Avis de Tempête
Chers amis fumeurs, ne cherchez pas, le paquet de cigarettes à moins de 6 euros dans un bureau de tabac en France n'existe plus, depuis le 1er octobre 2012. Pour tous les paquets de clopes, le prix a augmenté de 40 centimes. A partir de là, soit vous vous endettez pour pouvoir continuer à crapoter, soit vous arrêtez de fumer et vous suivez mon conseil pour mettre toutes les chances de votre côté afin de mener à terme ce grand projet. Pas la peine d'aller acheter des patchs, gommes, pastilles, cigarettes électroniques ou autres substituts nicotiniques, le docteur Phil Good vous donne la solution définitive pour éviter de mourir d'un cancer du poumon, du larynx ou de l’œsophage : le dernier album de Bob Dylan "Tempest". En effet, ce bon vieux Bobby est devenu un véritable publicité (encore) vivante pour arrêter la clope, ses cordes vocales sont complétement bousillées, il n’est absolument plus capable de moduler sa voix et chante comme un vieux corbeau enroué.
Il a rarement aussi mal chanté que sur ce disque et à mon avis, son prochain album sera instrumental, à moins d'un miracle......
L’artiste est une véritable légende et n’a plus rien à prouver côté répertoire, ça c'est sur, mais si vous aimez son légendaire ton nasillard, son folk/rock lumineux et ses paroles sublimes de l'époque "Highway 61 Revisited", "Blonde On Blonde" ou "Blood On The Tracks" ou si vous êtes un débutant en Dylanologie, alors n’achetez pas ce disque. En ce début de 21 ème siècle, le Zimm fait plutôt dans la country sombre, le western swing hanté ou le blues des années 30/40 from New Orleans. Sur ce nouvel album "Tempest", le 35ème, qui fête par la même occasion ses 50 ans de carrière, il ne retrouve pas l'état de grâce de 1988 avec "Oh Mercy", mais continue sur la lancée de ses 3 derniers albums ("Love And Theft", "Modern Times" & "Together Through Life").
La guitare acoustique en bandoulière en jouant de l'harmonica, c’est fini depuis belle lurette pour Bob, une vilaine arthrose des mains lui pourrirait la vie et c'est un groupe soudé, mené par l'excellent guitariste texan Charlie Sexton et le bassiste Tony Garnier, qui tire les ficelles sur les 10 chansons que nous propose "Tempest". Le band reçoit le renfort de David Hidalgo (Los Lobos) sur quelques titres, qui avec son accordéon, apporte à l'ensemble une petite touche tex-mex.
L'album est produit par Jack Frost (le pseudo de Dylan comme producteur depuis "Time out of Mind") et l'ambiance sonore ici est plutôt sobre et dépouillé, assez loin de la lourdeur de ses dernières (catastrophiques) prestations scéniques.
Les chansons d'amour de l'album précédent "Together Through Life", ont disparu et cédé la place à des thèmes beaucoup plus sombres qui parlent corruption, de violence, de trahison, de naufrage et de mort...
Même si Bob Dylan est toujours un conteur puissant, à force de s'en tenir à la forme du blues standard, les chansons ici, sentent un peu le réchauffé et on attend en vain la mélodie unique, le refrain qui tue, le truc qui vous dresse les poils.
L'album débute en fanfare avec le joyeux et swinguant "Duquesne Whistle" qui souffle un air de gaieté dans cet ensemble teinté de mélancolie et de désespoir.
Les chansons défilent et de raclage de gorge en raclage de gorge, on reste suspendu à la voix de Dylan, attendant à tout moment, soit la gamelle, soit le miracle ultime. Finalement, ni l'un ni l'autre ne se produit et lorsque les dernières notes de l'album résonnent, au bout de 68 minutes et 32 secondes, un bilan mitigé ressort de cette nouvelle œuvre de la légende de la musique folk américaine : c'est musicalement assez paresseux et certains morceaux sont trop longs.
"Tempest" est pas mal, sans plus et personnellement je suis assez déçu. Pourtant, sur cet nouveau disque (que j'ai écouté 12 fois de rang !), Dylan avait annoncé qu'il désirait faire autre chose. Peut-être qu'après la 13ème écoute, le disque délivre enfin tous ses secrets ?
De toute façon, depuis quelques années, à chaque nouvel album de Dylan, la légende vivante, les critiques et les fans font inlassablement l'éloge du chanteur-compositeur pour son génie sans faille, mais faut arrêter de raconter n'importe quoi et de se boucher les conduits auditifs, "Time Out of Mind" n'est pas "Highway 61 Revisited", "Love and Theft" est bien loin de "Blonde On Blonde" et "Tempest" n'arrive même pas à la cheville de "Blood On The Tracks".
Depuis bien longtemps, c'est une évidence, il n'arrive plus à retrouver l'essence même de ses albums mythiques des années 60 et comme tous ses autres œuvres surfaites de ces 15 dernières années, "Tempest" n'est que le reflet d'un Dylan passablement émoussé, vivant sur sa réputation, malgré ses tentatives répétées visant à démolir sa propre légende au fil des décennies.
Qui a dit que Bob Dylan ne souriait jamais ??? |
Heureusement, quelques petites pépites surnagent dans la tempête et se détachent du lot :
- "Soon After Midnight", une ballade remplie de chagrin et de regrets.
- "Long and Wasted Years", une bouillonnante ode mélancolique sur les relations orageuses qui nous ramène à l'époque de "Shelter From The Storm".
- "Pay In Blood", un morceau féroce et rhythmé sur lequel le vieux barde rugit en crachant du sang - "je paie avec du sang, mais pas le mien"- certainement la chanson la plus en colère qu'il a enregistré depuis la rage romantique de "Idiot Wind".
- "Early Roman Kings", une re-lecture du classique "Mannish Boy" de Muddy Waters, un blues envoûtant et fascinant, avec en bonus l'accordéon de David Hidalgo qui nous apporte un petit parfum cajun.
L’album aurait pourtant pu être bon, il est hélas plombé par deux morceaux, tout d'abord, "Tempest", une longue rengaine celtico-folk où le Titanic près de quatorze interminables minutes à sombrer et "Roll On John", un hommage bien poussif et sans émotion, à son ami John Lennon, assassiné le 8 décembre 1980, à New York.
Finalement, après avoir lu dans les magazines et sur le net de nombreuses critiques plus élogieuses les unes que les autres, je me pose une question : doit-on à ce point être si indulgent avec une œuvre moyenne émanant d'un artiste de la trempe de Dylan ? En effet, comparer "Tempest" à ses meilleurs albums me semble un peu exagéré....
Pour terminer, un autre conseil, au lieu de laisser partir vos euros en fumée, investissez plutôt dans "The Freewheelin’ Bob Dylan", "The Times They Are a-Changin", "Bringing It All Back Home", "Highway 61 Revisited", "Blonde On Blonde", "Blood On The Tracks", "Desire", "Oh Mercy", "Time Out Of Mind"....mais, si vous êtes un tantinet dylanophile, je suppose que vous les avez déjà, bien au chaud dans votre discothèque...
et demi....
Personnellement, je me suis arrêté à "saved", j'ai écouté les suivants d'une oreille distraite , dois-je faire la même chose pour celui-ci ? Je vais y gouter et puis on verra bien.
RépondreSupprimerJe l'ai écouté et j'ai trouvé ca vraiment pas terrible Dylan n'a plus de voix mais ca on le savait par contre le mix est mal foutu et les instruments sont loin derrière bien dommage quand on regarde la liste de musiciens présents :o(
RépondreSupprimerBien déçu moi aussi.... on entend à peine Charlie Sexton and Co .....
RépondreSupprimerA en juger par ce que tu en dis, ta note jure un poil. Non ?
RépondreSupprimerj'ai hésité....3 ou 3 1/2... mais de toute façon finalement, ça fait 4 bons morceaux, 4 autres moyens et deux à chier...ça fait pas un mauvais album, mais certainement pas un album mémorable non plus. La plupart des critiques ont encensés cet album en le qualifiant de chef d’œuvre, que dire alors de "Blonde on Blonde" de "Highway..." ou de "Blood On The Tracks" ???
RépondreSupprimerSi on met 6 étoiles à ces albums, 3 ou 3 1/2 pour "Tempest" ça me parait à peu prés juste, mais certainement que moi aussi finalement je suis indulgent avec le Zimm ???
On a l'impression en vous lisant de relire les critiques essuyées à chacun des albums de dylan un tant soit peu novateur. Faut se réveiller ! Dylan vieillit, 70 balais, c'est évident que sa musique change !!
RépondreSupprimerC'est donc complètement stérile de comparer cet album à ceux de ses glorieuses années, ça n'a absolument rien à voir.
Bien sur, sa voix est différente, elle a perdu de son éclat, mais sa nouvelle sonorité a quelque chose de prenant, brisé mais juste, une vieillesse finalement plus qu'honorable.
L'album est loin d'être excellent, mais ça reste un cran au-dessus de ce qu'on peut voir aujourd'hui. Zimm prend son temps, s'emmerde pas, on sent un certain relâchement qui lui permet de poser le décor (que tu décris par ailleurs très bien) de manière détendue. Les musiques sont longues mais les textes restent excellents (ça a tjs été le cas avec lui, et cet attachement au texte est je pense à valoriser dans une époque ou ... c'est loin d'être le cas de manière générale).
Je suis personnellement très intéressé par la période qui suit l'excellent "time out of mind" de 97, et je pense que ce que Dylan perd en dynamisme à partir de là, il le compense une nouvelle maturité dans la composition.
La ou je mettais 5 étoiles à Modern Times (un de ses meilleurs albums, quoi qu'on en dise !), je mets 3,5 ou 4 à celui-là, avec un petit bémol pour l'instrumentalisation qui, bien qu'excellente, est mal mise en valeur.
Il suffit de comparer Dylan à d'autres chanteurs prodiges de sa génération (Lou Reed par exemple) ^pour se rendre compte que finalement il s'en sort très bien !
Évidemment que sa voix change, mais là elle est complétement bousillée !!!! et en live, c'est pire (je l'ai vu il y a 2 ans... quelle catastrophe !!!). Sa musique évolue également, personne ne peut le contester, mais sur ce disque, j'ai l'impression qu'il a recyclé de vieilles recettes L'album est pas mal sans plus, j'ai mis 3.5 (comme vous) la note, c'est juste pour le situer par rapport aux autres albums. J'aime Dylan, mais je ne suis pas d'accord avec toute la presse musicale qui compare cet album avec ses plus grands chef d’œuvre...faut pas déconner quand même !!!!
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