Té, mes braves pitchounets, Tonton Big Bad va vous raconter une histoire de saison et rétablir un peu la Vérité Vraie que des générations d’historiens tchapacans et autres bordilles de supposés fins lettrés ont travesti depuis l’An Pèbre ou pas loin.
Jesus est né en Provence. Si, si.
Et ce n’est pas une histoire en bois, c’est l’Histoire aque un grand « H », comme « Hattention, si tu continues à t’esclaffer, y va y avoir filade ! »
Après les gloussements hystériques contenus par la possibilité de se faire reléguer férocement, je vois d’ici les hordes de celtillons chevelus et chenus mauvaisement représentés par Rockin’ JL s’offusquer Benoîtement, et ce, XVI fois de suite : amen.
Mais, dans un élan de mansuétude qui m’étonne autant qu’il force mon admiration intrinsèque, je ne vais pas vous causer de la Pastorale Maurel, tout simplement passque c’est en Provençal, et que mis à part quelques fins érudits, y a dégun qui le cause vraiment tous les jours.
On va faire simple, comme ça, même les plus fadoli comprendront. C’est mon quart d’heure de bonté, et pis, je vous le dis depuis le début, c’est Noël !
Une version plus abordable est celle d’Yvan Audouard écrite en 1960 et éditée chez Deutsche Grammophon, excusez du peu.
Je vois déjà le Toon se ranger à mes cotés pour lutter contre les moulons de calamantrans. Oh voui, collègue, brandis l’Archet Vengeur d’Hillary la Scintillante tandis que je prends ma Gibson Implacable !!!
Et voilà l’auteur : une belle tête de conteur provençal !
Yvan Audouard, journaliste (au Canard Enchaîné), écrivain, dialoguiste, scénariste au cinéma.
Et bien que né loin, bien loin à Saïgon, c'était un homme attaché à la Provence de ses parents.
Et, donc, en 1960, il écrit cette pastorale très inspirée de celle de Maurel, mais plus facile à suivre, je l'ai déjà dit, mais au fonds de la classe, y en a qui pleins qui rigolent… Ca y est BBP est en train de devenir croyant…
Hé non, pas vraiment, là est le paradoxe de l’animal… Simplement chaque année, avé mes gamins quand on fait la crèche, je mets le disque, et après on sort le village, et ensuite les santons de leurs petits papiers. Une vraie crèche plus vieille que moi, c’est dire ! C’était celle de ma grand-mère, le village a été construit par mon père quand il était plus vraiment minot mais encore bien jeune.
Et pourquoi faire ça ?
Ben, pour les pitchouns’, pardi ! Sans aller les formater avec un cathéchisme réducteur, c’est une jolie histoire à raconter. On parle de choses simples : des pauvres gens (Marie et Joseph) qui arrivent dans un village et des braves gens dans le meilleur sens du terme leur viennent en aide.
Une époque révolue où l’on ne parlait pas de solidarité théorique mais où l’on donnait dans l’entraide pratique.
On n’était pas forcément plus honnête, mais certainement franc.
Le plouc est rustre, le citadin est cuistre.
Le pèquenot est rustaud, le bourgeois sans foi ni lois.
Le pacoulin n’est pas si crétin, oh non ! Loin de là !
Raconter une histoire simple, j’insiste, avec des valeurs universelles que tous les enfants peuvent comprendre avant qu’on en fasse des tyrans non éclairés et capricieux.
Sortir les santons un par un de leur boite, les déballer avec tout le respect dû à leur grand âge, même Spielberg n’arrive pas à autant de suspens ! A chaque fois, la surprise, il faut composer avec, modifier la narration pour coller au personnage qui vient d’apparaitre.
Raconter cette histoire chaque année, mais pas exactement de la même manière, rajouter des détails, s’adapter en fonction de votre auditoire. La limite est atteinte avec l’adolescence, c’est normal, faut passer à autre chose.
Alors laissez l’O.M., les malfrats, les politiques véreux de coté et tous les clichés à la noix rapportés ad nauseum par TF1 et M6, venez voir quelque chose de beau made in Provence !!!
Mais vous pouvez vous servir un coup de jaune (Pastaga) à ma santé.
Allez, zou !
Faites-vous une vraie crèche avec des vrais santons d’argile, pas des machins en plastiques made in China, placés à la va-vite sur une table moche à l’entrée de la baraque de cake banlieusard de Mémé Jackie et Pépé Guitou.
Un tigre et un lion ??? Oh, tronche d'api ! Tant que t'y est, rajoute un marsupilami, ça fera encore plus exotique !!!
Un peu de bon gout, je vous prie, et laissez ces bêtises aux fâcheux...
Au lieu de ça, le lent cérémonial décrit plus haut avec en illustration sonore le disque de ce brave monsieur Audouard apportera une bienveillante douceur et un peu d’émerveillement à vos nistons, même s’ils carburent à la Wii ou la XBOX 360.
L’histoire commence avec l’Ange Boufarèou, par pitié, ne prononcez pas « bou-fa-ré-ou » en appuyant monotonement toutes les syllabes, un peu d’accent tonique, mettez-y de la vie !
L’Ange, donc, avant d’être interrompu une fois de plus par moi-même, annonce les nouvelles à coup de trompette, et il souffle dedans si fort que ses joues en sont rouges. Un peu le Dizzy Gillespie de l’époque, mais avec moins de swing.
Heureusement, il ne fait pas que nous casser les oreilles, il cause un peu, et introduit les personnages.
Et vous, avec la crèche, vous faites pareil, et vous inventez des dialogues entre les personnages. A part la Nativité : Marie, Joseph et Jésus, tous les santons représentent des métiers anciens et ruraux. Un bon moyen de retrouvez nos racines paysannes édulcorées à l’aspartame noyé de gasoil sans plomb des plus ou moins grandes villes.
Exemple de discussion entre le pêcheur et la poissonière :
- « Oh Nine, il a l’air un peu fatigué ton poisson. C’est lui qui a tiré la carriole ? »
- « Fatigué, mon poisson ? C’est mon mari qui l’a pêché ce matin. Té regarde, il frétille encore ! »
- « Evidemment, tu boulègues le panier comme pas permis ! »
- « Ah, mais c’est pas un pêcheur de bogues et de gobi qui va se permettre de critiquer MON poisson »
- « Hèèè, je m’inquiète juste un peu, ça me ferait peine que tu empoisonnes le Petit et ses Parents »
- « Empoisonner ? Oh, mais tu as vu un peu ce tu amènes, toi ? Même les chats les plus morts de faim, ils en voudraient pas des bordilles que tu attrapes »
- « Et pourquoi tu prends ce grand parapluie ? Y a pas un nuage ! »
- « Hèèè, on sait jamais, ça peut tomber d’un coup. »
- « Tomber, je sais pas. Mais avé le vent qui fait, ton engin, c’est sûr il va nous faire voler ! »
- « Hé ben tant mieux, on arrivera plus vite ! »
Les commères devant leur porte, qui tricotent chacune une chaussette, sont les précurseuses (c’est pas français ? et alors ?) des merveilleux journaux d’investigation pointue comme « Voilà - le magazine des photos floues qui vous flouzent »
- « Tu crois pas qu’elle est un peu grande ta chaussette ? »
- « Evidemment, c’est pas une chaussette, c’est une layette. »
- « Alors, pourquoi tu fais pas de manches ? On dirait un sac. Tu lui fais un sac pour le Pitchoun’ ? »
- « Vouais, au moins, il aura pas froid ! »
Il y a un personnage un peu louche: le Boumian., en provençal, c’est le bohémien. Bien avant que ses descendants ne débarquent pour laver les vitres des voitures à l’eau sale aux carrefours avec le sourire du travailleur satisfait d’avoir pourri le 4x4 SUV (Mercedes classe Point G, BMW classées X, Range Rover, etc…) du gros cake parvenu (pléonasme ?) qui trimbale sa cagole clone de Paris Hilton sur la promenade de la Corniche avant de l’emmener au Macumba passer une nuit de folie ou ils dansent-dansent-dansent sur des refrains bien niais et tapen-tapent-tapent la mesure à l’envers et contre tout, surtout le bon gout.
Amen (again) !
Le Boumian, d’habitude un peu racaille, est poursuivi par un Gendarme pas vraiment violent. La preuve, ya pas de cartouches dans son pistolet, c’est pas lui qui ferait des bavures ou des erreurs judiciaires. Oh non ! Il fait juste les gros yeux et un peu la grosse voix.
- « Ho Boumian ! Tu traines encore par ici ? »
- « Non, monsieur, c’est pas ce que vous croyez, je viens voir le Petit et ses Parents »
- « Et la dinde, là, tu la promènes ? Elle prend l’air avec toi ?»
- « Mais je vais la rendre, promis, et vous, vous allez me libérer, hein ? »
- « Mais bien sûr ! Et pourquoi je ferais ça ? »
- « Parce que c’est Noël. Tenez, la dinde, c’est pas pour moi, c’est pour l’Enfant »
Et y en a plein comme ça des personnages haut en couleur ou attendrissants.
- « Dis moi ce que tu vois, Fils, raconte-moi tout, je ne veux pas en perdre une miette »
- « Le jour se lève à peine, ya pas un nuage. On voit encore les étoiles, elles sont toutes venues pour Le voir. Et c’est un bien beau soleil qui arrive pour nous éclairer, une bien belle lumière comme on n’en a jamais vu ! »
Le Ravi toujours content, franchement naïf, simple d’esprit, mais si gentil et serviable, le brave gars.
- « Ah qu’il est beau ce Petit ! J’en ai jamais vu d’aussi beau !!! »
L'Arlésienne, celle qu’on voit jamais. Hé bè, là, elle est venue ! C’est dire ! Pour vous donner une idée de la belle dame, aujourd’hui, on dirait que c’est une top-model qui se la joue.
Si vous voulez, vous pouvez chanter quelque chose, mais pas de R’n’B, par pitié ! Quitte à faire l’américain , « Sifflez en travaillant », c’est pas si mal.
Le tambourinaire, son tambour et son fifre, le journaliste de l’époque, l’oreillette et le prompteur en moins.
- « Oyez, oyez, braves gens ! Il est arrivé, l’Enfant est né ! »
- « Mais on le sait tous, on est déjà là ! »
- « … Ah bon, vous savez … Mais comment ça vous savez déjà ? … Et avant moi, en plus ? »
Son grand chapeau, une belle cape en laine et tout habillé de velours.
Le meunier, avec son petit âne et un gros sac de farine. A l’occasion, racontez à vos petits « Le secret de Maître Cornille » d’Alphonse Daudet.
Le rémouleur, qui ne perd pas l’occasion de faire un peu des affaires sur la place du village !
Il n’apporte rien, mais « offre » ses services.
Pistachié, la grande gueule de service !
Avec son fusil, il ne sait pas tirer et il a réussi à avoir un lièvre !!! C’est un miracle, et il le dit bien fort, c’est à lui que c’est arrivé et pas à un autre !!
Roustide, le riche du village, qui regrette de ne pas avoir accueilli Marie et Joseph.
L’idée principale de l’histoire, c’est que chacun apporte un peu de ce qu’il a pour aider des gens bien pauvres, pauvres au point de loger dans une étable avec l’âne et le bœuf.
Ah ! Ces deux sont aussi trèèèès importants. On les fait causer !
- « Restez pas dehors »
- « Oui, venez vite vous abriter au chaud avec nous »
Oui, venez avec nous, on va vous raconter une belle histoire… Et… surtout, surtout… Merci, monsieur Audouard !
Té, jetez un oeil ici :
Entre "Gloria in excelsis Deo" et "Jesus revient", désolé, mais ya pas photo. Virez donc ces guitares acoustiques avec ces paroles débiles écrites au coin d'une table un matin blême et passez plutôt du Jean-Sèb' (Bach) ou du Wolfie (Mozart). N'est-ce pas mon Toon Adoré ? Sur ce disque, c'est exactement comme ça qu'ils ont fait. Grâce leur soit rendue.
Amen derechef !
Avec tous les bons conseils proférés dans cet article, vous saurez le faire le cinéma, et comme j'ai confiance en vous, je colle la note maximale.
Avec tous les bons conseils proférés dans cet article, vous saurez le faire le cinéma, et comme j'ai confiance en vous, je colle la note maximale.
Hop !
Là encore, carton plein. Je sais, on se croirait à L'école des fans, mais ceusses qui disent que le texte de Monsieur Audouard il est pas beau vont se prendre des rafales de baffes made in BBP !!!
Non, mais !
Allez, mes bons et braves, passez de bonnes fêtes !
Teuh'Dieu !! Le Rémouleur, l'Aveugle, le "Couple-parapluie", le Ravi, la Tricoteuse de chaussettes, le Berger ! Crénom ! Mes parents avaient les mêmes. Souvenirs...
RépondreSupprimerLa Tricoteuse, c'est qui ? Une des filles de Dédé La Saumure ?!
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