jeudi 29 septembre 2011

THE ROLLING STONES - "Out Of Our Heads" - (1965) par Luc B.


OUT OF OUR HEADS est le … euh, quatrième, ou cinquième, ou troisième album des Rolling Stones… On s’y perd. C’est que ma bonne dame, en ce temps là, le format 33 tours n’était pas un support très prisé. On ne jurait que par les singles, les 45 tours, un hit tous les deux mois, et quand on avait suffisamment de chansons, on les mettait bout à bout sur une grande galette. Sauf que les chansons ne marchaient pas de la même façon en Angleterre, en France, ou aux USA. Donc il y avait des 33 tours différents qui étaient pressés. Il faudra attendre Bob Dylan, puis les BeatlesSergent Pepper ») pour que le format LP soit considéré comme une entité à part entière, pensée, construite. Avec les albums des Stones, il faut jongler entre les éditions, voire des disques exclusivement sortis dans tel ou tel pays. Raison pour laquelle la production d’un 33 tours n’était pas homogène, les titres pouvant avoir été enregistrés dans différents studios, à différentes époques, comme le confirme le son de ce OUT OF OUR HEADS.

Ce disque là est sorti aux USA (puisque nous parlons de cette version) en septembre 1965. Après un « Mercy Mercy » groovy impeccable, et un « Hitch Hike » assez gentillet, on arrive sur le gros tube « The last time », et composition du duo Jagger-Richards, qui bossait depuis des mois pour pondre des chansons, sans oser les faire écouter au reste du groupe. Sauf celle-ci, qu’ils jugèrent apte à passer l’examen. Elle a été enregistré en janvier 1965, seuls les auteurs étaient présents en studio, et c’est Phil Spector (arrangeur, producteur) qui tient la basse, et Jack Nitzsche (producteur) les claviers. Une ballade qui a cartonné, suivie de la magnifique « That’s how strong my love is » (et un son beaucoup plus clair) superbe complainte soul écrite par Overton Vertis Wrigh, et chanté auparavant par Otis Redding. Mick Jagger y fait des merveilles. D’ailleurs ce qui frappe dans cet album, c’est la maturité du chant de Jagger. Et dire qu'il chante encore comme ça 45 ans après, ça laisse pantois sur les dons de ce garçon ! Il s’excite bien sur « I’m alright » qui est un prise live, une espèce de transe soul, Jagger s’époumone pour nous dire qu’il se sent bien, et les filles du public hurlent comme des dingues ! Je pense que le seul intérêt de cette chanson est justement un message lancée aux filles, genre, z’avez vu l’ambiance, venez encore plus nombreuses, et passez nous voir dans les coulisses à la fin du show…

Titre n°7 : la terre tremble. C’est quoi ce truc ? Ce ras de marée ? C’est « Satisfaction » qui déboule, et dénote complètement par son énergie, sa violence, son tempo. Il essaie, il essaie d’être satisfait, il n’en peut plus d’essayer mais y’a rien à faire ! Vous imaginez les gamins qui en 65 écoutent un truc pareil ? C’est comme le « My génération » des Who. Pile poil taillé sur mesure pour une jeunesse qui commence à ruer, à se demander si on ne serait pas en train de se foutre de leur gueule. Dans son livre de souvenir, Keith Richards raconte que cette chanson lui est venue une nuit. Il se lève un matin, vérifie son petit magnéto à cassette sur la table de nuit, voit que la cassette est pleine, il réécoute, et voilà. « Satisfaction » a d’abord été enregistré acoustique, chez Chess Records à Chicago, puis électrique à Los Angeles, avec cette fameuse pédale fuzz branchée sur la guitare de Keith Richards, parce qu’il souhaitait retrouver dans le son, l’effet d’une section de cuivres de chez Stax. Ce ne sont pas les chiffres des ventes qui ont convaincu les Stones que ce titre était une grande chanson, mais les reprises enregistrées par Otis Redding, Aretha Franklin, Manfred Mann... 

A partir de là, les titres s’enchainent, tous impeccables, « Cry to me », une ballade encore, un harmonica virevoltant sur le bluesy « The under assistant », puis ce petit chef d’œuvre de « Play with fire » (Phil Spector à la basse, Nitszche au clavecin), repris par les Pretty Things, et même Little Bob. Créditée à un certain Nanker Phelge, il s’agit bien d’une composition des Stones, planqués sous ce pseudo. Et que dire du génial « The spider and the fly », un blues langoureux, le chant fatigué de Jagger, sa diction (tout cela me fait penser à "The spy" ou "Carhiss by the window" des Doors)  puis le rapide « One more try » et son riff très Chicago blues au début, alors que le chant s’approche davantage de la pop. C’est ce qui frappe à l’écoute de cet album. On y retrouve la patte "Beatles", la référence ultime de ces années là en matière de hit-pop, tout en ayant une inspiration très soul, de Stax, ou Chigago blues, et puis ce titre Rock, Stones pur-jus, « Satisfaction » que le groupe a mis un moment à jouer sur scène, ne voyant le potentiel de cette chanson à priori jugée ordinaire… Tout le monde peut se tromper ! Pas mal de chanson enregistrées à cette époque, se retrouveront l'année suivante sur l'album AFTERMATH, le première chef d’œuvre du groupe. 

OUT OF OUR HEADS n'est pas qu'un simple petit album de jeunesse. C'est un grand disque, tout simplement !

L’édition anglaise n’a que six titres en commun avec l’américaine, « Satisfaction » n’y est pas, mais on y trouve « I’m free ».

Mercy, Mercy (Don Covay/Ronnie Miller) – 2:45
Hitch Hike (Marvin Gaye/William Stevenson/Clarence Paul) – 2:25
The Last Time (Mick Jagger/Keith Richards) – 3:41
That's How Strong My Love Is (Roosevelt Jamison) – 2:25
Good Times (Sam Cooke) – 1:58
I'm Alright (Ellas McDaniel) – 2:23
I Can't Get No Satisfaction (Mick Jagger/Keith Richards) – 3:43
Cry to Me (Bert Russell) – 3:09
The Under Assistant West Coast Promotion Man (Nanker Phelge) – 3:07
Play with Fire (Nanker Phelge) – 2:14
The Spider and the Fly (Mick Jagger/Keith Richards) – 3:38
One More Try (Mick Jagger/Keith Richards) – 1:58





Hein ? C'est quoi ce scandale ? On n'a pas droit à "Satisfaction" ???
Ben non, justement, autant vous en faire découvrir d'autres, et ce p'tit blues "The Spider and the fly" absolument craquant. (un peu long à charger ? écoutez le second titre en attendant !)



"Mercy mercy" en live, avec les filles qui ont l'air d'apprécier (pas la musique, elles s'en foutent, mais le minois du chanteur...) ATTENTION : à 1'50 Charlie Watts sourit ! ! !



Si vous souhaitez davantage d'éléments biographiques sur les Rolling Stones, reportez-vous sur notre chronique consacrée à la bio de Keith Richards

2 commentaires:

  1. Question édition justement, mon 33 tours ne présente pas la même pochette. version française ?.
    J'adore cet album et le son qu'il dégage.

    RépondreSupprimer
  2. C'est le quatrième album US qui est exposé en tête d'article, et le troisième en version UK en fin d'article ;-)
    • Discographie UK :
    1. The Rolling Stones 2. The Rolling Stones n°2 3. Out of our heads 4. December's children
    • Discographie US
    1. The Rolling Stones : England's newest hit makers 2. The Rolling Stones 12X5 3. Now 4. Out of our heads
    --> En France, on ne trouvait au départ que les versions UK des LP, puis, progressivement, on a trouvé les deux. Le premier album identique US / UK est "Their satanic majesties request" paru en décembre 1967. A sa suite, il n'y a plus eu de différence.
    Les éditions US contenaient systématiquement les singles à succès parus en SP ou EP un peu auparavant en Europe, et étaient souvent pressés par RCA aux USA pour Decca/London.

    RépondreSupprimer