dimanche 23 septembre 2012

CAMILLE REDOUBLE de Noémie Lvovsky (2012) par Big Bad Pete


Et si vous aviez la DeLorean de Marty Mc Fly, que feriez-vous ?

  • Faire un peu comme le Voyageur Imprudent de Barjavel et aller, par exemple, tuer Hitler en 1933 ?
  •  Jouer au loto et gagner le gros lot chaque semaine comme Biff Tannen ?
  •  Réparer les erreurs, les oublis, les remords ?...
  •  Retrouver tout ce qui vous manque, et tous ceux qui vous manque ? (des nuances impossibles à écrire en orthographe SMS…)

Coté rigolo-folklo, on donc a « Retour vers le futur », dans la veine tendre et nostalgique, on a « Peggy Sue s’est mariée », si vous voulez plus de muscle, un p’tit coup de « Terminator »…

En SF classique, on trouve « Le voyageur imprudent » déjà cité, « La machine à explorer le temps » de H.G. Wells, « La planète des singes » de Pierre Boulle.

La liste pourrait prendre facilement 4 pages… Bref, ya de quoi faire en matière de plagiat et redites.

Avec « Camille redouble », la réalisatrice-actrice Noémie Lvovsky reprend donc un thème classique usé jusqu’à la trame.

Pourtant, ce film est étonnant de fraîcheur, on sort de la salle porté par un petit nuage, avec de la douceur plein les doigts, comme quand on caresse un chat (mention spéciale pour le chat du film : il est magnifique !).

Le sujet est pourtant bien simple : Camille a la quarantaine bien entamée, c’est une comédienne qui n’a pas réussi à percer. Rongée par la déprime, elle est alcoolique. Son mari l’a quitte car il n’en peut plus de cette ambiance morbide. Sa fille est encore là, mais pour combien de temps ? Lors d’une soirée nostalgie avec des amies du lycée, elle a un malaise et se réveille dans les années 80 avec sa conscience de quadra du XXIème siècle. Que va-t-elle faire ?

Camille et Eric, déjà entre amour et haine...
Noémie Lvovsky procède par touches délicates pour évoquer beaucoup de sujets : l’amour, l’amitié, le destin, le refus du destin, les choix, les relations entre ados, ados et adultes, ados et parents, les vocations, les promesses, le temps qui passe, les remords, la nostalgie, … je dois en oublier !

Des petits coups de pinceaux anarchiques sur une vie troublée. J’appelle ça de l’impressionnisme cinématographique. La complexité d’une vie avec des moments drôles, tendres, graves (dans tous les sens du terme).

On en ressort secoué, car ce film aigre-doux est porté par l’optimisme et la désillusion.

Bouteille à moitié pleine : Visiblement, Camille a beaucoup appris de ce rêve-voyage dans le temps, elle semble partir d’un nouveau pied. Est-ce que ce sera réellement formateur ?
Bouteille à moitié vide : Cette histoire est aussi désabusée car il y a des choses contre lesquelles on ne peut rien faire, au hasard, la mort…

Au lieu de tomber dans la facilité d’un Hollywood bas de gamme avec happy end, le film laisse la belle part au spectateur pour imaginer la suite.

La distribution est impeccable. Noémie Lvovsky et Samir Guesmi jouent leur rôles aux deux époques, et c’est une sacrée performance. A la fois pour Noémie Lvovsky qui oscille entre l’ado et la femme omnisciente, et aussi pour Samir Guesmi, jeune homme forcé à murir vitesse Grand V pour séduire cette fille irrésistible.

Judith Chemla, India Hair et Julia Faure, les amies de Camille sont volontairement typées pour évoquer des personnes que l’on a forcément connues. Elles sont la joie et la folie de cette histoire.

Des amies qui le resteront...

Yolande Moreau et Michel Vuillermoz sont des parents couleur sépia d’une infinie tendresse bienveillante.

"Jurez-moi de ne pas mourir !!!"

Denis Podalydès, prof de physique sensible, solitaire, fidèle, émouvant et vieillissant…

"La lumière est dans le passé..."

Courtes mais délicieuses apparitions de Mathieu Amalric en prof de français névrosé-obsédé-coincé et de Jean-Pierre Léaud en horloger-passeur. 
Léaud le Passeur

On lui doit d’ailleurs le moment clé du film : « Il faut avoir le courage de changer ce que l'on peut et la sagesse d'accepter ce que l'on ne peut changer. »

...Tout ça pour ne pas se laisser aveugler par les lumières du passé qui, de toute façon, n’existent plus…




LE truc à voir cette rentrée. si, si !


2 commentaires:

  1. pat slade23/9/12 11:40

    La bande annonce est sympas ! ça donne vraiment envie, mais les bandes annonces sont toujours accrocheuses! le film au vu de la lecture de ta chronique est à la hauteur de ce que l'on peut voir.

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  2. Big Bad Pete23/9/12 14:35

    ...en fait, le film est bien plus subtil que la bande-annonce qui insiste sur les gamines un peu fofolles...

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