De
qui vais-je parler ? Yves Saint
Laurent ? Christian Lacroix ? Thierry Mugler ? Non je ne causerai
pas de ces hommes qui habillent les femmes et vident le portefeuille des maris.
Un jour, un chroniqueur du Déblocnot’ m'a
dit : "La chanson française est le parent pauvre dans nos colonnes…".
J’entends déjà des voix vociférantes hurler après avoir lu le titre, et
avoir fait une comparaison avec la liste des rubriques habituelles du Déblocnot
qui ne parlent pas des "défilés des mois
d’été" (expression qui au demeurant est le titre d’une des
chansons de l'homme du jour) : "ça y est, il va nous parler de Bertrand Charles Elie Couture",
le mec qui a fait "Comme un avion sans
aile" !!!!" Eh bien non !!! Puisque en Mai fait ce qu’il te plait, je parlerai
de Novembre !!
Alors
après avoir fait deux fois le tour de mon appartement à la recherche du rayon
"Chanson Française" de ma discothèque, je tombais sur une pochette
d’un disque de 1982. Un bonhomme les
mains dans les poches, habillé entre Tom Wait
et les Blues Brothers, la moustache
à la Clark Gable en plus fournie, photographie
en noir et blanc devant un mur gris béton avec un titre à la Dymo" version pour doublage" et un bandeau avec
un nom TOM NOVEMBRE
Ce
personnage au visage atypique a une place dans la chanson française qui n’est
pas assez reconnue à mon idée. Alors je parlerai de ce "Man in Black"
de la chanson française.
LA GÉNESE ou le Couture
tiré à quatre épingles
C’est comme frère cadet que le petit Thomas arrive
au monde à Nancy en 1959. Son
frérot Bertrand était déjà là depuis 1956. Ils suivront tous les deux la
même branche des beaux-arts dans la ville qui les a vus naître.
L’ainé
deviendra vite la figure emblématique de la famille Couture
en partant travailler pour une multinationale comme Island
auprès d’un coiffeur nommé Chris Blackwell
qui s’occupait des dreadlocks de Bob Marley,
mais ne mettons pas la charrue avant les bœufs !!!
Avant
de devenir le chanteur à la voix grave de crooner, Jean
Thomas Couture prend le pseudo de Tom
Novembre" pour qu’on
ne le considère pas comme le petit frère"(sic). Il va
faire ses premières armes sur scène dans un groupe nommé : "Les Fonctionnaires". Lui y joue de la
basse et l’on y découvrira aussi le gaucher silencieux Alice
Botté à la guitare que l’on retrouvera plus tard au cours des
aléas de sa carrière.
En
1977, il réalise, met en scène et
interprète une pièce "Deux hamburgers
pour le quatre". En 1980, il fabrique avec son frère, son premier one-man
show : "Pendant que j’ai le micro",
suivi la même année par "Les Taupes"
au Théâtre Déjazet mis en scène par Ged Marlon.
Jean Thomas Couture, du
rock dégriffé ?
Mais
c’est dans la chanson qu’il se fera connaitre, et cela commencera par le
printemps de Bourges en Mai 1982 où
il est nommé révélation du festival.
Son
premier album" version pour doublage" sort
en novembre de la même année.
Que
dire de Tom ? Une voix grave et
suave. Que dire de cet album ? Des chansons qui virevoltent à droite et à
gauche, entre le burlesque : tacot maudit ("Alors s’il cale, même de l’allume-cigare, j’en
fais une compression pour César")
le réalisme de la vie quotidienne : ça cavale,
le naïf : Je cherche mon scoubidou et la
poésie avec le très beau : Silence.
Le tout accompagné par le groupe de Charlélie
de la tournée de1982 qui passait par l’Olympia, Jerry
Lipkins au Clavier et Alice Botté
que l’on retrouve à la guitare entre autres.
Un
an après sort "Toile Cirée".
Le
look a changé, plus de chapeau mou, fini le costard noir sur une chemise blanche
accompagnée d’une cravate. La chemise Hawaïenne, la casquette et les lunettes
noires sont de sortie ! Un air de vacance ce dessine-t-il au coin de
l’album ?
Résultat
des courses, on retrouve des textes plus construits, plus finis, toujours avec
ce petit charme de choses que l’on a vécues soi-même comme : Cocktails Party, Parcours
santé ou encore Garage paradis (bricoleur)
et des choses plus
sentimentales et tristounettes comme : Mais elle
restait chez elle (elle disait).
Tom Novembre pourrait être le Bobby
Lapointe des années 80 et au-delà…, entre poésie, humour et
loufoquerie.
En
1984, au détriment de Karim Kacel il
reçoit le prix Georges Brassens décerné à Sète, et tournera dans son premier
film : "Signé Renard" de Michel Soutter.
Son
troisième album sortira en 1985 :
"L’insecte". Encore un look
différent, bizarroïde ! Un album au son résolument plus rock, mais toujours
avec ces petites chansons drôles comme : "Djimbo",
"joyeux anniversaire" ou
encore "les nains de 1m80". Puis
les chansons tendres et tristes à la fois comme : "Anna", "Jure moi
que tu viendras", "Célibataires".
Pièces de Couture
En
1985, changement de direction, l’artiste
qui a toujours déclaré que la chanson n’était qu’un prétexte pour percer dans
le cinéma, se lance sur les planches du Théâtre du
Splendid avec son troisième one-man show, "le Cocktail de Sergio".
L’histoire
d’un homme en smoking perdu dans un cocktail mondain ennuyeux entre gens chics
et palmiers tocs. Le tout saupoudrét de chansons de ses deux derniers albums :
"Toile Cirée" et "L’insecte". Seul sur scène ou presque,
uniquement accompagné d’un guitariste et d’un pianiste habillés en serveur, un
spectacle écrit avec son frangin (encore une fois ! ah la famille !!)
et mis en scène par Pierre-Loup Rajot.
Je
m’étonne d’ailleurs que l’on ne parle nul par de ce spectacle, ni sur Google ni
sur Wikipédia, encore une chance que j’ai la VHS ! (non, non ! je ne
la revendrai pas !!).
Fin
de l’intermède théâtral pour l’instant, voilà que commence sa période cinéma…
Couture sur toile
Avec
un premier téléfilm en 1984 "Mirage dangereux", cette année 1985 sera
très chargée. Pas moins de 4 films avec pour ouvrir les hostilités : "Elsa, Elsa" de Didier
Haudepin avec Lio
et François Cluzet.
Les
réalisateurs qui penseront à lui ne sont pas de ceux qui disparaissent dans les
méandres du 7ème art après avoir réalisé
un seul et unique film. Nous pouvons y trouver : Jacques
Rouffio et Claude Lelouch
rien que pour cette mise en bouche cinématographique. Il n’arrêtera pas de
tourner jusqu’en 1990 (12 films
exactement), le dernier étant (et pas des moindres) "un thé au
Sahara" mis en scène par Bertolucci
lui-même.
1990, retour sur les planches dans
un exercice plus proche de son début de carrière : la comédie musicale.
"La légende de Jimmy" de Michel Berger et Luc
Plamondon mis en scène par Jérôme Savary
où il y joue le rôle du Clergyman auprès de Diane
Tell, Renaud Hantson
et Nanette Workman.
1991 sera une année creuse, quelques
apparition dans des téléfilms et un peu de voxographie (doublage du grand-duc dans
le dessin animé "Rock -O-Rico").
Pour
les personnes qui ont vu "le 5ème élément"
de Luc Besson, c’est Tom qui
doublait Chris Tucker (Ruby Rhod), l’animateur de radio
complètement allumé ! Incroyable pour un homme à la voix grave ! Je
ne vais pas m’étendre plus sur sa carrière cinématographique, sinon je crois
que tout le monde se lasserai, moi le premier !
Le dernier TOM !
Il n’arrête
pas la musique pour autant, même si il a mis sa carrière de chanteur entre
parenthèses. Il enregistre en 1990 "la légende de st Nicolas" uniquement
sorti sur cassette audio. Il produit ensuite deux compilations :
"TOMe 1 – TOMe 2" (qui réunit ses trois
premiers albums) en 1994 et "CD Story"
en 2002.
En 2002 sortira "Bande de
Pions" avec une multitude d’invités comme son frère (Bien sûr !!),
Faudel, Princess
Erika, M,
Dieudonné et Kent
(ex. Starshooter).
Son dernier
album date déjà de 2006 et rend
hommage à Bourvil "André".
Pour revenir sur le personnage télévisuel,
il était dans "Caméra Café" Mr Priviliewsky de chez Digix, l’ennemi de Jean
Claude Convenant alcoolique notoire et qui ne voulait pas
partager sa place de parking avec lui.
C’est toujours
avec un certain plaisir que l’on peut voir sa silhouette dégingandée et son
visage à la Buster Keaton au détour d’un
film. La comparaison avec Louis Jouvet
revient souvent sous la plume des critiques ("Vous avez dit Bizarre…").
Cet homme
touche à tout (comme son frère, encore lui !!) va jusqu’à présenter une émission
sur l’art intitulé "Otto"
sur Paris Première. Après avoir fait
un rapide tour du personnage, je vous
laisse maintenant apprécier quelque unes de ses mélodies !
Après avoir
parlé de Novembre, la prochaine fois,
je parlerai du film "Marie Octobre"
ou bien du Maréchal Juin !!^^
J'avoue qu'entre ces deux "touche à tout" de frères, ma préférence c'est toujours porté sur Charlélie. Du moins à ses débuts. Il faudra d'ailleurs que je me mette à écrire sur l'un de ses albums un de ces jours. C'est vrai quoi ! Défendons aussi notre exception culturelle...
RépondreSupprimerBravo Pat.
Vincent
Merci Vincent ! J'ai aussi toujours eu un faible pour CharlElie ! J'ai laché un peut prise vers "casque nu" en 1997.
RépondreSupprimerC'est tès bien de sillonner (vinyl!) hors des entiers battus de la promo. Ai eu la chance d'interviewer T. Novembre lors de sa carrière "Théâtrale". C'est un mec bien, dispo et humble, pétri de talent. Après la carrière familiale s'exprime différemment, avec une plume plutôt impressionniste pour Ch
RépondreSupprimer. Couture et nettement plus solaire pour le Père Novembre. Un soleil de novembre certe mais un soleil tout de même.
Bon boulot !
Vincent Caffiaux (le fan de rugby sur FB...)