Vous avez sans doute croisé cette pochette de disque d’un
vert profond, sobrement intitulée BALLADS au rayon jazz de vos disquaires
favoris. Comment ? Vous n’avez pas de disquaire ? Ca télécharge à
tour de bras ? Comment, vous ne fréquentez pas le rayon jazz ? Juste
à côté du rayon Blues ? Ben vous avez tort, enfin, si je puis me
permettre, car ce disque-là vaut le coup, surtout si vous n’êtes pas familier
du rayon jazz…
Quelques mots sur Eric Legnini, pianiste belge, qui a croisé
sur sa route le saxophoniste Stefano Di Battista, et le batteur Aldo Romano. Il
a aussi flirté avec des Nougaro et des Salvador. Eric Legnini aime et joue une
large palette de styles, son jazz est tantôt teinté de soul, de gospel, avec l’album MISS SOUL (2005). Son précédent album THE VOX (2011) tient
presque de la musique Afro Beat, et du funk, tout cuivres pétaradants, et avec
la participation de la chanteuse Krystle Warren. Pour BALLADS, retour à l’acoustique, au trio
piano batterie contrebasse, pour un disque de reprises de standards. Voici ce
que Eric Legnini déclare au sujet des ballades : « La ballade reste
ce qu’il y a de plus dur à jouer, sur un tempo up, on peut masquer les petits défauts,
les imperfections. Si on n’a pas d’idée sur une ballade, on est cuit. Ça ne
ment pas, vous êtes à nu. Le débit impose la précision, la concision. »
Et on le vérifie avec ce disque, constitué de quinze titres,
de trois ou quatre minutes maximum. Pas de solos grandioses, d’envolées, de
cavalcades improvisées. Pas non plus de chorus de contrebasse ou de batterie. Chacun
est au service de l’autre, et au service de la composition. Juste quinze titres,
quinze chansons. Eric Legnini se frotte à un genre, et se frotte à quelques
ainés prestigieux. A commencer par Duke Ellington, en reprenant d’entrée son « In
a sentimental mood », mais aussi à James Taylor, Chet Baker, ou
Ray Bryant, avec un « Willow weep for me » merveilleusement bluesy à
souhait. Le rythme se fait subtilement bossa sur « Portrait in black and white Zingaro »
de Antonio Carlos Jobim. Quelques plages sont jouées piano solo, notamment des
compositions de Legnini « Folk song #1 et #2 » ou « Amarone »
ou encore le classique « Smoke gets into your eyes » écrit par Jérôme
Kern, et interprété aussi bien par Fred Astaire que The Platters. On y trouve
aussi du Gershwin avec « I can’t get started ».
BALLADS, comme son titre l’indique, est un disque cool, ode
aux belles mélodies, sortez les chandelles et faites tinter les coupes
à bulles… L'option feu de cheminée et setter sur les genoux me semble pas mal indiquée aussi, ou tout simplement, deux trois coussins et les yeux fermés. Une musique simple (aïe aïe aïe, ne JAMAIS dire qu'une musique est simple, avant d'avoir tenté de l'interpréter soi-même !) disons une musique que l'on peut recevoir simplement, et qui donc à mon sens peut plaire à tous les publics. Et comme sa pochette l’illustre, c’est un disque sobre, toute en retenue. Je serai tenté
de dire un disque d’ambiance, mais ce serait limite péjoratif, et puis, pour
bien en profiter, il faut faire silence… Je n’aurais pas été contre un ou deux
titres un peu plus remuants, mais le cahier des charges était strict !
BALLADS, c’est… des ballades. Épaulé par son batteur Franck Agulhon, et par le
contrebassiste Thomas Bramerie, Eric Legnini a mis son dernier disque en boite en une
journée de studio ! Y aurait-il
matière encore, dans quelques tiroirs, pour un BALLADS II ?
On s'écoute "In a sentimental mood" qui ouvre l'album, et donne le ton :
BALLADS - Eric Legnini Trio
15 titres, 47 minutes
Un batteur inouï que ce Franck Agulhon. J'ai eu l'opportunité d'apprendre quelques trucs à ses côtés il y a de ça quelques années. Sacré souvenir. La batterie jazz à son plus haut niveau, et plus encore. L'homme travaillait à l'époque aux côtés d'un autre monstre nommé Birelli. Si ça vous dit quelque chose ?
RépondreSupprimerLe Chaméléon.