Né en Californie en 1921, Johnny Otis vient de mourir à 90 ans le 17 Janvier 2012. D'origine grecque (son vrai nom est Yannis Veliotes), il grandit dans le quartier black de Berkeley (Californie) et commença par jouer dans des orchestres de jazz comme batteur, pianiste et vibraphoniste. Il accompagnera ainsi le grand Lester Young, avant de fonder son propre band de rythm and blues dès 1945. Ils joueront notamment avec Wynonie Harris et Charles Brown et décrocheront 3 Numéros 1 dans les charts Rytm'n'Blues en 1948 ("double crossing blues", "mistrutin blues", "cupid boogie"). Il animera à la télévision le Johnny Otis Show à partir de 1954, une des premières émissions du genre, qui contribuera à faire découvrir de nouveaux talents. L'évolution de sa musique est intéressante, car il passe du jazz instrumental en grand orchestre à la Basie ou Ellington à un band plus resserré avec cuivres, guitares électriques et blues shouters, jouant un rythm & blues dansant qui en fait un des pionniers du rock 'n' roll. Il passera aussi par la case "funky " début des 70's. Otis aura fait beaucoup pour la popularité du rythm & blues et en sera le premier musicien blanc reconnu, même parmi la communauté noire. A ce sujet de la couleur il déclarait "As a kid I decided that if our society dictated that one had to be black or white, I would be black ".
Son fameux Show tourna a travers le pays pendant des décennies, et sera un vrai vivier de talents. S'y sont révélées de très grandes chanteuses comme Ester Phillips, Big Mama Thornton, c'est d'ailleurs pour Big Mama que fut écrit par le fameux duo Leiber/Stoller, en 1952 le "Hound dog" popularisé ensuite par un certain Elvis, titre co-crédité à Otis et Etta James (*) qu'il découvre en 1951 et dont il produit le premier hit "Roll with me Henry". C'est en 1958 qu'il aura son plus gros hit avec "Willie and the hand jive" , un morceau inspiré du "Bo Diddley beat" , qui sera reprit par Eric "slow hand" Clapton en 1974 sur "461 Océan boulevard". Notre Johnny s’éloignera un peu de la musique ensuite, même si on le retrouve comme accompagnateur de Johnny Guitar Watson en 1961 chez King records . Il faut dire que notre ami a de multiples talents et activités : pasteur, fermier, dessinateur, peintre, sculpteur, DJ, écrivain, producteur (de Johnny Ace), songwriter ("every beat of my heart" pour Gladys Knight). Il tient aussi un temps un club de blues et tâte même de la politique, étant candidat démocrate au parlement de Californie, non élu.
Il fera un come back en 1969, sous l'impulsion d'un grand fan, Frank Zappa qui suggère à Kent records de l'enregister de nouveau, cela donnera "Cold shot", puis un second retour en 1982 pour Alligator records (voir ci dessous). Il continuera de jouer jusque dans les années 2000 et laisse une trace indélébile sur la musique populaire du 20éme siècle dont il fut l'un des pionniers et dont il contribua à la popularité.
RIP JOHNNY , thanks for all
(*) Par une étonnante coïncidence, Etta James vient de le rejoindre 3 jours plus tard au paradis des musiciens; le Deblocnot lui rend aussi hommage aujourd'hui ( RIP Etta James )
Discographie sélective:
- "Big Mama Thornton, the peacock recordings" (1952-3)
Les premiers pas discographiques de Big Mama, avec Johnny Otis à la production et derrière la batterie ou le vibraphone, accompagné du Johnny Otis show. C'est simplement monstrueux. La jeune Willie Maé Thornton emporte tout sur son passage porté par un backing band qui chauffe, cuivres en avant ; des grands titres outre "Hound dog" comme "I smell a rat" ou le blues autobiographique "they call me Big Mama", indispensable.
- "Cold shot" (1968), du Johnny Otis show, Johnny y joue du piano et de la batterie, son fils Shuggie tient la guitare, joue la basse et de l'harmonica, et le formidable et méconnu Delmar Evans est au chant. Pour revenir sur Shuggie, il a juste 15 ans en 68, mais c'est la véritable vedette de ce disque, un prodigieux guitariste qui signera 4 disques solo de 1969 à 1974, dont "inspiration information", un ovni qui a certainement influencé Prince ou Leny Kravitz plus tard. A noter que les Stones lui proposèrent de se joindre à eux en 1974 pour une tournée, ce qu'il refusa, car il pensait travailler son prochain disque avec Quincy Jones, projet qui n'aboutira pas, dommage car la carrière discographique de Shuggie s’arrêtera là . Ce "Cold shot" est un joyeux mélange de blues et Rythm & blues plus une touche funky, et parfois des intonations distordues qui évoquent le Captain Beefhaeart de "Safe as milk".
- "Snatch & the Poontang" (1969) paraitra dans l'anonymat, distribué dans les boutiques pour adultes, sans aucun nom de musiciens mentionné sur la pochette..Sans doute pour éviter les ennuis car déjà la pochette signée Otis dans le plus pur style de Crumb est assez crue, de plus les paroles le sont aussi ! Quant a la musique, elle est dans la continuité de Cold Shot avec très surement les mêmes musiciens; a signaler Hey shine, inspiré de Hand jive, et un étonnant blues lent parlé ou la guitare de Shuggie accompagne la voix profonde de Delmar (two time slim), bel album aussi.
- "The Johnny Otis show, live at Monterrey "(1971) pour l'ambiance torride d'un live, avec en invités rien moins que Ester Philipps, Eddie Cleanhead Vinson, Joe Turner, Ivory Joe Hunter, Roy Milton, Pee Wee Crayton, Delmar Evans, Margie Evans et Shuggie Otis sur plusieurs titres.
- "The New Johnny Otis Show" paru chez Alligator Records, second come back en 1982 avec Shuggie à la guitare. Un superbe album pour le label au croco, entre Chicago blues et Rythm'n'blues avec au chant Delmar Evans, Vera Hamilton ou Linda Dorsey, de la très haute qualité, de toute façon on n'est jamais déçu avec un album Alligator (vite, une statue pour son fondateur Bruce Iglauer !!)
- Enfin, chez Ace records, "the Johnny Otis story", volumes I ("midnight at the barrelhouse" 1945-57, 25 titres ) et II ("on with the show" 1957-74, 24 titres), compilation très complète.
Bel hommage. Rockin président, Rockin président!
RépondreSupprimerBel hommage en effet mais je ne comprends pas pourquoi monsieur Rockin est fait l'impasse sur la partie entrepreneuriale de Johnny Otis...
RépondreSupprimerC'est quand même lui qui a fondé les ascenseurs OTIS, cruel oubli.
ai fait..
RépondreSupprimerHRT : tu dis confondre, les ascenseurs c'est Otis Redding
RépondreSupprimerShuffle, j'y pense j'y pense, à suivre...