mercredi 4 avril 2012

Paul GILBERT " King Of Club " 1998 - (Bruno)




     Paul Gilbert
, l'original shredder qui, au contraire de nombre de ses pairs, sait ne pas se prendre pas au sérieux, celui qui s'était fait remarquer en se munissant d'une perceuse munit de médiators pour une vidéo pédagogique, parodiant ainsi la confrérie des sprinters du manche (gag qu'il ressort encore lors de prestations qui allient le loufoque à une technique débridée). Il fut considéré comme l'un des plus rapides, un magazine américain le désignera même comme le quatrième mondial. Cependant il convient de rappeler que la musique n'est pas un sport de compétition. Paulo, le collectionneur fou de guitares Ibanez vintage (années 70), en a marre du grand cirque qui entoure Mr Big et souhaite revenir à quelque chose de plus simple et libre de toutes expressions artistiques.


     Paulo est né le 6 novembre 66 (ce qui donne... 6/11/66, bon sang mais c'est bien sûr !!) à Carbondale dans l'Illinois. Il monte son premier groupe à quatorze ans. Plus tard il part pour la Californie où il est vite repéré par le journal Guitar Player et un aussi certain Yngwie Malmsteen. En 1985, il fonde Racer X, un groupe de Speed Metal (basé sur la vitesse d'exécution) où l'on retrouve Scott Travis (Judas Priest). 

     En 1988, il rejoint Billy Sheehan (Talas, David Lee Roth, Niacin) et Eric Martin pour former Mr BigLe groupe alterne des titres de bravoure Heavy-rock à d'autres nettement mainstream.
 Jackpot à la clef : succès et reconnaissance internationale sont au rendez-vous. Les trois premiers opus font de très belles ventes. Le deuxième opus, « Lean Into It », est certifié disque de platine aux USA. De 1989 à 1994, six singles sont dans le top 100 du billboard US. Et bien sûr, il y a « To Be With You » qui fait un carton international (dont trois semaines n°1 aux USA) et « Wild World », la reprise de Cat Stevens, qui squatte les radios de nombreux pays dont la France.
 

   Toutefois en 1998, peut-être pour revenir à des choses plus simples, à une dimension plus humaine, ou bien encore peut être pour fuir une certaine pression imputée par le succès des premiers disques de Mr Big, monsieur Paul Gilbert quitte le groupe et entame une carrière solo.


     Contre toute attente l'ex-shredder évite le piège de l'album consacré à la guitare, exhibant prouesses et clichés. Bien qu'il y ait un côté ouvertement Pop, disons plus 60's-70's qu'avec Mr Big, la musique est plus directe, et évite les séances de démonstrations techniques (à l'exception de la pénible dernière pièce)Pablo Gilberto a composé des chansons qui tiennent la route et non des instrumentaux qui aurait servit son égo (il a déjà fait ses preuves et n'en a plus besoin). Des harmonies Pop, servit par une instrumentation catégoriquement Heavy, et sans aucune fioriture, à l'exception de quelques claviers (piano ou orgue, mais point de synthés) occasionnels et discrets, et quelques rares chœurs à l'unisson sur certains refrains. Malgré une certaine orientation Pop sur bon nombre des chansons, il n'est nullement question ici de Rock ou de Hard-FM, l'approche du son étant résolument dur et cru ; pas d'effet hormis une bonne saturation qui crache. Un Heavy rock quelque peu frondeur. 

En cela, on se rapproche souvent d'un Cheap-Trick des meilleurs jours (celui de « All Shook Up » notamment), avec une certaine décontraction joviale, et quelques pointes d'humour. D'ailleurs, comme ces derniers, Paul adore les Beatles, mais aussi les Beach Boys et les Kinks. A cela, il convient de rajouter que Paulo est un fan (on s'en serait douté) de tous les Guitar-Heroes notables des 70's aux 80's (de Jimmy Page à Van Halen, sans oublier Frank Marino, Rick Nielsen, Schenker, Norum, Brian May, etc, etc...) mais aussi Steve Jones et Joey Ramone (!). Sans oublier son oncle Jimi Kidd avec qui il enregistrera un disque en 2004, « Raw Blues Power ». Son champ d'intérêt pour la musique est vaste, et ne se cantonne pas au Heavy-Metal et Hard-Rock. Paul est une véritable encyclopédie musicale sur pattes.
On peut également retrouver quelques points communs avec le « THUNDER  » d'Andy Taylor (lien).

     Gilbert s'offre le luxe d'assurer lui-même le chant, la basse, la guitare évidemment, et même la batterie sur un titre. Son chant, même s'il n'a rien d'analogue avec les ténors du Rock, surprend agréablement par sa justesse et son timbre, très légèrement voilé, bien en adéquation avec ce rude Power-Pop. Son jeu de basse, sans être comparable à celui de son ancien coéquipier Billy Sheehan, a la propriété de ne pas être métronome, ni de se contenter de coller à la guitare, mais au contraire, sans pourtant faire électron libre, de sortir du carcan strictement rythmique en insufflant ainsi une dynamique supplémentaire.
Quant à la guitare, il va s'en dire qu'elle est magistrale. 

     Alors qu'avec ce 1er album solo, on aurait pu croire en toute logique que cet ancien shredder, ancien coopérant pour des magasines de guitares (Guitar Player et Total Guitar) et professeur au Guitar Institute of Technology (sans oublier ses DVD pédagogiques), aurait étalé tout son vaste savoir et en aurait mis plein les mirettes (ou plutôt les esgourdes), mais non. Paul a composé des chansons abouties, certes chargées de guitares, mais non des brides ou des brouillons qui auraient servi de vulgaires supports à des tonnes de guitares égocentriques et démonstratives ; et qui auraient été finalement stériles.

     Si tous les titres, à l'exception d'un seul, sont bons, quelques uns se démarquent néanmoins.
« Vynil », des patterns de batterie africaine sur lequel s'impose un lyrisme résolument pop plombé par un son franchement Heavy (ce serait une photo de Gwen Stefany, époque No Doubt, qui, telle une muse, l'aurait inspirée).
L'énergique « Bumblebee », qui n'a aucun rapport avec Sergueï Rachmaninov, pourrait être affilié à un Punk-Pop US, renverrait presque Nuno Bettencourt à son bac à sable (j'exagère).
Le fulgurant « I'm just in love », une Love-song speedée perfusée à la caféine, avec une basse survoltée, une rythmique franche lorgnant vers le Punk-rock, et un break surprenant, prenant l'auditeur à contre-pied, fait de guitares acoustiques hispanisantes du meilleur effet, 
« Streetlights », un titre en low-tempo doté de beaucoup de respirations, avec un piano aux notes résonnantes (un peu Floydien) ; et surtout un solo de guitare monstrueux (le 2ème) doté d'un feeling rare, (principalement avec le micro grave) : un tapping succède à des légatos, côtoie des bends vertigineux, tenus mais musicaux, final en cascades de notes incendiaires et mélodiques. Ce n'est aucunement démonstratif, c'est juste que Paul possède un vocabulaire très riche lui permettant de s'exprimer avec un naturel qui n'est pas à la portée de tous.
« My Naomi », un titre alternant Power-pop et Heavy-rock, dont le refrain a emprunté le phrasé d'orgue entêtant du « Surrender » de Cheap-Trick (un hommage ?).
« Double Trouble », du lourd faisant hommage au Hard-blues des 70's, avec notamment une basse saturée rappelant feu-Félix Pappalardi, et des passages faisant honneur à Mountain, et d'autres à un Black Sabbath qui renouerait avec le blues.

   On fera par contre l'impasse sur les 2 instrumentaux : « The Jig », de fort bonne facture, inspirée des œuvres de J.S. Bach, mais hors sujet avec le reste de l'album. 
   Et surtout « The Jam », une parodie des « Guitar-Heroes » des 80's, présentant peu d'intérêts, si ce n'est de d'étaler tous les clichés de cette période. Une Jam interminable (en un seul mot) avec son ex-collègue de Racer X, Bruce Bouillet (initialement juste présent pour apporter son aide à la production). De l'aveu même de Gilbert, ce n'est qu'une satire des instrumentaux et des travers du shred ; finalement c'est une succession stérile de plans pyrotechniques, pas toujours appliqués, sans trames mélodiques ni même rythmiques. C'est long, beaucoup trop long, et la blague qui dure 19 minutes est lourde à digérer et ternie considérablement l'album. Du pur remplissage pour atteindre les (presque) 60 minutes en usage lors de cette décennie ? Dommage. 




Sans la jam, il y aurait eu une noire supplémentaire






Le son n'est vraiment pas terrible, mais je n'avais que ça sous la main...

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