mercredi 24 octobre 2012

RENEGADE CREATION "Bullet" (2012) - By Bibi



     Autant le premier jet de cette réunion de grosses pointures m'avait laissé sur ma faim (et encore aujourd'hui, j'ai du mal à l'écouter sans zapper), autant celui-ci me ravit à chaque écoute.

     Le quatuor formé autour de Michael Landau (guitares et chants) , Robben Ford (guitares et chants), Jimmy Haslip (basse) et Gary Novak (batterie) semble avoir trouvé ses marques et l'entente semble désormais parfaite. Alors que précédemment les compositions paraissaient manquer de maturité, cette fois-ci tous les titres (ou presque) font mouche. Certaines chansons pourraient même faire office de futur classique d'un Blues-rock élaboré et travaillé empreint d'une relative rugosité palpable (cependant, aucun n'est à la portée de premier venu).
Notons en aparté que Jimmy Haslip a déjà joué avec Robben Ford au sein de l’intéressant groupe de Jazz-rock bluesy, Jing Chi, et sur son premier effort solo (The Inside Story) ; tout comme Gary Novak, mais plus récemment, sur "Truth" (dernière galette en date de Robben).
 

   Pourtant, il n'y a pas réellement de schisme entre le premier et celui-ci. Le son reste le même, ainsi évidemment que le genre cultivé, tout en étant plus ancré dans le Blues-rock (bien que ce ne soit qu'en de très rares occasions que l'on retrouve des grilles éculées inhérentes au genre). C'est juste un petit quelque chose qui confère un peu plus d'attrait. Certainement la sensation de plus d'entrain et de conviction. Alors que le précédent opus pêchait par une certaine lourdeur - toute proportionnelle -, « Bullet » fait preuve de plus de morgue, de mordant et de verdeur. Pas non plus un feu d'artifice, toutefois  »Bullet » n'accuse aucunement l'âge de ses maîtres d'oeuvre.
Les guitares s'imbriquent sans jamais chercher à se supplanter, et malgré un niveau très élevé de part et d'autre, personne ne cherche à faire de l'ombre à ses collègues. Seul le titre éponyme pourrait faire croire à quelques joutes guitaristiques épiques et offensives. Mais que nenni. De plus, il est assez difficile de distinguer clairement qui joue quoi, même si l'on devine Mike avec un son dirty, ainsi que les parties travaillées au vibrato, et Robben coincé entre un son clean puissant et un crunchy plein. Il n'avait plus été aussi incisif depuis l'excellent « Handful of Blues » (son dernier disque avec la formation Blue Line composé du bassiste Roscoe Beck et du batteur Tom Brechtlein).
Alors que cela pétarade quelques fois dans tous les coins, il n'y pas un seul solo égocentrique. Cela reste très concis.

     Évidemment, question chant, Robben Ford tire son épingle du jeu, car Landau, avec ses intonations laconiques et désabusées, évoque souvent un Hendrix dans les vap'. La voix de Ford paraît même avoir mûrie. Notamment dans « Nazareth » où son chant posé et nuancé apporte une dimension soul à cette ballade proche de la période Mystic Blue Line (de Robben donc) et aux réminiscences lointaines d'Ennio Morricone (!?).
Et, heureusement, Robben est plus présent vocalement que son acolyte, qui peut se montrer navrant, comme sur « High and Low ». 
De plus, le timbre Blue-eye Soul, un peu fragile, s'accorde bien mieux à ce blues-rock viril et maîtrisé à la fois, permettant même d’incorporer un semblant de délicatesse bienvenue.

« Bullet » fait partie de ces disques où, à presque tout moment, on peut se focaliser sur n'importe quel instrument avec un égal bonheur. Une qualité qui se perd.

     Les deux mercenaires (et enseignants) au long cours que sont Gary Novak (Alanis Morissette, Robben Ford, Lee Ritenour, Ozzy, Chick Corea, Frank Gambale, etc, etc...) et Jimmy Haslip (Blackjack, Yellowjackets, Gino Vanelli, Jing Chi, Kiss, Chakan Kan, Tommy Bolin,  etc...), qui ont joué pour une multitude d'artistes allant du Jazz au Heavy-Metal, font un travail remarquable. Bien loin de la prestation de simples figurants faisant le minimum syndical, et bien que n'étant pas crédités en tant que compositeurs, ils offrent une base forte et solide, mais également du sel et des épices diverses et subtiles. Cela swingue sévère, dans tous les sens. Haslipst est capable d'insuffler un groove imparable avec deux ou trois notes et Novak semble avoir quatre bras.

 Les paroles de « Saint and Satan » ont été écrit par un maître bouddhiste qui préfère garder l'anonymat.

  1. All Over Again - 3:28
  2. Bullet - 3:14
  3. On a Mountain - 4:05
  4. Nazareth - 5:11
  5. People Like Me - 4:09
  6. Too Much of Nothing - 3:37
  7. Greedy Life - 6:15
  8. High and Low - 3:49
  9. Older Today - 4:46
  10. Saint and Satan - 4:08

Petite bio, très succincte, sur les membres :

Michael Landau est un musicien de studio reconnu, notamment par ses pairs (comme Steve Lukather - il faillit d'ailleurs être le guitariste de Toto -). Sa palette va du Blues au Jazz, ce qui lui a permis de jouer pour B.B. King et Miles Davis, en passant par Michael Jackson.. Après un 1er lp solo, il monte un groupe de Heavy-rock, Burning Water, puis enchaîne avec Raging Honkies (un power trio annoncé comme le mariage entre Hendrix et Nirvana). Deux groupes fort appréciés par la presse spécialisée (surtout les mags de grattes), la côté ouest des USA et le Japon, mais rien de suffisant pour générer un succès mirobolant. 
Mike Landau est un orfèvre des sons de guitare. Tout y passe et on l'imagine avec un attirail impressionnant de diverses pédales, amplis et grattes de toutes sortes (sa villa est un capharnaüm de matos). Ses disques sont un régal pour les fondus de six-cordes où des sons multiples s'entrechoquent, mélangeant savamment différentes techniques et obédiences musicales. 

Jimmy Haslip est un bassiste et producteur de disques. Il serait un des premiers à utiliser et à élever à un haut niveau la basse 5 cordes. Maintenant, il joue sur des basses à 6 cordes. Il est surtout connu pour sa participation au sein des Yellowjackets, un groupe de fusion avant-gardiste. Il fait parti des bassistes les plus demandés pour les séances studio. Jimmy a cette particularité de jouer avec les cordes montées à l'envers. Etant gaucher, il a appris en utilisant des basses de droitiers qu'il retournait tout simplement, sans toucher aux cordes (comme certains guitaristes, tels qu'Albert King, Dick Dale, Eric Gales).

Gary Novak vient d'une famille de musiciens. Ses parents sont pianistes (son père n'est autre que Larry Novak qui a joué pour Sinatra, Sarah Vaughan, Barney Kessel, Gillespie), et il commence en conséquence dès huit ans l'apprentissage de la musique, en débutant évidemment par le piano. A partir de 10 ans, il joue en famille dans les clubs. A 17 ans, il est signé par Yamaha et Zildijan pour représenter les marques. A 19 ans, il s'installe à Los-Angeles où sa carrière prend un nouvel essor. 

Robben Ford, talentueux guitariste, fin et racé, après s'être exercé au saxophone, il décide à 13 ans de maîtriser la guitare. Il commence professionnellement avec le Ford Blues Band (avec ses frères, Mark, à l'harmonica et au chant et Patrick, à la batterie), avant de se plonger dans le Jazz. Parallèlement, il accompagne Jimmy Whiterspoon. Son embauche par Miles Davis le place sous les feux de la rampe. Paradoxalement, c'est Miles en personne qui encourage Robben à retrouver ses racines Blues et Rock, et surtout de les mettre en avant. En 1988, son 3ème disque, "Talk to Your Daughter", est salué par la critique et remporte un petit succès, tant aux USA qu'en Europe. C'est le début d'une reconnaissance plus large.







2 commentaires:

  1. j'avais bien aimé leur premier album, mais si celui là est encore meilleur je vais l'écouter en urgence. merci pour toutes ces précisions.

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  2. gege_blues18/11/12 20:38

    Très bon groupe, et puis avec Robben Ford on ne risque pas d'être déçu.

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