dimanche 22 janvier 2012

HOMMAGE A ETTA JAMES, grande diva de la soul.

Mauvaise semaine pour le rhythm’n’blues…

La chanteuse américaine Etta James est décédée ce vendredi 20 janvier, à l’âge de 73 ans, des suites d’une leucémie. Elle était également atteinte de la maladie d’Alzheimer. Son nom ne vient sans doute pas forcément à l’esprit quand on évoque les divas de la soul et du rhythm’n’blues, comme Aretha Franklin, ou Tina Turner, et pourtant… Quand on a écouté chanter cette femme une fois, on s’en souvient longtemps. Une voix puissante à la fois virile, et marquée de nonchalance lascive. Elle est née en 1938, et enregistre pour la première fois en 1954. A l’âge de 16 ans. Elle avait fait ses classes comme de nombreuses autres, dans les chœurs d’une église. Elle se produit avec son groupe, et est repérée par le musicien Johnny Otis (décédé 3 jours avant elle, hommage à lire aussi aujourd'hui: RIP Johnny Otis), à qui elle doit son nom de scène. Son prénom était Jamesetta. Elle s’appellera désormais, Etta James. Très vite, elle compose, produit, arrange ses chansons. Elle compte bien se faire un nom, et une place dans un milieu où les chanteuses sont trop souvent prises pour des gravures de mode, des faire-valoir, qui chantent poliment ce qu’on leur compose. 
Etta James était une femme de caractère. Hélas, grisée par ses premiers succès, elle plonge tête baissée dans la dope. Et y restera un très long moment. Elle fera la première partie de Little Richard. Dans les années 60 elle apparaît toute platinée et choucroutée, à la manière des stars de la Motown.  Elle signe chez Chess Record, et y restera de 1960 à 1978,  alignant les succès de Doo Wop, des ballades, du R’n’B. Au total dans sa carrière elle sortira 28 albums studios, plus 3 live.  Les années 70 et 80 sont plus difficiles, elle tente plusieurs retours, en vain, même si elle ouvre pour les Stones lors de leur tournée aux States en 1978 et fait une prestation remarquée au coté de Chuck Berry et Keith Richards dans le doc/concert "Hail hail rock'n'roll". Il va falloir attendre 1998, et l’album LIFE, LOVE & THE BLUES, auquel participent ses deux fils comme musiciens, et qu’elle sort sur son propre label, pour qu’on se souvienne d’elle comme une des plus grandes voix de la soul et du blues. Sur des compositions personnelles, ou des reprises de standards, elle imprime sa marque, son style.  Un album enregistré aux mythiques studios Muscle Shoals, où avaient officié Aretha Franklin, ou Wilson Pickett. Fort de ce succès, elle enregistre depuis un album par an. En 2002, elle sort un live, BURNIN DOWN THE HOUSE, de très bonne facture, où se mêlent des ballades soul déchirantes, et du R’n’B chaud comme la braise.

"At last", son grand succès, tiré de l'album du même nom (1961), récemment repris par Beyoncé, qui en 2008 avait joué au cinéma le rôle d'Etta James dans le film Cadillac Records .

Un premier extrait, tempo entrainant, avec s'il vous plait l'orchestre de BB King. L'extrait n'est pas anodin, car Etta James était très respectée des bluesmen, ainsi que des jazzmen. Son répertoire s'étendait bien au delà de la soul music. Il est d'ailleurs intéressant de constater que les mimiques d'Etta (voir la seconde vidéo) rappellent celle de BB King. C'est un classique de la chanteuse, et un de mes morceaux préférés. Sans vouloir être méchant, disons qu'il y a les arrangements sirupeux d'une Diana Ross d'un côté, et le couillu d'Etta James de l'autre... J'aime bien de côté couillu, moi... Ce titre a été repris par Beth Hart, en duo avec Joe Bonamassa. Bruno nous en avait parlé.



Etta James dans un registre soul, avec ce sublime "I'd rather be blind", encore un de ses classiques. Ca commence cool, et ça monte... L'enregistrement est récent, on sent Etta James physiquement moins à l'aise, mais la voix... la voix... quelle voix ! Et puis, le jeu de scène assez osé à 2'15 ! Devant une Nina Simone médusée, assise au premier rang, serrant son sac à main sur les genoux. Quelle image ! Tu vas nous manquer Etta, y'en avait pas beaucoup de ta trempe ! 



Etta James, RIP, 25 janvier 1938 - 20 janvier 2012.

6 commentaires:

  1. Shuffle master22/1/12 09:32

    Révérence parler, le terme de diva ma paraît peu adapté à Etta james; comme tu l'as signalé, son côté gouailleur, et parfois un peu lourdingue, s'y oppose. Ces considérations sémantico-protocolaires étant évacuées, elle est effectivement à mettre aux côtés d'Aretha Franklin. J'ai ressorti Seven year itch depuis hier soir. Tu connais les musiciens qui y jouent? Muscle Shoals, sûrement, mais il n'y a rien sur le livret.

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  2. Désolé, je ne possède pas cet album, mais comme une question se doit de ne pas rester sans réponse...

    Bass – Bob Wray, Hutch Hutchinson, Willie Weeks
    Drums – Ricky Fataar, Roger Hawkins
    Guitar – Kenny Greenberg, Reggie Young, Steve Cropper
    Keyboards – Art Neville, Barry Beckett
    Mixed By – Barry Beckett (tracks: 4, 6, 8)
    Producer – Barry Beckett, Ricky Fataar (tracks: 4, 6, 8), Rob Fraboni (tracks: 4, 6, 8)
    Saxophone – Jim Horn

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  3. Shuffle master22/1/12 13:56

    Impressionnant...Il y a des SAV qui pourraient en prendre de la graine.

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  4. Une grande voix s'est éteinte. Paix à son âme.

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  5. Hé ? Ho !! C'est quoi ce "Cadillac Records" ?? M'enfin, un film sur Chess, avec Muddy, le Wolf, Chuck, Etta, existe et on ne me dit rien ?
    Est-ce bon ?

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  6. oui Bruno, c'est pas mal, notamment pour les acteurs et les numéros musicaux assez convaincants, plus réservé en revanche quant à la vérité historique, pas mal d'approximations; mais globalement, c'est à voir bien sur. (plusieurs extraits sur you tube, notamment le Wolf et Etta). Chronique à venir

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