance.
Le
second disque nous propose un concert du 27 avril 1977 (donc avant les sessions
studios). Avec le même groupe, composé donc de George Terry à la guitare, Dick Sims aux
claviers, Carl Radle à la basse, vieux compagnon de route de Clapton depuis
DELANNEY & BONNIE, DEREK AND DOMINOES, et qui officiait aussi chez les MAD
DOGS de Joe Cocker. Et aussi Jamie Oldaker à la batterie. Là, c’est le vrai beau
cadeau de cette édition, qui commence par le splendide « Tell me truth »
(sur LAYLA) 9 minutes rageuses bien slidée, puis le « Knocking on heaven’sdoor »
de Dylan en reggae, le blues très Crossroad avec « Steady rolling man »
(normal, c’est de Robert Johnson). On a droit au très beau « Can’t find my
way home » de Steve Windwood chanté par Yvonne Elliman, avec Marcy Levy à
l’harmonica, au fameux « Further on
up the road » balancé sur un shuffle trépidant de Jamie Oldaker, avec
chorus à gogo, notamment Dick Sims à l’Hammond. Quel feeling ! Encore un
classique immense, le « Stormy Monday » de T Bone Wlaker, sur un tempo si lent qu’on a l’impression que l’édifice va s’effondrer sur
lui-même ! Aussi pur que le diamant ! Après un « Badge »
co-écrit avec Georges Harrison, le gros poisson c’est cette version dantesque
du « I shot the sheriff » de Bob Marley, hit de Clapton sur 461 OCEAN
BOULEVARD, une jam de 14 minutes, long solo de guitare, dialogue avec l’Hammond,
et là encore, l’ombre des DEREK (je pense à « Why does love got to be so sad »
sur le live au Fillmore) et oh miracle, à la 9ème minute les
percussions de Sergio Pastora et la batterie de Oldaker emplissent l’espace, et
nous transportent direct au carnaval de Rio ! Le groupe conclut sur « Layla »
dont je ne connais pas de version live plus intense que l’originale studio,
mais celle-ci est pêchue à souhait, et ça dépote sec côté guitares ! Très beau concert, et bien représentatif des différentes périodes de Clapton. On regrettera juste un petit manque d'originalité dans les titres sélectionnés, tout fameux qu'ils soient, les "Badge", "Further" , "Layla" sentent tout de même le rechauffé !
Alors bien sûr, il y a des chances que ce SLOWHAND trône déjà en bonne place chez vous. Mais le travail
sur le son est impeccable, on retrouve cette ambiance cosy, intime, cette
frappe feutrée de Jamie Oldaker, sa voix cotonneuse et fragile de Clapton, et cette veine
country-blues qui lui sied particulièrement bien. SLOWHAND se déguste toujours avec plaisir, et
ce live en bonus achève de nous convaincre : oui cette nouvelle édition n’est
pas superflue.
Le "Lay down Sally" de SLOWHAND, suivi de "I shot the sheriff" en live, 1977.
Ravi que cette réédition t'ai plu! J'ai vu qu'il existait une autre réédition de ce "Slowhand" avec un cd de plus et donc le concert dans son intégralité! mais ça doit être plus cher!
RépondreSupprimerSalut JP, oui, l'édition en boitier marron 3 CD, mais je ne l'ai pas trouvée, et ne l'aurais sans doute pas achetée (celle ci fait déjà 22 euros !).
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