Les WITCH DOCTORS "14 heures par jour" (2012) par Rockin-JL

Revoila les Wich Doctors, les sorciers normands nous convient à leur seconde grand messe impie un an après leur très réussi "Born on the bocage" * qui leur a valu une belle reconnaissance auprès des connaisseurs, à défaut d'un passage chez Drucker ou à Taratata...Autant dire que mon attente était forte, avec un peu la peur d'être déçu car le premier opus avait placé la barre plutôt haut, et puis on en connait des groupes qui ont tout donné ou presque dans leur premier jet et qui ont eu du mal à confirmer.
Alors je ne vais pas faire durer le suspense, ce n'est pas le cas avec ce "14 heures par jour", qui m'a carrément emballé mais nous allons y revenir  plus en détail.
Nos Witch Doctors sont toujours trois, à la guitare Emmanuel Desnos,  aux drums Olivier Gebenholtz , à la basse, chant et à l’écriture Jean Christophe Pagnucco et ce second album parait sur le label Bluesiac drivé par Mike Lecuyer .

Et ils ont toujours la banane les Witch !
"Eux non plus ils n'ont pas changé" aurait pu chanter Julio Iglésias! Le gros riff rock'n'rollien à la Chuck Berry/ Stones de "Du sang dans la bouche" qui ouvre l'album nous rassure sur ce point, ça va rouler ce soir comme le chantait Paul Personne. Judicieuse transition (merci!) car le Paulo national  est assurément dans les influences de ces lascars (en tous cas, plus que le Julio dont je parlais au dessus, ça va, vous suivez?). On reste dans le genre avec "J'ai tout l'temps d'rentrer trop tard", qui lorgne du coté du rockab, les Stray Cats ne sont pas loin; si le gang de Brian Setzer avait vu le jour à Pont Audemer au lieu de Long Island cela aurait peut-être donné les Witch Cats (ou les Stray Doctors)..
Je raconte vraiment n'importe quoi aujourd'hui...s'cusez moi, la faute à cet album que j'écoute en écrivant ces lignes et qui a tendance à me rendre euphorique, sans même avoir fumé l'herbe de mes chats (sauvages)..
Bon, on redescends sur terre avec "Pas besoin de reveil matin" , un blues lent dans la grande tradition du genre, à la Buddy (Guy), Bebert (Albert King) ou Gary (Moore), plein de spleen, dans les lyrics et les beaux solos de gratte tendus, nous voila dans le West Side (de Caen).

"14 heures par jour" qui donne son titre à l'album est un de mes deux titres favoris, un titre irrésistible, du genre que l'on se met à chanter à tue tête comme un con tout seul dans sa bagnole dès la première écoute. Ça balance un max, ça swingue , ça rocke, ça fait du bien dans les esgourdes malmenées par les tonnes d'insalubrités qui y passent à longueur de journée à l'insu de notre plein gré. Un titre pareil, ce devait être un accident?! Et bien non, car "Tu parles d'un Witch Doctor" qui suit est du même tonneau, plein d'humour et d'autodérision  et tout aussi dynamique et accrocheur, notamment avec ses chœurs sur le refrain; terrible!
 Avec ces 2 titres là les Witch ont percé le secret qui permet de torcher de bonnes chansons, simples, efficaces, facilement mémorisables, bref des "hits" en puissance. Bon, pas de bol, on est en France et la France et le rock ça fait 2, dommage car ce groupe mériterait une plus large diffusion et une audience plus étendue; et au lieu de tout ça on nous passe toujours la même poignée de crétins sur les ondes qui ..

-Du calme Rockin, prends tes pilules! Les bleues!

 Oui, on se calme avec le mid tempo "Les mirages" , beau titre qui rappelle un peu "les fleurs fânées" sur l'album précédent avec encore une belle guitare.  "Personne" est un pur blues avec un gimmick de gratte en  clin d'oeil au "Shake for me" d'Holwing Wolf  et des paroles bluesy à la française, quelque part  entre "Born under a bad sign"  et "Hoochie coochie man" . Le tempo s'énerve ensuite avec "Dans l'temps", un blues rock nerveux. Mais les Witch maitrisent bien aussi les blues lents, la preuve avec  "Le prix du temps" ; avant un final en fanfare avec "L'heure où rien ne bouge"; erreur, il y a quelque chose qui bouge : nous, au son de ce rock endiablé.

de g. à d. Emmanuel (guitare), Olivier (drums) et Jean Christophe (basse, chant)

Conclusion: le premier album était sympa, le second est celui de la confirmation. Ces Witch sont plein de vitalité, de bonne humeur et de talent tout simplement. J'ai parfois du mal avec le blues ou le rock chanté en français et là avec les Witch, ça passe tout seul, grâce à des textes intelligents, directs, qui touchent leur cible, grâce aussi au chant puissant mais "fluide" de JC  tout à fait en osmose avec la musique et enfin à la cohésion musicale et la confiance qui se dégagent et qui permettent ainsi au guitariste de balancer des solos bien sentis, à bon escient, sans démonstration gratuite.

La musique de ces normands puise ses sources chez Les Chats sauvages, Monsieur Eddy, Dick Rivers, Paul Personne, Bill Deraime, les Stocks et quelques autres que j'oublie qui ont réussi à faire sonner le  blues et le rock'n'roll en français et est tout simplement porteuse de plaisir, alors pour une bonne rock'n'roll thérapie, faites confiance aux Witch Doctors! Bientôt remboursé par la Sécu!

( PS- J'aime bien d'habitude émettre quelques réserves pour faire mon intéressant et le mec pas trop complaisant, mais sur ce coup là , je cherche encore..)

*Retouvez dans le Deblocnot  la chronique de "Born on the bocage" et les Witch en interview

liens vers le site des Witch Doctors (commander les CD, dates ..) et vers le label Bluesiac

Extrait: "Personne"