Et si vous aviez la DeLorean de Marty Mc Fly, que
feriez-vous ?
- Faire un peu comme le Voyageur Imprudent de Barjavel et aller, par exemple, tuer Hitler en 1933 ?
- Jouer au loto et gagner le gros lot chaque semaine comme Biff Tannen ?
- Réparer les erreurs, les oublis, les remords ?...
- Retrouver tout ce qui vous manque, et tous ceux qui vous manque ? (des nuances impossibles à écrire en orthographe SMS…)
Coté rigolo-folklo, on donc a « Retour vers le futur »,
dans la veine tendre et nostalgique, on a « Peggy Sue s’est mariée »,
si vous voulez plus de muscle, un p’tit coup de « Terminator »…
En SF classique, on trouve « Le voyageur imprudent »
déjà cité, « La machine à explorer le temps » de H.G. Wells, « La
planète des singes » de Pierre Boulle.
La liste pourrait prendre facilement 4 pages… Bref, ya de
quoi faire en matière de plagiat et redites.
Avec « Camille redouble », la réalisatrice-actrice
Noémie Lvovsky reprend donc un thème classique usé jusqu’à la trame.
Pourtant, ce film est étonnant de fraîcheur, on sort de la salle
porté par un petit nuage, avec de la douceur plein les doigts, comme quand on
caresse un chat (mention spéciale pour le chat du film : il est magnifique !).
Le sujet est pourtant bien simple : Camille a la quarantaine bien
entamée, c’est une comédienne qui n’a pas réussi à percer. Rongée par la
déprime, elle est alcoolique. Son mari l’a quitte car il n’en peut plus de
cette ambiance morbide. Sa fille est encore là, mais pour combien de temps ?
Lors d’une soirée nostalgie avec des amies du lycée, elle a un malaise et se
réveille dans les années 80 avec sa conscience de quadra du XXIème siècle. Que
va-t-elle faire ?
Camille et Eric, déjà entre amour et haine... |
Noémie Lvovsky procède par touches délicates pour évoquer
beaucoup de sujets : l’amour, l’amitié, le destin, le refus du destin, les
choix, les relations entre ados, ados et adultes, ados et parents, les
vocations, les promesses, le temps qui passe, les remords, la nostalgie, … je
dois en oublier !
Des petits coups de pinceaux anarchiques sur une vie
troublée. J’appelle ça de l’impressionnisme cinématographique. La complexité d’une
vie avec des moments drôles, tendres, graves (dans tous les sens du terme).
On en ressort secoué, car ce film aigre-doux est porté par l’optimisme
et la désillusion.
Bouteille à moitié pleine : Visiblement, Camille a beaucoup appris de ce rêve-voyage
dans le temps, elle semble partir d’un nouveau pied. Est-ce que ce sera réellement
formateur ?
Bouteille à moitié vide : Cette histoire est aussi désabusée car il y a des choses
contre lesquelles on ne peut rien faire, au hasard, la mort…
Au lieu de tomber dans la facilité d’un Hollywood bas de gamme
avec happy end, le film laisse la belle part au spectateur pour imaginer la
suite.
La distribution est impeccable. Noémie Lvovsky et Samir
Guesmi jouent leur rôles aux deux époques, et c’est une sacrée performance. A
la fois pour Noémie Lvovsky qui oscille entre l’ado et la femme omnisciente, et aussi pour Samir Guesmi, jeune homme forcé à murir vitesse Grand V pour séduire cette fille irrésistible.
Judith Chemla, India Hair et Julia Faure, les amies de
Camille sont volontairement typées pour évoquer des personnes que l’on a
forcément connues. Elles sont la joie et la folie de cette histoire.
Des amies qui le resteront... |
Yolande Moreau et Michel Vuillermoz sont des parents couleur
sépia d’une infinie tendresse bienveillante.
"Jurez-moi de ne pas mourir !!!" |
Denis Podalydès, prof de physique sensible, solitaire,
fidèle, émouvant et vieillissant…
"La lumière est dans le passé..." |
Courtes mais délicieuses apparitions de Mathieu Amalric en
prof de français névrosé-obsédé-coincé et de Jean-Pierre Léaud en
horloger-passeur.
Léaud le Passeur |
On lui doit d’ailleurs le moment clé du film : « Il
faut avoir le courage de changer ce que l'on peut et la sagesse d'accepter ce
que l'on ne peut changer. »
...Tout ça pour ne pas se laisser aveugler par les lumières du
passé qui, de toute façon, n’existent plus…
La bande annonce est sympas ! ça donne vraiment envie, mais les bandes annonces sont toujours accrocheuses! le film au vu de la lecture de ta chronique est à la hauteur de ce que l'on peut voir.
RépondreSupprimer...en fait, le film est bien plus subtil que la bande-annonce qui insiste sur les gamines un peu fofolles...
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