Lurrie Bell, 53 ans, voila l'un des grands noms du Chicago blues, qui fait le lien entre l'age d'or de cette musique et la période contemporaine. En effet le blues chez les Bell est une affaire de famille, un vrai "enfant de la balle" que Lurrie. Son père était un des plus grands harmonicistes de Chicago Carey Bell (1936-2007) et durant la jeunesse du petit Lurrie défilent à la maison les copains de papa, les Eddie Taylor, Big Walter Horton, Eddie C. Campbell, Eddy Clearwater (son cousin), Jimmy Dawkins ou le "Parrain" himself Muddy Waters. Pas surprenant dans cet environnement que Lurrie se mette à la guitare quasiment dès qu'il fit ses premiers pas...A l'âge de 7 ans il quitte Chicago pour aller vivre dans le Mississippi et l'Alabama avec ses grands parents. Il va beaucoup chanter et jouer dans les églises et s'imprégner ainsi du gospel. Il revient à Chicago vers 14 ans et devient rapidement incontournable, jouant avec Willie Dixon ou Koko Taylor, et formant les Sons of Blues avec l'harmoniciste Billy Branch. Il enregistre aussi bien sur beaucoup avec son père Carey comme sur les excellents "Dynasty" ou "Son of a gun" et est considéré comme un des meilleurs jeunes guitaristes du Chicago blues . Mais les choses vont se gâter, et ses démons le rattraper pour lui faire connaitre l'enfer de la drogue, s'ensuit une longue traversée du désert qui se termine en 1995 avec l'album "Mercurial son " pour Delmark.
Lurrie & Matthew Skoller |
Depuis Lurrie a publié 8 albums studios, crée son propre label ARIA B.G. Records et contribué à la réussite de "Chicago Blues a Living History" du label Raisin Music. Projet dans lequel on retrouve un certain Matthew Skoller; soutien de longue date et producteur de ce présent album, dans lequel Lurrie renoue avec ses racines gospel. Une idée qui lui trottait dans la tête depuis un moment : "J'ai toujours voulu faire un disque pour montrer ma gratitude à la musique gospel. Je suis un bluesman mais j'ai aussi joué beaucoup de gospels pour moi même et ma famille quand je suis à la maison. La musique me donne une paix que je ne peux trouver nulle part ailleurs. Gospel et Blues sont identiques, la seule différence est que le gospel chante Dieu; avec le blues tu as le même feeling que tu trouves dans le gospel".
Dans les titres on retrouve des "standards" du gospel comme "Swing low" et "Trouble in my way" , plusieurs reprises, du Reverand Gary Davis, Muddy Waters, Joe Luis Walker, James Taylor, Tom Waits ("Down in the hole") et deux titres de Thomas A. Dorsey "the father of black gospel music" dont le fameux "Peace in the valley" (qui fut interprété par Elvis et Johnny Cash). Seule original, le morceau titre "The devil ain't got no music" signé Skoller, temps fort du disque, blues imparable avec l'harmo trainant de Skoller.
Coté accompagnateurs, on croise selon les titres l'inévitable Kenny Smith aux drums (un autre "fils de", celui de Willie "Big eyes" Smith), Joe Luis Walker à la slide sur 2 titres, Bill Sims Jr (Heritage Blues Orchestra) (guitare, choeurs), Billy Branch et Matthew Skoller à l'harmo sur un titre chacun, Josef Ben Israel à la contrebasse plus des choeurs et claquements de mains.
Un bel écrin dans lequel Lurrie Bell arrive à concilier la musique sacrée et celle du diable, les églises et les "juke-joints" dans ce beau disque, intimiste, où brille sa guitare acoustique (quel toucher!) et sa voix profonde et convaincue; il pose sa patte sur ces classiques et on a vraiment entre les oreilles un disque de Lurrie Bell plus qu'un nième de reprises gospel. Superbe. Une totale réussite .
(article paru conjointement dans le No 29 de la revue BCR)
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