vendredi 16 décembre 2011

CHRIS REA "Santo Spirito Blues" (2011) par Luc B.

Chris Réa a connu des hauts et des bas. Sa carrière n’a fait que progresser en termes de popularité depuis son premier disque en 1978. Ce sont les années 80 qui lui seront bénéfiques, avec les albums et les tubes « On the beach », « Road to hell », « Joséphine ». Chris Réa donne alors dans un rock feutré, tendance FM, ou prédomine son jeu de guitare limpide. Un instrument remis au goût du jour notamment par Mark Knopfler (avec qui d’ailleurs Réa a travaillé). Et Chris Réa est un passionné de guitare. Les bas, dans sa vie, c’est hélas la maladie, contre laquelle il s’est battu (sorti vainqueur au point) et des déboires avec sa maison de disque. C’est que Chris Réa aime le jazz, le blues (mais pas seulement, il fait du cinéma aussi, et la peinture), et cherche à s’éloigner des standards formatés pour la radio. Dans le creux de la vague, plutôt que de cachetonner, il crée son label (avec les royalties encaissées) et sort en 2005 une somme colossale : BLUE GUITARS, soit onze albums, 140 chansons originales, dédiées au Blues. Ce devait être une sorte de testament musical, mais Chris Réa retrouvant la santé, et l'envie, il repart en tournée, et nous livre cet opus constitué de 13 titres.

On retrouve dès la première minute ce qui a fait le succès de Chris Réa, des tempos médiums, une voix grave, profonde et caverneuse, mixée au premier plan (il en fait pas un peu trop tout de même ? Un concours de glamour avec Barry White ! ), et des lignes de guitares omniprésentes.  Cet album commence plutôt bien, avec une succession de titres tendances blue-rock, « Dancing my blues away » ouvrant le bal, avec un riff accrocheur, et des larmes d’harmonica. La chanson suivante sera dans la même veine, et sur « Never tie me down », plus pêchue, c’est une section de cuivres qui s’invite pour soutenir l’ensemble. Changement de cap avec « Chance of love », plus pop, jolie, classique, celtique sur les bords (on dirait du Dire Straits), puis « The last open road » et son tempo shuffle, une guitare rythmique plus rock, et toujours ses traits de slide qui accompagnent le chant. C’est d’ailleurs un petit peu lassant à force, on s’aperçoit à la moitié de l’album, que les chansons sont toutes bâties selon le même moule, avec  base rythmique métronomique, le chant, la slide, des plaqués d’orgue hammond (trop discret à mon goût). Parlons un peu de cette rythmique, et notamment du jeu de batterie, que l’on reprochera d’être très rudimentaire, et surtout (crime de lèse rock) l’utilisation de boites à rythmes, quand un bon percussionniste peut faire l’affaire. Écoutez le départ de « Electric guitar » et son tempo Bontempi… dommage…  car encore une fois, la composition est vraiment bonne, l’intervention d’un accordéon nous renvoie vers le bayou. J’ai quelques doutes aussi sur les cuivres, qui sonnent un peu synthétiques…  Je ferai aussi un autre reproche à ce stade : les chorus de guitares sont en over-dub, et donc noyés dans la masse. Curieux qu’un musicien pareil n'est pas mis davantage ses interventions en valeur, que ses soli ne soient pas plus lisibles. On arrive à « Money » très beau titre, avec cette belle et longue intro jazzy (quasiment 2 minutes) piano, trompette bouchée, puis le thème, avec ce banjo, et des interventions de slide davantage mise en valeur. Un titre plus long, qui monte bien en intensité, et qui en concert devrait peser son pesant de chorus !

On rêve maintenant de quelques blues crasseux (pas trop le genre du monsieur). Ce sera un blues, oui « The way she moves » mais pas crasseux ! Intéressant tout de même,  avec une ligne de basse bien lourde, des notes de piano qui rebondissent, un hammond discret, les cuivres qui montent. Un morceau impeccable, sobre et carré. Morceau hélas encore plombé par un jeu de batterie sans émotion ni imagination. Mais bon, on aimerait tout de même que ça bouge un peu plus tout ça… Un boogie pour nous défriser un peu ? Pas l’genre non plus… On croit pendant une seconde à une reprise de « La Grange » de ZZ TOP. Mais juste une seconde. Et on se redit : faudrait maintenant que ça bouge un peu plus… Je sais, je me répète. Las, les derniers titres tiennent davantage de la ballade folk, jazzy, précieuse, comme Chris Réa en a composées des pelletées. Pas de mauvaises chansons, non, mais bon… limite soporifique à mon goût. Heureusement il y aura « You got lucky » et son motif d’orgue guilleret qui nous redonnera un peu le sourire.

Au final, un bon album que les fans apprécieront parce que Chris Réa y fait du Chris Réa (mais d’un autre côté, que souhaitions-nous qu’il fît ?). Mais l’entame des trois premiers titres laissaient présager un disque plus brut, pêchu, plus blues-rock. La production est raffinée, on aurait souhaité davantage de spontanéité, de risque aussi, puisque Chris Réa étant dégagé des obligations des grosses compagnies de disques peut faire ce qu’il veut. Resserré à 10 titres, agencés différemment, des accompagnateurs plus présents, SANTO SPIRITO BLUES m’aurait conquis davantage.  

A mon sens la pièce maîtresse du disque : "Money"



Autre titre "Dancing my blues away" capté cette fois sur scène, et donc plus "roots"



SANTO SPIRITO BLUES
11 titres  -  63 minutes

2 commentaires:

  1. Tiens, toi aussi tu donnes dans les centristes ? Carl Perkins bientôt ?

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  2. Sur une six cordes, c'est laquelle celle du milieu ? Hein, Lester ???

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