vendredi 5 août 2011

JOE'S APARTMENT (1996) de John Payson, par Luc B.


A l’origine de ce film, il y avait un court métrage d’animation qui remporta un tel succès, que son auteur, John Payson, l’adapta pour le grand écran. Amis du bon goût et de la poésie, veuillez passer votre chemin… Les autres, restez, parce que ce JOE’S APARTMENT est une des choses les plus délirantes qu’on puisse voir !

L’histoire tient en peu de mots. Joe débarque à New-York, et investit un appartement vétuste, sale, immonde, puant, dans un immeuble promis à la démolition, dont il est le seul locataire. L’odieux sénateur Dougherty (joué par Robert Vaughn) souhaite raser le pâté de maison pour y bâtir une prison. Sa fille Lily, souhaite y faire un jardin public. Joe tombe sous le charme de Lily, et avec ses amis, décide de prendre fait et cause pour sa croisade écolo. Avec ses amis ? Oui, ses petits amis, tout petits : les 40 000 cafards qui vivent dans son appartement…

Harmonie des ballets
A quel genre appartient JOE’S APARTMENT ? A la comédie musicale, sans conteste. Le principe est assez simple, il s’agit de rendre hommage aux comédies musicales américaines des années 30, et notamment aux Ziegfeld Follies, du nom de ces musicals qui fleurissaient à Broadway, puis au cinéma, avec des dizaines de figurantes. On se souvient notamment de films avec la danseuse Esther Williams, et ces ballets nautiques étourdissants basés sur la symétrie parfaite des numéros, ou de Fred Astaire levant la gambette en smoking et haut de forme. C’est la même chose dans JOE’S APARTMENT, sauf que les baigneurs sont des cafards qui plongent dans une cuvette de chiottes ! John Payson exploite les moindres recoins de l’appartement (une immonde poubelle) les moindres objets, éléments de décor, pour créer des chorégraphies et de chansons délirantes et hilarantes. Le tout étant magnifiquement animé, orchestré, avec clins d’œil cinéphiliques, tout style musical étant passé à la moulinette des cancrelats saltimbanques ! (à voir en VO si possible).

Trio country avec planche à lessiver en chips !
Il est certain que le gros de l’effort a été concentré sur ces scènes d’animations, et que du coup, le scénario est passé au second plan. Le reste du film donne dans la comédie romantique (option thrash qui tache), dans le burlesque, avec une série de gags qui rappelle les frères Farelly. D’ailleurs, les frangins Farelly ont intégralement pompé une scène de JOE’S APARTMENT, dans leur MARY A TOUT PRIX (scène du chat). Joe doit faire face à deux mastards envoyés par le sénateur Dougherty, pour le faire dégager. Les cafards (qui parlent) veulent que Joe reste là, pour continuer à bénéficier de son appartement. Joe s’éprend de Lily, et on attend le moment où il la ramènera chez lui pour un dîner aux chandelles romantique. La suite est une horreur absolue, comme on peut l'imaginer ! Joe, extrêmement contrarié par le comportement de ses petits colocataires, qui ne comprennent pas le concept d’intimité (et pour cause !) va tenter de s’en débarrasser. Mais les bestioles le ligotent, comme Gulliver, et le condamnent à mort ! J’ai oublié de vous parler d'un des employeurs de Joe qui a fait fortune dans les pastilles désinfectantes de toilettes (on tourne beaucoup autour des WC...) qui s’avèrent être un engrais remarquable ! Évidemment, tout se terminera bien, dans les couleurs chatoyantes d’un joli parc fleuri, et chacun apprend à vivre avec l’autre… Il y a, certes, un côté fable avec cette histoire, les gentils romantiques contre les méchants investisseurs, ou l'Homme vu comme un parasite autrement plus dangereux que les cafards, mais ça ne pisse pas très loin (pour rester dans la thématique du film...).


De la romance, de la violence... la vie quoi !

L’essentiel du film tient dans cette troupe de cafards virevoltants, grossiers, débauchés, irrespectueux, une succession de scènes tordantes, à condition qu’on ne soit pas allergique au grouillement d’insectes, qui s’immiscent partout, et sans autorisation. Si vous trouvez le DVD, pas cher, franchement, investissez dans ce JOE’S APARTMENT hallucinant, qui recèle mine de rien de très bons moments de cinéma, et qui malgré son mauvais goût assumé, pourrait plaire aux enfants.


BIENVENUE CHEZ JOE (Joe's Apartment, Warner Bros, 1996)  
Réalisation et scénario : John Payson 
Musique originale : Carter Burwell 
Photographie : Peter Deming 
Montage : Peter C. Frank 
Avec Jerry O'Connell , Megan Ward, Robert Vaughn  
Couleur,  1h20,  1:85




4 commentaires:

  1. Damned !!! IL ME LE FAUT !!!
    Merci !!! Ô 1000 fois merci, mon bienfaiteur de m'avoir mis sur la piste de cette sombre bouse !!!

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  2. Complètement décalé, j'adore.
    Précisons que les cafards érigent Joe au rang de Dieu. En effet, Joe est si négligeant avec la propreté la plus élémentaire, que, pour les petites bêtes, l'appartement est un vrai paradis.
    Un vrai conte de fées.... façon trashy.
    Un grand moment de cinéma.

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  3. Je ne sais vraiment pas quoi en penser. J'attends donc le verdict de notre indécrottable, et néanmoins ami, Big Bad Pete.

    Vince.

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  4. Je me souviens de la diffusion de ce film lors de "La Nuit du Cyclone" sur Canal+. Un vrai petit bijou de débilité scato!
    Derrière l'animation de nos charmants cancrelats, on retrouve Chris Wedge qui connaîtra plus tard le succès avec "L'Âge de Glace".

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