Ian Astbury et
Billy Duffy reviennent avec un nouvel album, leur neuvième,
cinq ans (!) après « Born into This ».
Et, oh miracle, avec la même formation rythmique. Même
Mike Dimkitch, leur guitariste rythmique réservé et
indispensable à leurs prestations scéniques depuis
« Beyond Good and Evil » est encore mentionné
(leur « secret weapon »).
Aux dires des
deux leaders, ce neuvième album est le résultat d'un
dur travail, d'une recherche profonde, afin d'offrir, autant que
possible, le meilleur d'eux-même. Des paroles entendues des
centaines de fois avec des résultats pas nécessairement
probants. Cependant, dans le cas présent, aucune des pièces ne semblent avoir été bâclées.
Comme d'habitude,
depuis « Ceremony », le disque demande quelques
écoutes pour l'apprécier à sa juste mesure (ce
qui les a d'ailleurs souvent desservis – d'autant plus que l'on
forme les masses à ne plus faire d'effort pour appréhender
la musique... ou le reste).
(De G à D) Duffy, Chris Wyse, Astbury et Tempesta |
Sans grande
surprise, on retrouve dès les premières secondes, la
patte, le copyright, « The Cult ». Même
si son Heavy-rock revival 70's est définitivement révolu
(au grand dam de nombreux nostalgiques inconsolables), il n'est ni
renié, ni proscrit, et continue ainsi à transpirer à
travers une musique plus personnelle, fruit logique d'une fusion des
expériences passées et digérées. Ainsi,
tous ceux qui connaissent la discographie depuis « Love »
(énorme opus) dénicheront deci-delà des bribes,
des mouvements, des sensations propres à telle ou telle
chanson, ou de manière plus générale, tel ou tel
disque. Deux – trois riffs binaires sont même sortis de ce
fameux « Love ». Seul le séminal et
carré « Electric » semble avoir été
complément oublié. Cependant, en général,
« Choice of Weapon » est bien dans la
continuité de son prédécesseur, « Born
into This ».
Les compositions
sont riches, travaillées, nanties d'une violence où
l'on sent sourdre une colère latente.
Si l'album
démarre sur des chapeaux de roues avec un enivrant « Honey
from a Knife » (indubitablement un des meilleurs titres,
si ce n'est le meilleur) aux réminiscences « Iggy
Pop »/ »Stooges-Raw Power », et dont
les chœurs évoquent le « He's Gonna Step On You »
de John Kongos (gros hit de 1971), dès la pièce
suivante, « Elemental Light », un imposant
nuage d'orage vient embrasser de son ombre chargée de spleen
la suite de l'album.
Outre l'aura
d'Iggy Pop, qui revient sur l'agressif « For The
Animals », on retrouve celle de Bowie sur « Life
> Death ». Atsbury rajoute à sa besace une icône
supplémentaire.
Ian Atsbury |
Billy Duffy a
réalisé un gros travail instrumental. Tantôt par
des rythmiques chiadées, tantôt superposant différentes
parties de guitare, parfois jusqu'à trois pistes distinctes,
les imbriquant pour former un tout indissociable (Chris Goss jouerait
quelques parties de six-cordes). Lorsqu'elle est présente, la
troisième piste œuvre alors comme un lead-guitarist
ponctuant la chanson à l'aide de courts soli intermittents, ou
de licks pertinents. Malheureusement la production de Chriss Goss
(Kyuss, Master of Reality, Queens of the Stone Age) et Bob Rock (Payola$, Bon
Jovi, Metallica, Motley Crüe, The Cult) privilégie le gros son à la
définition. Une production touffue, un rien sourde, étouffant
la dynamique des entrelacs des LesPaul et de la White Falcon, qui,
pour le coup, ne se sont jamais montrées aussi ramassées.
Tout comme pour
cette batterie, pourtant bien servie par un jeu varié et
nuancé, qui manque de relief et est un brin trop en arrière.
Avec des cymbales souvent temporisées, comme si leur résonance
était tronquée, donnant l'impression d'une restitution
Mp3. Dommage, car sur « Born Into This », la
production plus aérée flattait le jeu de John Tempesta
(Exodus, Tempest, White Zombie) qui le méritait amplement. (Je
pinaille, mais pour un groupe de l'envergure de « The
Cult » j'attends au moins une production au dessus de
toute critique).
Billy Duffy en charmante compagnie |
Les paroles
restent chargées d'un certain romantisme empreint de mysticisme, structurée
autour d'une poésie hallucinée et nourrie d'un pseudo
ésotérisme vulgarisé, où pointe parfois
une critique, voire un rejet des dérives de la société
actuelle.
Astbury a
légèrement perdu en intensité et profondeur. En
fait, il ne force plus sur sa voix, il la ménage même
(50 ans depuis le 14 mai dernier).
Finalement,
« Choice of Weapon » m'évoque les
paroles d'un poto qui, à l'époque de la sortie de
« Walking into Clarksdale » de Page &
Plant, disait à son sujet, d'un air mi-enthousiasmé
mi-goguenard :
- « ça
sent le diable. Ce disque sent le diable ».
Car sans être
foncièrement sulfureux, il est emprunt d'une noirceur
sous-jacente. Certes, il y en a toujours eu, à des degrés
divers, cependant dès « Elemental Light »
un spleen s'installe comme jamais auparavant.
Une atmosphère
qui semble refléter une noirceur générée
par la constatation, ou plutôt le rejet d'un monde décadent,
miné par un consumérisme cultivé et exacerbé,
un monde qui par la perte de valeurs ancestrales se retrouve en
pleine confusion.
Comme pour « Born
into This », The Cult a choisi d'offrir un disque bonus
d'un réel intérêt ; loin des démos, ou des
« alternate take » (que l'on n'écoute
que très rarement, voire jamais), les chansons présentes
sont de qualité égale, sinon supérieure à
celle du disque officiel. Et pour cause, il s'agit de deux couples de
chansons sortis au préalable sur le net en 2010 et 2011. En
effet, pendant un moment, lors de l'été 2009
exactement, Ian Astbury pensait ne plus réaliser de CD
« longue-durée », croyant que ce format
vivait ses derniers instants.
Assurément,
on n'est pas en présence du meilleur de « The
Cult » (à mon sens la production a une part de
responsabilité là-dedans), toutefois, au fil des
écoutes, on découvre des pièces qui pourraient
vite s'élever au niveau des classiques du combo (ou duo).
On pourrait
reprocher qu'il n'y ait ici rien de vraiment nouveau ; on a parfois
l'impression d'un recyclage. On leur avait également reproché
leurs changements, leurs prises de risques. Les albums « Ceremony »,
« Beyond Good and Evil », et l'éponyme
de 1994, avaient été accueilli par une volée de
bois vert par une bonne frange de leurs fans, quand d'autres criaient
au génie.
Dans les titres
qui sortent du lot, on peut mentionner donc outre la scie « Honey
From a Knife », « Pale Horse », qui
fait le lien entre « Ceremony » et « Sonic
Temple », « Lucifer » qui fait
appel aux riffs body-buildés de « Beyond Good and
Evil », le vindicatif « For The Animals »
(premier single) et « The Wolf » (le
loup est un thème récurent chez Astbury), où l'on retrouve l'aura de Jimmy Page, qui a tout du missile conçu pour cartonner en live.
Et, dans le genre
ballade gothique ombrageuse, spleen moite : « Wilderness
Now », le Bowienien « Life > Death »
et « This Night in the City Forever ». Ce
dernier, après un premier mouvement qui se traîne,
enchaîne sur une envolée entre Alice in Chains, Neil
Young et... The Cult.
Dans les bonus,
il y a le superbe « Embers », une complainte,
un appel torturé et désespéré.
« Siberie » aux accents rock-heroic, entre The
Alarm et U2, à la sauce Duffy of course, et, en dernier
recours, « Every Man and Woman is a Star » dont
certains passages peuvent rappeler « The Witch »
au ralenti.
Si « Choice
of Weapon » n'est pas un très grand cru du groupe (quoique,
peut-être qu'en vieillissant un peu...), il prouve que The Cult
n'est pas près d'être enterré. Même s'il
pioche dans son passé pour composer, il a encore une force
créatrice qui fait malheureusement défaut à
quelques entêtés qui s'évertuent à sévir
sur la route.
Mention spéciale
pour le support assez luxueux (sans PVC) ; digipack rigide, livret
soigné, caractères lisibles (pas de pattes de fourmi),
paroles des chansons.
- "Honey from a Knife" - 3:06
- "Elemental Light" - 4:45
- "The Wolf" - 3:33
- "Life>Death" - 5:32
- "For the Animals" - 4:28
- "Amnesia" - 3:02
- "Wilderness Now" - 4:33
- "Lucifer" - 4:40
- "A Pale Horse" - 3:14
- "This Night in the City Forever" - 4:45
CD Bonus
- "Every Man And Woman Is A Star" - 3:26
- "Embers" - 5:01
- "Until The Light Takes Us" - 4:19
- "Siberia" - 3:36
++
(il est possible qu'il monte en grade d'ici la fin du mois).
(il est possible qu'il monte en grade d'ici la fin du mois).
Clip officiel de "For The Animals"
Lucifer
Je Kiffe!
RépondreSupprimerDans le 1er clip, quelqu'un pourrait me dire si les pierres offertes sont des shungites? J'en ai une et ça y ressemble.
http://shungite.fr/shop/page/2?shop_param=
Tiens ? Je ne connaissais ces shungite. C'est sérieux ?
SupprimerEn tout cas, dans le contexte de la chanson et du clip, il serait plausible que les pierres remises par Astbury sont des shungite.
"Dark cities you crawling in, dark prison your living in, you losing millions of cells, spit your mantra go to Hell"
Parce que ce ne sont pas des bonbons ?
RépondreSupprimer"My name is Lucifer, please take my hands !!!"
RépondreSupprimer:oD
"I saw the Devil down the long road, he said to me boy, I want your soul, I said No... , ... said yeah you can take my soul"
Supprimer(King Contrary Man - "Electric" 1987)
Et y'en a d'autres...
Mais où sont donc passées les ministres de la P.M.R.C. ??