LA MUSIQUE PREND SON TEMPS... par Claude Toon

- Houlà Monsieur Claude, c'est vous dans cette fâcheuse posture ou c'est encore un gag de Monsieur Luc ?

- Ni l'un ni l'autre Sonia, c'est Harold LLyod dans "Safety Last", un film muet de 1923. Je ne suis pas vieux à ce point là !

- À entendre Messieurs Luc et Rockin', on a l'impression que le temps n'a pas de prise sur vous hi hi hi …..

- C'est vrai, si on écoute toutes leurs bêtises, j'ai cohabité avec l'homme de Neandertal, si ce n'est avec les dinosaures ha ha !!

- Vous préparez un article sur le temps qui passe ?

- Oui en quelque sorte, un petit recueil de chansons et de musiques où le titre comprend le mot "temps", un petit article sympa j'espère…

- Oui pour passer le temps m'sieur Claude hi hi …….

Temps est un mot très ouvert ! Comme le théorisait Einstein, nous subissons cette dimension temporelle qui ne se parcourt que dans un seul sens, donc comme avait titré Douglas Sirk dans l'un de ses meilleurs films : juste "Le Temps d'aimer et le Temps de mourir". Vous savez aussi ce que chantait Brel dans les "Vieux" : " Et fuir devant vous une dernière fois la pendule d´argent.... Qui ronronne au salon, qui dit oui qui dit non, qui leur dit : je t´attends".

Cet écoulement inexorable et angoissant du temps a stimulé les écrivains : H.G. Wells "La machine à explorer le temps" ou Barjavel "Le voyageur imprudent", et d'autres romanciers comme Dean R. Köntz ou encore Michael Crichton… Des romans nourris du besoin de connaître l'avenir, de modifier le passé. Tiens ça me revient "les chasseurs de dinosaures", un saut au temps de Wolfi par Bob Morane, un livre que j'ai dû lire 20 fois jeune ado.

Le cinéma et la TV n'est pas en reste et énumérer les thématiques abordées défie le cadre de cette chronique. Et puis le temps (j'exclus la météo) c'est aussi le "moment" long ou court, une minute, une saison, le "temps des cerises" pour anticiper la suite…

Quant à la musique et la chanson, elle ne reste pas insensible à ce sujet. Du mythe de Faust qui refuse de vieillir à Indochine qui imaginait "la machine à rattraper le temps", le choix est large…

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Aznavour dans le Deblocnot ? Et bien pourquoi pas ? Le chanteur n'a jamais quitté l'univers de la variété, la vraie, avec son arrière-goût de chansons populaires pour grand public. Mais je n'aime pas sous-entendre avec l'adjectif populaire le mot populace ! Il a écrit de bien jolis textes notre presque nonagénaire.

Notre Aznavour national s'est interrogé deux fois sur le temps qui passe, son temps à lui, l'usage de son quota perso (plutôt bien servi le Charles vu son âge), ce qu'il en a fait en suivant "le tempo des amours pressés"… une chanson intitulé "Je n'ai pas vu le temps passer".

Et puis le crooner arménien devenu frenchy (certain compare Aznavour à Sinatra… pourquoi pas ?!) a également écrit et chanter "Le Temps", tout simplement… vous savez "le temps et rien d'autre"…

Autre grand interprète de la chanson française : Serge Reggiani. Une belle carrière entre l'amant de Casque d'or et Vian, Gainsbourg, Moustaki et tant de textes de qualité. En 2002, le chanteur a la voix cassée par l'abus des spiritueux pour tenter d'échapper au fantôme de son fils qui a "arrêté son temps" en 1980.  Reggiani enregistre "Le temps qui reste". Bonne question pour cet homme qui n'a plus que deux ans à vivre son combat contre la déprim', contre le temps gris dans son âme. "Des années, des jours, des heures, combien" ? Jean-Loup Dabadie tient la plume pour écrire un texte d'une rare puissance, un cri. Alain Goraguer compose la musique, nostalgique et pudique.

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Après la métaphysique, un peu de de poésie fantaisiste ou mélancolique.

Bien évidement : la valse à mille temps. Le grand jacques nos entraîne dans la folie de l'élocution avec une accélération sans bafouillage digne de figurer dans le Guiness des Records… C'est l'anti-Valse de Vienne. D'ailleurs j'en reparlerai dans quelques temps (c'est le cas de le dire), mais chut, secret !

Et puis le temps des cerises de l'ami Jean-Baptiste Clément avec ses "gais rossignols et merles moqueurs seront tous en fête", "les amoureux ont le soleil au cœur". Mince "il est bien court le temps des cerises"… La commune connait ses drames, sa répression immonde, mais il y a toujours des poètes pour opposer à la violence et à l'injustice un moment d'amour, même si là encore le temps va jouer la grande faucheuse… Yves Montand, évidement…

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Bon, un article de votre serviteur Claude Toon s'égare toujours dans le classique, ben oui ! Et bien je n'ai pas trouvé une multitude de morceaux avec le mot temps dans le titre. C'est dingue, ou je me fais vieux. Quand je pense aux centaines de compositeurs qui ont compté leurs mesures à x temps, c'en est presque bizarre ! Sans dec, j'ai cherché automatiquement dans le classeur Excel où sont consignés mes 2500 disques et seulement 2 résultats : "Le quatuor pour la fin des temps" d'Olivier Messiaen et la "suite du temps de Holberg de Grieg. Du fond de ma mémoire a surgi un bon vieux tube mi classique mi électro : "la Messe pour le temps présent" de Pierre henry (ô ça ne nous rajeunit pas), encore l'emprise du temps.

Pour Messiaen, on écoute la 4^ème partie (mes lecteurs aiment bien les adagio, les musiques douces) et pour Grieg, le début…

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Et pour finir cette chronique à temps, je me devais de finir sur un temps fort ! Une de ces chansons qui me prend aux tripes, et je ne dois pas être le seul ! "Avec le temps" chanté par Léo Ferré. Je ne commente même pas. Ce n'est pas une question de temps, mais d'humilité face à un texte et une émotion dont on n'a pas le droit de dire quoi que ce soit de creux ! Sur Deezer, quelques chanteurs s'y sont essayés avec plus ou moins de bonheur. Pas des ersatz, non, mais une vidéo originelle c'est tellement plus poignant… surtout avec le texte !