mercredi 9 novembre 2011

FASTWAY "All Fired Up" (1984), by Bruno


     Après la première tournée britannique, un autre irlandais, Charlie Mac Craken (ex-Taste), prend la place d'un Alfie Aigus inadapté.
Dans la foulée, suit « All Fired Up », qui bien que construit sur le même moule que son prédécesseur, son approche semble un tantinet plus vindicative. Si « All fired Up » ne possède pas de pépites de la teneur d'un « Say what you will », « Heft », ou « Feel Me », il a gagné en concision et maturité. Il est plus homogène, et on sent un groupe soudé, maître de lui-même.  
 

   Bien qu'Eddie Kramer soit resté aux commandes, la production est moins aérée que précédemment, donnant plus l'impression d'une musique plus ramassée sur elle-même, donnant moins d'espace à la respiration. Peut-être une volonté affirmée pour imposer une atmosphère relativement plus dure.

D'ailleurs, le titre « All Fired Up » qui ouvre l'album, est une relecture d'"Easy Livin'" en appuyant un peu plus sur le champignon.
Néanmoins, après un "Misunderstood" quelque peu roboratif, "Steal The Show" confirme le statut grandissant de Fastway. Le groupe n'est pas là par hasard, ou juste grâce à la notoriété de son leader Eddie Clarke ; même si elle fut un tremplin non négligeable.
Toutefois, cet album fait preuve d'une belle gageure. En effet, il débute par les plages les moins fortes, les moins marquantes. C'est vraiment à partir du rebondissant "Non Stop Love" que cela décolle réellement, avec son Heavy-boogie-foghat-rock et ses breaks Zepelliniens en diable. Le tempo ralenti, s'accélère, se traîne, puis reprend de plus belle, comme revigoré.

     En pleine ère du règne du Heavy-Metal, Fastway, fièrement, clôture sa première face par un pur slow-blues hanté par la voix implorante de Dave King. Jamais jusqu'alors Clarke n'avait été aussi bluesy avec notamment son solo mesuré, tout en retenue. L'orchestration est assez classique du genre, mais King apporte une sensibilité qui élève "Hurtin' Me" dans une dimension supérieure. Le genre de composition qui s'écoute le soir, tout feu éteint.
La seconde face est la pièce de choix. Ca rocke, ça roule, ça groove, ça rue dans les brancards (toutefois, comme il se doit, avec la courtoisie anglaise), c'est cool et enivrant à la fois. Rien de pédant, ou d'ostentatoire, que du Classic-Rock dans le sens noble du terme. Que du très très bon, rien à jeter ; malgré le petit bémol avec la ballade sympathique mais convenu, "The Stranger".  
Je suis certain que si les chansons avaient été placé dans un ordre différent, le disque aurait eu plus de succès.
Eddie Clarke, Jerry Shirley, Charlie MacCraken, Dave King

     Par la suite, Fastway se fourvoiera avec le bien nommé « Waiting for the Roar » à l'optique commerciale évidente, construit pour correspondre aux nouveaux formats du dictat des radios américaines, à la recherche d'une reconnaissance plus ample.
L'apport d'un clavier envahissant et inconsistant, la batterie étouffée par un mixage synthétique et une partition monolithique (une véritable muselière au talent de Shirley), et l' affublement d'une production ampoulée proche d'un Hard FM (musclée), ont mis un frein aux prétentions Hard-blues. Pourtant la majorité des compositions sont bonnes ; si on avait maintenue la production des précédentes galettes, si on avait pas axphycsié la musique par un synthé et une batterie boursouflée, le résultat aurait pu être tout autre.

En 1987, Fastway profite d'un bon coup de pub aux USA grâce au film Trick or Treat.

Ces charmantes dames du P.M.R.C. (interdit aux - 18 ans)

     Rappelons que dans les 80's, certaines personnes bien placées, notamment des femmes de sénateur (dont la plus virulente était Tipper Gore, l'épouse d'Al Gore) font une petite chasse aux démons. En l'occurrence, les démons sont tous ces affreux chevelus, sapés comme des "as de pique", et distillant généralement une musique inécoutable et au volume déraisonnable. Une perversion pour la jeunesse. Donc, en première ligne, tous les Hard-Rockeur au mauvais goût affiché. Mais pas seulement, puisque l'on retrouve aussi dans le peloton de tête Madonna (si, si), Prince et Cyndi Lauper. Chez les adeptes du gros son et de la poésie, figurent dans les quinze premiers (car une liste avait été établie) pêle-mêle les Twisted Sister (dont Dee Snider fut, avec Frank Zappa, le preux chevalier qui alla défendre la liberté d'expression devant un Tribunal populaire), Def Leppard, Venom, Judas Priest, Mercyful Fate, AC/DC, Ozzy, WASP et Motley Crüe. La croisade porte essentiellement sur les textes dépravés et litigieux. En fait, tout ce qui pourrait évoquer le Satanisme (ouh, ça fait trop peur), le sexe (pas bien ça, que pour faire des enfants - et encore), l'alcool, la drogue et la violence (il n'y en a pas aux USA...). C'est d'ailleurs grâce à cette coalition que de nombreux disques sont affublé de la récompense "Parental Advisory" ou/et "Explicit lyrics" (une belle publicité gratuite pour certains).
Il paraîtrait même que certains groupes mettent des messages subliminaux dans leurs disques, dont Queen et Styx (??!? m'enfin !! M'aurais-t'on menti ?) ; parfois évident lorsqu'on passe le disque à l'envers - quand on a l'esprit torturé - (impossible avec le CD). Mort de rire. Même Guy Béart l'a affirmé en direct-live à la télévision, devant le regard gêné de sa fille.
   

 C'est donc dans cette ambiance de folie, d'inquisition, qu'un réalisateur a l'idée de faire un film sur la musique du démon. En deux mots, un jeune homme féru de Heavy-Metal, est possédé par un démon, et devient alors l'étoile montante de cette musique, en intégrant un groupe de vilains Hardeuroqueux. Le démon, bien sûr, à travers cette musique infernale, essaye d'avoir une influence (subliminale) néfaste sur les foules. Ça fout les j'tons, hein ? Ozzy Osbourne, se prête au jeu avec plaisir, et endosse ainsi le rôle du prêcheur vindicatif.

Mais pour la musique, impossible d'embaucher un groupe qui subissait alors les foudres du P.M.R.C. On dégote, Fastway, "jeune" groupe (de vieux briscards) montant aux USA.
Malheureusement, même si la formation revient à un son plus Rock et temporise les claviers, elle s'essouffle. Les compositions sont plus ternes et d'un classicisme parfois confondant. Quelques bonnes pièces mais rien de mirobolant outre les deux dernières qui ne sont que des reprises de l'album éponyme. C'est une B.O certes, il n'empêche que la flamme n'est plus là.

     Comble de l'horreur, en 1991 Fastway renaît avec un nouveau line-up, avec le chanteur Lea Hart, pour s'enfoncer encore plus profondément dans un Rock-FM nauséeux. Le public ne s'y trompe pas et les ventes sont catastrophiques.
Finalement, Fastway reste connu pour ses deux premiers opus, voire le troisième, les suivants étant à juste titre souvent oubliés, voire inconnus.

     Après son aventure avec Fastway, Dave King forme "Katmandu" avec le guitariste Mandy Meyer (Cobra, Asia, Gotthard, Krokus), et enregistre un seul album éponyme. Il décline une proposition d'Epic de rejoindre une nouvelle formation de Jeff Beck, préférant intégrer Flogging Molly. Une formation de Folk-rock-punk-Celtic (!) qui, bien que totalement inconnu dans l'hexagone (une fois n'est pas coutume...), connait une belle carrière aux USA. Il y chante, of course, mais joue également de la guitare acoustique, du banjo, du tambourin irlandais... et des cuillères.

     Le groupe se reforme en 2007 autour de John McManus (Mama's Boys) à la basse, Steve Strange à la batterie et de Toby Jepson (Little Angels) au chant. Le Fastway ressuscité joue apparemment principalement (uniquement ?)  des titres des deux premiers skeuds.
Un nouveau disque doit sortir en novembre 2011, où Eddie Clarke, qui vient de fêter ses 61 ans le 5 octobre dernier, semble être revenu aux fondamentaux.
  1. All Fired Up - 2:43
  2. Misunderstood - 3:26
  3. Steal The Show - 3:34
  4. Station - 2:58
  5. Non Stop Love - 3:54
  6. Hurtin' Me - 4:33
  7. Tell Me - 3:51
  8. Hung Up on Love - 3:28
  9. The Stranger - 4:15
  10. Telephone - 4:19
  11. If You Could See - 4:33



A lire également : Fastway 1982-1983

3 commentaires:

  1. brrrrrrrrr, c'est vrai qu'elles font peur les dames du PMRC!! Quant au film il faut que je voie ça, surement un sacré nanar, c'est quoi le titre? est il édité en DVD?

    RépondreSupprimer
  2. Il a été édité en DVD en 2002, puis de nouveau en 2006 pour le vingtième anniversaire. Aux USA, c'est pratiquement culte. Le titre ? Trick Or Treat (et l'affiche pratiquement identique à la pochette du 33). Toutefois, sans l'avoir vu pour autant, je pense qu'il a tout les ingrédients du nanar dans toute sa splendeur.
    Toujours cette histoire d'ado un peu renfermé sur lui-même et maltraité par les BCBG.
    En gros l'histoire, c'est Sammy Curr (et non Hagar) qui périt brûlé, mystérieusement... (initialement c'était Blackie Lawless qui devait jouer le rôle).
    Le jeune Eddie, grand fan de la 1ère heure et fan de Metôl, n'arrive pas à s'en remettre.
    Il rencontre le Dj Nuke (Gene Simmons) qui, diable sait par quel hasard, possède la dernière démo de Sammy Curr, jamais édité, que même pas son producteur il était AU COURANT ! Ouah, trop fooort.
    Et quand Eddie balance la k7 dans la chaîne, Sammi lui parle depuis sa tombe (à l'époque, y'avait pas encore le portable). Il lui offre même le moyen de se venger de ses tortionnaires.
    Seulement un soir, Eddie, ce con, il renverse une boisson sur la chaîne (ben ouais, tout le monde bois et mange sur sa chaîne, c'est courant aux USA), pendant qu'il écoute la k7/démo/Sammy de la tombe.

    " Et alors ???? "

    Et alors y'a plein d'étincelles et de lumières qui foutent les j'tons. Et là.... ouais là.... apparaît Sammy Curr... avec la moitié du visage brûlé. Mais pas la tignasse (faut pas toucher à la tignasse dans les 80's, époque du Hair-Metôôl). En fait, c'est un démon revenu des enfers qui a pris l'appence de Sammy. Nooonnn.... Siiii !!! Et par la musique, il va prendre possession des âmes !
    Il y a auzzi Ossy... non ! Aussi Ozzy ! qui joue le prédicateur qui essaye d'informer les masses du danger qu'il y a écouter la musique du diable : le metôôôôlll....

    RépondreSupprimer
  3. Tu m'as convaincu! cependant aprés un rapide tour sur quelques sites , je ne suis pas sur qu'il ai fait l'objet d'une sortie par chez nous. Je mène l'enquête..

    RépondreSupprimer